Le livre de l’histoire

L’histoire relate des événements qui se sont déroulés dans le passé, dans la vie de l’humanité, dans la vie d’une société déterminée, dans la vie d’un individu quelconque. Cela signifie un coup d’œil sur le passé, inexorable, qui ne peut revenir au point de départ, comme dans les légendes grecques où l’humanité tourne et retourne pour se retrouver au point de départ. Quant à l’histoire, c’est un cheminement qui ne peut revenir au point de départ, mais va de l’avant; ceci signifie l’évolution des hommes et des sociétés, sinon nous serons devant « les lois » de la nature qui nous racontent d’avance ce qui pourra arriver si on faisait une opération quelconque. Mais ceci est loin du Livre Saint qui nous présente l’histoire à partir de la révélation, de l’inspiration et ce qu’elle porte à l’humanité. Le temps passé vécu par nos prédécesseurs porte une grande valeur, parce que c’est la période où se réalise le « projet » divin, projet préparé pour lancer le dessein de la « rédemption ». C’est pourquoi, nous pouvons parler du livre Saint en tant que livre d’histoire au niveau d’un homme tels que Abraham, Jacob, David…, au niveau de la société où le passage de la domination du groupe sur l’individu à l’émancipation de l’individu qui devient responsable de lui-même, de ses actes, et non un maillon dans une société. Celle-ci le prive de sa liberté, au niveau de l’humanité, dans son évolution intellectuelle, et l’empêche de passer d’une phase à une autre et là de l’Ancien au Nouveau Testament avec la venue de Jésus « quand les temps furent accomplis ».

 

1.     Quitte ta terre et ta famille

Le livre Saint nous présente des personnages qui ont marqué l’histoire. Parmi ces personnages, Abraham. Il était riche en troupeaux qu’il déplaçait d’un lieu à un autre, à la recherche de l’eau et du pâturage, et s’éloignait des terres cultivées. Il y avait beaucoup de bergers dans le désert de Damas et dans d’autres déserts, mais un seul berger s’est fait remarquer. Son premier nom le montre : Ab Ram : un père notable et éminent. Donc, il est d’une descendance noble sur le plan humain. Mais il a toute une histoire avec Dieu qui l’a appelé à quitter sa terre, sa famille et la maison de son père. C’est pourquoi il l’appellera Ab-Raham : père d’une multitude de gens. Aujourd’hui, il est, à nos yeux, le père de tous les croyants, qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans, comme le Livre a dit : Abraham crut en Dieu, alors sa foi fut une preuve d’honnêteté, un chemin vers Dieu, en obéissant à sa volonté divine et en suivant sa voie, comme le Livre le dit aussi : « Va devant moi et sois parfait ». Il ne s’est pas contenté de vivre lui-même selon la volonté de Dieu, mais bien plus, il a invité ses enfants, ses descendants, à prendre les chemins tracés par Dieu et à être justes et équitables.

Le Livre Saint nous relate le parcours de cet homme d’Ur au Sud de l’Iraq, à Harran au nord de l’Iraq. Mais non, il ne s’arrête pas à Harran. Abraham a commencé par habiter cette ville riche en eau et en nourriture, et c’est là que Térah, le père d’Abraham, est mort. Alors il entendit « la voix » : « Quitte ta terre et je ferai de toi une grande nation. Abram partit comme le Seigneur le lui avait dit ». C’est ainsi qu’il arriva à Canaan et s’arrêta aux temples païens, et là, il éleva des autels pour le Seigneur et fit une invocation en son nom.

Dieu lui dit : Tu seras une grande nation. Mais où sont les descendants alors que Saraï, sa femme, est stérile? Abram a tenté de résoudre le problème : Loth est son neveu; mais celui-ci s’est séparé de lui à cause d’une querelle qui éclata entre les bergers de leurs troupeaux réciproques, et on a perdu ses traces après la destruction de Sodome et Gomorrhe. Doit-il adopter Eliézer de Damas? Non, lui dit le Seigneur, mais « celui qui sortira de tes entrailles héritera de toi ». Ensuite, Dieu lui apparut et lui promit de lui donner un enfant : « L’année prochaine à la même date ».

Abram eut un long parcours avec le Seigneur. C’était une promesse et une alliance entre eux comme si c’était entre un grand roi et un petit roi. Le signe de cette promesse est la circoncision. Le rite des préparatifs du mariage a commencé, puis s’est transformé en signe d’appartenance au peuple de la foi. C’est ainsi qu’Isaac fut circoncis huit jours après sa naissance. Tout a été transformé avec cet homme de foi. Sichem appartient, dorénavant, à Dieu avec son temple et son arbre sacré. Il en est de même pour Béthel qui est devenu la maison du Seigneur Dieu; et la circoncision, pratiquée en Orient, a pris un aspect particulier; l’arrêt du sacrifice des enfants fut la transformation capitale. Abraham a voulu suivre le rite de son entourage : offrir son fils aîné à Dieu croyant que c’était un appel du Seigneur. Doit-il être moins généreux que ceux qui adorent les dieux païens? Mais Dieu remplace un tel sacrifice; l’enfant doit être remplacé par un bélier ou une autre bête. Abraham entendit alors la voix divine : « N’étends pas la main sur le jeune homme, ne lui fais rien »; et Dieu lui donna un bélier pris par les cornes dans un fourré ».

C’est l’histoire d’un personnage qui a marqué l’histoire. Ceux qui sont venus après lui, les successeurs, ont compris l’importance d’adorer un seul Dieu, laissant les idoles; et aussi ils ont saisi l’importance de la vie humaine qu’on ne sacrifie pas pour des balivernes.

Nous avons parlé d’Abraham, nous aurions pu parler de Jacob, le père des douze tribus. Il forma un maillon dans ce cheminement qui conduisit ses fils en Égypte, attendant un nouveau départ, à travers le désert de Sinaï, à la terre Canaan, qu’ils ont considérée comme un cadeau que Dieu leur a promis.

 

2.     En ce temps, il n’y avait pas de roi

Ceux qui accompagnaient Josué entrèrent avec lui des collines de Moab à l’ouest du Jourdain en terre de Canaan, et chaque tribu occupa une place dans le pays. Tous ont rencontré leurs frères qui n’étaient pas partis en Égypte, mais au contraire, ils ont travaillé avec les phéniciens spécialement et avec les villes côtières qui s’étendent jusqu’à l’Égypte. Mais, ils étaient dispersés, et chaque tribu gérait ses propres intérêts. Ils étaient faibles devant les agresseurs qui venaient les piller et les voler, qu’ils soient de Moab ou d’Ammon. Pire. Ils se haïssaient les uns les autres parce que chacun d’eux voulait être le chef sans rien faire, sans se sacrifier pour ses frères. C’est alors qu’ils se sentirent impuissants le jour où l’anarchie régna et faillit exterminer telle ou telle tribu. Le livre des « Juges » écrit : « En ce temps-là, Israël n’avait pas de roi ». L’expression est répétée plus d’une fois, jusqu’à l’arrivée de Samuel qui nomma comme chef Saül, de la tribu Benjamin : « un bel homme, à fleur de l’âge et il n’y avait pas en Israël de plus beau que lui : il était le plus grand de taille, des épaules jusqu’à la tête ».

Le roi constitue un danger pour le peuple. Samuel les avait mis en garde; c’est pourquoi Saül fut rejeté par certains car il appartenait à une petite tribu, Benjamin. La première tentative a échoué. Samuel tenta de nouveau et rencontra la grande tribu de Juda qui constituera plus tard le royaume du Sud, ayant pour capitale Jérusalem. Quant aux opposants, ils établirent au Nord, le royaume d’Israël avec sa dernière capitale, la Samarie. Quand Dieu a choisi David, alors Samuel l’a oint. Ce pionnier de l’institution de la monarchie a considéré que sa mission était terminée. Il salua le peuple pour la dernière fois après l’avoir pris à témoin et lui a dit : « Qu’il n’avait opprimé personne ni extorqué de l’argent à qui que ce soit ».

C’est une évolution considérable que le passage de l’anarchie où chacun agit à sa guise, à la monarchie qui sera héréditaire dans le Sud. Mais dans le Nord, elle était exposée aux coups d’état; plus tard, la Samarie a été anéantie et devenue une province assyrienne puis babylonienne. Le royaume du Sud a eu le même sort un siècle et demi plus tard. Les descendants de Jacob ont perdu leur rôle politique, et le rôle spirituel prit le devant.  Le peuple n’était plus attaché au Temple, après sa destruction, mais à Dieu qui lui a envoyé ses commandements et ses lois. La conscience de chaque personne s’approfondit : chaque être est responsable de lui-même, qu’il fasse le bien ou le mal. Il ne doit plus se cacher derrière les aïeux, s’il fait le mal, comme il ne doit pas s’enorgueillir du passé et s’arrêter là. Il doit suivre une démarche pour se libérer petit à petit d’un entourage renfermé sur lui-même et s’ouvrir aux autres peuples.

La Samarie s’est ouverte avant de raffermir son pouvoir; alors, elle disparut. Il ne resta de ses habitants qu’un très petit nombre. Quant à Jérusalem, elle resta comme capitale, attachée à la lignée de David, en attendant que la tribu de Lévi prenne la responsabilité des rites religieux. Mais que signifie ce repli sur soi si ce n’est une trahison, une désobéissance au Seigneur Dieu? Non, le Seigneur n’habite pas un endroit déterminé, telles les idoles dans leurs temples. Comment peut-il se suffire de ce petit temple alors que les grands cieux ne lui suffisent pas. Lorsque le peuple de Jérusalem fut exilé à Babylone, le Seigneur l’attendait à l’est de la capitale pour partir avec lui au moment où il part, et retourner avec lui au moment où il retourne. C’est ce qu’a dit le prophète Ézéchiel : « La gloire de Dieu d’Israël est venue de l’Orient ».

Les enfants d’Israël comprendront qu’ils ne sont pas le seul peuple de Dieu et qu’ils ne sont pas les seuls liés à Dieu. Mais d’autres les ont devancés. Isaïe a dit : « Ce jour-là, une chaussée ira d’Égypte en Assyrie, les Assyriens viendront en Égypte et les Égyptiens en Assyrie. Les Égyptiens adoreront le Seigneur avec les Assyriens ». Les grands ennemis se sont retrouvés auprès de Dieu dans une seule et même adoration. Israël n’est plus le seul à adorer le Seigneur et n’a pas le droit de mépriser les autres. Et Isaïe d’ajouter : « Ce jour-là, Israël viendra le troisième après l’Égypte et l’Assyrie. A ce moment là, la bénédiction couvrira tout le pays et le Seigneur tout-puissant accordera sa bénédiction en disant : « Bénis soient l’Égypte (quoi? Et Israël n’est-il pas le peuple de Dieu), l’Assyrie, œuvre de mes mains (merveilleuse est son œuvre après que Jonas lui a été envoyé), et enfin les enfants d’Israël que j’ai choisis ». L’apôtre Paul a dit : « Le Seigneur ne regrette pas ce qu’il octroie. Il a choisi Israël sans regret ». Mais il appelle l’Égypte son peuple et l’Assyrie sa création. C’est ce qui nous amène au Nouveau Testament où les nations ont devancé Israël. L’essentiel n’est pas de suivre la loi de Moïse mais de croire à la voie d’Abraham.

 

3.     Une seule langue sur la terre

C’est une évolution au niveau des individus et une évolution au niveau de la société. Ainsi s’écrit l’histoire qui n’est pas une accumulation d’événements ramassés par ci par là, mais bien une édification selon le dessein de Dieu pour son peuple et tous les autres peuples. Et Le livre Saint nous conduit à un regard sur l’humanité, un regard théologique non un regard qui nous renvoie à des milliards d’années ou plus. La géographie dans le Livre Saint est différente de celle de notre monde avec ses limites très nettes. « La terre du paradis » ou ce qu’on appelle « Éden », ce n’est pas un endroit au Liban ou au Yémen, ni là où les savants considèrent que l’humanité a commencé. Le jardin d’Éden c’est le monde entier, c’est l’univers aux quatre fleuves qui entourent les quatre parties du monde. La terre de Dieu « la géographie », comme l’a délimitée « la politique », s’étend de Dan, au Sud du Liban, à Bèer-Shéva, à la limite du Sinaï. Quant à « la terre de la présence de Dieu », c’est le monde tout entier, du Fleuve du Nil au grand fleuve, l’Euphrate.

Par rapport à l’histoire, le Livre Saint ne dit pas qu’Adam est le premier homme de l’humanité. Là, on laisse tomber les études scientifiques à propos de « l’homme » de l’Afrique du Sud pour arriver à l’homme sage qui pense, comme on le voit aujourd’hui. Dans un premier sens, Adam est le type de chaque homme. L’adamiste travaille la terre et il retourne à la terre; dans un second sens, Adam c’est l’homme face à la femme qui est Ève, la mère de tout être humain. Toute femme est Ève. L’homme commence à faire le mal dès qu’il renie Dieu, comme on a promis à Adam et Ève : vous serez comme des dieux. Le frère renie son frère et l’humanité se divise en deux catégories : ceux qui travaillent dans les champs et ceux qui élèvent les troupeaux. Le mal grandit entre les tribus et il finit par se propager sur la terre à mesure que « le nombre de gens » augmente. Le livre dit : « Le Seigneur vit que la méchanceté se multipliait sur la terre, et que le cœur des hommes n’était porté qu’à concevoir le mal, jour et nuit ».

A cause du mal qui se propageait sur la terre, l’humanité a failli disparaître. Mais avec Noé, une nouvelle humanité est née et s’est étendue sur trois continents : Sem en Asie, Ham en Afrique et Japhet en Europe. Ils avaient tous « la même langue et les mêmes mots », mais ils ont voulu recommencer la première expérience au monde, l’expérience originelle, celle d’Adam et d’Ève : « Ils construisent une tour dont le sommet touche le ciel, afin de se faire un nom » face au nom de Dieu. Le résultat fut la dispersion et ils seront toujours dispersés, ils le sont jusqu’à présent. Quand ces hommes se réuniront-ils autour de Dieu leur créateur?

Le retour à Dieu a commencé avec Abraham, et s’est poursuivi jusqu’à la venue de Jésus-Christ « en qui Dieu réunit tout ce qu’il y a dans le ciel et sur la terre ». Il les réunit en « un » comme le Père et le Fils avec le Saint-Esprit, dans une famille qui espère réunir autour d’elle toutes les familles de l’univers.

 

Conclusion

On a dit que l’histoire relate les guerres. Dans le Livre Saint, nous voyons les plus grandes comme les plus petites guerres. Mais ce n’est pas cela l’objectif principal du Livre Saint. La guerre laisse derrière elle la destruction, les flammes… elle laisse derrière elle les morts, les infirmes, les orphelins et les veuves… Ceci signifie un retour en arrière. Quant au Livre Saint, il présente l’histoire comme une évolution au niveau de l’homme, de la société et de l’humanité tout entière; comme c’est l’histoire de Dieu avec les hommes, il retrace la démarche des hommes vers Dieu à travers le mal, le péché, jusqu’au moment où Dieu devient le père unique de tous les hommes.

 

 


 

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