LES PAUVRES DE DIEU SONT LE LOT DE DIEU.

LES PAUVRES DE DIEU SONT LE LOT DE DIEU.

Le Discours sur la Montagne commence par ces trois versets (Mt.5, 3-5) :

«Les Béatitudes.

Heureux les pauvres d’esprit,

Car le Royaume des Cieux

Est à eux.

Heureux les affligés,

Car ils seront consolés.

Heureux les doux,

Car ils possèdent la terre. »

Ces trois premières béatitudes déclarent que les hommes considérés d’ordinaire comme accablés et maudits sont heureux, puisqu’ aptes à recevoir la bénédiction du Royaume. Qui sont-ils ces pauvres d’esprit, ces affligés et ces doux ? Ce sont eux qui reçoivent Jésus incarné sur terre, à l’exemple de Zacharie et d’Élizabeth menant une vie droite et respectant les considérations et commandements divins (Lc.1, 6) :

« Tous deux étaient justes devant Dieu,

Et ils suivaient, irréprochables,

Tous les commandements et

Observances du Seigneur. »

Comme le vieux Siméon et Anne, fille de  Phanouel, attendant  le Christ,  jeûnant et priant au temple  (Lc.2, 25-38) :

«… Cet homme était juste et pieux

…divinement averti par l’Esprit-Saint

Qu’il ne verrait pas la mort avant

D’avoir vu le Christ du Seigneur.

…Il y avait aussi une prophétesse, Anne,

…fort avancée en âge,

… à l’âge de 84 ans, elle ne quittait pas

Le temple, servant Dieu nuit et jour

Dans le jeûne et la prière

…elle louait Dieu. »

Comme  la Vierge Marie entonnant le Cantique de glorification (Lc.1, 36-48) :

« L’Annonciation, la Visitation et le Cantique

De Marie.

…Mon âme exalte le seigneur,

Et mon esprit tressaille de joie

En Dieu, mon Sauveur,

Parce qu’il a jeté les yeux sur l’abaissement

De sa servante.

…désormais toutes les générations me diront

Bienheureuse,

Car le Tout-Puissant a fait pour moi

De grandes choses.

Saint est son nom

Et sa miséricorde s’étend d’âge en âge

Sur ceux qui le craignent… »

A- les pauvres et les misérables du peuple de Dieu.

a)- La pauvreté,  condition refusée par Dieu.

La Sainte Bible considère la pauvreté comme une situation non admise par Dieu. Quand Moïse rassemble le peuple dans la forêt, il les forme à la vie communautaire, leur faisant ressentir la joie et la tristesse, la réussite et l’échec, comme il leur apprend la solidarité et la fraternité  (Dt.15, 4-5) :

«Qu’il n’y ait donc pas de pauvre

Chez toi.

Car Yahvé ne t’accordera

Sa bénédiction dans le pays

Que Yahvé ton Dieu te donne

En héritage pour le posséder,

Que si tu écoutes vraiment la voix

De Yahvé ton Dieu,

En gardant et pratiquant tous

Ses commandements que je te

Prescris aujourd’hui. »

A l’exemple  de la vie de Jésus parmi ses disciples, où il n’y a point de malheureux (Ac.4, 32-36) :

« La première communauté chrétienne.

La multitude des croyants n’avait

Qu’un cœur et qu’une âme.

Nul ne disait sien ce qu’il

Lui appartenait, mais entre eux,

Tout était commun.

…aussi parmi eux nul n’était

Dans le besoin ; car tous ceux

Qui possédaient des terres ou

Des maisons les vendaient,

Apportaient le prix de la vente et le

Déposaient aux pieds des apôtres.

On distribuait alors à chacun

Suivant ses besoins.»

Car tout est mis en commun, à la disposition de tous (Ac.2, 45) :

«Tous les croyants ensemble

Mettaient tout en commun ;

Ils vendaient leurs propriétés et

Leurs biens et en partageaient

Le prix entre tous, selon

Les besoins de chacun. »

Les biens de la terre appartenant à tous les hommes, le peuple perd cet exemple de vie quand,  arrivé  au pays de Canaan, le fort mange le faible, le riche, le pauvre et le roi et ses grands, le peuple. Ils cernent les demeures d’un champ n’appartenant qu’à eux seuls (Is.5, 8) :

« Malédictions.

Malheur à ceux qui ajoutent

Maison à maison,

Qui joignent champ à champ

Jusqu'à ne plus laisser de place

Et rester seuls habitants,

Au milieu du pays. »

Ainsi fait le roi Achab de Nabot, s’appropriant son champ pour agrandir le domaine de son château (1R.21, 1-2) :

«Nabot refuse de céder sa vigne

… Nabot de Yizréel, à côté du palais

D’Achab, roi de Samarie et Achab

Parla ainsi à Nabot :

‘Cède-moi ta vigne pour qu’elle

Me serve de jardin potager,

Car elle est tout près de ma maison :

Je te donnerai en échange une vigne

Meilleure, ou, si tu préfères,

Je te donnerai l’argent qu’elle vaut’. »

Dieu en dit (Os.12, 8-9) :

« Canaan a en main des balances

Trompeuses, il aime à exploiter.

Éphraïm a dit :’Oui, je me suis

Enrichi, je me suis acquis une fortune’ ;

De tous mes gains, on ne me retrouvera

Pas une faute qui soit un péché. »

Ont-ils oublié l’imposture de s’enrichir par fourberie commerciale (Am.8, 5) :

« …nous diminuerons la mesure,

Nous augmenterons le sicle,

Nous fausserons les balances pour tromper. »

Ainsi que le viol des champs et des maisons (Mi.2, 1-2) :

«Contre les accapareurs.

Malheur à ceux qui projettent le méfait

Et qui trament le mal sur leur couche !

Dès que luit le matin, ils l’exécutent,

Car c’est au pouvoir de leurs mains.

S’ils convoitent des champs,

Ils s’en emparent ;

Des maisons, ils les prennent ;

Ils saisissent le maître avec sa maison,

L’homme avec son héritage. »

Une justice mensongère négligeant le droit du pauvre (Am.5, 7) :

«Ils changent le droit en absinthe

Et jettent à terre la justice. »

la violence vide le cœur de cruels propriétaires vendant leurs frères pour quelques pièces d’argent et séduisant les misérables pour une paire de souliers (Am.2, 6-7) :

«… parce qu’ils  vendent le juste à prix d’argent

Et le pauvre pour une paire de sandales ;

Parce qu’ils écrasent la tête des faibles

Sur la poussière de la terre et

Qu’ils font dévier la route des humbles :

Parce que fils et père vont à la même fille

Afin de profaner mon saint nom… »

Intolérable  situation  durement réprimandée par la Bible (Jb.24, 2-4) :

« Les méchants déplacent  les bornes,

Ils enlèvent troupeau et berger.

On emmène l’âne des orphelins,

On prend en gage le bœuf de la veuve.

Les indigents doivent s’écarter du chemin,

Les pauvres du pays se cacher tous ensemble. »

Les prophètes Amos, Osée, Michée et Jérémie en parlent (Am.4, 1) (Jr.5, 23-24):

« Contre les femmes de Samarie.

Ecoutez cette parole, vaches du Bashân

Qui êtes sur la montagne de Samarie,

Qui exploitez les faibles,

Qui maltraitez les pauvres,

Qui dites à vos maris :

‘Apporte et buvons’. »

« …ce peuple possède un cœur dévoyé et rebelle ;

Ils se sont dévoyés et ils s’en sont allés !

Ils n’ont pas dit en leurs cœurs :

‘Craignons donc, Yahvé notre Dieu,

Qui donne la pluie, celle de l’automne

Et celle du printemps, selon son temps,

Et qui nous réserve des semaines

Fixes pour la moisson. »

De même Elie (1R.21, 19) :

«… tu as assassiné,

Et de plus tu usurpes ! »

b)- Pauvres et riches dans le peuple de Dieu.

La misère sévit longtemps parmi le peuple juif avec une rare minorité de personnes nantis. Asservi, dominé  et sommé par le riche, le démuni se laisse faire par faiblesse et impuissance, humilié et diminué. La Bible le présente assujetti mais soutenu par Dieu (Pv.17, 5) (Is.25, 4) (Ps.37, 11-12):

«Qui nargue le pauvre outrage son Créateur,

Qui rit d’un malheureux ne restera pas impuni. »

« Hymne d’action de grâces.

Car tu as été un refuge pour le faible,

Un refuge pour le malheureux plongé dans la détresse… »

«…mais les humbles posséderont la terre,

Réjouis d’une grande paix.

L’impie complote contre le juste

Et grince des dents contre lui ;

Le Seigneur se moque de lui,

Car il voit venir son jour. »

Au cours d’une certaine période, influencé par certaines cultures, le peuple pense que la crainte de Dieu  sur terre mène vers la joie, la sécurité, la bénédiction, la paix et le salut et que les faiseurs de mal seront débranchés comme des rameaux. Mais le sage remarque que les vertueux vivent dans la misère et les méchants dans l’opulence (Pv.19, 1) :

«Mieux vaut le pauvre qui

Se conduit honnêtement

Que l’homme aux lèvres tortueuses

Et qui n’est qu’un sot. »

Expérience similaire à celle de job le Juste de Dieu, défiant l’impasse de la maladie et de la pauvreté. Jérémie va jusqu'à interroger le Seigneur à ce sujet (Jr.12, 1) :

« Tu es trop juste, Yahvé,

Pour que j’entre en contestation avec toi.

Cependant je parlerai avec toi de question de droit ;

Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère ?

Pourquoi tous les traîtres sont-ils en paix ? »

Point de solution avant le dernier jour du retour du Seigneur, moment de  récompense des belles conduites humaines qui sont couronnées et parachevées, non en ce monde, mais dans l’au-delà, car Dieu sauvegarde les purs et les justes (Ps.37, 18-19 et 73,23-24) :

« Yahvé connaît les jours des parfaits,

Éternel sera leur héritage :

Pas de honte pour eux aux mauvais jours,

Dans la famine ils seront rassasiés. »

«Et moi qui restais près de toi,

Tu m’as saisi par ma main droite ;

Par ton conseil tu me conduiras,

Et derrière la gloire tu m’attireras.

Qui donc aurais-je dans le ciel ?

Avec toi je suis sans désir sur la terre.

Et ma chair et mon cœur sont consumés :

Roc de mon cœur, ma part, Dieu à jamais ! »

La sagesse exige la misère comme exigence de maîtrise de soi, vu que  l’excès de fortune n’est point souhaitable ; désirons donc une vie de condition moyenne (Pv.30, 8-9) (Si.30, 14-16):

«Éloigne de moi fausseté et paroles mensongères,

Ne me donne ni pauvreté ni richesse,

Laisse-moi goûter ma part de pain,

De crainte que, comblé, je ne me détourne

Et ne dise :’qui est Yahvé’ ?

Ou encore, qu’indigent, je ne vole

Et ne profane le nom de Dieu. »

«Mieux vaut un pauvre, sain et vigoureux

Qu’un riche éprouvé dans son corps.

Sante et vigueur valent mieux que tout l’or du monde

Un corps vigoureux mieux qu’une immense fortune.

Il n’y a richesse préférable à la santé

Ni bien-être supérieur à la joie du cœur. »

Combien comprendre et valoriser les paroles de Jésus (Mt.6, 11-34) :

«Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien,

Remets-nous nos dettes

Comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs

Et ne nous laisse pas entrer en tentation ;

Mais délivre-nous du Mauvais…

Ne vous amassez point de trésors sur la terre…

Mais amassez des trésors dans le ciel…

La lampe du corps, c’est l’œil.

Si donc ton œil est sain,

Ton corps tout entier sera lumineux

Mais si ton œil est malade,

Ton corps tout entier sera ténébreux…

Nul ne peut servir deux maîtres :…

Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent…

S’abandonner à la Providence…

Ne vous inquiétez pas pour votre vie

De ce que vous mangerez, ni de votre corps

De quoi vous le vêtirez.

La vie n’est-elle pas plus que la nourriture,

Et le corps plus que le vêtement ?

Regardez les oiseaux du ciel ;

Ils ne sèment ni ne moissonnent

Ni ne recueillez en des greniers,

Et votre Père céleste les nourrit !...

Ce sont là toutes choses dont

Les païens sont en quête…

Cherchez d’abord son Royaume et sa justice,

Et tout cela vous sera donné par surcroît.

Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ;

Demain s’inquiétera de lui-même.

A chaque jour suffit sa peine. »

B- Bienheureux les pauvres, lot divin.

a)- le Seigneur s’occupe des malheureux.

Abandonné à Dieu, le pauvre  Le quête  continuellement, unique refuge et référent (Mt.6, 24) :

«…Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. »

Refusant de se laisser commander par la richesse, le cœur ouvert au Seigneur, disponible  à l’apostolat détaché des matérialités terrestres (Mt.19, 21) :

«Jésus lui déclara ;

‘Si tu veux être parfait,

Va, Vends

Ce que tu possèdes et

Donne-le aux pauvres,

Et tu auras un trésor dans les cieux ;

Puis, Viens, Suis-moi. »

Le pauvre de Dieu est l’esclave humble et reconnaissant de la grâce divine (Lc.18, 9-13) :

« …Deux hommes montèrent au temple pour prier…

Le Pharisien, debout… :

’Mon Dieu, je te rends grâces de ce

Que je ne suis pas comme le reste des hommes,

Qui sont rapaces, injustes…’

Le Publicain, se tenant à distance,

N’osait même pas lever les yeux au ciel… :

’Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis’ !

…Car tout homme qui s’élève sera abaissé,

Mais celui qui s’abaisse sera élevé. »

Notre vision du pauvre de Dieu est spirituelle et resplendissante, comme le regard de Dieu envers sa Mère qui dit (Lc.1, 46-50) :

« Mon âme exalte le Seigneur

Et mon esprit tressaille de joie

En Dieu, mon sauveur, parce qu’il a jeté

Les yeux sur l’abaissement de sa servante.

Oui, désormais toutes les générations

Me diront bienheureuse,

Car le Tout-puissant a fait

Pour moi de grandes choses.

Saint est son nom,

Et sa miséricorde s’étend d’âge en âge

Sur ceux qui le craignent. »

Rappelons - nous les mots du prophète Sophonie (So.3, 11-13) :

«L’humble reste d’Israël.

Ce jour-là

Tu n’auras plus honte de tous les méfaits

Que tu as commis contre moi,

Car j’écarterai de ton sein

Tes orgueilleux triomphants ;

Et tu cesseras de te pavaner

Sur ma montagne sainte.

Je ne laisserai subsister en ton sein

Qu’un peuple humble et modeste,

Et c’est dans le nom de Yahvé

Que cherchera refuge

Le reste d’Israël.

Ils ne commettront plus d’iniquité,

Ils ne diront plus de mensonge ;

On ne trouvera plus dans leur bouche

De langue trompeuse.

Mais ils pourront paître et se reposer

Sans que personne ne les inquiète. »

Quant à Isaïe, il prie ainsi (Is.49, 13 et 66,1-2):

« Cieux, criez de joie, terre, exulte,

Que les montagnes poussent des cris,

Car Yahvé a consolé son peuple,

Il prend en pitié ses affligés. »

«Ainsi parle Yahvé :

Le ciel est mon trône, et

La terre, l’escabeau de mes pieds…

Mais celui sur qui je porte les yeux,

C’est le pauvre et l’humilié… »

Les pauvres de Dieu  Le craignent et le vénèrent ; ils sont ses saints et ses justes, recherchant Son visage en cas de malheur et d’Espérance (Ps.34) :

« Louange à la justice divine.

Je bénirai Yahvé en tout temps,

Sa louange sans cesse en ma bouche ;

En Yahvé, mon âme se loue,

Qu’ils écoutent, les humbles, qu’ils jubilent !

…Qui regarde vers Lui, resplendira

Et sur son visage point de honte.

Un pauvre a crié, Yahvé écoute,

Et de toutes ses angoisses, il le sauve

…Craignez Yahvé, vous les saints :

Qui le craint ne manque de rien.

Les jeunes fauves sont dénués, affamés ;

Qui cherche Yahvé ne manque d’aucun bien.

…ils crient, Yahvé écoute,

De toutes leurs angoisses,

Il les délivre ;

Proche est Yahvé des cœurs brisés,

Il sauve les esprits abattus... »

b)- Ce qui spécifie les pauvres de Dieu.

Les pauvres du Seigneur se distinguent par leur total abandon, se fiant à ses grâces et dons, tel l’esclave devant son  maître : il espère en Dieu - tendresse (Ps.123, 1-2) :

«Prière des malchanceux.

Vers toi j’ai les yeux levés,

Qui te tiens au ciel ;

Les voici comme les yeux des serviteurs

Vers la main de leur maître.

Comme les yeux de la servante

Vers la main de sa maîtresse,

Ainsi nos yeux vers Yahvé notre Dieu,

Tant qu’il nous prenne en pitié. »

Ne comptant sur aucun soutien humain, les pauvres de Dieu, hommes de foi, offrent toute leur vie et leurs problèmes au Seigneur. Point hautains ni égocentriques, leur Espérance ne se couronne qu’en Lui (Ps.131, 1-3) :

« Yahvé, je n’ai pas le cœur fier,

Ni le regard hautain.

Je n’ai pas pris un chemin de grandeurs

Ni de prodiges qui me dépassent.

Non, je tiens mon âme en paix et silence ;

Comme un petit enfant contre sa mère,

Comme un petit enfant,

Telle est mon âme en moi.

Mets ton espoir, Israël, en Yahvé,

Dès maintenant et à jamais ! »

Le misérable écoute avec crainte et respect la Parole du Seigneur, obéissant à ses préceptes, reçevant ses dons et en tirant profit interieuriorisee pour une bonne conduite de vie, se reconnaissant faible et pécheur. Aimés de Dieu  dévoilé à eux, ces hommes de foi sont présentés par Jésus lui-même (Lc.10, 21) :

« L’Évangile révélé aux simples.

Le Père et le Fils.

A cette heure même, il tressaillit de joie

Sous l’action  de l’Esprit Saint

Et il dit :

‘Je te bénis, Père, Seigneur du ciel

Et de la terre, d’avoir caché cela

Aux sages et aux intelligents et

De l’avoir révélé aux tout-petits.

Oui, Père, car tel a été

Ton bon plaisir’.»

Sainte Thérèse de Lisieux de dire :

’ Plus notre pauvreté s’accroît,

Plus l’amour de Dieu grandit en  nous’.

Ces pauvres de Dieu représentent un mouvement religieux et un courant spirituel ; les méchants et les railleurs ont encore leurs assemblées (Ps.1, 1-2) :

«Heureux l’homme qui ne suit pas

Le conseil des impies,

Ni dans la voie des pécheurs ne s’arrêtent,

Ni au siège des railleurs ne s’assied,

Mais se plaît dans la voie de Yahvé,

Mais murmure sa loi jour et nuit. »

, de même pour les justes et les purs qui  se souviennent des œuvres et des miracles divins (Ps.112, 1-6) :

«Éloge du juste.

Alléluia ! Heureux l’homme qui craint Yahvé,

Et se plaît fort à ses préceptes !

Sa lignée sera puissante sur la terre,

Et bénie la race des hommes droits.

Opulence et bien-être en sa maison ;

Sa justice demeure à jamais.

Il se lève en la ténèbre, lumière, les cœurs droits,

Pitié, tendresse et justice.

Bienheureux l’homme qui prend pitié et prête,

Qui règle ses affaires avec droiture.

Non, jamais, il ne chancelle,

En mémoire éternelle sera le juste. »

Les artisans du mal raillent les hommes droits en ces termes : Où est votre Dieu ? – Et les justes de répliquer : Notre Dieu est au ciel, agissant comme bon lui semble, alors que vos dieux sont d’or et d’argent ; ils ont des bouches sans paroles et des yeux sans visions (Ps.115, 1-18) :

« Le seul vrai Dieu.

…Notre Dieu, …dans les cieux.

…leurs idoles, or et argent,

Une œuvre de main d’homme

…Maison d’Israël, mets ta foi en Yahvé,

Lui, leur secours et bouclier !

…il bénira ceux qui craignent Yahvé,

Les petits avec les grands.

…le ciel, c’est le ciel de Yahvé,

La terre, il l’a donnée aux fils d’Adam

…nous, les vivants, nous bénissons Yahvé

Dès maintenant et à jamais. »

Les pauvres de Dieu se considèrent le  peuple du Dieu Vérité qui les bénit et les glorifie par Sa Rédemption (Ps.149, 4-5) :

«Chant triomphal.

Car Yahvé se complaît en son peuple,

Il donne aux humbles l’éclat du salut,

Que les fidèles exultent dans la gloire… . »

Ce sont les purs de Dieu vivant en communauté fraternelle (Ps.133, 1) ;

«La vie fraternelle.

Voyez ! Qu’il est bon, qu’il est doux

D’habiter en frères tous ensemble ! »

Se réunissant au nom du Seigneur présent parmi eux (Mt.18, 19- 20) :

«Prière en commun.

…je vous le dis en vérité, si deux d’entre vous,

Sur terre, unissent leurs voix pour

Demander quoi que ce soit,

Cela leur sera accordé par

Mon Père qui est aux cieux.

Que deux ou trois, en effet,

Soient réunis en mon nom,

Je suis là au milieu d’eux. »

Ayant choisi de quitter le monde et mener la vie religieuse pour voir et goûter combien Dieu est bon (Ps.34, 9) :

«Louange de la justice divine.

Goûtez et voyez  comme Yahvé est bon ;

Heureux qui s’abrite en lui ! »

Les pauvres de Dieu vivent dans l’espérance de l’attente de la venue du Christ portant le Salut à son peuple, aspiration impatiente de la rencontre du Dieu-Amour pour être choisis en cortège comme ses disciples. Si longue attente, ressourcée en prières, en abandon et désir de Dieu (Is.41, 17-18) :

« Les miséreux et les pauvres cherchent de l’eau, et rien !

Leur langue est desséchée par la soif.

Moi, Yahvé, je les exaucerai,

Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas.

Sur les monts chauves

Je ferai jaillir des fleuves,

Et des sources au milieu des vallées

Je ferai du désert un marécage

Et de la terre aride des eaux jaillissantes… »

comblés d’allégresse, ils chanteront leur joie (Is.29, 19) :

«Les malheureux trouveront toujours

Plus de joie en Yahvé,

Les plus pauvres des hommes exulteront

À cause du Saint d’Israël. »

Et ils entrent dans la Cité Sainte en compagnie du Christ, arrivant avec ces ‘malheureux’ marchant sur les pas des prophètes (Is.26, 1-4):

« Hymne d’action de grâces.

En ce jour-là, on chantera ce chant au pays de Juda...

Confiez-vous à Yahvé à jamais !

Car Yahvé est un rocher, éternellement…»

C- Les malheureux préparent le Royaume Divin.

Revoyons certains visages représentant de manière spécifique ‘les pauvres  de Dieu’ : les premiers patriarches Abraham, Isaac et Jacob ayant consenti à se séparer de leurs terres, de leurs ethnies et de leurs tribus pour  répondre a l’appel de Yahvé. Rappelons-nous Abram parti en terre étrangère promise par Dieu, attendant Saraï enceinte malgré l’impossibilité de cet événement, aux yeux des hommes ; ensuite présentant son fils en offrande, certain que Dieu ressuscite les morts.

Signalons Moïse, cet homme doux et  complètement misérable (Nb.12, 3) :

« …Moïse était un homme très humble,

L’homme le plus humble que la terre ait porté. »

Et David, transformé de berger en roi d’Israël, refusant d’habiter une maison de cèdre alors que Dieu vit sous une tente (2S.7, 2) (Ps.132, 1-3):

«Prophétie de Natân.

…Vois donc ! J’habite une maison de cèdre et

L’arche de Dieu habite sous une tente de toile. »

«Cantique des montées.

Garde mémoire à David,

Yahvé, de tout son labeur,

Du serment qu’il fit à Yahvé,

De son vœu au Puissant de Jacob :

‘Point n’entrerai sous la tente, ma maison,

Point ne monterai sur le lit de mon repos…

Que je ne trouve un lieu pour Yahvé,… »

Évoquons le prophète Jérémie qui, portant en son corps et en son cœur les souffrances de son peuple, vécut comme un modeste misérable. Dieu l’appelle à son service, il se désiste se sentant faible (Jr.1, 6) :

« … Ah ! Seigneur Yahvé, vraiment,

Je ne sais pas parler, car je suis un enfant ! »

Plus tard, conforté et soutenu par Dieu qui le rend tel une ville consolidée et colonne de fer (Jr.1, 18-19) :

«Voici que moi, aujourd’hui même,

Je t’ai établi comme ville fortifiée,

Colonne de fer et rempart de bronze…

Ils lutteront contre toi,

Mais ne pourront rien…

Car je suis avec toi… »

Jérémie comprend que la fidélité à Dieu coûte cher à l’homme et le serviteur de Dieu est lésé,  voire par ses parents et proches-parents (Jr.12, 6 et 20,7) :

«Car même tes frères et la maison de ton père,

Même eux te trahiront !

Même eux crieront après toi

A pleine voix.

N’aie pas confiance en eux quand

Ils te diront de bonnes paroles. »

« Tu m’as séduit, Yahvé, et je me suis

Laissé séduire ; tu m’as maîtrisé,

Tu as été le plus fort. Je suis prétexte continuel

à la moquerie, la fable de tout le monde. »

Malgré toutes ses peines et afflictions, Jérémie ressent une joie intérieure, les paroles divines le touchant en profondeur  et reconnaissant l’importance de son abandon à Dieu en temps de crise (Jr.15, 16 et 17,17) :

« La vocation renouvelée.

…Ta Parole est mon ravissement

Et l’allégresse de mon cœur.

Car c’est ton nom que je portais,

Yahvé, Dieu Sabaot. »

« Ne sois pas pour moi une cause d’effroi,

Toi, mon refuge au jour du malheur. »

Ses expériences servent d’exemples de vie pour ses disciples (Jr.17, 5-8) :

«…Maudit l’homme qui se confie en l’homme,

Qui fait de la chair son appui

Et dont le cœur s’écarte de Yahvé !

…Béni l’homme qui se confie en Yahvé et

Dont Yahvé est la foi.

Il ressemble à un arbre planté au bord des eaux,

Qui tend ses racines vers le courant… »

Job, entraîné dans ses épreuves et calamites, fait figure d’humble face à toutes ses dépossessions, voire en sa personne et intériorité (Jb.42, 2-6) :

« Je sais que tu es tout-puissant :

Ce que tu conçois, tu peux le réaliser.

…des merveilles qui me dépassent et que j’ignore.

…Je ne te connaissais que par ouï - dire, mais

Maintenant mes yeux t’ont vu,

Aussi je me rétracte  et m’afflige

Sur la poussière et sur la cendre. »

En captivité, Tobie et Sarra vivent dans le respect des commandements divins comme Esther et Judith, instruments divins pour délivrance du peuple.

Parlons enfin du Prophète des pauvres et des miséreux, dévoilé par Isaïe et ayant les traits du Messie, Jésus-Christ (Is.42, 1-9) :

«’Voici mon Serviteur que je soutiens,

Mon élu en qui mon âme se complaît.

J’ai mis sur lui mon esprit,

Il présentera aux nations le droit.

Il ne crie pas, il n’élève pas le ton…

J’ai fait de toi l’alliance du peuple,

La lumière des nations,

Pour ouvrir les yeux des aveugles

Pour extraire…de la prison ceux

Qui habitent les ténèbres.’

Je suis Yahvé, tel est mon nom !... »

Envoyé pour annoncer le salut partout dans le  monde et jusqu’aux recoins les plus éloignés de la terre (Is.49, 6-7) :

« ‘…pour relever les tribus de Jacob et

Ramener les survivants d’Israël,

Je fais de toi la lumière des nations

Pour que mon Salut atteigne

Aux extrémités de la terre.’

Ainsi parle Yahvé, Le Rédempteur,

Le Saint d’Israël. »

Spécialement Envoyé comme consolateur des affligés, des souffrants et des gémissants et pour témoigner de l’avènement prochain du Royaume Céleste (Mt.4, 17) :

« Dès lors jésus se mit À prêcher et à dire:

‘Repentez-vous, car Le Royaume des Ci eux

Est tout proche. »

D- Jésus-Christ.

Saint Paul parle ainsi de Jésus (2Co.8, 9 et Ph.2, 6-8) :

«Vous connaissez, en effet, la libéralité (La grâce)

De Notre Seigneur Jésus-Christ,

Qui pour vous s’est fait pauvre,

De riche qu’il était,

Afin de vous enrichir par sa pauvreté. »

«Garder l’unité dans l’humilité.

Lui qui est de condition divine

N’a pas revendiqué son droit d’être traité

Comme l’égal de Dieu mais il s’est dépouillé

Prenant la condition d’esclave.

Devenant semblable aux hommes

Et reconnu à son aspect comme un homme

Il s’est abaissé devenant obéissant jusqu'à la mort

À la mort sur une croix.  »

Né pauvre à Bethléem, mort dépouillé et dénudé, haï, raillé et crucifié, Jésus aime le pauvre, fréquente les pécheurs et les souffreteux, choisit ses disciples parmi les gens faibles et les sollicite a une totale désaliénation (Lc.14, 33) :

« Renoncer en particulier à tous ses biens.

…Quiconque parmi vous ne renonce pas à tous ses biens

Ne peut être mon disciple. »

En réponse à quelqu’un lui demandant comment devenir parfait, Jésus répond (Mt.19, 1-30) :

«La continence volontaire

Laissez les petits enfants et ne les empêchez pas

De venir à moi ; car c’est à leurs pareils

Qu’appartient le Royaume des Cieux…

Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes

Et donne-le aux pauvres, et tu auras

Un trésor dans les cieux ; Puis viens, suis-moi…

Il est plus facile à un chameau de passer

Par un trou d’aiguille qu’à un riche

D’entrer dans le Royaume des Cieux…

En vérité,…à vous qui m’avez suivi :

Dans la régénération, quand le Fils de l’homme

Siégera sur son trône de gloire,

Vous siégerez aussi…Et quiconque aura laissé

Maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs,

À cause de mon nom, recevra bien davantage et

Aura en héritage la vie éternelle.

Beaucoup de premiers seront derniers,

Et de derniers seront premiers. »

N’est- ce l’appel lancé, écouté et répondu par les pauvres de Dieu au cours de leur vie quotidienne ? Nous ne cessons d’en écouter l’écho jusqu'à aujourd’hui et apprenons de par les vertus enseignées par le Christ Jésus à travers le Sermon sur la Montagne (Mt. 5,1-12):

Heureux les pauvres en esprit,

Car le Royaume des Cieux est à eux.

Heureux les affligés, car ils seront consolés.

Heureux les doux, car ils posséderont la terre…

Heureux les miséricordieux,car ils obtiendront miséricorde… »

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