ISAÏE, PROPHÈTE DE JÉSUS-CHRIST

- ISAÏE, PROPHÈTE DE JÉSUS-CHRIST.

A consulter le Nouveau Testament, nous discernons maints passages extraits du Livre d’Isaïe, portant sur la naissance de Jésus, sa vie missionnaire, sa passion et sa crucifixion, des passages sur la vie de l’Église annonçant la Bonne Nouvelle au nom du Seigneur (Ro.10, 15) :

«Et comment proclamer sans être d’abord envoyé ?

Selon le mot de l’Écriture :

’Qu’ils son beaux les pieds des messagers de bonnes nouvelles !’ »

Du Visage de l’Eglise glorifiée, l’Apocalypse notifie (21,23) :

«La ville peut se passer de l’éclat du soleil et de celui de la lune,

Car la gloire de Dieu l’a illuminée, et

L’Agneau lui tient lieu de flambeau. »

Que la ville n’a besoin ni de soleil, ni de lune pour l’éclairer, la gloire divine l’ayant illuminée (Is.60, 19) :

«Tu n’auras plus le soleil comme lumière, le jour,

La clarté de la lune ne l’illuminera plus ;

Yahvé sera pour toi une lumière éternelle,

Et ton Dieu sera ta splendeur.»

Isaïe, appelé prophète du Christ, le verbe mis en sa bouche par le Seigneur, demeure dans le langage des disciples qui portent la Nouvelle du Salut Chrétien, accompli grâce à l’Incarnation du Christ.

A-Qui est Isaïe ?

a)- Un prophète en Judée.

Prophète  judéen du sud, né vers l’an 756 av. J.C. et   vivant au temps des rois dont Ezra, Achaz et Ézéchias, Isaïe assiste durant son règne, à la guerre des Assyriens contre l’alliance aramo-euphratéenne qui occasionne l’effondrement de Damas en l’an 732, puis la chute de Samarie en l’an 722, ainsi que les royaumes de Syrie , du Liban et de la Palestine .

Jérusalem est la seule ville non écroulée malgré la double mainmise de ses frontières par Sanharib, l’assyrien : la première fois, le roi Ézéchias paie un lourd tribut et la seconde fois, une épidémie se répand parmi l’armée assyrienne qui capitule.

C’est un aristocrate de sang royal s’adressant aux roi Achaz (Is.7, 11) et Ézéchias (Is.37, 2 ; 39,3) comme un ami :

« Demande un signe à Yahvé ton Dieu,

Au fond, dans le shéol,

Ou vers les hauteurs, au-dessus.»

«Il envoya le maître du palais Elyaqim,

Le secrétaire Shebna et les anciens des prêtres, couverts de sacs,

Auprès du prophète Isaïe, fils d’Amoc. »

« Alors le prophète Isaïe vint trouver le roi Ézéchias

Et lui demande :

’Qu’ont dit ces gens-là, et d’où sont-ils venus chez toi ?’

Ézéchias répondît :

’Ils sont venus d’un pays lointain, de Babylone’. »

Il connaît Jérusalem, ses ruelles, puits, tours,  trésoreries et accumulations royales ainsi que l’espace du temple, ses festins teintés d’idolâtrie et les châteaux des riches qui se réjouissent pendant que le peuple meurt de faim (Is.1, 10) :

« Ecoutez la parole de Yahvé, chefs de Sodome,

Prêtez l’oreille à l’renseignement de notre Dieu,

Peuple de Gomorrhe ! »

Isaïe jouît d’une volonté  inébranlable et déterminée, d’un défi constant et courageux face aux responsabilités,  en plus des interventions  politiques, faisant preuve d’un discernement aigu et d’un profond raisonnement. Intrépide devant le roi Ézéchias, un danger menaçant Jérusalem, ce dernier   lui envoie un message (Is. 37,3):

«…Ainsi parle Ézéchias : ce jour là est un jour d’angoisse,

De châtiment et d’opprobre.

Les enfants sont à terme et

La force manque pour les enfanter. »

Et Isaïe de répliquer qu’il ne doit point craindre les dires du roi d’Assyrie et le voilà secondant Ézéchias dans ses conciliations religieuses, annulant les différents temples et ramenant la joie aux festivités pascales.

Voire un poète, un vrai poète en la  Bible Sainte, auteur du Livre de Job où se lisent une grande sensibilité, un don descriptif et une capacité créative. Rappelons certaines images, celle de la paix en temps de guerre (Is.2, 2-5 ; 9,1) :

«Il arrivera dans la suite des temps

Que la montagne de la maison de Yahvé

Sera établie en tête des montagnes et

S’élèvera au-dessus des collines.

Alors toutes les nations afflueront vers elle,

Alors viendront des peuples nombreux qui diront ;

‘Venez, montons à la montagne de Yahvé,

A la maison du dieu de Jacob,

Qu’il nous enseigne ses voies

Et que nous suivions ses sentiers.’

Car de Sion vient la Loi

Et de Jérusalem la parole de Yahvé.

Il jugera entre les nations, il sera l’arbitre de peuples nombreux.

Ils forgeront leurs épées pour en faire des socs

Et leurs lances pour en faire des serpes.

On ne lèvera plus l’épée nation contre nation,

On n’apprendra plus à faire la guerre.

Maison de Jacob,

Allons,

Marchons à la lumière de Yahvé. »

Ou celle de la vigne symbolisant le peuple de Dieu qui décline les commandements de Yahvé (Is.5, 1-7) :

«Que je chante à mon bien - aimé

Le chant de mon ami pour sa vigne.

Mon bien-aimé avait une vigne,

Sur un coteau fertile …

Et maintenant, que je vous apprenne ce que je vais faire à ma vigne !

En ôter la haie pour qu’on vienne la brouter,

En briser la clôture pour qu’on la piétine ;

J’en ferai un maquis :

Elle ne sera ni taillée ni sarclée,

Ronces et épines y croîtront,

J’interdirai aux nuages d’y faire tomber la pluie.

Eh bien ! La vigne de Yahvé Sabaot, c’est la maison d’Israël,

Et l’homme de Juda, c’est son plant de choix.

Il attendait le droit et

Voici l’iniquité,

La justice et

Voici les cris. »

Son ouvrage, sectionné en trois parties, présente  le jugement divin  et le châtiment subi par les nations pécheresses (Is. Ch.1 à 39) :

« Première partie du Livre d’Isaïe

Oracles antérieurs

Le livre de l’Emmanuel

Oracles sur les peuples étrangers

Apocalypse

Poèmes sur Israël et Juda

Compléments. »

La seconde section  présente Dieu miséricordieux et bienveillant envers son peuple pécheur, lui pardonnant, le rééduquant et restituant sa ville après les ravages et les décombres (Is. Ch.40 à 55) :

« Le livre de la consolation d’Israël. »

Quant à la « Troisième partie du livre d’Isaïe », (Ch.56 à 66) ou Conseils de Yahvé, elle porte sur le salut des faibles, l’indignité de l’idolâtrie, la splendeur de Jérusalem, la vocation du prophète et les jugements futurs.

b)- Le Prophète de Dieu.

Répondant  à l’appel de Dieu, il décide sans hésitation de porter Sa Parole, conscientisant le roi et ses subordonnés sur le fait que l’abondance et l’épanouissement économique de la ville décèlent  en latence combien de calamités et de catastrophes. Il est demandé du Royaume de Juda de réfléchir au destin du Royaume de Samarie ; flèches acérées et ajustées, arcs raides et tendus, une nation avançant des extrémités de la terre… des cadavres  déchets pollués et polluants, tapissant les ruelles (Is.5, 25-30) :

«C’est pourquoi la colère de Yahvé s’est enflammée

Contre son peuple ; Il a levé la main contre lui

Pour le frapper, les montagnes ont tremblé,

Et les cadavres sont comme des ordures au milieu des rues.

Avec tout cela la colère de Yahvé ne s’est pas calmée,

Sa main s’est levée.

Il dresse un signal pour le peuple lointain,

Il le siffle des extrémités de la terre,

Et voici qu’aussitôt il accourt, léger.

Chez lui nul n’est fatigué, nul ne trébuche,

Nul ne dort ni ne sommeille,

Nul ne dénoue la ceinture de ses reins,

Nul n’a la courroie de ses sandales rompue.

Ses flèches sont aiguisées et tous ses arcs tendus,

Les sabots de ses chevaux, on dirait du rocher,

Et ses roues, un tourbillon.

Son rugissement est celui d’une lionne,

Il rugit comme les lionceaux,

Il gronde et saisit sa proie,

Il l’emporte et nul ne le fait lâcher ;

Il gronde contre lui, en ce jour-là comme gronde la mer.

Il regarde le pays : et voici les ténèbres, l’angoisse,

Et la lumière est obscurcie par les nuages. »

Néanmoins le roi refuse les conseils du Prophète, préférant coopérer avec ses hommes, au lieu de s’abandonner à Dieu ; les grands de ce monde poursuivent leurs surabondances, dont certains ironisant et raillant ceux qui croient sans voir de leurs yeux et entendre de leurs oreilles (Is.5, 19-20) :

(Malheur) « À ceux qui disent :

’Qu’Il fasse vite, qu’Il hâte son œuvre,

Pour que nous la voyions ;

Que s’approche et se réalise le projet du saint d’Israël,

Que nous le reconnaissions. »

Dieu l’appelle au temple, paru en roi puissant, entouré de créatures célestes, des séraphins chantant, à travers feux et fumées,  la sainteté  et la gloire de Yahvé, comme sur le Mont Sinaï (Is.6,1-3) :

« …. je  vis le Seigneur assis sur un trône grandiose et surélevé.

Sa traine emplissait le sanctuaire.

Des séraphins se tenaient au-dessus de lui,

Ayant chacun six ailes,

Deux pour se couvrir la face,

Deux pour se couvrir les pieds, deux pour voler.

Ils se criaient l’un à l’autre ces paroles :

Saint, saint, saint est Yahvé Sabaot,

Sa gloire emplit toute la terre.»

Paniqué, le Prophète prend peur, se reconnaissant  coupable vivant parmi des hommes pécheurs ; il comprend sa faute à la lumière de la Parole et de la Présence divine. Dieu efface son mal, lui pardonne son péché par une braise ardente et lui remet une missive qu’Isaïe porte avec enthousiasme.

Yahvé lui dit : Qui envoyè-je ?

Isaïe répond : Me Voila, Seigneur ! Envoie-moi !

Le prophète s’en va vers le peuple, au cœur de pierre, à l’oreille dure, sans foi ni ferveur ; toutefois, Isaïe ne désespère pas.

Le roi et les éminents suivis par le peuple, refusant de l’écouter, point convaincus par ses dires, Isaïe s’isole avec certains de ses amis, (Is.8, 17) :

«J’espère en Yahvé qui cache sa face à la maison de Jacob, et

Je mets mon attente en lui. »

À l’exemple de  Jésus réuni avec ses disciples  à Césarée de Philippos, pour leur révéler qu’il est le Christ, Fils de Dieu Vivant, endurant des souffrances pour Son peuple, Le prophète entretient ses apôtres de Dieu ,’ l’Emmanuel ‘ (avec nous), notre issue de Salut  grâce au Christ-Roi qui protège Israël de toute menace , Christ offrant sur terre justice, paix et bonheur (Is.9, 5- 6) (Is.11, 1-10) :

« Car un enfant nous est né,

Un fils nous été donné,

Il a reçu le pouvoir sur ses épaules et

On lui a donné ce nom ; Conseiller-merveilleux,

Dieu-fort, Père-éternel, Prince-de-paix,

Pour que s’étende le pouvoir dans une

Paix sans fin

Sur le trône de David et sur son royaume,

Pour l’établir et pour l’affermir

Dans le droit et la justice

Dés maintenant et à jamais,

L’amour jaloux de Yahvé Sabaot fera cela. »

«Un rejeton sortira de la bouche de Jessé,

Un surgeon poussera de ses racines.

Sur lui reposera l’Esprit de Yahvé,

Esprit de sagesse et d’intelligence,

Esprit de conseil et de force,

Esprit de connaissance et de crainte de Yahvé ;

Il jugera mais non sur l’apparence.

Il se prononcera mais non sur le ouï-dire.

Il jugera les faibles avec justice,

Il rendra une sentence équitable pour les humbles du pays

Il frappera le pays de la férule de sa bouche,

Et du souffle de ses lèvres fera mourir le méchant.

La justice sera la ceinture de ses reins,

Et la fidélité la ceinture de ses hanches.

Le loup habitera avec l’agneau,

La panthère se couchera avec le chevreau.

Le veau, le lionceau et la bête grasse iront ensemble,

Conduits par un petit garçon.

La vache et l’ourse paîtront,

Ensemble se coucheront leurs petits.

Le lion comme le bœuf mangera de la paille.

Le nourrisson jouera sur le repaire de l’aspic,

Sur le trou de la vipère le jeune enfant mettra la main.

On ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte,

Car le pays sera rempli de la connaissance de Yahvé,

Comme les eaux couvrent le fond de la mer. »

Le signe du Salut  Divin, cet Enfant venu mystérieusement (Is.7, 14) :

« C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe:

Voici, la jeune femme est enceinte,

Elle va enfanter un fils

Et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. »

Image de Jésus-Christ, né d’une Vierge, au temps de César Auguste, empereur romain et de Ponce Pilate, roi de Juda (Mt.1, 16):

« Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie,

De laquelle naquit Jésus, que l’on appelle Christ. »

B- Profil d’un prophète ?

a)- Le Prophète et l’expérience divine.

La prophétie annonçant Dieu, le prophète en est l’informateur, celui qui annonce et prophétise ; il n’est point, comme communément pensé, celui qui prédit l’avenir et les choses latentes ; d’étymologie grecque, le terme « prophète » signifie celui qui parle de Dieu et en son nom (Ex.4, 13-17) :

«Moïse dit encore :’Excusez-moi, mon Seigneur,

Envoie, je t’en prie, qui tu voudras.’

La colère de Yahvé s’enflamma contre Moïse et

Il dit ;’n’y a-t-il pas Aaron, ton frère, le lévite ?

Je sais qu’il parle bien, lui ;

Le voici qui vient à ta rencontre et

À ta vue il se réjouira en son cœur.

Tu lui parleras et tu mettras les paroles dans sa bouche…

C’est lui qui parlera pour toi au peuple ;

Il te tiendra lieu de bouche et

Tu seras pour lui un dieu.

Quant à ce bâton, prends-le dans ta main,

C’est par lui que tu accompliras les signes. »

De même les prophètes  Isaïe, Jérémie ou Ézéchiel parlent de Dieu qui s’adresse à eux en vision ou dans l’Apocalypse, leur demandant d’être porteurs de son message.

Ainsi personne ne se donne la dignité du Sacerdoce sans être appelé par le Seigneur (He.5, 14) :

«…les parfaits, eux, ont la nourriture solide,

Ceux qui, par l’habitude,

Ont le sens moral,

Exercé au discernement du bien et du mal. »,

Il en est de même de la prophétie, la dignité du prophète dépendant du choix de Dieu. Amos, gardien de troupeau dans le nord du pays, est élu par Dieu (Am.7, 15) :

«Mais Yahvé m’a pris de derrière le troupeau et

Yahvé m’a dit :

‘Va, prophétise à mon peuple Israël.’ »

Isaïe (Is.6, 8) est un aristocrate consacré par Dieu en son milieu et envoyé chez le  roi de Juda:

«Alors j’entendis la voix du Seigneur qui disait :

‘Qui enverrai-je ?qui ira pour nous ?’

Et je dis :’Me voici, envoie-moi.’ »

Jérémie, menant une vie tranquille au village d’Anatout, près de Jérusalem, est envoyé par Dieu pour informer les nations et les mamlouks de leur destruction par le roi Assur (Jr.1, 15) :

« Car voici que j’appelle

Toutes les familles des royaumes du Nord,

Oracle de Yahvé.

Ils viendront et chacun placera son trône

A l’entrée des portes de Jérusalem,

Contre ses remparts, tout autour,

Et contre toutes les villes de Juda.»

Dieu choisit son prophète, l’appelle et  l’engage en mission de responsabilité ; en échange, le prophète s’abandonne au Seigneur, lui offrant sa vie et sa pensée pour témoigner, sans altération, de la Parole divine. Il souffre et meurt pour la Parole :

Michée, fils de Yamla, est frappé au visage et jeté en prison, se suffisant de pain et d’eau, car refusant de parler comme les faux prophètes et répétant ce que Dieu dit (1 R.22, 13-14 et 24-27) :

« Le messager qui était allé chercher Michée lui dit ;

‘Voici que  les prophètes n’ont qu’une seule bouche

Pour parler en faveur du roi.

Tâche de parler comme l’un d’eux et prédis le succès.’

Mais Michée répondit : ‘Par Yahvé vivant !

Ce que Yahvé me dira, c’est cela que j’énoncerai !’ »

« Alors Sédécias fils de kenyane s’approcha et

Frappa Michée à la mâchoire,

En disant :’par où l’esprit de Yahvé

M’a-t-il quitté pour te parler ?’

Michée repartit :’C’est ce que tu verras,

Le jour où tu fuiras dans une chambre retirée pour te cacher.’

Le roi d’Israël ordonna :

Saisis Michée et remets- le à Amôn,

Gouverneur de la ville, et au fils du roi Yoash.

Tu leur diras : Ainsi parle le roi.

Mettez cet homme en prison et

Nourrissez-le strictement de pain et d’eau

Jusqu'à ce que je revienne sain et sauf. »

Abandonné de tous, Jérémie est persécuté par ses proches en attendant d’être enfermé au cachot et pétri dans la saleté et la fange (Jr.38, 6) :

«Ils se saisirent donc de Jérémie et

Le jetèrent dans la citerne de Malkiyyahu, fils du roi,

Dans la cour de garde ;

Ils le descendirent à l’aide de cordes.

Dans cette citerne il n’y avait point d’eau,

Mais de la vase, et

Et Jérémie s’enfonça dans la vase. »

La tête de Jean-Baptiste est tranchée quand, au nom de Dieu, il dit à Hérode (Mc.6, 17-29) :

« …Il ne t’est point permis d’avoir la femme de ton frère…

La tête de Jean le Baptiste ;

Il apporta sa tête sur un plat...»

b)- Le prophète et les dires au nom de Dieu

Le prophète dérange les dominateurs  et les despotiques qui craignent la Parole Divine – tout vrai prophète soutenu et consolidé par sa foi en le Très-Haut :

« Ainsi dit Yahvé,

Voilà ce que dit Yahvé. »

Le prophète ne parle jamais en son nom, mais plutôt au nom de Celui qui L’a envoyé ; les prophètes incitant le peuple, l’encourageant au repentir, à la pénitence et au retour à Dieu, qui sauve les pécheurs d’une mort fatidique.

Le Seigneur voudrait construire et introduire la joie, ne point diviser, morceler ou détruire (Jr.1, 10) :

«Vois !

Aujourd’hui même je t’établis

Sur les nations et les royaumes,

Pour arracher et renverser.

Pour exterminer et démolir,

Pour bâtir et planter. »

Dieu réédifie Jérusalem, réunit son peuple disparate ; ainsi en est-il des dires d’Isaïe pour raffermir le cœur souffrant des croyants (Is.40, 1) :

«Consolez, consolez mon peuple,

Dit votre Dieu,... »

Les prophètes transmettent leurs paroles au peuple  par  une expression claire (14,22-23) ; 1Co (14,21-23) :

« Ainsi donc, les langues servent de signe

Non pour les croyants, mais pour les infidèles :

La prophétie, elle, n’est pas pour les infidèles

Mais pour les croyants.

Si donc l’Eglise entière se réunit ensemble

Et que tous parlent en langues,

Et qu’il entre des non-initiés ou des infidèles,

ne diront-ils pas que vous êtes fous ? »

À travers des images et des symboles (Jr.31, 23) :

« Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël.

On dira encore cette parole au pays de Juda et

Dans ses villes quand je ramènerai leurs captifs :

Que Yahvé te bénisse,

Toi, demeure de justice,

Toi, sainte montagne ! »

Soit par des signes et des lancées (1R.11, 31 ; Is.3, 4) :

«Puis il dit à jéroboam :’Prends pour toi dix morceaux,

Car ainsi parle Yahvé, Dieu d’Israël :

Voici que je vais arracher le royaume de la main de Salomon

Et je te donnerai les dix tribus. »

«Je leur donnerai comme princes des adolescents,

Et  des gamins feront la loi chez eux. »

La conduite du prophète évoque son style de vie, son intériorité et sa vocation ; ses prophéties, étant sa raison de vivre  simplement, loin des introspections et des interprétations, loin des commentaires et des justifications, il prononce directement ses dires pour conscientiser et récupérer les cœurs.

Sensible  et compatissant avec le Peuple de Dieu, le prophète guide les croyants vers l’écoute divine, vers Celui toujours Vivant, éloignant l’humanité de son auto-destruction et de son anéantissement.

Néanmoins les transgressions de l’homme et ses atteintes intérieures (un  cœur de pierre) le mènent à sa propre déchéance (Is.5, 20-22) :

« Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal,

Qui font des ténèbres la lumière et

De la lumière des ténèbres,

Qui font de l’amer le doux et du doux l’amer.

Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux

Et s’estiment intelligents.

Malheur à ceux qui sont des héros pour boire du vin

Et des champions pour mélanger la boisson,

Qui acquittent le coupable pour un pot-de-vin,

Et refusent aux justes la justice. »

C-Isaïe, Prophète de Jésus-Christ.

a)- J’ai vu le Seigneur Dieu.

La vision d’Isaïe au temple (Is.6, 1-13)  ou  Vocation d’Isaïe :

«L’année de la mort du roi Osias,

Je vis le Seigneur assis

Sur un trône grandiose et surélevé.

Sa traîne emplissait le sanctuaire.

Des séraphins se tenaient au-dessus de lui,

Ayant chacun six ailes, deux pour se couvrir la face,

Deux pour se couvrir les pieds, deux pour voler.

Ils se criaient l’un à l’autre ces paroles :

‘Saint, saint, saint est Yahvé Sabaot,

Sa gloire emplit toute la terre.’

Les montants des portes vibrèrent au bruit de ces cris et

Le Temple était plein de fumée.

Alors je dis :

‘Malheur à moi, je suis perdu !

Car je suis un homme aux lèvres impures,

J’habite au sein d’un peuple aux lèvres impures,

Et mes yeux ont vu le roi, Yahvé Sabaot.’

L’un des séraphins vola vers moi,

Tenant dans sa main une braise

Qu’il avait prise avec des pinces sur l’autel.

Il m’en toucha la bouche et dit :

‘Voici, ceci a touché tes lèvres,

Ta faute est effacée,

Ton péché est pardonné.’

Alors j’entendis la voix du Seigneur qui disait :

‘Qui enverrai-je ? Qui ira pour nous ?’

Et je dis :’Me voici, envoie –moi !’

Il me dit :’Va et tu diras au peuple :

Écoutez, écoutez, et ne comprenez pas :

Regardez, regardez et ne discernez pas.

Appesantis le cœur de ce peuple,

Rends-le dur d’oreille, englue-lui les yeux,

De peur que ses yeux ne voient,

Que ses oreilles n’entendent,

Que son cœur ne comprenne,

Qu’il ne se convertisse et ne soit guéri.’

Et je dis :

‘Jusques à quand, Seigneur ?’

Il me répondit :

Jusqu'à ce que les villes soient détruites et dépeuplées,

Les maisons inhabitées ;

Que le sol soit dévasté, désolé ;

Que Yahvé en chasse les gens, et

Qu’une grande détresse règne au milieu du pays.

Et s’il reste un dixième,

De nouveau, il sera dépouillé,

Comme le térébinthe et comme le chêne

Qui une fois émondés n’ont plus qu’un tronc ;

Leur tronc est une semence sainte.’ »

Cette vision lui fait comprendre apprend la sainteté qui contrecarre le péché humain : Seul Dieu arrache le péché du cœur des hommes afin qu’ils partagent Sa Sainteté et disposent d’une foi constante, pratiquant les commandements de justice et de charité (Lv.19, 1-2) :

« Yahvé parla à Moïse et dit :

Parle à toute la communauté des israélites.

Tu leur diras :

Soyez saints,

Car  moi, Yahvé votre Dieu, je suis saint. »

Isaïe parle au peuple en temps de bataille (Is.17, 9-10), précisant que s’ils manquent de foi, ils ne sont pas délivrés :

«  ..Et ce sera la désolation.

Tu as oublié le Dieu de ton salut,

Tu ne t’es pas souvenu du Rocher,

Ton refuge,… »

Il confère au roi Achaz un signe pour saisir que le respect, l’estime et la considération de  Dieu, le Saint d’Israël, sont de loin meilleurs que la fiabilité et la crédibilité en la puissance des chevaliers de la nation et leur arsenal belliciste (Is.31, 1-2) :

«Malheur à ceux qui descendent en Égypte

Pour y chercher du secours.

Ils comptent sur les chevaux,

Ils mettent leur confiance dans les chars,

Car ils sont nombreux,

Et dans les cavaliers,

Car ils sont très forts.

Ils ne se sont pas tournés vers le Saint d’Israël,

Ils n’ont pas consulté Yahvé. »

De même, encourageant Ézéchias, il éveille et suscite en  peuple la confiance en Dieu, au moment où Sennachérib assiège Jérusalem (Ps.147, 12-13) :

« Fête Yahvé, Jérusalem,

Loue ton Dieu, ô Sion !

Il renforça les barres de tes portes,

Il a chez toi béni les enfants ;... »

Avoir foi en Dieu, suppose le vécu de ses commandements. Il ne suffit point d’être peuple de Dieu pour se considérer âmes saintes, le Seigneur ayant le pouvoir de sauver les fils d’Abraham de la pierre (Mt.3, 9) :

«Et ne vous avisez pas de dire en vous-mêmes :

‘Nous avons pour père Abraham.’

Car je vous le dis,

Dieu peut,

Des pierres que voici,

Faire surgir des enfants à Abraham. »

Est-il possible de faire partie du Peuple Divin, tout en faisant violence à son frère, en cumulant des biens matériels et d’en être fier devant les pauvres et les nécessiteux (Is.3, 11-15) ?

«Ô mon peuple, ses oppresseurs le mettent au pillage,

Et des exacteurs font la loi chez lui.

Ô mon peuple, tes guides t’égarent,

Ils ont effacé les chemins que tu suis.

Yahvé s’est levé pour accuser,

Il est debout pour juger les peuples.

Yahvé entre en jugement,

Avec les anciens et les princes de son peuple :

C’est vous qui avez dévasté la vigne,

La dépouille du malheureux est dans vos maisons.

De quel droit écraser mon peuple

Et broyer le visage des malheureux ?

Oracle du Seigneur Yahvé Sabaot. »

Celui qui attend la justice et l’équité, trouve la haine et les tueries en écoutant les cris de ses victimes (Is.5, 7) :

«Eh bien ! La vigne de Yahvé Sabaot,

C’est la maison d’Israël,

Et l’homme de Juda, c’est son plant de choix.

Il attendait le droit et

Voici l’iniquité, la justice et voici les cris. »

Que gagne l’homme s’il honore Dieu en paroles sans pour autant ouvrir son cœur au Créateur (Is.9, 12-16) :

«Mais le peuple n’est pas revenu

À celui qui le frappait,

Il n’a pas cherché Yahvé Sabaot.

Aussi Yahvé a retranché d’Israël

Tête et queue, palme et jonc, en un jour.

L’ancien et le dignitaire, c’est la tête,

Le prophète qui enseigne le mensonge,

C’est la queue.

Les guides de ce peuple l’ont égaré,

Et ceux qu’ils guident se sont fourvoyés.

C’est pourquoi en ses jeunes gens

Le Seigneur ne trouvera plus sa joie…»

Quiconque, bien que plongé en prières, n’est écouté si ses mains sont ensanglantées et cruelles (Is.1, 16) :

« Quand vous étendez les mains,

Je détourne les yeux :

Vous avez beau multiplier les prières,

Moi je n’écoute pas.

Vos mains sont pleines de sang :

Lavez-vous, purifiez-vous !

Otez de ma vue vos actions perverses !

Cessez de faire le mal,

Apprenez à faire le bien… »

Écoutons le chant de l’aimé s’adressant à sa vigne, le chant de Dieu à l’attention de son peuple ; une fois qu’il s’en occupe, clôturant sa terre, y plantant sa meilleure vigne en attendant que le fruit soit mûr et digne pour le repentir…Qu’est l’état de la vigne et du peuple suite à l’ingratitude vis-à-vis de leur Créateur ?

Bien des maisons écroulées, des bâtisses vidées, des terres abandonnées et rendues infertiles…Car le nom du Très-Haut Tout-Puissant, s’illustre  Saint et Majestueux  dans  la justice et l’équité.

b)- Le Visage de Dieu.

Dans la première partie du Livre d’Isaïe, nous découvrons le  Saint Visage de Dieu, le Seigneur Omnipotent, auréolé de lumière et de beauté, le Dieu qui fait peur et qui séduit, devant Qui, nous nous sentons démunis et néantisés. Impossible de sonder ses voies, de comprendre son mystère. Il est Celui qui fait disparaître les séraphins devant Sa Sainte Face. Et Isaïe d’avouer (Is.6, 5) :

« Malheur à moi, je suis perdu !

Car je suis un homme aux lèvres impudiques…

Et mes yeux ont vu le Roi, Yahvé Sabaot…»

Quant à Abraham,  (Gn18, 27) :

Il « reprit :

Je suis bien hardi de parler à mon seigneur,

Moi qui suis poussière et cendre.»

Moïse dissimule sa figure, de crainte de voir la Face Divine (Ex.3, 6) :

«Et il dit :

‘Je suis le Dieu d’Abraham,

Le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob.’

Alors Moïse se voila la face,

Car il craignait de fixer son regard sur Dieu. »

De même, Elie sur le mont Horeb (1R.19, 13) :

«Dès qu’Élie l’entendit,

Il se voila le visage avec son manteau … »

Toutefois, ce Dieu Saint si proche des hommes agit dans l’histoire et réalise son plan, par l’intermédiaire de Son peuple et de Ses croyants (Is.14, 24) :

«Yahvé Sabaot… :

’Oui ! Comme j’ai projeté, cela se fera,

Comme j’ai décidé, cela se réalisera… »

Dans la seconde partie du livre d’Isaïe, nous prenons conscience de l’Unique Vrai Dieu, qui transparaît à travers toute œuvre créatrice et devant qui toute idolâtrie s’estompe.

N’a-t-on pas admis son ouvrage depuis  la Genèse du Monde, quand il fonde la terre, étalé le ciel comme toiture et parure, telle une tente, pour y séjourner (Is.40, 21-22) ?

« Ne le saviez-vous pas ?

Ne l’entendiez-vous pas dire

Ne vous l’avait-on pas annoncé dès l’origine ?

N’avez-vous pas compris la fondation de la terre ?

Il trône au-dessus du cercle de la terre

Dont les habitants sont comme les sauterelles,

Il tend les cieux comme une toile,

Les déploie comme une tente où l’on habite... »

Il paraît en Sa toute-puissance dans la spatialité du temps qui comprend que Kouros viendra ? Seul Dieu le sait, le savait, lui qui a envoyé l’appelant à Sion et l’annonceur à Jérusalem (Is.41, 25-27) :

« Je l’ai suscité du Nord et il est venu,

Depuis le Levant, il est appelé par son nom.

Il piétine les gouverneurs comme de la boue,

Comme le potier pétrit l’argile.

Qui l’a annoncé dès le principe, pour que nous sachions,

Et dans le passé, pour que nous disions ; C’est juste ?

Mais nul n’a annoncé,

Nul n’a fait entendre,

Nul n’a entendu vos paroles.

Prémices de Sion, voici, les voici,

A Jérusalem, j’envoie un messager,

Et je regarde : personne !

Parmi eux, pas un qui donne un avis,

Que je puisse interroger et qui réponde !

Voici, tous ensemble ils ne sont rien,

Néant de leurs œuvres,

Du vent et du vide leurs statues ! »

Dieu n’est pas uniquement Celui d’Israël, Il est le Dieu de tous, Celui   de tous les hommes visitant Jérusalem pour y adorer le Créateur Originel.

c)- Le Visage de Jésus-Christ.

L’Emmanuel, visée à distinguer dans la première partie du Livre d’Isaïe, est le Dieu accompagnant Jérusalem en phase de crise (Is.7, 14) :

«C’est pourquoi le Seigneur lui-même

Vous donnera un signe :

Voici, la jeune femme est enceinte,

Elle va enfanter un fils

Et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. »

Il est pour toujours avec nous par l’Incarnation (Mt.2, 23) :

« …et vint s’établir dans une ville appelée Nazareth ;

Pour que s’accomplît l’oracle des prophètes :

Il sera appelé Nazôréen.»

Lumière venant vers  Zabulon et Nephtali (Is.8, 23) :

«Car n’est-ce pas la nuit

Pour le pays qui est dans la détresse ?

Comme le passé a humilié

Le pays de Zabulon et le pays de Nephtali,

L’avenir glorifiera le chemin de la mer,

Au-delà du Jourdain, le district des nations. »

Habitant parmi nous (Mt.4, 12-16) :

« Ayant appris que Jean avait été livré,

Il se retira en Galilée et,

Laissant Nazara,

Vint s’établir à Capharnaüm,

Au bord de la mer,

Sur les confins de Zabulon et de Nephtali,

Pour que s’accomplît l’oracle d’Isaïe le prophète :

‘Terre de Zabulon et terre de Nephtali,

Route de la mer,

Pays de Transjordane,

Galilée des nations !

Le peuple qui demeurait dans les ténèbres

A vu une grande lumière ;

Sur ceux qui demeuraient

Dans la région sombre de la mort,

Une lumière s’est levée. »

Lumière Universelle (Jn.8, 12) :

« … Moi, je suis la lumière du monde.

Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres,

Mais aura la lumière de la  vie. »

Christ, venant sur terre pour y mettre la paix, et devenir, au Nom de Dieu, Roi de tous.

Comment le prophète Isaïe traduit-il cette paix, sinon moyennant paraboles et symboles : le  goupil habitant avec l’agneau, le tigre avec le bélier… le lion se nourrissant de foin comme le taureau, et l’enfant jouant devant le gîte du serpent (Is.11, 6-9) :

« Le loup habitera avec l’agneau,

La panthère se couchera avec le chevreau.

Le veau, le lionceau et la bête grasse iront ensemble,

Conduits par un petit garçon.

La vache et l’ourse paîtront,

Ensemble se coucheront leurs petits.

Le lion comme le bœuf mangera de la paille.

Le nourrisson jouera sur le repaire de l’aspic,

Sur le trou de la vipère le jeune enfant mettra la main.

On ne fera plus de mal ni de violence

Sur toute ma montagne sainte,

Car le pays sera empli de la connaissance de Yahvé,

Comme les eaux couvrent le fond de la mer. »

Car, à la  fin des temps, Dieu Eternel (Le Paraclet) efface tout mal sur terre et  suspend les guerres (Is.9, 5-6) :

« Car un enfant nous est né,

Un fils nous a été donné,

Il a reçu le pouvoir sur ses épaules et

On lui a donné ce nom :

Conseiller-merveilleux, Dieu-fort,

Père-éternel, Prince-de-paix,

Pour que s’étende le pouvoir dans une paix sans fin

Sur le trône de David et

Son royaume,

Pour l’établir et pour l’affermir

Dans le droit et la justice.

Dès maintenant et à jamais,

L’amour jaloux de Yahvé Sabaot fera cela. »

Il comble Son peuple de bienfaits, lui assurant à profusion lait caillé et miel  (Is.7, 22) :

« Et il arrivera qu’en raison

De l’abondante  production du lait

(Il mangera du lait caillé)

Tout survivant au milieu du pays

Mangera du lait caillé et du miel. »

En seconde partie, le prophète Isaïe nous fait discerner le Visage Divin et Son Serviteur Souffrant, ce qui signifie que le Salut du monde se réalise grâce à la Passion et la Mort. Le Serviteur  de Yahvé représente l’Image de Jésus-Christ expliquant à ses apôtres qu’il doit endurer  Sa Passion avant d’entrer dans Sa Gloire (Lc.24, 26) :

«Ne fallait-t-il pas que le Christ

Endurât ces souffrances

Pour entrer

Dans sa gloire ?»

Le Serviteur de Yahvé désigné et voué à  Dieu, gratifié et doté de Son Esprit, est faible, ainsi qu’inapte à crier ou à hausser la voix … (Is.42, 1-4 ; Mt.12, 8) :

« Voici mon serviteur que je soutiens,

Mon élu en qui mon âme se complaît.

J’ai mis sur lui mon esprit,

Il présentera aux nations le droit.

Il ne crie pas, il n’élève pas le ton,

Il ne fait pas entendre sa voix dans la rue ;

Il ne brise pas le roseau froissé,

Il n’éteint pas la mèche, qui faiblit,

Fidèlement, il présente le droit ;

Il ne faiblira ni ne cédera

Jusqu'à ce qu’il établisse le droit sur la terre,

Et les îles attendent son enseignement.»

« Car le Fils de l’homme

Est maître du sabbat. »

Le Serviteur de Dieu a souffert, car parlant en Son  nom, flagellé au dos, sa barbe arrachée, il ne bronche pas, ni recule, ne fait rien pour éviter les soufflets et les crachats (Is.50, 4-11 ; Mt.26, 67 et 27,30) :

«  Troisième Chant du Serviteur.

Le Seigneur Yahvé m’a donné une langue de disciple

Pour que je sache apporter à l’épuisé une parole de réconfort.

Il éveille chaque matin, il éveille mon oreille

Pour que j’écoute comme un disciple.

Le Seigneur Yahvé m’a ouvert l’oreille

Et moi je n’ai pas résisté,

Je ne me suis pas dérobé.

J’ai tendu le dos à ceux qui me frappaient,

Et les joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ;

Je n’ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats.

Le Seigneur Yahvé va me venir en aide,

C’est pourquoi je ne me suis pas laissé abattre,

C’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme la pierre,

Et je sais que je ne serai pas confondu.

Il est proche, celui qui me justifie.

Qui va plaider contre moi ? Comparaissons ensemble !

Qui est mon adversaire ? Qu’il s’approche de moi !

Voici que le Seigneur Yahvé va me venir en aide,

Quel est celui qui me condamnerait ?

Les voici tous qui s effritent comme un vêtement,

Rongés par la teigne.

Quiconque parmi vous craint Yahvé et écoute la voix de son serviteur,

Quiconque a marché dans les ténèbres sans voir aucune lueur,

Qu’il se confie dans le nom de Yahvé,

Qu’il s’appuie sur son Dieu.

Mais vous tous qui allumez un feu,

Qui vous armez de flèches incendiaires,

Allez aux flammes de votre feu,

Aux flèches que vous enflammez.

C’est ma main qui vous a fait cela :

Vous vous coucherez dans les tourments.»

« Alors ils lui crachèrent au visage et le giflèrent ;

D’autres lui donnèrent des coups en disant :

‘Fais le prophète, Christ,

Dis-nous qui t’a frappé.’

…et crachant sur lui,

Ils prenaient le roseau et

En frappaient sa tête.

Puis, quand ils se furent moqués de lui,

Ils lui ôtèrent la chlamyde,

Lui remirent ses vêtements et

L’emmenèrent pour le crucifier. »

Choisi lumière de toutes les nations pour faire parvenir la paix dans l’univers, le Serviteur de Dieu souffre pour délivrer les souffrants, regagne nos handicaps, porte nos douleurs et se fait tuer à cause de nos désobéissances, de nos fautes et de nos écarts.

Pour notre bien, le Fils de Dieu est conduit comme Agneau à égorger, tout silencieux et muet. Après toutes sa Passion, il voit l’éclat, la lumière de la Vie, conférant la pureté à combien d’hommes après avoir enduré leurs souffrances (Is.53, 1-12) :

« Qui a cru ce que nous entendions dire,

Et le bras de Yahvé, a qui s’est-il révélé ?

Comme un surgeon il a grandi devant lui,

Comme une racine en terre aride ;

Sans beauté ni éclat pour attirer nos regards,

Et sans apparence qui nous eut séduits ;

Objet de mépris, abandonné des hommes,

Homme de douleur, familier de la souffrance,

Comme quelqu’un devant qui on se voile la face,

Méprisé, nous n’en faisons aucun cas.

Or ce sont nos souffrances qu’il portait

Et nos douleurs dont il était chargé.

Et nous, nous le considérions comme puni,

Frappé par Dieu et humilié.

Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes

Ecrasé à cause de nos fautes.

Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui

Et dans ses blessures nous trouvons la guérison.

Tous, comme des moutons, nous étions errants,

Chacun suivant son propre chemin,

Et Yahvé a fait retomber sur lui

Nos fautes à nous.

Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche,

Comme l’agneau qui se laisse mener a l’abattoir,

Comme devant les tondeurs une brebis muette,

Il n’ouvrait pas la bouche.

Par contrainte et jugement il a été saisi.

Parmi ses contemporains, qui s’est inquiété

Qu’il ait été retranché de la terre des vivants,

Qu’il ait été frappé pour le crime de son peuple ?

On lui a donné un sépulcre avec des impies

Et sa tombe est avec le riche,

Bien qu’il n’ait pas commis de violence

Et qu’il n’y ait pas eu de tromperie dans sa bouche.

Yahvé a voulu l’écraser par la souffrance ;

S’il offre sa vie en sacrifice expiatoire,

Il verra une postérité, il prolongera ses jours,

Et par lui la volonté de Yahvé s’accomplira.

A la suite de l’épreuve endurée par son âme,

Il verra la lumière et sera comblé.

Par sa connaissance,

Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes

En s’accablant lui-même de leurs fautes.

C’est pourquoi il aura sa part parmi les multitudes

Et avec les puissants, il partagera le butin,

Parce qu’il s’est livré lui-même à la mort

Et qu’il a été compté parmi les criminels,

Alors qu’il portait le péché des multitudes

Et qu’il intercédait pour les criminels. »

Voilà le Visage du Christ Souffrant, que beaucoup de prophètes ont désiré apercevoir sans pouvoir le voir (Mt.13, 17) :

« En vérité  je vous le dis

Beaucoup de prophètes et de justes

Ont souhaité voir ce que vous voyez

Et ne l’ont pas vu,

Entendre ce que vous entendez

Et ne l’ont pas entendu ! »

Voilà Celui Qui est l’Espérance de combien de générations d’hommes, les Pauvres de Dieu qui considèrent Sa Rédemption comme Lumière  éclairant ceux qui sont assis dans les ténèbres, à l’ombre de la mort ; Il est Lumière guidant leurs pas vers la voie de la Paix Éternelle (Lc.1, 79) :

« …pour illuminer ceux qui demeurent

Dans les ténèbres et l’ombre de la mort,

Afin de guider nos pas

Dans le chemin de la paix. »

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