JÉRÉMIE, VOIX DE DIEU EN TEMPS DE GUERRE.

- JÉRÉMIE, VOIX DE DIEU EN TEMPS DE GUERRE.

Le prophète  Jérémie a vécu un période sombre de l’histoire d’Israël, quand le peuple de Dieu souffre  l’infortune de l’émigration, de l’exil et des partances : destruction de sa cité, démolition de son temple et extinction de la royauté davidienne.

Période d’union de voix en cette phase de désolation : Jérémie parle au nom de Yahvé mais  personne n’écoute ses dires, ni le roi, ni les grands de ce monde, ni le peuple ; les désordres s’accroissant, les malheurs et les souffrances se multipliant.

A- Le cadre politico-religieux.

a)- L’encadrement politique.

Entre le VIIème et le début du  VIème siècle av. J.C., Jérémie connaît  la décadence de la puissance assyrienne ; ainsi s’opère le transfert du Royaume de Juda de la lignée d’Assur au sud, à la lignée de Babel. Un parti unique survit, allié aux Égyptiens de Jérusalem, renforcé par certains prophètes résidant à la Cour Royale, lesquels motivent, de par leur mauvaise conduite, une catastrophe nationale (Jr.28, 1-4) :

«Cette même année, au début du règne de Sédécias,

Roi de Juda, la quatrième année, au cinquième mois,

Le prophète Hananya, fils d’Azzur, originaire de Gabaôn,

Me parla dans le Temple de Yahvé,

En présence des prêtres et de tout le peuple :

’Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël.

J’ai brisé le joug du roi de Babylone !

Encore juste deux ans,

Et je ferai revenir en ce lieu tous les ustensiles

Du Temple de Yahvé que Nabuchodonosor,

Roi de Babylone,

A enlevés d’ici pour les emporter à Babylone.

De même Jekonias, fils de Joiaqim, roi de Juda,

Avec tous les déportés de Juda qui sont allés à Babylone,

Je les ferai revenir ici- oracle de Yahvé-

Car je vais briser le joug du roi de Babylone.’ »

Le Royaume de Jérusalem persiste, tiraillé entre le nord et le sud, entre Babel (ou Assur) et l’Égypte des Pharaons. Voulant défier l’Égypte en coalition avec Babel, le roi Josias meurt, en pleine jeunesse,  au cours de la bataille de Megiddo, en l’an 609 av.J.C. Une importante réforme religieuse est suspendue, ébauchée en coopération  avec le prophète Jérémie et les prêtres fidèles à la Tradition.

L’Égypte œuvre en tapinois, bien que Jérusalem, dépendante de Babel, lui paie des redevances. Un complot se trime jusqu'à ce que Nabuchodonosor le babélien envahit et démolit la ville en l’an 587 av.J.C. maltraitant ses occupants à plusieurs reprises, alors que le restant des habitants fuient vers l’Égypte, emmenant avec eux Jérémie.

Les faux prophètes considérant qu’aucun danger ne menace la ville, ils dénient  le Seigneur, démentant Sa puissance et disant : Aucun mal  ne nous atteint, point d’épée, ni de famine. Ces prophètes passent comme des souffles de vent, la Parole Divine étant hors de leur portée (Jr.5, 12-17) :

« Ils ont renié Yahvé,

Ils ont dit :’Il n’est pas’ !

… ils ne sont que du vent

Et la parole n’est pas en eux !

…C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé, le Dieu Sabaot :

Puisque vous avez parlé ainsi,

Moi je ferai de mes paroles

Un feu dans ta bouche,

Et de ce peuple du bois que ce feu dévorera.

Moi, j’amènerai sur vous

De très loin une nation,

Maison d’Israël-oracle de Yahvé.

C’est une nation durable,

C’est une nation très ancienne,

Une nation dont tu ne sais pas la langue

Et ne comprend pas ce qu’elle dit.

Son carquois est un sépulcre béant ;

C’est une nation de héros.

Elle dévorera ta moisson et ton pain,

Elle dévorera tes fils et tes filles,

Elle dévorera ton petit et ton gros bétail,

Elle dévorera ta vigne et ton figuier ;

Par l’épée, elle viendra à bout de ces villes fortes

En lesquelles tu mets ta confiance.»

À la suite de la prophétie d’une prochaine destruction provenant du nord, due aux babyloniens, Jérémie exhorte le roi et sa cour d’être unis tous ensemble, solidaires et généreux, veillant à la sécurité du peuple et le soulageant. Hautains et arrogants, les dirigeants préfèrent l’échappée, laissant le pays en dérive ; le roi, voyant mourir sa famille, perd la vue.

Quant aux grands, certains responsables politiques périrent et d’autres s’exilent. Resté à  lui-même, le peuple subit la pauvreté, la misère et sujet à l’agressivité de l’armée babylonienne, pillarde et assassine…

Jérémie demeure un flambeau d’Espérance au cœur des croyants (Jr.31, 38-40) :

« Voici venir des jours

-Oracle de Yahvé-

Où la Ville sera reconstruite

Pour Yahvé,

Depuis la tour de Hananéel jusqu'à la porte de l’Angle.

Puis le cordeau à mesurer sera encore tendu

Tout droit sur la hauteur de Gareb,

Pour tourner vers Goa.

Et toute la vallée, avec ses cadavres et sa cendre,

Et tous les terrains attenant au ravin du Cédron

Jusqu’à l’angle de la porte des Chevaux,

Vers l’est, seront consacrés à Yahvé.

Il n’y aura plus jamais de destruction ni de démolition. »

b)- L’encadrement religieux.

Le règne de Manassé (687-642) ramène les croyances païennes à Jérusalem, dont l’adoration de  Baal sur les cimes des montagnes et celle d’Astarté dans les maisons (Jr.7, 17-18) :

« Tu ne vois donc pas ce qu’ils font

Dans les villes de Juda et

Dans les rues de Jérusalem ?

‘Les fils ramassent le bois,

Les pères allument le feu,

Les femmes pétrissent la pâte

Pour faire des gâteaux à la Reine du Ciel ;

Et puis on verse des libations à

Des dieux étrangers pour me blesser.’»

Le temple s’encombre de statuettes de diverses divinités pour gagner les faveurs de l’Égypte, d’Assur ou de Babel, et la pratique  de la magie et de la sorcellerie   redevient de mode (2R.21, 1-6 ; 23,4-7) :

«Manassé avait douze ans à son avènement

Et il régna cinquante-cinq à Jérusalem ;

Sa mère s’appelait Hephçiba.

Il fit ce qui déplaît à Yahvé,

Imitant les abominations des nations que

Yahvé avait chassées devant les Israélites.

Il rebâtît les hauts lieux qu’avait détruits

Ézéchias, son père,

Il éleva des autels à  Baal

Et fabriqua un pieu sacré,

Comme avait dit Achab, roi d’Israël,

Il se prosterna devant toute l’armée

Du ciel et lui rendit un culte.

Il construisit des autels dans le Temple de Yahvé,

Au sujet duquel Yahvé avait dit :

‘C’est à Jérusalem que je placerai mon nom.’

Il construisit des autels à toute l’armée du ciel

Dans les deux cours du Temple de Yahvé.

Il fit passer son fils par le feu.

Il pratiqua les incantations et la divination,

Installa des nécromants et des devins,

Il multiplia les actions que Yahvé regarde

Comme mauvaises, provoquant

Ainsi sa colère… »

«Réforme religieuse en Juda.

Le roi ordonna à Hilqiyyahu, le grand prêtre,

Aux prêtres en second et

Aux gardiens du seuil de

Retirer du sanctuaire de Yahvé

Tous les objets de culte qui avaient été faits

Pour Baal, pour Ashéra et pour toute l’armée du ciel ;

Il les brula en dehors de Jérusalem,

Dans les champs du Cédron,

Et porta leurs cendres à Béthel.

Il supprima les faux prêtres

Que les rois de Juda avaient installés et

Qui sacrifiaient dans les hauts lieux,

Dans les villes de Juda et

Les environs de Jérusalem,

Et ceux qui sacrifiaient à Baal, au soleil, à la lune,

Aux constellations et à toute l’armée du ciel.

Il transporta du Temple de Yahvé en dehors de Jérusalem,

A la vallée du Cédron, le pieu sacré

Et le brûla dans la vallée du Cédron ;

Il le réduisit en cendres

Et jeta les cendres à la fosse commune.

Il démolit les maisons des prostitués sacrés,

Qui étaient dans le Temple de Yahvé et

Où les femmes tissaient des voiles pour Ashéra. »

Malgré les sévères interdits dans les commandements de Yahvé (Ex.22, 17) :

«Tu ne laisseras pas en vie la magicienne. »

La réforme commence avec Yoash (640-609) qui démolit les statues, effaçant tout ce qui a trait aux pratiques païennes, détruisant maints temples et tuant ses prêtres. Les habitants comprennent la défaite du roi à Macédo, considérant que Dieu ne consent pas à cette réforme. Dès que le roi Yoash meurt, le peuple rejoint les adorations idolâtres, pensant que le temple central en leur ville les dispense de toute exigence de respect des commandements et des lois de Yahvé. Parlant au nom de Dieu, Jérémie dit (Jr.7, 9-10) :

« Quoi ! Voler, tuer, commettre l’adultère,

Se parjurer, encenser Baal,

Suivre des dieux étrangers que vous ne connaissez pas,

Puis venir se présenter devant moi en ce Temple

Qui porte mon nom, et dire :

’Nous voila en sureté !’

Pour continuer toutes ces abominations ! »

Quant aux faux-prophètes, en coopération avec le roi et sa Cour, ils trompent les gens en leur dissimulant la vérité (Jr.28, 6- 9)) ;(36,1) :

« Le prophète Jérémie leur dit :

’Amen ! Qu’ainsi fasse Yahvé !

Qu’il accomplisse les paroles que

Tu viens de prophétiser et

Fasse revenir de Babylone tous les ustensiles du

Temple de Yahvé ainsi que tous les déportés.

Cependant, écoute bien la parole que

Je vais prononcer à tes oreilles et

À celle de tout le peuple ;

Les prophètes qui nous ont précédés, toi et moi,

Depuis bien longtemps, ont prophétisé,

Pour beaucoup de pays et

Pour des royaumes considérables,

La guerre, le malheur et la peste ;

Le prophète qui prophétise la paix,

C’est quand s’accomplit sa parole qu’on le reconnaît

Pour un authentique envoyé de Yahvé !’ »

«Les souffrances de Jérémie… »

Les prêtres usurpateurs de l’adoration des idoles inspirent à leurs fidèles qu’en offrant un culte à Baal, tout heureux, ils se rassasient de pain ; sinon, négligeant leur foi, ils deviennent nécessiteux et périssent par l’épée ou de faim (Jr.44, 17-18) :

« .. Mais nous continuerons à faire

Tout ce que nous avons promis :

Offrir de l’encens à la Reine du Ciel et

Lui verser des libations, comme nous le faisions,

Nous et nos pères, nos rois et nos princes,

Dans les villes de Juda et les rues de Jérusalem :

Alors nous avions du pain à satiété,

Nous étions heureux et

Nous ne voyions point de malheur.

Mais depuis que nous avons cessé

D’offrir de l’encens à la Reine du Ciel et

De lui verser des libations,

Nous avons manqué de tout et

Avons péri par l’épée et la famine.»

En plus de l’idolâtrie, péché contre le premier commandement divin, les  incroyants mènent une existence loin de la justice et de la charité, indifférents à la voie de Dieu (Jr.6, 16 ; 5,26-30):

«Ainsi parle Yahvé :

Arrêtez-vous sur les routes et voyez,

Renseignez-vous sur les chemins de jadis :

Quelle était la voie du bien et  suivez-la

Et vous trouverez le repos pour vos âmes.

Mais ils ont dit :

‘Nous ne la suivrons pas’.»

« Oui, il se trouve en mon peuple des malfaisants,

Ils guettent comme un oiseleur à l’affût ;

Ils posent des pièges

Et ils attrapent des hommes.

Telle une cage pleine d’oiseaux,

Ainsi leurs maisons sont-elles pleines de rapines ;

De la sorte ils sont devenus importants et riches,

Ils sont gras, ils sont reluisants,

Ils ont même passé la mesure du mal :

Ils ne respectent pas leur droit,

Le droit des orphelins, pourtant ils réussissent !

Ils n’ont pas rendu justice aux indigents,

Et je ne châtierais pas ces actions

Oracle de Yahvé    -,

Ou d’une nation comme celle-là

Je ne tirerais pas vengeance ?

Des choses horribles, abominables,

Se passent dans ce pays :

Les prophètes prophétisent le mensonge,

Les prêtres font du profit.

Et mon peuple aime cela !

Mais que ferez-vous quand viendra la fin ?… »

Malgré  persécutions et  souffrances, Jérémie  s’adresse à tous ses frères humains - exprimant en son cœur toutes leurs afflictions et épreuves sans pour autant être estimé, apprécié et compris ; ainsi devient-il l’exemple du Christ exclu et crucifié par les siens.

B-Qui est Jérémie ?

a)-Naissance de Jérémie.

Né  en l’an 645, dans une famille juive, à  Anatot, village proche de Jérusalem, Jérémie jouit d’une  sensibilité délicate, ce qui, souvent, le rapproche  du découragement et lui fait dire un jour (Jr.15, 10) :

« Malheur à moi, ma mère,

Car tu m’as enfanté

Homme de querelle et de discorde

Pour tout le pays ! »

Exilé et menacé de mort par ses compatriotes (Jr.12, 6):

«Car même tes frères et

La maison de ton père,

Même eux te trahiront !

Même eux crieront après toi à pleine voix.

N’aie pas confiance

Quand ils te diront de bonnes paroles ! »,

S’adressant à Dieu en ces termes (Jr.11, 18-20) :

« Yahvé me l’a fait savoir et je l’ai su ;

Tu m’as alors montré leurs agissements.

Et moi, comme un agneau confiant qu’on mène à l’abattoir,

J’ignorais qu’ils tramaient contre moi des machinations :

‘Détruisons l’arbre dans sa vigueur,

Arrachons-le de la terre des vivants,

Qu’on ne se souvienne plus de son nom !’

Yahvé Sabaot, qui juge avec justice,

Qui scrutes les reins et les cœurs,

Je verrai ta vengeance contre eux,

Car c’est à toi que j’ai exposé ma cause. »

Prédisant la vérité sur la prise prochaine de la ville par l’ennemi, Jérémie paye la rivalité des enfants de Jérusalem qui le considèrent  traître et le jettent en pleine fange (Jr.38, 1-7) :

«Mais Stephatya, fils de Mattân,

Gedalyahu, fils de Pashehur, Yukal, fils de Shélémyahu,

Et Pashehur, fils de Malkiyya,

Entendirent les paroles

Que Jérémie adressait à tout le peuple :

Ainsi parle Yahvé.

Qui restera dans cette ville

Mourra par l’épée, la famine et la peste ;

Mais qui sortira et se rendra aux Chaldéens

vivra, il aura sa vie comme butin ;

Il vivra !

Ainsi parle Yahvé :

Pour sûr, cette ville sera livrée

Aux mains de l’armée du roi de Babylone

Qui s’en emparera !

Alors les princes dirent au roi :

‘Que cet individu soit mis à mort !

En vérité, il décourage les combattants,

Qui sont restés dans cette ville,

Et tout le peuple, en leur tenant semblables propos.

Oui, cet individu ne cherche nullement la paix pour ce peuple,

Mais son malheur.’

Le roi Sédécias répondit :

‘Voici, il est entre vos mains,

Car le roi n’a aucun pouvoir en face de vous !’

Ils se saisirent donc de Jérémie et

Le jetèrent dans la citerne de Malkiyya, fils du roi,

Dans la cour de garde ;

Ils le descendirent à l’aide de cordes.

Dans cette citerne il n’y avait point d’eau,

Mais de la vase, et

Jérémie s’enfonça dans la vase. »

Que devient le sort des prophètes ridiculisés et persécutés (Mt.23, 34) ?

« C’est pourquoi,

Voici que j’envoie vers vous des prophètes,

Des sages et des scribes :

Vous en tuerez et mettrez en croix,

Vous en flagellerez dans vos synagogues et

Pourchasserez de ville en ville. »

Car ils sont fidèles à la Parole Divine.

Écoutant les propos de Jérémie, le prêtre Pashehur le frappe à l’aide d’une canne et le séquestre dans la prison du Temple (Jr.20, 1-2) :

« Or le prêtre Pashehur, fils d’Immer,

Qui était le chef de la police dans le Temple de Yahvé,

Entendit Jérémie qui proférait cet oracle.

Pashehur frappa le prophète Jérémie,

Puis le mit au carcan,

À la porte haute de Benjamin,

Celle qui donne dans le Temple de Yahvé. »

Certains prophètes tentent de faire gagner Jérémie à leur cause pour qu’il imite leurs dires (Jr.28, 1-17) :

« …Et le prophète Jérémie dit au prophète Hananya :

‘Écoute bien Hananya :

Yahvé ne t’a point envoyé

Et tu as fait que ce peuple se confie au mensonge.

C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé.

Voici que je te renvoie de la face de la terre :

Cette année, tu mourras

(Car tu as prêché la révolte contre Yahvé).

Et le prophète Hananya mourut cette année même,

Au septième mois. »

Ne reste que quelques personnes de la Cour Royale pour le soutenir (Jr.38, 7-10) :

« Or le Kushite Ébed-Mélek,

Un eunuque attaché au palais royal,

Apprit qu’on avait mis Jérémie dans la citerne.

Comme le roi s’était arrêté à la porte de Benjamin,

Ébed-Mélek sortit du palais royal et

S’adressa au roi :

‘Monseigneur le roi,

Ils ont mal agi, ces gens-là,

En traitant de la sorte le prophète Jérémie ;

Ils l’ont jeté dans la citerne ;

Il va mourir de faim sur place

Car il n’y a plus de pain dans la ville. »,

Dont Abdallah el Kouchy et surtout, son secrétaire privé (Jr.36, 4-8) :

« Jérémie appela Baruch, fils de Neriyya,

Qui sous sa dictée écrivit sur un rouleau

Toutes les paroles que Yahvé avait adressées au prophète.

Alors Jérémie donna cet ordre à Baruch :

‘Je suis empêché,

Je ne peux plus entrer au Temple de Yahvé.

Mais tu iras, toi, au peuple,

Dans le rouleau que tu as écrit sous ma dictée,

Toutes les paroles de Yahvé, en son Temple, le jour du jeûne.

De même, tu les liras à tous les judéens venus de leurs villes.

Peut-être leur supplication touchera-t-elle Yahvé

Et se convertiront-ils chacun de sa voie mauvaise ;

Car grandes sont la colère et la fureur dont Yahvé a menacé ce peuple’… »

b)-L’appel de Dieu à l’attention de Jérémie.

Jérémie raconte comment Dieu l’a appelé : ‘Avant que je ne te façonne dans le ventre de ta mère, je t’ai connu, choisi et préparé pour la mission. Avant que tu ne sortes des entrailles de ta mère, je t’ai consacré prophète.’

Et Jérémie de répondre : ‘Ô Seigneur, je ne sais parler, étant si jeune et tu me veux prophète parlant en Ton nom ?’

Il se comporte comme Moïse, se désistant par peur du Pharaon quand Dieu lui dit : ‘Ne dis pas que tu es un enfant, lance-toi dans la vocation pour laquelle je t’ai choisi et prononce les propos que je t’indique. N’aie point peur d’eux, je te défends et te garde de tout danger. ‘Mettant la main sur la bouche de Jérémie, Dieu dit (Jr.1, 5-10 et 19) :

«Avant même de te modeler au ventre maternel,

Je t’ai connu ; avant même que tu sois sorti du sein,

Je t’ai consacré ; comme prophète des nations,

Je t’ai établi. Et je dis :

‘Ah ! Seigneur Yahvé, vraiment,

Je ne sais pas parler, Car je suis un enfant !’

Mais Yahvé répondit :

Ne dis pas : ‘Je suis un enfant !’

Car vers tous ceux à qui je t’enverrai,

Tu iras. Et tout ce que je t’ordonnerai,

Tu le diras. N’aie aucune crainte en leur présence

Car je suis avec toi pour te délivrer,

Oracle de  Yahvé. Alors Yahvé étendit la main

Et me toucha la bouche ; et Yahvé me dit :

‘Voici que j’ai placé mes paroles en ta bouche.

Vois ! Aujourd’hui même je t’établis

Sur les nations et sur les royaumes,

Pour arracher et renverser, Pour exterminer et démolir,

Pour bâtir et planter.

Ils lutteront contre toi,

Mais ne pourront rien contre toi,

Car je suis avec toi’.

- Oracle de Yahvé - pour te délivrer. »

Dieu renouvelle son appel à Jérémie quand celui-ci se plaint de sa détresse, de son humiliation et de sa continuelle souffrance (Jr.15, 13-18) :

« Ta richesse et tes trésors,

Je vais les livrer au pillage,

Sans contrepartie,

A cause de tous les péchés, sur tout ton territoire.

Je te rendrai esclave de tes ennemis

Dans un pays que tu ne connais pas,

Car ma fureur a allumé un feu qui va brûler sur vous.

Toi, tu le sais, Yahvé !

Souviens-toi de moi, visite-moi

Et venge-moi de mes persécuteurs.

Dans la lenteur de ta colère ne m’entraine pas.

Reconnais que je subis l’opprobre pour ta cause.

Quand tes paroles se présentaient,

Je les dévorais :

Ta parole était mon ravissement

Et l’allégresse de mon cœur.

Car c’est ton nom que je portais,

Dieu, Yahvé Sabaot,

Jamais je ne m’asseyais dans une réunion de railleurs

Pour m’y divertir,

Sous l’emprise de ta main,

Je me suis tenu seul

Car tu m’avais empli de colère.

Pourquoi ma souffrance est-elle continue,

Ma blessure incurable, rebelle aux soins ? »

Ce prophète vit en solitaire comme le Christ, sans femme, ni enfants (Jr.16, 1-2) :

«La Parole de Yahvé me fut adressé en ces termes :

‘Ne prends pas femme ;

Tu n’auras en ce lieu ni fils, ni fille.

Bénéficiant de sentiments divins, il souffre pour son Dieu, demandant à être vengé de ceux ayant délaissé Yahvé et pour les porteurs de Sa parole (Jr.15, 15 ; 17,18) :

«Toi, tu le sais, Yahvé !

Souviens-toi de moi…

Et venge-moi de mes persécuteurs…. »

«Qu’ils soient honteux mes persécuteurs,

Et que je ne sois pas honteux, moi !

Qu’ils soient effrayés, eux,

Et que je ne sois pas effrayé, moi !

Fais venir sur eux le jour du malheur,

Brise-les, brise-les deux fois ! »

Ainsi Dieu ou son prophète dit (Jr.12, 7-8) :

«J’ai abandonné ma maison,

Quitté mon héritage :

Ce que je chérissais, je l’ai livré

Aux mains de ses ennemis.

Mon héritage s’est comporté envers moi

Comme un lion de la brousse,

Il a poussé  contre moi ses rugissements,

Aussi l’ai-je pris en aversion. »

c)-La fidélité à Dieu.

La Parole Divine n’étant pas écoutée, Jérémie en souffre- vu que le peuple est une assemblée de stupides ignorants- , il se dirige vers les grands (Jr.5, 4-6) :

« Je me disais :’ce ne sont pas de pauvres gens,

Ils agissent follement

Parce qu’ils ne connaissent pas la voie de Yahvé

Ni le droit de leur Dieu.

J’irai donc vers les grands

Et je leur parlerai, car ils connaissent eux,

La voie de Yahvé

Et le droit de leur Dieu !’

Or eux aussi ont brisé le joug,

Rompu les liens…»

Que dit le Christ à leurs propos ? Munis des clefs de la connaissance, ils n’y ont pas pénétré, tout en empêchant quiconque d’y accéder (Lc.11, 2-5) :

«Il leur dit : ‘Lorsque vous priez, dites :

Père, que ton Nom soit sanctifié ;

Que ton règne vienne ;

Donne-nous chaque jour notre pain quotidien ;

Et remets tous nos péchés,

Car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit ;

Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »

Atteints de cécité et conduisant des aveugles (Mt.23, 13) :

« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites,

Qui fermez aux hommes le Royaume des Cieux !

Vous n’entrez certes pas vous-mêmes,

Et vous ne laissez même pas entrer ceux

Qui le voudraient ! »

Tout en souffrant pour son peuple, Jérémie prie à son intention : ‘Tu sais bien, Yahvé, que la voie des hommes n’est pas leur propriété et l’homme inapte à marcher dans la droiture, guide - nous Seigneur en ta bienveillance, ne te mets pas en colère contre nous, ne nous éloigne pas de Toi ‘(Jr.10, 23-25) :

«Je le sais, Yahvé,

La voie des humains n’est pas en leur pouvoir,

Et il n’est pas donné à l’homme qui marche

De diriger ses pas ! Corrige-moi, Yahvé,

Mais dans une juste mesure,

Sans t’irriter, pour ne pas trop me réduire.

Déverse ta fureur sur les nations

Qui ne te connaissent pas, et sur les familles

Qui n’invoquent pas ton Nom… »

Attristé pour son peuple, Jérémie demande pardon en leur nom, pleurant nuit et jour (Jr.14, 17-22) :

«Tu leur diras cette parole ;

Que mes yeux versent des larmes,

Jour et nuit sans tarir,

Car d’une grande blessure est blessée

La vierge fille de mon peuple,

D’une plaie très grave.

Si je sors dans la campagne,

Voici des victimes de l’épée ;

Si je rentre dans la ville,

Voici des torturés par la faim ;

Tant le prophète que le prêtre

Sillonnent le pays ; ils ne comprennent plus !

As-tu pour de bon rejeté Juda ?

Ou es-tu dégoûté de Sion ?

Pourquoi nous avoir frappés sans aucune guérison ?

Nous attendions la paix : rien de bon !

Le temps de la guérison :

Voici l’épouvante !

Nous connaissons, Yahvé, notre impiété,

La faute de nos pères :

Oui, nous avons péché contre toi.

Pour l’honneur de Ton nom,

Cesse de rejeter.

Ne déshonore point le trône de ta gloire.

Souviens-toi,

Ne romps pas ton alliance avec nous.

Parmi les Vanités  des païens,

En est-il qui fassent pleuvoir ?

Est-ce le ciel qui donne l’ondée ?

N’est-ce pas toi, Yahvé, notre Dieu ?

En toi nous espérons,

Car c’est toi qui fais tout cela. »

Si nos transgressions signent nos désobéissances, Seigneur, pardonne-nous ; mensongers sommes-nous, nos péchés abondent ; pour Ta gloire, Seigneur, accomplis quelque chose, ne nous abandonne pas (Jr.14, 7-9) :

« Si nos fautes parlent contre nous,

Agis, Yahvé, pour l’honneur de ton Nom !

Oui, nombreuses furent nos rebellions,

Nous avons péché contre toi

Espoir d’Israël, Yahvé,

Son Sauveur en temps de détresse,

Pourquoi es-tu comme un étranger en ce pays,

Comme un voyageur qui fait un détour pour la nuit ?

Pourquoi ressembles-tu à un homme hébété,

À un guerrier incapable de sauver ?

Pourtant tu es au milieu de nous, Yahvé,

Et nous sommes appelés par ton nom.

Ne nous délaisse pas. »

Le peuple refuse les propos de Jérémie, mais le Prophète demeure fidèle à sa mission et à l’écoute divine, malgré menaces et dangers l’intimidant. S’adressant à Yahvé, il dit (Jr.20, 7-18) :

« Tu m’as séduit, Yahvé, et je me suis laissé séduire ;

Tu m’as maitrisé, tu as été le plus fort.

Je suis prétexte continuel à la moquerie,

La fable de tout le monde

Chaque fois que j’ai à parler, je dois crier

Et proclamer :’violence et dévastation’

La parole de Yahvé a été pour moi

Source d’opprobre et de moquerie tout le jour.

Je me disais :’je ne penserai plus a lui

Je ne parlerai plus en son nom’ ;

Mais c’était en mon cœur comme un feu dévorant,

Enfermé dans mes os.

Je m’épuisais à le contenir

Mais je n’ai pas pu.

J’entendais les calomnies de beaucoup ;

‘Terreur de tous côtés !

Dénoncez ! Dénoncez-le ! ’

Tous ceux qui étaient en paix avec moi guettaient ma chute :

‘ Peut-être se laissera-t-il séduire ?

Nous serons plus forts que lui

Et tirerons vengeance  de lui ! ’

Mais Yahvé est avec moi comme un héros puissant

Mes adversaires vont trébucher, vaincus ;

Les voila tous confus de leur échec ;

Honte éternelle, inoubliable.

Yahvé Sabaot, qui scrutes le juste

Et vois et le rein et le cœur,

Je verrai la vengeance que tu tireras d’eux,

C’est à toi que j’ai exposé ma cause.

Chantez Yahvé,

Louez Yahvé,

Car il a délivré l’âme du malheureux

De la main des malfaisants.

Maudit soit le jour où je suis né !

Le jour où ma mère m’enfanta, qu’il ne soit pas béni !

Maudit soit l’homme qui annonça a mon père cette nouvelle :

‘Un fils, un garçon t’es né !’

Et le combla de joie.

Que cet homme soit pareil aux villes que Yahvé a renversé sans pitié ;

Qu’il entende le cri d’alarme au matin et le cri de guerre en plein midi,

Car il ne m’a pas fait mourir dès le sein,

Pour que ma mère soit un tombeau

Et que ses entrailles me portent à jamais.

Pourquoi donc suis-je sorti du sein ?

Pour voir tourment et peine

Et finir dans la honte. »

Comment désormais rencontrer Dieu si le Temple lui devient interdit ? (Jr.36, 5) :

« Alors Jérémie donna cet ordre à Baruch :

’Je suis empêchée, je ne peux plus entrer au temple de Yahvé. »

Isolé du monde, éloigné des fidèles priants, Jérémie découvre intérieurement la Présence divine et Lui parle ; ainsi débute une nouvelle aventure entre Dieu et Israël, étape non inscrite sur des tablettes de pierre mais incrustée dans le cœur des Enfants de Dieu (Jr.31, 31-34) :

« Voici venir des jours -oracle de Yahvé-

Où je conclurai avec la maison d’Israël

(Et la maison de Juda)

Une alliance nouvelle.

Non pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères,

Le jour où je les ai pris par la main

Pour les faire sortir du pays d’Égypte,

- mon alliance qu’eux-mêmes ont rompue

Bien que je fusse leur maitre, oracle de Yahvé !

Mais voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël

Après ces jours-là, oracle de Yahvé.

Je mettrai ma loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur.

Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple.

Ils n’auront plus à instruire chacun son prochain,

Chacun son frère, en disant ;

‘Ayez la connaissance de Yahvé !’

Car tous me connaitront,

Des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle de Yahvé –

Parce que je vais pardonner leur crime

Et ne plus me souvenir de leur péché. »

Nouvelle alliance exclusivement réalisée en Jésus-Christ (He.8, 8-12) :

« Le Christ, médiateur d’une meilleure alliance.

…voici que des jours viennent, dit le Seigneur,

Et j’accomplirai avec la maison d’Israël et la maison de Juda

Une alliance nouvelle

Non pas comme l’alliance que je fis avec leurs pères,

Au jour où je pris leur main pour les tirer du pays d’Égypte.

Puisque eux-mêmes ne sont pas demeurés dans mon alliance,

Moi aussi je les ai négligés, dit le Seigneur.

Voici l’alliance que je contracterai avec la maison d’Israël,

Après ces jours-là, dit le Seigneur :

Je mettrai mes lois dans leur pensée,

Je les graverai dans leur cœur,

Et je serai leur Dieu

Et ils seront mon peuple.

Personne n’aura plus à instruire son concitoyen,

Ni personne son frère, en disant :

‘Connais le Seigneur’,

Puisque tous me connaîtront

Du petit jusqu’au grand.

Car je pardonnerai leurs torts,

Et de leurs péchés je n’aurai plus souvenance. »

Aux bien-aimés de Dieu, cette part attentive à l’Alliance divine, fondement des Pauvres De Dieu, auditeurs bienheureux de Jérémie qui leur explique le rôle sublime de Yahvé dans l’Histoire des hommes (Jr.18, 7-8) :

« Tantôt je parle, à propos d’une nation ou d’un royaume,

D’arracher, de renverser et d’exterminer ;

Mais si cette nation, contre laquelle, j’ai parlé,

Se convertit de sa méchanceté,

Alors, je me repens du mal que j’avais résolu de lui infliger. »

Jérémie exprime l’amour et de la clémence divines, comme ceux de l’époux à l’égard de sa conjointe (Jr.2, 2-5) :

«Va crier aux oreilles de Jérusalem,

Ainsi parle Yahvé :

Je me rappelle l’affection de ta jeunesse,

L’amour de tes fiançailles,

Alors que tu marchais derrière moi au désert,

Dans une terre qui n’est pas ensemencée.

Israël était une part sainte pour Yahvé,

Les prémices de sa récolte ;

Tous ceux qui en mangeaient étaient coupables,

Le malheur fondait sur eux,

Oracle de Yahvé.

Ecoutez la parole de Yahvé, maison de Jacob

Et toutes les familles de la maison d’Israël.

Ainsi parle Yahvé ;

En quoi vos pères m’ont-ils trouvé injuste

Pour s’être éloignés de moi,

Pour marcher derrière la Vanité

Et devenir eux-mêmes vanité ? »

Et quand le peuple ne se conforme pas aux  commandements du Créateur, il ressemble à la trahison de l’épouse adultère qui doit nécessairement regretter sa faute pour revenir au bercail divin et remériter les pâtres de Dieu (Jr.3, 15) :

«Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur,

Qui vous paîtront avec intelligence et prudence. »

Et surtout le Roi, de la descendance de David, le Christ tant attendu et espéré, l’Envoyé de Dieu pour la Rédemption du monde (Jr.23, 5-6) :

«Voici venir des jours - Oracle de Yahvé-

Où je susciterai à David un germe juste ;

Un roi régnera et sera intelligent,

Exerçant dans le pays droit et justice.

En ses jours, Juda sera sauvée

Et Israël habitera en sécurité.

Voici le nom dont on l’appellera :

‘Yahvé-notre-Justice.’. »


C- Spiritualité prêchée par Jérémie.

a)-Le dialogue quotidien avec Dieu.

Lire la vie d’un prophète, nous fait découvrir maintes évocations ainsi que le  fruit de certaines images comme celles d’Isaïe au Temple ou d’Ézéchiel devant le chariot magique. Avec Jérémie, point d’imagination, nous le voyons déchiffrer la Parole de Dieu dans un cadre quotidien tout simple , en regardant un amandier effeuillé, en cassant une cruche, en cachant une ceinture sous terre et la retrouvant détériorée ou en réglant le prix d’un terrain.

En ces faits ordinaires, il  mène une profonde spiritualité avec Yahvé imprégné en lui et le rendant Prophète jusqu’au trépas. Dieu pose la main sur Jérémie, sauvegardant sa personnalité intrépide jusqu'à la bravoure (Jr.12, 1-3) :

«Tu es trop juste, Yahvé,

Pour que j’entre en contestation avec toi.

Cependant je parlerai avec toi de questions de droit ;

Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère ?

Pourquoi tous les traitres sont-ils en paix ?

…mais toi Yahvé, tu me connais, tu me vois,

Tu éprouves mon cœur qui est avec toi…. »

Certes que, de par sa foi, Jérémie saisit la volonté divine à travers la vie de tous les jours, élucidant les signes du temps dévoilés par Jésus (Mt.16, 2-3) :

« Il leur répondit :

’Au crépuscule vous dites :

Il va faire beau temps,

Car le ciel est rouge feu ;

Et à l’aurore : Mauvais temps aujourd’hui,

Car le ciel est d’un rouge sombre.

Ainsi le visage du ciel vous savez l’interpréter,

Et pour les signes du temps vous n’en êtes pas capables... .’»

Discernant avec fine clairvoyance le présent menaçant le Peuple de Dieu et l’avenir à prévoir et à préparer  grâce à certains alliances, celles des Pieux et Pauvres de Dieu : Eux seuls préparent la venue du Roi, de la descendance de David, descendu de  Très-Haut, ‘ Le Seigneur, notre Vérité,  Justice et Salut’.

b)- De l’interprétation des faits historiques.

Le Seigneur est l’Unique Dieu, Puissance absolue au Monde, dans l’histoire, les collectivités et les individualités ; point d’autre sous la Voûte Céleste. Ceux prétendus dieux, ne sont que fragilités, néants et puits fissurés  inaptes à conserver l’Eau de la Vie (Jr.2, 13) :

«Car mon peuple a commis deux crimes :

Ils m’ont abandonné,

Moi, la source d’eau vive,

Pour se creuser des citernes,

Citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau. »

Dieu Un, Créateur de l’univers Jr.27,5) :

«…C’est moi qui ai fait,

Par ma grande puissance et mon bras étendu,

La terre, l’homme, et

Les bêtes qui sont sur la terre ;

Et je les donne à qui bon me semble. »

Dieu Seul, Maître de l’Histoire, celle d’Israël qu’Il délivre d’Égypte et guide dans la traversée du désert (Jr.2, 6) :

« Ils n’ont pas dit :

‘Où est Yahvé

Qui nous fit monter du pays d’Égypte

Et nous fit marcher dans le désert,

Dans une terre aride et ravinée,

Dans une terre desséchée et obscure,

Terre que personne ne parcourt,

Où nul homme ne se fixe ?’ »

Maître Absolu du Monde, malencontreusement considéré par Nabuchodonosor comme un servant parmi ses serviteurs, se comportant avec lui comme le potier avec ses poteries : toutes les nations et les peuples sont ressemblants devant Yahvé.

Dieu est Présence dans la Nature, dans le Monde et en le Cœur de tout homme. Fort possible que la ville de Jérusalem se détruise, que le temple se brûle sans aucunement léser la Puissance divine, au delà de toute spatialité et de toute temporalité et de toute humanité, Sa loi englobant et réunissant le Peuple entier, exprimant Sa volonté et Son Amour dans le Temps Présent  (Jr.2, 4 ; 31,2-3) :

« Écoutez la Parole de Yahvé,

Maison de Jacob et

Toutes les familles de la maison d’Israël. »

«Ainsi parle Yahvé,  le Dieu d’Israël.

Ecris pour toi dans un livre

Toutes les paroles que je t’ai adressées.

Car voici venir des jours

Oracle de Yahvé  -

Où je ramènerai les captifs de mon peuple

Israël (et Juda), dit Yahvé,

Je les ferai revenir au pays que j’ai donné

A leurs pères et

Ils en prendront possession. »

c)-Les disciples de Jérémie.

L’influence posthume de Jérémie est de grande envergure, dont l’héritage ravissant reçu par Ézéchiel discourant d’une religion spirituelle intérieurement gravée en chacun de nous (Jr.31, 33) ; (Ez.36, 26-27) :

« Mais voici l’alliance que je conclurai

Avec la maison d’Israël après ces jours-là,

Oracle de Yahvé.

Je mettrai ma Loi au fond de leur être et

Je l’écrirai sur leur cœur.

Alors je serai leur Dieu

Et eux seront mon peuple. »

«Et je vous donnerai un cœur nouveau,

Je mettrai en vous un esprit nouveau,

J’ôterai de votre chair le cœur de pierre

Et je vous donnerai un cœur de chair.

Je mettrai mon esprit en vous

Et je ferai que vous marchiez selon mes lois

Et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes. »

Voire les disciples d’Isaïe, les exilés, les Pauvres de Dieu entonnant des cantiques jérémiens. Signalons le Psaume 73, dialogue avec le Divin où le priant offre son désespoir avant de se refugier dans l’Espérance divine, unique lieu de félicité (1-28):

« Mais enfin, Dieu est bon… »

Dans  les Cantiques d’Isaïe, précisément dans le ‘ Deuxième Chant du Serviteur ‘, Dieu choisit son missionnaire en lui adjoignant une parole piquante comme l’épée et ajustée comme une flèche (Is.49, 1-2) :

« Iles, écoutez-moi,

Soyez attentifs, peuples lointains !

Yahvé m’a appelé dès le sein maternel,

Dès les entrailles de ma mère il a prononcé mon nom,

Il a fait de ma bouche une épée tranchante,

Il m’a abrité à l’ombre de sa main ;

Il a fait de moi une flèche acérée,

Il m’a caché dans son carquois.

N’est-ce l’image représentant la Passion endurée pour la

Rachat du  Peuple de Dieu  (Is. 53,1-12) ?

« Qui a cru ce que nous entendions dire,

Et le bras de Yahvé, à qui s’est-il révélé ?

Comme un surgeon il a grandi devant lui,

Comme une racine en terre aride ;

Sans beauté ni éclat pour attirer nos regards,

Et sans apparence qui nous eût séduits ;

Objet de mépris, abandonné des hommes,

Homme de douleur, familier de la souffrance,

Comme quelqu’un devant qui on se voile la face,

Méprisé, nous n’en faisons aucun cas.

Or ce sont nos souffrances qu’il portait et

Nos douleurs dont il était chargé.

Et nous, nous le considérions comme puni,

Frappé par Dieu et humilié.

Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes,

Ecrasé à cause de nos fautes.

Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui,

Et dans ses blessures nous trouvons la guérison.

Tous, comme des moutons, nous étions errants,

Chacun suivant son propre chemin,

Et Yahvé a fait retomber sur lui

Nos fautes à tous.

Maltraité, il s’humiliait,

Il n’ouvrait pas la bouche,

Comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir…

Par lui la volonté de Dieu s’accomplira.

…il verra la lumière et sera comblé…»

Sainte figure réitérée dans l’épître aux Éphésiens (1,3-14) sous le titre :

« Le Plan Divin du Salut.

… en lui nous trouvons la Rédemption,

Par son sang,

La rémission des fautes,

Selon la richesse de sa grâce,

Qu’Il nous a prodigués,

En toute sagesse et intelligence ;

…C’est en lui encore que nous avons été mis à part,

Désignés d’avance,

Selon le plan préétabli de Celui qui mène toutes choses

…cet Esprit Saint

Qui constitue les arrhes de notre héritage,

Et prépare la rédemption du Peuple

Que Dieu s’est acquis,

Pour la louange de sa gloire.»

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