JOSEPH LE JUSTE, FIANCÉ DE MARIE

JOSEPH LE JUSTE, FIANCÉ DE MARIE

Quand on parle de Joseph, le fiancé de Marie, il est aperçu  comme un pauvre charpentier travaillant au village,  apprenant la menuiserie à Jésus qui devient ‘Charpentier, fils de charpentier’.

il est de même représenté comme un vieil homme venu défendant la Vierge Marie et l’Enfant Jésus ; comme si, en dehors de sa famille,  ‘fonctionnaire’ engagé par Dieu pour un objectif précis et mort l’on ne sait comment, ni quand.

À en parler, les gens disent qu’il a quatre enfants, appelés ‘les frères de Jésus’, qu’il n’a pas vécu l’ascétisme comme Marie. Voire pire, certains groupements, prétendus chrétiens, devisent sur la  vie conjugale de Marie et de Joseph, avec des enfants nés après la naissance de Jésus.

Malheureux sont-ils ceux  considérant la Vierge de leur position, n’essayant pas de se rehausser jusqu'au niveau de sa sainte personne.

Marie est cette Vierge  comme affirmée et confirmée dans la tradition mariologique, avant, durant et après la naissance de son Fils : Toute à Dieu, âme, corps et affects, pleine de grâce divine. Joseph est ce coopérateur au plan Divin, compagnon chaste de Marie (Ga.4, 4-5) :

« Mais quand vint la plénitude du temps,

Dieu envoya son Fils, Née d’une femme,

Née sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi,

Afin de nous conférer l’adoption filiale. »

Joseph est le père adoptif de Jésus son guide en cours d’enfance et d’adolescence ; Marie, sa Mère, à part entière. L’Évangile nous signale l’obéissance de  Jésus  à Joseph et à Marie - grandissant entre ses ‘parents’. Si Marie est appelée Bienheureuse, non seulement parce qu’ayant porté Jésus en son sein et l’ayant allaité, mais aussi parce qu’elle  écoute et considère la Parole de Dieu. (Lc.11, 27-28) :

« La vraie béatitude.

Or il advint, comme il parlait ainsi,

Qu’une femme éleva la voix du milieu de la foule

Et lui dit :

‘Heureuses les entrailles qui t’ont porté et

Les seins que tu as sucés !’

Mais il dit :

‘Heureux plutôt ceux qui écoutent

La Parole de Dieu et l’observent !’ »

Joseph mérite le titre de Bienheureux, ayant accompagné Jésus,  et accompli la volonté du Père.

Présentons-le  en trois étapes : Joseph, le roi charpentier ; Joseph, le chaste droit et Joseph, l’auditeur docile (Mt.1, 24-25) :

«Joseph assume la paternité légale de Jésus.

Une fois réveillé, Joseph fit comme

L’Ange du Seigneur lui avait prescrit :

Il prit chez lui sa femme ;

Et il ne l’a connut pas jusqu’au jour où

Elle enfanta un fils, et

Il l’appela du nom de Jésus. »

A- Le roi charpentier.

Saint Matthieu inaugure son Évangile en présentant la descendance de Jésus, non par sa Mère qui est de lignage sacerdotal de par sa ‘parente’ Elizabeth (Lc.1, 5 et 36) :

«Il y eut aux jours d’Hérode, roi de Judée,

Un prêtre du nom de Zacharie ...

L’Annonciation.

Et voici qu’Elizabeth, ta parente, vient,

Elle aussi, de concevoir un fils

Dans sa vieillesse… »

Plutôt de par son père Joseph (Mt.1, 15-16) :

«Ascendance de Jésus.

…Éléazar engendra Matthan,

Matthan engendra Jacob,

Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie,

De laquelle naquit Jésus, que l’on appelle Christ. »

La lignée de Joseph  parvenant à Jésus, est  de sang royal (Mt.1, 1-6) et (Lc.3, 23) :

«Livre de la genèse de Jésus-Christ,

Fils de David, fils d’Abraham

…Jessé engendra le roi David. »

« Généalogie de Jésus.

Et Jésus, lors de ses débuts,

Avait environ trente ans, et

Il était, à ce qu’on croyait,

Fils de Joseph, fils d’Héli…. »

Hérode demande aux maîtres du  peuple : ‘Où naît Jésus ‘? (Mt.2, 3) ;

« …Où est le roi des Juifs

Qui vient de naître ?

Nous avons vu, en effet, son astre à son lever

Et sommes venus lui rendre hommage. »

Le sens matériel rejoint le Christ-Roi sacré par Dieu et envoyé pour conduire son troupeau ; ainsi est oint Saül par les mains de Samuel (1S.10, 1) et (1S.16, 3):

«Le sacre de Saül.

Samuel prit la fiole d’huile,

La versa sur la tête de Saül,

Puis il l’embrassa et dit :

‘N’est-ce pas Yahvé qui t’a oint comme chef

Sur son héritage ?

C’est toi qui jugeras le peuple de Yahvé et

Le délivreras de la main de ses ennemis… »

«Onction de David.

Tu inviteras Jessé au sacrifice et

Je t’indiquerai moi-même ce que

Tu auras à faire :

Tu oindras pour moi celui que je te dirai.’ »

Jésus est manifestement consacré le jour de son baptême, quand du ciel, l’on entend (Mt.3, 17) :

« Baptême de Jésus.

Et voici qu’une voix venue des cieux disait :

‘Celui-ci est mon Fils bien-aimé,

Qui a toute ma faveur.’»

Consultons le second Psaume (Ps.2, 7-8) :

«Je publierai le décret de Yahvé ;

Il m’a dit : ‘Tu es mon fils,

Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.

Demande et je te donne les extrémités pour héritage,

Pour domaine les extrémités de la terre ;’ »

Sacré roi sur Israël, Dieu déclare le Messie ‘son fils’, soit la génération éternelle du Verbe.

Le sens spirituel  indique le Christ-  Roi comme affirmé par Pilate le jour du procès de Jésus (Jn.18, 37) :

«Jésus devant Pilate. Pilate lui dit :

‘Donc tu es roi ?’Jésus répondit :

‘Tu le dis ; je suis roi.

Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde,

Que pour rendre témoignage à la vérité.

Quiconque est de la vérité écoute ma voix.’ »

Réfléchissons au sens du ‘Christ’ et rappelons-nous ce qui se passe avec Paul et Silas à Thessalonique (Ac.17, 7-8) :

« …Ces gens qui ont révolutionné le monde entier,

Les voilà… maintenant ici…

Affirmant qu’il y a un autre roi, Jésus. »

Mais qui est ce Roi vivant en un petit village dont le nom n’est pas signalé dans la Bible, village dont on dit (Jn.1, 46) :

« Nathanaël lui dit :

‘De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ?’ »

Ce ‘roi’ connaît la politique et observe les événements ; fait reconnu dès son en Palestine à la mort d’Hérode. Un ‘paysan’ déplacé, peut-il comprendre ceci ? Il pense intérieurement : doit-il rentrer à Bethléem ou à Nazareth ? A Bethléem, village de la Judée, le risque est énorme pour l’Enfant, car Archélaüs ressemble bien à son père Hérode (Mt.2, 22-23) :

« Retour d’Égypte et établissement à Nazareth.

Mais apprenant qu’Archélaüs

(Ce fils d’Hérode fut ethnarque de Judée de 4 av.J.C. à 6 ap. J.C.)

Régnait sur la Judée, à la place d’Hérode, son père,

Il craignit de s’y rendre ; averti en songe,

Il se retira dans la région de Galilée

(Domaine d’Hérode Antipas) et

Vint s’établir dans une ville appelée Nazareth ;

Pour que s’accomplit l’oracle des prophètes :

Il sera appelé Nazôréen

(Ou Nazarénien ‘nasraya’ de l’araméen, dérivé de ‘Nasrath’,

Ou encore ‘chrétien’ dans le monde gréco-romain).»

Bien qu’originaire de Bethléem, il ne réintègre pas la terre de ses ancêtres, mais se dirige vers Galilée, suivant le dire des prophètes. On ne voit pas clairement à quels oracles prophétiques Matthieu fait-il allusion ? (Jn.7, 40-42) :

«Nouvelles discussions sur l’origine du Christ.

Dans la foule, plusieurs…disaient :

‘C’est vraiment lui le prophète !

D’autres disaient : ‘C’est le Christ !’

Mais d’autres disaient :

‘Est-ce de la Galilée que le Christ doit venir ?’

L’Écriture n’a-t-elle pas dit que c’est de la descendance

De David et de Bethléem, le village où était David,

Que doit venir le Christ ? »

Le prophète Isaïe parle de la ville de Galilée en ces termes (Is.8, 23) :

«La marche dans la nuit et la délivrance.

…comme le passé a humilié le pays de Zabulon et

Le pays de Nephtali, l’avenir glorifiera le

Chemin de la mer, au delà du Jourdain,

Le district des nations. »

Les armées arrivent détruisant villes et villages et ce fut ‘la nuit ténébreuse’ :

En premier temps, les humiliations d’un  peuple vivant dans l’angoisse, la noirceur, la souffrance, les offenses et les insultes ; en dernier temps, la délivrance et le règne pacifique d’un peuple marchant dans la lumière resplendissante (Is.13, 9-10) :

«Voici que vient le jour de Yahvé, implacable,

L’emportement et l’ardente colère,

Pour réduire le pays en ruines,

Et en exterminer les pécheurs.

Car au ciel, les étoiles et Orion

Ne diffuseront plus leur lumière.

Le soleil s’est obscurci dès son lever… »

Les ténèbres symbolisent le mal et la misère, la lumière symbolisant la délivrance : le jour de Yahvé apportera la libération et annoncera en même temps le règne pacifique d’un enfant de race royale, l’Emmanuel. L’apparition du Messie en Galilée donne à cette prophétie sa pleine réalisation (Mt.4, 12-16) :

«Retour en Galilée.

Ayant appris que Jean avait été livré,

Il se retira en Galilée et,

Laissant Nazara, vint s’établir à Capharnaüm,

Au bord de la mer, sur les confins de Zabulon et

De Nephtali,

Pour que s’accomplisse l’oracle d’Isaïe le prophète :

‘Terre de Zabulon et terre de Nephtali,

Route de la mer, Pays de Transjordane,

Galilée des nations !

Le peuple qui demeurait dans les ténèbres

A vu une grande lumière ;

Sur ceux qui demeuraient dans

La région sombre de la mort,

Une lumière s’est levée.’

Des lors Jésus se mit à prêcher et à dire :

‘Repentez-vous, car

Le Royaume des Cieux est tout proche.’ »

Grâce à Joseph amenant ‘l’enfant et sa Mère’, la lumière jaillit sur  la Galilée des nations, jadis humiliées  et abaissées, redevenues bénies et honorées par l’arrivée de Jésus annonçant la Royauté de Dieu sur le peuple élu et grâce à Lui, sur le monde entier. Une Royauté, un Royaume auréolé de ‘saints’ dont Dieu est le Roi, dans la connaissance et l’amour. Ainsi le Royaume apparaît avec des débuts humbles, depuis la Naissance du Messie promis et tant attendu, jusqu'à la réalisation eschatologique définitive, où les élus vivent auprès du Père dans la joie du festin céleste.

Revenons au  roi ‘charpentier’  ‘conférant son ‘métier en héritage à son Fils? L’évangéliste Matthieu raconte (Mt.13, 54-57) :

«Visite à Nazareth.

Et s’étant rendu dans sa patrie,

Il (Jésus) renseignait les gens dans leur synagogue,

De telle sorte qu’ils étaient frappés et disaient :

‘D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ?

Celui-là n’est-il pas le fils du charpentier ?

N’a-t-il pas pour mère la nommée Marie,

Et pour frères Jacques, Joseph, Simon et Jude ?

Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ?…  »

Pareillement, l’évangéliste Marc présente Jésus sans parler de Joseph qu’en référence à son métier (Mc.6, 3) :

«Visite à Nazareth.

Celui-là n’est-il pas le charpentier,

Le fils de Marie,… ?. »

Face à deux civilisations, dont l’hébraïque qui exige des hommes pieux un métier manuel comme Saül le pharisien(ou Paul), personnalité distincte, chef de groupe des prêtres et confectionnant des tentes (Ac.18, 3 et 20,34) :

«… et comme ils étaient du même métier,

Il demeura chez eux et y travailla.

Ils étaient de leur état fabricants de tentes. »

«Vous savez vous qu’à mes besoins et

À ceux de mes compagnons ont pourvu

Les mains que voilà. »

N’a-t-il pas dit à L’Église de Corinthe (1Co.4, 12-13) :

«Jusqu’à l’heure présente, nous avons faim,

Nous avons soif, nous sommes nus, maltraités,

Errants ; nous nous épuisons à travailler de

Nos mains. On nous insulte et nous bénissons ;

On nous persécute et nous l’endurons ;

On nous calomnie et nous consolons… »

Jésus est le parfait exemple de Paul (1Co.11, 1) :

« Montrez-vous mes imitateurs,

Comme je le suis moi-même

Du Christ. »

Joseph charpentier bénéficiant de fierté dans le monde juif, non dans le monde grec où le travail se préserve pour les esclaves et les  étrangers. Tandis que les athéniens considèrent le travail indigne et humiliant (Ac.17, 21) :

«Paul à Athènes.

Tous les athéniens en effet et les étrangers

Qui résidaient parmi eux n’avaient

D’autre passe-temps que de dire ou

Écouter les dernières nouveautés. »

Joseph jouit d’une double qualité : la royauté et la piété (Mt.22, 41-43) :

«Le Christ, fils et Seigneur de David.

Comme les Pharisiens se trouvaient réunis,

Jésus leur posa cette question :

‘Quelle est votre opinion au sujet du Christ ?

De qui est-il fils ?’

Ils lui disent : ‘De David.’

‘Comment donc, dit-il, David parlant

Sous l’inspiration l’appelle-t-il Seigneur... »

Joseph est un pieux ouvrier artisanal travaillant pour la survie de sa famille comme les grands sages de son peuple ; Rabbi Okaïba ben Youssef (45-135) gardien de brebis comme David avant d’être oint roi par Samuel.

A ce sujet Yehuda Harassai  d’affirmer :’Israël décide qu’il travaille six jours et se repose le septième’. Et  Rabbi ben Yehuda ben Betira d’ajouter :’Quiconque est sans travail doit s’occuper d’une terre inculte au lieu de parasiter’. Rabbi Hilal est boulanger, Rabbi Younan ben Zakaï savetier et Rabbi Isaac, forgeron.

Peut-on s’étonner que Joseph soit charpentier ? Écoutons Rabbi Ismaïl : ’Accompagnons l’étude de la Thora d’une activité professionnelle’ et al Moushnat :’ toute analyse de la Thora non complétée d’une énergie profane, s’achève et entraîne au péché.’ Nous lisons dans la sagesse des Anciens : ’Celui qui vit de l’ouvrage de ses mains est plus grand que celui qui craint les Cieux.’

A-    Le Chaste Juste.

Comment expliquer la chasteté de l’homme ? En premier sens, c’est celui qui ne se marie pas, vivant célibataire, ressemblant aux vieilles filles, tel un vieil adolescent ! Définition chrétiennement refusée ; la chasteté, soit-elle masculine ou féminine, abandonne le mariage pour s’adonner à une existence plus sublime (1Co.7, 32) :

« Mariage et Virginité.

Je voudrais vous voir exempts de soucis.

L’homme qui n’est pas marié a souci

Des affaires du Seigneur,

Des moyens de plaire au Seigneur. »

Ainsi en est-il de la Sainte Vierge et de la femme sans mari (1Co.7, 34-35) :

« …De même la femme sans mari, comme la jeune fille,

A souci des affaires du Seigneur ;

Elle cherche à être sainte de corps et d’esprit.

Celle qui s’est mariée sans souci des affaires du monde,

Des moyens de plaire à son mari

…Ce qui est digne…sans partage au Seigneur. »

Joseph ainsi que Marie se sont consacrés à  Dieu. Marie promise à Joseph, à l’exemple de toute jeune fille  de quinze, seize ans dans le monde ancien ; et Joseph, comme tout jeune homme  entre dix-sept, dix-neuf ans. Deux jeunes gens ouverts à la vie.

Marie, toute heureuse d’avoir  ‘un garçon’, comme toute femme de tout temps ; en tant que jeune fille juive, espérant devenir  Mère du Christ, Marie se distingue de toute autre jeune fille.

Ayant écouté les cris de Rachel, ‘vu’ les larmes d’Anne et ‘perçu’ les prières d’Elizabeth (Gn.30, 1), (1S, 1,12), (Ct.8, 16), désirant toutes trois un enfant, Saint Ephrem présente Marie en un chant :

‘Bienheureuse Marie,

Sans vœux, ni cris,

Sans pleurs, ni pluies,

Sans prières,

Chastement,

Enfantant,

Le Seigneur de tous les fils rêvés et souhaités

Par des femmes bibliques, enchantées,

De foi et d’oraisons,

En guise de pardon.

(Cf. Cantiques de Noël 8,16)

Qui est ce Cheïkh auquel s’est fiancée Marie ? Qu’a- t-elle fait de ses enfants ? Si éduqués comme Jésus, au moins, ils auraient cru en lui (Jn.7, 5) :

«Pas même ses frères en effet

Ne croyaient en lui. »

L’ayant considéré insensé (Mc.3, 21) :

« Démarche des parents de Jésus.

Et les siens, l’ayant appris,

Partirent pour se saisir de lui,

Car ils disaient :

‘Il a perdu le sens.’»

Décidant de le ramener chez lui, dans sa tribu. Les Évangiles apocryphes  ont tellement discouru en récits de piété inventés sur l’enfance de Jésus, son adolescence et ses rapports avec Joseph et Marie- si détournés et déviants de nos Évangiles.

L’Évangile inauthentique de Saint Jacques précise :…

Pourquoi ce texte fut-il écrit et justement dans un encadrement juif ? - en réponse à ceux qui refusent la virginité de Marie et pour expliciter l’existence de ‘frères’ à Jésus. Joseph a des enfants et ceux appelés les frères de Jésus, ne sont pas de Marie, mais de Joseph.

Ce récit invraisemblable est fruit d’imagination, car ce qui est reconnu est que Joseph est charpentier ; Saint Ephrem le Syrien en parle : ‘les menuisiers viennent pour Joseph et le fils de Joseph : Béni soit votre père, le chef des menuisiers. ‘(Cf.p.161).

Les disciples disent (Jn.1, 45) :

«Philippe trouve Nathanaël et lui dit :

‘Celui dont Moïse a écrit dans la Loi,

Ainsi que les prophètes, nous l’avons trouvé !

C’est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. »

Au sujet du Pain de Vie dans l’Évangile johannique, les juifs  murmurant au sujet de  Jésus, (Jn.6, 41-42) :

«… parce qu’il avait dit :

‘Je suis le Pain descendu du ciel.’

Ils disaient : Celui-là n’est-il pas Jésus,

Le fils de Joseph, dont nous connaissons

Le père et la mère ?

Comment peut-il dire maintenant :

Je suis descendu du ciel ?’ »

Qui est Joseph ?  Reconnu par les juifs comme un villageois, bien que jamais rencontré, car résidant loin d’eux, à Galilée- ville séparée de Samarie par la Judée.

Ignorant Joseph et Marie, les juifs leur accordent les plus mauvais attributs. Joseph disparaît et rien n’en est dit. La tradition pense qu’il meurt assez tôt entre les bras de Jésus et de Marie. Probablement. Toutefois cet homme droit ‘consacré pour servir Jésus  et prendre soin de  Marie, vit discrètement, à la manière de Jean –Baptiste qui présente Jésus  en ces mots (Jn.3, 30-31):

« Il faut que lui grandisse

Et que moi je décroisse.

Celui qui vient d’en haut

Est au-dessus de tous…. »

La dernière référence évangélique citée sur Joseph, quand Jésus se trouve parmi les docteurs (Lc.2, 48-49) :

«À sa vue, ils furent saisis d’émotion, et

Sa mère lui dit :

‘Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ?

Vois ! Ton père et moi, nous te cherchons,

Angoissés.’ Et il leur dit ;

‘Pourquoi donc me cherchiez-vous ?

Ne saviez-vous pas que je dois être

Dans la maison de mon Père ?’. »

Vivant discrètement à l’écart, Joseph effectue son devoir au nom de Dieu le Père ; accompagnant l’Enfant Jésus jusqu'à ce qu’Il puisse discuter avec les maîtres de la Loi, tout en partageant les soucis de Marie, Sa Mère (Lc.2, 44-47) :

« Le croyant dans la caravane,

Ils firent une journée de chemin, puis

Ils se mirent à le rechercher parmi

Leurs parents et connaissances.

Ne l’ayant pas trouvé, ils revinrent

… à sa recherche, à Jérusalem.

…au bout de trois jours, ils le trouvèrent

Dans le temple, assis au milieu des docteurs,

Les écoutant et les interrogeant ;

Et tous ceux qui l’entendaient, étaient

Stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. »

Vivant caché, il ressemble à Bernadette de Lourdes à qui apparaît la Vierge en France en 1858 ; les fidèles y déferlent par milliers, alors que Bernadette revient au couvent après avoir achevé sa mission et plus personne ne la rencontre à Lourdes.

Les gens découvrent Marie puis Jésus portant les traits de Sa Mère, bien qu’elle n’ait pas connu d’homme (Lc.1, 34) :

« Mais Marie dit à l’Ange :

‘Comment cela sera-t-il, puisque

Je ne connais pas  d’homme ?’. »

Et Joseph disparaît. Peut-être restant parmi l’assemblée écoutant  Jésus avec Marie. Tel l’ami du jeune marié, le côtoyant tout joyeux (Jn.3, 29) :

« … l’ami de l’époux qui se tient là et

Qui l’entend est ravi de joie à la

Voix de l’époux. Telle est ma joie et

Elle est complète. »

Au pied de la Croix, où se tient la Mère de Jésus et son ami bien aimé, la signification est d’ordre spirituel, la Tradition considérant le disciple Jean, le bien-aimé de Jésus. Rédigé autour de l’année 100, le quatrième Évangile conserve le témoigne de Jean, comme le premier Évangile garde le témoignage de Matthieu, et le second, celui de Pierre. L’Évangile johannique parle de la vénération de Marie par les croyants : Quiconque aime Jésus, aime évidemment sa Mère. Et quiconque n’aime pas la Mère de Jésus, ne peut être le disciple aimé du Christ, contrairement à certaines prétentions. Qui donc a aimé Marie plus que Joseph ? Il l’a aimée sans penser à lui-même, sacrifiant sa vie pour elle et pour Jésus, tout en respectant son choix d’apostolat et de virginité. Quel homme ne voudrait pas d’enfant de sa femme ! Ainsi se vit l’amour  suivant les propos de Saint Paul (Ep.5, 25-27) :

«Maris, aimez vos femmes comme

Le Christ a aimé l’Église ;

Il s’est livré pour elle,

Afin de la sanctifier …toute

Resplendissante, sans tache, ni ride,

Mais sainte et immaculée. »

Acceptant de se faire oublier Joseph s’efface devant Jésus et sa Mère, d’où l’appellation de Matthieu : Joseph, le Juste, l’Ami, le Bon.

Qui est l’homme juste? En un premier sens, le juste est celui qui sauvegarde et vit les commandements de Dieu à l’exemple de Zacharie et d’Élizabeth (Lc.1, 5-6) :

« Il y eut aux jours d’Hérode, roi de Judée,

Un prêtre du nom de Zacharie, de la

Classe d’Abia, et il avait pour femme

Une descendante d’Aaron,

Dont le nom était Élizabeth.

Tous deux étaient justes, et ils

Suivaient irréprochablement, tous les

Commandements et observances du Seigneur. »

Le juste intègre le Plan de Dieu bien qu’ardu, à l’exemple de Joseph (Mt.1, 24) :

«Une fois réveillé, Joseph fit comme

L’Ange du Seigneur lui avait prescrit :

Il prit chez lui sa femme… »

Les chercheurs précisent : Tout homme droit l’est en fonction de la Tradition juive ! À ce niveau, Joseph devait donc lapider Marie (Mt.1, 18) :

«Or telle fut la genèse de Jésus-Christ.

Marie, sa Mère, était fiancée à Joseph :

Or, avant qu’ils eussent mené vie commune,

Elle se trouva enceinte par le fait de

L’Esprit- Saint. »

Que penserait le juif à première vue ? Elle est adultère. Certains Pères de l’Église défendent la virginité de la Vierge face au monde juif qui a parlé de Marie dans le Talmud. Tandis que Joseph n’a  pas pensé pour une fraction de seconde à l’infidélité de Marie. Uniquement l’homme intègre comprend la femme intègre ; voire exclusivement le saint comprend la sainte : nous ne sommes point là à un niveau humain. Sinon, nous demeurons avec ceux qui sont ‘dehors’ (Mc.4, 11-12) :

«… mais à ceux- là qui sont dehors

Tout arrive en paraboles, afin qu’ils aient

Beau regarder et ils ne voient pas,

Qu’ils aient beau entendre et ils

Ne comprennent pas, de peur qu’ils ne

Se convertissent et qu’il ne leur soit pardonné. »

N’est-ce Nicomède ignorant le sens de la seconde naissance (Jn.3, 4-5) :

« … En vérité, en vérité, je te le dis,

A moins de naître d’eau et d’Esprit,

Nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. »

Joseph, se comporte-t-il en tant qu’un être humain envers Marie ? Point du tout. Si Jean-Baptiste tressaille dans le ventre de sa mère lors de la rencontre d’Élizabeth et de Marie (Lc.1, 41-42) :

«…Élizabeth fut remplie d’Esprit-Saint.

Alors elle poussa un grand cri et dit :

‘Bénie es-tu entre les femmes et

Béni le fruit de ton sein. ‘»

Que sera la réaction de Joseph devant Marie portant le Seigneur des Univers en son sein, Marie radieuse et illuminée pour cette grâce. Consultons encore Saint Ephrem (2/11) :

Joseph t’adorant et te couronnant

Ce Juste brisé, Ton Ange l’apaisant

Il t’a fait fuir, de ses bras t’entourant

Tu l’as récompensé grandement

La chasteté de Joseph de  Ta sainteté témoignant

Qui aurait pu le persuader au bien

Pour épauler un enfant  adultérin

Pourchassé en tout recoin…

En effet, Joseph est anéanti par ce qu’il voit, souffrant pour sa promise et prêt à l’amener chez lui. Peut-être les gens médiront : C’est un fruit d’adultère, et Joseph point convaincu, combien embarrassé, est-il !

Cependant combien aime-t-il  cet Enfant, disponible à le faire fuir d’un endroit à l’autre, de la Palestine vers l’Égypte, vers la Galilée, vers Nazareth et non vers Bethléem en Judée (Mt.2, 13-15 ; 19-23) :

«Fuite en Égypte.

Apres leur départ, voici que l’Ange du Seigneur

Apparaît en songe à Joseph et lui dit :

‘Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa Mère,

Et fuis en Égypte ; et restes-y jusqu'à

Ce que je te dise. Car Hérode va rechercher

L’Enfant pour le faire périr.’

Il se leva, prit avec lui l’Enfant et sa Mère,

De nuit, et se retira en Égypte ;

Et il resta là jusqu’à la mort d’Hérode ;

Pour que s’accomplît cet oracle prophétique

Du Seigneur ;

‘D’Égypte j’ai appelé mon Fils’. »

« Retour d’Egypte et établissement à Nazareth. »

L’on dit que Joseph est vertueux suivant la vision chrétienne ; sans nul doute dans le concept chrétien, il ne doit pas en répudier car si ‘adultère’, que Dieu ne l’admette, il lui pardonne comme Jésus (Jn.8, 1-11) :

« La femme adultère.

…’Maître, cette femme a été surprise

En flagrant délit d’adultère

…Que celui d’entre vous qui est sans

Péché lui jette la première pierre…

Ils s’en allèrent un à un …

Alors Jésus dit :

’Moi non plus, je ne te condamne pas.

Va, désormais, ne pèche plus’. »

Et si elle se désiste de sa foi, que Dieu ne le permette encore, et suive ce soldat romain, comme l’a écrit le Talmud. Lisons à ce sujet Saint Paul dit (1Co.7, 12) :

«…Si un frère a une femme non croyante

Qui consente à cohabiter avec lui

Qu’il ne la répudie pas. »

C’est pourquoi nous ne disons pas qu’il a voulu la rejeter, mais la délaisser. S’il en divorcé, il sera interrogé par les gens ; dans ce cas ils agiront comme avec la femme adultère amenée vers Jésus.

Les Saints Évangiles parlent de ‘mystère ; quel en est le sens matériel ? Quel argument en donner ? Demande-t-on à Joseph d’emmener Marie chez lui ? Les fiançailles ne durent pas toute la  vie et les parents vont sûrement s’en enquérir. Quant au sens spirituel du mystère, Joseph  se considère indigne de vivre avec Marie et Jésus, étant de toute pureté et de toute sainteté ! Est-il suffisamment irréprochable et incorruptible pour mériter de vivre auprès d’eux ? Il est tellement pécheur et coupable devant cet Enfant Divin, tel Pierre après la Pêche Miraculeuse (Lc.5, 8) :

« Appel des quatre premiers disciples.

…Simon Pierre se jeta aux genoux de Jésus,

En disant : ‘Éloigne-toi de moi, Seigneur,

Car je suis un homme pécheur !’ »

L’on se demande s’il voudrait s’éloigner de Celui qui l’a choisi pour être ‘un pêcheur d’hommes ?’ Non !  Joseph, est-il capable de quitter Marie ? Fait impossible ! En Marie subsiste une force invisible et irrésistible, du fait de la Présence de l’Enfant-Dieu en son sein. Marie ne cesse d’attirer vers elle tous les hommes sur terre, chrétiens et non chrétiens.

Joseph ressemble aux  israélites interloqués devant la face resplendissante de Moïse s’adressant à Dieu sans oser l’approcher (Ex.34, 29-30) :

«Lorsque Moïse redescendit de la montagne

Du Sinaï, les deux tables du Témoignage

Étaient dans la main de Moïse

Quand il descendit de la montagne, et

Moïse ne savait pas que la peau de son visage

Rayonnait parce qu’il avait parlé avec Lui.

Aaron et tous les israélites virent Moïse,…

Et ils avaient peur de l’approcher. »

Ne s’agit-il pas de la même ‘crainte’ dans le fait d’approcher Marie ? Soit la crainte de Joseph voulant la quitter ‘en secret’, s’en éloigner comme au dire de Saint Ephrem : la servir à distance au lieu de se brûler en présence du ‘Feu’ en son sein. N’est-il pas dit que Dieu est  flamme brûlante ?

Tandis que l’Évangile affirme (Mt.1, 20) :

« Alors qu’il avait formé ce dessein,

Voici que l’Ange du Seigneur lui apparut

En songe et lui dit :

‘Joseph, fils de David, ne crains pas de

Prendre chez toi Marie, ta femme :

Car ce qui a été engendré en elle

Vient de l’Esprit-Saint ;... »

Comment agit-il face à cette sainteté sublime ? (Lc.1, 12-13 ; 29) :

« À cette vue, Zacharie fut troublé et

La crainte fondit sur lui.

Mais l’Ange lui dit :

‘Sois sans crainte, Zacharie, car

Ta supplication a été exaucée ;

Ta femme Élizabeth t’enfantera un fils, et

Tu l’appelleras du nom de Jean. »

L’épreuve de Joseph nous rappelle l’expérience de Gédéon (Jg.6, 22-23) :

«Alors Gédéon vit que c’était l’Ange de Yahvé

Et il dit : ‘Hélas ! mon seigneur Yahvé !

C’est donc que j’ai vu l’Ange de Yahvé face à face ?’

Yahvé lui répondit :

‘Que la paix soit avec toi !

Ne crains rien, tu ne mourras pas.’ »

Manoah, le père de Samson, dit à sa femme (Jg.13, 22-23) :

«Seconde apparition de l’Ange.

‘Nous allons certainement mourir, dit Manoah

À sa femme, car nous avons vu Dieu’

‘Si Yahvé avait eu l’intention de nous faire

Mourir, lui répondit sa femme, il n’aurait

Accepté de notre main ni holocauste

Ni oblation, il ne nous aurait pas fait voir

Tout cela et à l’instant même,

Fait entendre pareille chose. ‘»

N’est-ce Joseph l’affectueux qui prend peur, tremble et se comporte comme Moïse tentant de  renoncer à l’invite divine (Ex.4, 13) :

« Moïse dit encore :

‘Excuse-moi, mon Seigneur, envoie,

Je t’en prie, qui tu voudras.’ »

Yahvé se met en colère après qu’il ait donné plein de garanties à Moïse ; contrairement à lui, de suite, Joseph acquiesce en silence. Car l’amour se vit dans l’action  et le droit et non dans les dires et les mots, comme l’explique Saint Jean dans son Épître.

L’Ange s’adresse à Joseph pour la première fois (Mt.1, 30) :

« …Ne crains pas de prendre...

Marie…ta femme. »

Pour la seconde fois (Mt.2, 13-15) :

« …Lève-toi, prends avec toi

L’Enfant et sa Mère,

Et fuis en Égypte. »

Avant la fin de la nuit, Joseph voyage avec sa famille, pleinement consentant au conseil de l’Ange de Dieu. Ainsi, il épouse le Plan Divin comme le précisent  les prophètes Osée et Isaïe en parlant de l’enfance virginale (L’Enfantement Majestueux) (Mt.1, 23) :

« Voici que la vierge concevra et

Enfantera un fils, et on l’appellera

Du nom d’Emmanuel. »

Et pour la troisième fois, l’Ange de Dieu  apparaît à Joseph  (Mt.2, 15-22) :

« …’Lève-toi, prends avec toi l’enfant et la mère,

Et mets-toi en route pour la terre d’Israël ;

Car ils sont morts, ceux qui en voulaient

À la vie de l’enfant… »

Sans discussion aucune, comme le peuple hébraïque désirant rester en Égypte avec ses bienfaits, non comme Abram ‘expulsé, renonçant à sa femme pour survivre (Gn.12, 13) :

« Dis, je te prie, que tu es ma sœur,

Pour qu’on me traite bien à cause de toi

Et qu’on me laisse en vie par égard pour toi.’

Où s’en va Joseph ? Revient-il vers Bethléem, terre des aïeux ou vers Nazareth où réside Marie ? Soupesant la situation, et craignant Archélaüs, fils d’Hérode, il attend le signe divin avant de décider (Mt.2, 22) :

«…Averti en songe,

Il se retira dans la région de Galilée

(à)Nazareth. »

Ce que fait Jacob avant de se diriger vers l’Égypte (Gn.46, 1-3) :

«Départ de Jacob pour l’Égypte.

Israël partit avec tout ce qu’il possédait.

Arrivé à Bersabée, il offrit des sacrifices

Au Dieu de son père Isaac et

Dieu dit à Israël dans une vision nocturne :

‘Jacob ! Jacob’ ! Et il répondit :

‘Me voici’ !

Dieu reprit :’je suis El, le Dieu de ton père.

N’aie pas peur de descendre en Égypte,

Car là-bas, je ferai de toi une grande nation. »

Joseph appartient à la dimension Des patriarches en partant vers l’Égypte avec l’Enfant Jésus qui représente le peuple , et en rejoignant Nazareth, comme le retour du peuple sous la conduite de Moïse (Ex.4, 22) :

«Départ de Moïse de Madiân et retour en Égypte.

Alors tu diras à Pharaon ;

Ainsi parle Yahvé ;

Mon fils premier- né, c’est Israël. »

Le Christ est de même ‘le Fils aîné’ (Lc.2, 7) en présence de Joseph :

«Elle enfanta son fils premier-né,

L’enveloppa de langes et le coucha

Dans une crèche, parce qu’ils manquaient

De place dans la salle. »

L’Ange Gabriel demande à Marie de donner à son Fils le nom de Jésus (Lc.1, 31) :

«Voici que tu concevras dans ton sein

Et enfanteras un fils,

Et tu l’appelleras du nom de Jésus. »

Aussi conseillé à Joseph d’appeler le Sauveur, Jésus (Mt.1, 21) :

« …elle enfantera un fils, et

Tu l’appelleras du nom de Jésus car

C’est lui qui sauvera son peuple

De ses péchés. »

3- Joseph, l’auditeur obéissant.

Joseph, dont le nom signifie ‘le Seigneur augmente’, que peut-on lui attribuer en dons supplémentaires ? s’il est comme les hommes de son temps, marié à une femme comme un jeune homme de tous temps, on l’aurait ignoré, de nom et de descendance ; Il serait méconnu entre des milliers d’hommes du premier siècle chrétien. Le prénom de Joseph, si fréquent en Palestine, comme celui de Marie, Joseph distingué depuis son approbation instantanée à l’appel de Dieu tel Abraham (Gn.12, 1-2) :

« Yahvé dit à Abram ;

‘Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père,

Pour le pays que je t’indiquerai.

Je ferai de toi un grand peuple,

Je te bénirai, je magnifierai ton nom ;

Sois une bénédiction. »

À l’âge de soixante-quinze ans, Abram part sans dire mot, suivant l’appel de Yahvé. Yahvé ordonne et l’homme obéit : bienheureux quiconque répond à  l’écoute de Dieu. Et que sollicite Abram de plus, de quoi rêve-t-il plus que la bénédiction divine ? Il accomplit le premier appel et le second, concernant l’offrande de son fils (Gn.22, 2) ;

« Le sacrifice d’Abraham.

…’Me voici !’

Dieu dit : ‘Prends ton fils,

Ton unique, que tu chéris, Isaac…

Tu l’offriras en holocauste...’ »

La réplique d’Abram n’est pas humaine : Tu sais, mon Dieu que mon fils est mon unique et s’il me quitte, c’est comme si Tu prends de la main ce que Tu as mis en l’autre (Gn.22, 3) :

« Abraham se leva tôt, sella son âne et

Prit avec lui deux de ses serviteurs et son fils Isaac.

Il fendit le bois de l’holocauste... ».

Et l’Ange de Yahvé d’ajouter (Gn.22, 16-17):

« Je jure par moi-même, parole de Yahvé :

Parce que tu as fait cela, que tu ne m’as pas

Refusé ton fils, ton unique,

Je te comblerai de bénédictions,

Je rendrai ta postérité aussi nombreuse

Que les étoiles du ciel et que le sable…

Au bord de la mer... »

Joseph, promis à Marie aurait pu fonder une famille. Il ne le fait pas, Dieu lui ayant demandé de s’occuper de ‘sa famille’, une Mère et son Fils, d’être l’éducateur de l’Enfant Divin. Rappelons les propos de Marie au Temple (Lc.2, 48) :

«Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ?

Vois ! Ton père et moi, nous

Te cherchons, angoissés. »

Sommes-nous aptes à comprendre cette éminente grâce acquise par Joseph ? (Lc.2, 50) :

«Mais eux ne comprirent pas la parole

Qu’il venait de leur dire. »

Méditons : Celui à qui le monde entier concède, obéit à Joseph et à Marie (Lc.2, 51) :

« Il redescendit alors avec eux et

Revint à Nazareth ; et il leur était soumis. »

A l’époque, le père de famille ‘forme son fils selon la tradition des Patriarches et pendant les jours de fête, il élucide le sens de la cérémonie aux siens (Ex.13, 14) :

«Lorsque ton fils te demandera demain :

Que signifie ceci ?

Tu lui diras :

C’est par la force de sa main que Yahvé

Nous a fait sortir d’Égypte,

De la maison de servitude. »

Le benjamin pose des questions d’éclaircissement auxquelles répond  son père. Ainsi Jésus questionne et Joseph y répond ; s’il étonne les docteurs de la loi au Temple, c’est qu’il est préalablement instruit à l’école de son père. Ce dernier n’est point illettré, ni ce pauvre homme misérable ; issu de la royauté, Joseph sauvegarde et préserve ses origines, en soignant parfaitement les affaires de sa Sainte Maisonnée. Sa mission achevée, il disparaît  n’ayant pu comprendre la Parole du Seigneur, prononcée par l’Enfant Jésus, à sa douzième année.

Auditeur obéissant comme les disciples appelés au lac  de Tibériade par Jésus, se désaliénant du monde pour Le suivre et devenir pêcheurs d’hommes, Joseph  en est l’édifiant exemple (Lc.5, 10) :

« …Mais Jésus dit à Simon :

‘Sois sans crainte ; désormais ce sont

Des hommes que tu prendras’. »

C’est ce qu’effectue Saint Paul, le jour de la Pentecôte (Ac.2, 41) :

« Les premières conversions.

Eux donc, accueillant sa parole,

Se firent baptiser. Il s’adjoignit

Ce jour- là environ 3000 âmes. »

Quelle dignité que celle de Joseph, illustrant les propos de Saint Matthieu (Mt.6, 24) :

« Nul ne peut server deux maîtres:

Ou il haïra l’un et aimera l’autre,

Ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre.

Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. »

Contrairement à l’homme riche incapable de se déposséder de ses biens  terrestres (Mc.10, 22):

« L’homme riche.

Mais lui, à ces mots, s’assombrit et

Il s’en alla contristé, car

Il avait de grands biens. »

Alors que Saint Joseph s’approche du Royaume divin, comme Marie lors de l’Annonciation, dès le moment où il décide d’honorer et de vivre le Projet de Dieu.

Cependant, malgré qu’il n’ait pas saisi la voie du Seigneur, Abraham s’y abandonne à Lui, exauçant Sa volonté sans contester aucun détail concernant son orientation. Tout homme marchant de foi dans les obscurités, se promet la Lumière. Guidé par sa croyance, Abram avance en toute fiabilité, trébuchant, assoiffé et continuant malgré tout, jusqu'à ce que, par un hasard béni, il atteint la Palestine (Gn.25, 5):

‘Abraham donna tous ses biens à Isaac. »

Joseph n’a pu concevoir humainement ce qui se passe (Marie, enceinte du Saint-Esprit), ni sa vocation de paternité, divinement planifiée (Mt.1, 20):

« …Joseph, fils de David, ne crains pas

De prendre chez toi, Marie, ta femme ;

Car ce qui a été engendré en elle

Vient de l’Esprit Saint. »

Tant que Dieu parle, Joseph écoute et accomplit à l’exemple de Marie, Mère de Dieu (Lc.1, 35):

«L’Ange lui répondit:

‘ L’Esprit-Saint viendra sur toi, et

La puissance du Très-Haut te prendra

Sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint

Qui naîtra sera appelé le Fils de Dieu. »

En visitant sa parente Élizabeth, Marie comprend  encore une fois, pourquoi Jean –Baptiste tressaille d’allégresse à la rencontre de Celui qui lui prépare sa voie. Comme la femme atteinte depuis des années d’un flux sanguin,  touchant la frange du manteau de Jésus, ressent une force s’en répandre, qu’en sera-t-il de la Puissance divine dans le sein de Marie (8, 45-46):

«Mais ils ne comprenaient pas cette parole ;

Elle leur demeurait voilée pour qu’ils n’en

Saisissent pas le sens, et craignaient de

L’interroger sur cette parole. »

Deux signes pour Marie : l’Enfant en son sein et les propos de l’Ange sur la prochaine maternité d’Élizabeth (Lc.1, 36) :

« Et voici qu’Élizabeth, ta parente,

Vient, elle aussi, de concevoir un fils

Dans sa vieillesse, et elle en est

À son sixième mois,

Celle qu’on appelait la stérile… »

Assuré de la pureté de Marie, écoutant la voix de Dieu, Joseph, plein d’amour, ne peut penser le mal, vivant dans la patience et l’espérance (1Co.13, 5 - 7):

« (La charité) ne fait rien d’inconvenant,

Ne cherche pas son intérêt,

Ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal ;

Elle ne se réjouit pas de l’injustice,

Mais elle met sa joie dans la vérité.

Elle excuse tout, croit tout,

Espère tout, supporte tout. »

Constant et persévérant dans sa loyauté, Joseph a la sainte possibilité de voir et de vivre aux côtés de l’Enfant-Dieu (Mt.13, 17) :

«En vérité je vous le dis,

Beaucoup de prophètes et de justes

Ont souhaité voir ce que vous voyez et

Ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez

Et ne l’ont pas entendu ! »

Au delà de la foi commune, renforcée dans les affects, comme l’étonnement des bergers venus à la Crèche de Jésus, celle de Marie et de Joseph est intériorisée et concrétisée dans l’action (Lc.2, 18-19) :

«…et tous ceux qui les entendirent furent étonnés

De ce que leur disaient les bergers.

Quant à Marie, elle conservait avec soin

Toutes ces choses, les méditant

En son cœur. »

Conclusion

Voici le vrai profil de Joseph présenté dans  la Bonne Nouvelle, et non esquissé en perspectives populaires de racontars divers. Combien de qualités humaines lui connaît-on,  un roi de race et de postérité, même si la descendance davidienne est détrônée depuis l’exil babylonien en 585 av.J.C.

Fort consciencieux des circonstances politiques de l’époque, il sauve l’Enfant Jésus des massacres d’Hérode et de son fils Archélaos, car Son ‘heure n’était pas encore venue’ (Jn.7, 30) :

« Discussion du peuple sur l’origine du Christ.

Ils cherchaient alors à le saisir,

Mais personne ne porta la main sur lui,

Parce que son heure n’était pas encore venue. »

Un pédagogue formant Jésus à l’enseignement biblique jusqu’au point d’interloquer les grands docteurs de la Loi.

De manière spécifique, Joseph est un homme de foi et de Prière, à l’écoute de l’appel de Dieu pendant les moments  les plus aigus de la condition humaine.

Un homme chaste comme la Vierge Marie et tous ceux ayant vécu l’attente de la Venue du Messie Rédempteur : Zacharie  et Élizabeth, le vieux Siméon et la prophétesse Anne.

Un cheminement effectué parallèlement à l’existence terrestre de Joseph incite à la relecture régulière des Saintes Écritures, approfondissant la profondeur de certaines figures bibliques, au-delà de l’expérience de Samuel rencontrant Eliab (1S.16, 6-7) :

«Lorsqu’ils arrivèrent et que Samuel aperçut

Éliab, il se dit :

‘Sûrement, pour Yahvé, c’est son oint’.

Mais Yahvé dit à Samuel :

Ne considère pas son apparence,

Ni la hauteur de sa taille,

Car je l’ai écarté.

Il ne s’agit pas de ce que voient les hommes,

Car ils ne voient que les yeux,

Mais Yahvé voit le cœur »

Sachons estimer et valoriser l’impact de la Grâce Divine en l’homme, en nous, en chacun de nous, en tout homme, qui que soit-il, où que soit-il.

‘Pleine de grâces’, ainsi nous est présentée dans la Bible, la Vierge Marie, Mère de Jésus, d’où la grandeur et l’ampleur de son mystère et de sa sainteté. Il nous reste à  découvrir la sainteté de Joseph, l’élu de Dieu, choisi pour la mission la plus importante que peut réaliser un homme au cours de son séjour terrestre.

Si, au Temple, Jésus parle de son père Céleste, ne le peut-il pas quand Fils de l’Homme, né d’une femme, il parle d’un père terrestre ? Et ce Père est bien Joseph !

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