DÉBORAH ET BARAK.

DÉBORAH ET BARAK.

Le monde oriental ne remémore que les hommes dans son histoire, les femmes représentées à leur suite ou souvent absentes. Il en est de même dans les Premiers Livres : Qui est la femme de Caïn, bien que sa descendance arrive jusqu’au déluge ? Qui est la femme d’Abel, d’Énoch, de Knoch ? Comment s’appelle la femme de Noé qui l’a sans doute aidé à ‘construire son arche ‘, et ses trois enfants  (Gn.7, 1-7) :

«Yahvé dit à Noé :

‘Entre dans l’arche, toi et toute ta famille

…Noé - avec ses fils, sa femme

Et les femmes de ses fils-

Entra dans l’arche… »

En référence  à son époux, la femme l’aide à accueillir ses hôtes dans le meilleur des cas ; et quand préparant des mets, comme  Sara, elle est discrètement invisible, soit dehors, soit présente dans une autre tente. Aucun droit d’être en compagnie des hommes. Nous comprenons l’étonnement des apôtres quand Jésus dialogue avec la Samaritaine, encore anonyme (Jn.4, 27) :

« Là-dessus arrivèrent ses disciples,

Et ils s’étonnaient qu’il parlât à une femme... »

Imaginons Abraham offrant son fils en sacrifice, sa mère ailleurs, sans aucun signalement sur les sentiments maternels à son départ et retour chez lui.

Dans un extrait du Livre des Juges, un rôle primordial est donné à la femme ; Déborah, énergique abeille à domicile ainsi que dans sa quête de  survie de sa tribu et de son peuple (Jg.4, 4-24) :

« En ce temps-là Débora, une prophétesse,

Femme de Lappidot, jugeait Israël.

Elle siégeait sous le palmier…

Elle envoya chercher Baraq… .»

Quant à son mari Lappidot, on en parle accidentellement : la flamme ou  la lampe à feu.

Le second rôle revient aussi à une femme, Yaël la gazelle, distinguée pour la rapidité  d’exécution de ses devoirs, différemment de son mari,  chef d’une assemblée Qénite(les petits-fils éloignés de Caïn), compagnon de Yabïn, roi de Canaan, régnant à Haçor.

Baraq ou l’éclair, est un poltron sollicitant la présence  de Débora pour aller au combat et amoindrir l’angoisse de sa famille. Face à Débora, Yaël a un rôle accessoire ; elle le devance pour punir Sisera, le chef de l’armée de Yabïn, dont le nom est rattaché à la construction, mais en fait qualifié de destructeur, de pillard et de malfaiteur. Héber, ‘l’ami’, agit contrairement à sa femme.

Débora réunit les deux tribus de Zabulon et de Nephtali, secondée par Baraq (Jg.4, 10) :

«Baraq convoqua Zabulon et

Nephtali à Qédesh

Dix mille hommes montèrent sur ses pas

Et Débora monta avec lui. »

Quant à Héber, déserteur de son ethnie, il conspire avec ‘le puissant’ qui menace son peuple. En a-t-il tiré le moindre profit ? Le fait grave est qu’il se met à l’écart de sa tribu bien qu’il en soit le dirigeant, ou celui qui doit s’en occuper et la sauvegarder en temps de crise.

Héber le Qénite plante sa tente près du chêne de Çaanannim, non loin de Qédesh, située entre Nephtali et Yassaer,  deux tribus réunies par Baraq. Ce chêne, signifiant l’emplacement ou ‘ le lieu saint’, comme celui d’Abraham à Mambré (Gn.18, 1) :

«Yahvé lui apparut aux Chênes de Mambré,

Tandis qu’il était assis à l’entrée de la tente,

Au plus chaud du jour. »

Cet endroit est probablement un lieu vénérable pour les cananéens ! Quoi qu’il en soit, Héber fuit le danger, abandonnant sa femme seule à la maison. Ce qui est à son avantage, c’est qu’elle décide d’agir fermement et courageusement de suite, bien que son comportement s’oppose aux devoirs de bienséance et d’hospitalité si honorables dans le  monde oriental antique et dans les Saintes Écritures : Se réfugiant chez elle, Sisera y demande cachette. Ayant le choix de l’abriter et de le protéger en tant qu’ami ou de le refuser, Yaël lui dit (Jg.4, 17-21) :

« …’arrête-toi, Monseigneur,

Arrête-toi chez moi. Ne crains rien !’

Il s’arrêta chez elle sous la tente et

Elle le recouvrit d’un tapis.

Il lui dit : ‘Donne-moi à boire un peu d’eau,

Je te prie, car j’ai soif.’

Elle ouvrit l’outre où était le lait,

Le fit boire et le recouvrit de nouveau.

Il lui dit : ‘ Tiens-toi à l’entrée de la tente,

Et si quelqu’un vient, t’interroge et

Dit :’Y a – t-il un homme ici ?

Tu répondras : Non’.

Mais Yaël, femme de Héber, prit un piquet

De la tente, saisit un marteau dans sa main et,

S’approchant de lui doucement,

Elle lui enfonça dans la tempe le piquet,

Qui se planta en terre.

Il dormait profondément, épuisé de fatigue.

C’est ainsi qu’il mourut.»

Trahissant les règles de l’hospitalité, Yaël  tue Sisera,  sans oublier qu’elle est de la lignée caïnienne, comme le signale la tradition judéo-chrétienne (1 Jn.3, 13-17) :

«Ne vous étonnez pas, frères,

Si le monde vous hait.

Nous savons, nous, que nous

Sommes passés de la mort à la vie,

Parce que nous aimons nos frères,

Celui qui n’aime pas demeure dans la mort.

Quiconque hait son frère est un homicide ;

Or vous savez qu’aucun homicide

N’a la vie éternelle demeurant en lui.

À ceci nous avons connu l’Amour :

… si quelqu’un, jouissant des biens de ce monde,

Voit son frère dans la nécessité

Et lui ferme les entrailles,

Comment l’amour de Dieu

Demeurait-il en lui ?»

Absent entre Zabulon et Nephtali, son mari ne fait pas partie des combattants, ni de sa maisonnée.

Voici le tableau plus ou moins amplifié, mais indiquant le Salut de Yahvé offert à l’attention des hommes en peine. Quelle est cette ville possédant neuf cents machines en fer (Jg.3, 13) :

« Églôn (roi de Moab) s’adjoignit

Les fils d’Ammon et Amaleq,

Marcha contre Israël,

Le battit et prit possession

De la ville des Palmiers.»

Est-ce l’armée égyptienne ou les forces assyro- babyloniennes ? Par ailleurs, deux petites tribus peuvent-elle consolider dix-mille combattants ? (Jg.3, 10) :

«L’esprit de Yahvé fut sur lui :

Il jugea Israël et il partit pour la guerre.

Yahvé livra entre ses mains

Kushân-Risheatayim, roi d’Aram,

Et il triompha de kushân-Risheatayim. »

Les nombres exacts sont signalés par Gédéon (Jg.7, 3-7) :

« …vingt-deux mille homes parmi le peuple

S’en retournèrent et il en resta dix-mille.

Yahvé dit à Gédéon:

‘Ce peuple est encore trop nombreux.

Fais-les descendre au bord de l’eau

Et là, pour toi, je les éprouverai.

Celui dont je te dirai : ‘Qu’il aille avec toi,

Celui-là ira avec toi.

Et tout homme dont je te dirai :

‘Qu’il n’aille pas avec toi,

Celui-là n’ira pas’… »

Les livres de Josué, des Juges, de Samuel et des Rois sont écrits dans un esprit épique, vingt ans plus tard, dans leur dernière version après les captures et viols de l’an 587 av. J.C. et le retour à terre en l’an 538 av. J.C.

L’histoire des Juges précise le sens du nombre 40  (3,11 et 5, 31) :

« Le pays fut alors en repos

Pendant quarante ans… »

« Ainsi périssent tous tes ennemis, Yahvé !

Et ceux qui t’aiment,

Qu’ils soient comme le soleil

Quand il se lève dans sa force !

Et le pays fut en repos

Pendant quarante ans. »

Le nombre quatre-vingt marquant deux générations de vingt ans. Ce qui signifie que l’angoisse peut disparaître, non par la force de l’homme, plutôt par la puissance de Dieu. Yahvé appelle Débora pour faire comprendre à Baraq la volonté divine (Jg.4, 6) :

« Elle envoya chercher Baraq, fils d’Abinoam de

Qédesh en Nephtali et dit :

‘Yahvé, Dieu d’Israël, n’a-t-il pas ordonné :

‘Va, rassemble le mont tabor et

Prends avec toi dix mille hommes

Des fils de Nephtali et des fils de Zabulon.’ »

Et le combat commence, comme entre deux grandes armées, alors qu’en réalité, c’est une petite lutte nous ramenant vers le monde arabe ancien, telle la guerre de « Dahess et Ghabraa’ »et ce qu’elle comporte d’offensives et de défensives.

Originaire de Babel, l’auteur ‘des Juges ‘connait les grandes attaques entre babyloniens et perses, comptant entre des milliers et des dizaines de milliers de guerriers en champ de bataille. Qui est le victorieux ? Débora ? Point. Baraq ? Non plus. Plutôt Yahvé (Jg.4, 15) :

« Yahvé frappa de panique Sisera,

Tous ses chars et toute son armée

Devant Baraq. Sisera,

Descendant de son char, s’enfuit à pied. »

L’affolement gagne toute l’assemblée, surtout les pères de famille. Toutefois, le croyant en une cause et le défenseur de sa terre devient davantage vaillant et intrépide ; et si plus, se fiant en Dieu, il devient  plus courageux et indomptable face à une multitude de combattants et d’engins de guerre (Ps.20, 8-10) :

«Aux uns les chars, aux autres les chevaux,

A nous d’invoquer le nom de Yahvé notre Dieu.

Eux, ils plient, ils tombent,

Nous, debout, nous tenons.

Yahvé, sauve le roi,

Réponds-nous au jour de notre appel. . »

Et le combat s’achève comme toute tuerie (Jg.3, 16) :

« Barak poursuivit les chars et

L’armée jusqu'à Haroshèt-ha-Goyim.

Toute l’armée de Sisera tomba

Sous le tranchant de l’épée ;

Il n’en resta pas un seul. »

Manière littéraire pour présenter la victoire totale de Dieu sur ses ennemis, non ceux qui se sont éloignés de Lui, en agressant son peuple et tout peuple souffrant, tel l’oppression des Israélites en Égypte (Ex.1, 15) :

«Les Égyptiens contraignirent les Israélites

Au travail et leur rendirent la vie amère

Par de durs travaux : Préparation de l’argile,

Moulage des briques, divers travaux des champs,

Toutes sortes de travaux… »

Yahvé dit à Moïse (Ex.3, 7-12) :

«… j’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte.

J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ;

Oui, je connais ses angoisses.

Je suis descendu pour le délivrer

De la main des Égyptiens et

Le faire monter de cette terre

Vers une terre plantureuse et vaste,

Vers une terre qui ruisselle de lait et de miel,

Vers la demeure des Cananéens, des Hittites,

Des Amorites, des Perrizites,

Des Hivvites et des Jébuséens.

Maintenant va, je t’envoie auprès de Pharaon,

Fais sortir d’Égypte mon peuple, les Israélites.

…Je serai avec toi,

Et voici le signe qui te montrera

Que c’est moi qui t’ai envoyé.

Quand tu feras sortir le peuple d’Égypte,

Vous servirez Dieu sur cette montagne. »

Bien mieux, Yahvé engage Moïse en mission de sauvetage (Ex.14, 27-30) :

« … et Yahvé culbuta les Égyptiens

Au milieu de la mer.

Les eaux refluèrent et recouvrirent les chars et

Les cavaliers de toute l’armée de Pharaon,

Qui avaient pénétré derrière eux dans la mer,

Et les eaux leur formèrent une muraille

À droite et à gauche.

Ce jour-là, Yahvé sauva Israël

Des mains des Egyptiens,

Et Israël vit les Egyptiens morts

Au bord de la mer.

Israël vit la prouesse accomplie

Par Yahvé contre les Égyptiens,

Le peuple craignit Yahvé,

Il crut en Yahvé et  en Moïse son serviteur.»

Pour revenir à Débora, la prophétesse, la juge et l’écoutante et l’exécutante de la Parole divine.

Prophétesse comme nous n’en trouvons pas beaucoup dans les Saintes Écritures : Miryam la sœur d’Aaron fut la première, dans le Chant de Victoire (Ex.15, 20-21) :

« Miryam, la prophétesse, sœur d’Aaron,

Prit en main un tambourin et

Toutes les femmes la suivirent avec des tambourins,

Formant des chœurs de danse. Et Miryam leur entonna :

‘Chantez pour Yahvé, car il s’est couvert de gloire.

Il a jeté à la mer cheval et cavalier.’ »

Et tout comme, Débora  entonne son célèbre cantique (Jg.5, 1- 31) :

«… Bénissez Yahvé ! Écoutez, rois  prêtez l’oreille,

Princes ! Moi, pour Yahvé, moi, je chanterai.

Je célébrerai Yahvé, Dieu d’Israël… »

Comme Débora, Hulda, envers qui se dirige le prêtre Hilqiyyahu  et bien des chefs (2R .22, 14-16) :

«Le prêtre Hilqiyyahu, Ahiqam,

Akbor, Shaphân et Asaya

Se rendirent auprès de la prophétesse

Hulda, femme de Shallum

Fils de Tiqva  fils de Harhas,

Le gardien de vêtements ;

Elle habitait à Jérusalem dans la ville neuve.

Ils lui exposèrent la chose et

Elle leur répondit :

‘Ainsi parle Yahvé, Dieu d’Israël.

Dites à l’homme qui vous a envoyés vers moi :

‘Ainsi parle Yahvé.

Je vais amener le malheur sur ce lieu et

Sur ses habitants,

Tout ce que dit le livre qu’a lu le roi de Juda,

Parce qu’ils m’ont abandonnée et

Qu’ils ont sacrifié à d’autres dieux’. »

Ne se suffisant pas de paroles, Débora agit et s’engage (Jg.5, 12-15) :

« Éveille-toi, éveille-toi, Débora !

Courage ! Debout Baraq !

…le peuple de  Yahvé descend pour moi

Parmi les braves.

… les princes d’Issachar sont

Avec Débora, et Nephtali… »

Ailleurs, Isaïe parle de sa femme prophétesse et femme de prophète (Is.8, 3) :

«Puis je m’approchai de la prophétesse,

Elle conçut et enfanta un fils… »

Néhémie cite  la prophétesse Noadiya refusant de le suivre dans des projets de reforme (Ne.6, 14) :

« Souviens-toi, mon Dieu,

De Tobiyya… et aussi de Noadiya, la prophétesse,

Et des autres prophètes… »

Il en est de même de Débora contestant les inactifs, les silencieux et les déserteurs, respectant la tâche de Salut indiquée par Yahvé, suivant l’exemple du Prophète Élie revenant du mont Horeb avec une précise mission divine à accomplir.

Rappelons- nous  le rôle du Prophète ou de la Prophétesse, invités à intégrer  le mystère de l’Écoute Divine, sans crainte d’entretenir Sa parole.  N’est-ce Samuel criant en toute transparence (1S.3, 10) :

« Parle, Seigneur,

Ton serviteur écoute. »

Porteur de l’enseignement sacré au prêtre Éli et  à Saül bien que menacé d’être massacré par ce dernier (1S.16, 2-3) :

« Samuel dit :

‘Comment pourrais-je y aller ?

Saül l’apprendra et il me tuera !’

Mais Yahvé reprit ;

‘… je t’indiquerai moi-même

Ce que tu auras à faire ;

Tu oindras pour moi

Celui que je te dirai. ‘»

Bravant le danger menaçant son peuple, Débora avance en encourageant Baraq (Jg.5, 8-15) :

« On choisissait des dieux nouveaux,

Alors pour cinq villes,

Voyait-on un bouclier ou une lance,

Pour quarante milliers en Israël ?

… Courage ! Debout Baraq.

Alors, il descend vers les princes, le fuyard… »

Débora est femme juge parmi une douzaine d’hommes, dont Gédéon  et Yattah, sauveurs de leurs tribus, et le vaillant Samson qui élimine une assemblée de philistins de cinq cités côtières sur  le littoral athénien,  muni  d’ armes en fer, au lieu d’armements de cuivre et de bronze.

Le juge, homme d’équité, répond aux besoins des gens, les assistant et  épousant la cause du faible face à l’injustice des hommes : le comportement de Débora assise au pied d’un palmier portant son nom, consultée par les fils d’Israël désunis par des querelles individuelles et collectives, comme le jugement de Soliman le magnifique avec les deux prostituées (1R.3, 16-28) :

«… elles se disputaient devant le roi

…’partagez l’enfant vivant en deux et

Donnez la moitie à l’une et

La moitie à l’autre.’

…’s’il te plaît,…qu’on lui donne l’enfant vivant.

…tout Israël apprit le jugement

Qu’avait rendu le roi car

Ils virent qu’il y avait en lui

Une sagesse divine pour rendre la justice. »

Des schismes  de tout ordre (1R.12, 21-24) :

«Roboam…convoqua toute la maison de Juda

Et la tribu de Benjamin, soit cent quatre-vingt mille

Guerriers d’élite, pour combattre

La maison d’Israël …

Mais la parole de Dieu fut adressée à

Shemaya l’homme de Dieu :

‘… n’allez pas vous battre contre vos frères,

Les israélites ; que chacun retourne chez soi,

Car cet événement vient de moi’

Ils écoutèrent la parole de Yahvé et

Prirent le chemin du retour

Comme avait dit Yahvé. »

Débora, réduisant les mésententes tribales après les victoires, comme (Jg.12, 1-7) :

« La guerre entre Éphraïm et Galaad  »

En présence de  prophètes comme Shemaya et Débora, bien de combats intertribaux sont évités.

Jadis, au cours des temps anciens, à Tyr et à Carthage, le juge est gouverneur d’une contrée avec des pouvoirs claniques autour d’un temple unique servi par toute tribu pour un mois annuellement. Le livre de Samuel  en témoigne (1S.3, 19-20 et 7,15-17) :

«Samuel grandit.

Yahvé était avec lui et

Il ne laissa tomber à terre aucune de ses paroles

Tout Israël sut, depuis Dan jusqu'à Bersabée,

Que Samuel était accrédité

Comme prophète de Yahvé. »

« Samuel jugea Israël

Pendant toute sa vie…

Puis il revenait à Rama, car

C’est là qu’il avait sa maison et

Là qu’il jugeait Israël,

Là qu’il construisit un autel

Pour Yahvé. »

Semblable à Samuel, Débora stimule son peuple, le soutenant en crise, et à l’attaque de l’ennemi, elle lutte, via son mari Baraq, l’incitant et lui prodiguant des énergies  jusqu'à la victoire. L’ennemi décampe, leur chef Sisera  en premier et jusqu'à son trépas (Jg.4, 15-16) :

« Yahvé frappa de panique Sisera…

Barak poursuivit les chars et l’armée... »

En écoutant la Parole divine, Debora ressemble énormément à la mère de Samson, personne sans nom, femme de Manoah (ou lieu de repos) et épouse stérile (Jg.13, 3-4) :

« L’Ange de Yahvé apparut à

Cette femme et lui dit :

‘Tu es stérile et tu n’as pas eu d’enfants

Mais tu vas concevoir et

Tu enfanteras un fils...’ »

Informant son mari du message de l’Ange, apeuré, Baraq  dit à sa femme (Jg.13, 22-23) :

« ‘Nous allons certainement mourir,

Car nous avons vu Dieu’.

-‘Si Yahvé avait l’intention de nous faire mourir,

Lui répondit sa femme, il n’aurait accepté de notre main

Ni holocauste ni oblation, il ne nous aurait pas fait voir

Tout cela et, à l’instant même,

Fait entendre pareille chose.’ »

Écoutant la Parole de Dieu en temps de malheur, Débora,  la discerne parmi d’autres parlers exerçant l’intelligence, l’attente et les réflexions calculatrices. L’on ne dit point que Dieu lui apparaît, mais elle parle en Son nom (Jg.13, 6) :

«La femme rentra et dit à son mari :

‘Un homme de Dieu est venu vers moi ;

Son apparence ressemble à celle de

L’Ange de Dieu,

Tant il était redoutable.

Je ne lui ai pas demandé

D’où il venait et il ne m’a pas

Fait connaître son nom’. »

La situation est pareille quand Moïse s’en va vers le Pharaon (Ex.5, 1) :

«Après cela, Moïse et Aaron

Vinrent trouver Pharaon et

Lui dirent :

‘Ainsi parle Yahvé, le Dieu d’Israël :

Laisse partir mon peuple,

Qu’il célèbre une fête pour moi

Dans le désert’. »

En s’adressant à Baraq, Débora peut s’attendre à une réplique  similaire à celle de pharaon : ‘Qui est Yahvé pour que j’écoute sa voix’ ? ou ‘Qui nous garantit que tu parles au nom de Yahvé’ ? Tellement sincère que son mari ne ressent pas la moindre équivoque ; bien qu’effrayé, il lui obéit à l’instant, car si pleine de Dieu. Souvenons-nous de l’état des tribus israélites (Ex. 6,1 et 1R.18, 30) ;

« Les Israelites firent ce qui est mal

Aux yeux de Yahvé ;

Yahvé les livra pendant sept ans

Aux mains de Madiân et la main de

Madiân se fit lourde sur Israël. »

« Élie et Achab.

…Élie répondit :

‘Ce n’est pas moi qui suis le fléau d’Israël,

Mais c’est toi et ta famille,

Parce que vous avez abandonné

Les commandements de Yahvé et

Que tu as suivi les Baals

Maintenant envoie rassembler tout Israël

Près de moi sur le mont Carmel,

Avec les cent cinquante prophètes de Baal,

Et les quatre cents prophètes d’Ashéra,

Qui mangent à la table de Jézabel.’

…’Approchez-vous de moi’ ;

Et tout le peuple s’approcha de lui.

Il répara l’autel de Yahvé

Qui avait été démoli. »

Fort ardu pour Élie d’être l’unique Prophète  de Yahvé parmi des milliers de prêtres  et de prophètes de Baal ainsi que pour Débora sachant sauvegarder sa foi en Dieu Vivant et respecter Ses dires pour sauver son peuple, comme au temps de Samuel (1S.3, 1) ;

« Le jeune Samuel servait donc Yahvé

En présence d’Éli.

La parole de Yahvé était rare en ces jours-là ;

Il n’y avait pas de vision qui perçait. »

Malgré cet état de fait, Samuel, percevant la Parole de Dieu, l’aperçoit en pleine nuit, face au prêtre Éli, au non su de ce dernier (1S.3, 2- 9) :

« Or, un jour, Éli était couché à sa place

- Ses yeux commençaient à faiblir et

Il ne pouvait plus voir –

La lampe de Dieu n’était pas encore éteinte et

Samuel était couché dans

Le sanctuaire de Yahvé,

Là où se trouvait l’arche de Dieu.

Yahvé appela Samuel

Et celui-ci dit :

‘Me voici, puisque tu m’as appelé.’

‘Je ne t’ai pas appelé, dit Éli ;

Retourne te coucher.

Yahvé recommença…

Alors Éli comprit que c’était Yahvé

Qui appelait l’enfant et

Il dit à Samuel :

‘Va te coucher et,

S’il arrive qu’il t’appelle,

Tu diras :

‘Parle, Yahvé, car ton serviteur écoute’,

Et Samuel alla se coucher à sa place. »

Débora écoute Dieu l’appelant à devenir ‘juge’ comme les douze autres juges représentant les douze tribus au milieu des alarmes des habitants  menaçant la cité centrale.

Avisée, elle fait réfléchir Baraq sur son orgueil s’il pense avoir gagné  tout seul. Qui est le chef ? – Sisera, il peut le filer, le tuer ou l’emprisonner et ainsi se termine le combat. Point de force à ce niveau, avec la fragilité humaine. Dieu ‘conduit la guerre’, exigeant du croyant cette oraison : ‘Notre secours vient de Dieu, Créateur du ciel et de la terre ‘; n’est-ce ce qu’avoue Baraq s’il s’approprie les dires de Débora.

Gédéon risque de tomber en une épreuve identique ; il réunit son armée comme celle d’Égypte, d’Assur  et de Babel, peuplades ignorant Dieu le Père, portant leurs idoles sur leurs épaules, des statues de pierre et de bois. Et Yahvé dit à Gédéon (Jg.7, 2-3) :

« … le peuple qui est avec toi est trop

Nombreux pour que je livre  Madiân

Entre tes mains ;

Israël pourrait en tirer gloire

À mes dépens, et dire :

‘C’est ma propre main qui m’a délivré !’

…vingt-deux mille hommes parmi le peuple

S’en retournèrent et il en resta dix mille.»

En seconde étape, Yahvé réduit l’armée de Gédéon ; il n’en reste que trois cent et Gédéon renvoie les israéliens sous sa tente. Nombre plus que suffisant quand l’ennemi comprend que Yahvé ‘guerroie’ pour son peuple.

Conclusion

Méditons et prions. Combien d’illustrations expliquent l’œuvre divine en l’homme, suivant les propos paulistes : Tous, hommes ou femmes, sommes créés égaux, à l’image de Dieu.

Celui qui semble fort  ou ignorant dans l’optique des hommes est faible et sage au regard de Dieu.

C’est ce que nous apprenons des expériences de  Débora,  au cours d’une période étalée depuis Sirach jusqu'à l’ouest jordanien, soit la Palestine au IIème siècle chrétien jusqu'à la royauté de Saül de la tribu de Benjamin et celle de David de la tribu de Juda : une étape durant approximativement deux siècles au cours desquels Dieu assure le Salut, par Gédéon. Toutefois, en fin de vie, Gédéon retourne à ses idoles(Jg.8,26-27) :

« Le poids des anneaux d’or qu’il avait

Demandés s’éleva à mille sept cents sicles d’or,

Sans compter les croissants, les pendants d’oreilles

Et les vêtements de pourpre que

Portaient les rois de Madiân…

Gédéon en fit un éphod qu’il

Plaça dans sa ville, à Ophra.

Tout Israël s’y prostitua après lui

Et ce fut un piège pour Gédéon et sa maison. »

Différemment de Débora qui reste fidèle à Yahvé (Jg.5, 31) :

«…’ainsi périssent tous tes ennemis, Yahvé !

Et ceux qui t’aiment,

Qu’ils soient comme le soleil

Quand il se lève dans sa force. ‘

Et le pays fut en repos pendant quarante ans.»

Relevons quelques citations de Pilon, tirées du ‘ Livre des Antiquités Bibliques’ : ‘À l’approche de sa mort, Débora demande à voir son peuple rassemblé et lui dit  (1S.9, 6) :

«Peuple, écoutez-moi.

En tant que femme de Dieu

(Cf. homme de  Dieu in 1S.9, 6)

Je vous annonce et vous éclaire

Comme représentante des femmes.

Tendez vos oreilles maintenant

A l’écoute de votre mère.

Faites attention a mes dires

Comme ceux de tout voyageur vers l’autre rive.

Me voici aujourd’hui désertant le monde

Comme tout être vivant,

Là où vous irez tous, un jour.

Rivez vos cœurs vers le Seigneur,

Votre Dieu,

Pour le restant de vos jours.

Après ma mort, vous ne pourrez plus faire pénitence,

Ni  regretter le mal effectué en cours d’existence… »

Et l’assemblée de répliquer :

« Vous voilà, ô mère,

Vous quittez, nous délaissant,

Nous, vos enfants.

A qui nous abandonnez-vous ?

Qui s’occupera de nous ?

Priez pour nous tous,

Souvenez-vous de nous,

À jamais, après votre départ. »

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