JOB ET SA FEMME.
Présentons Job le Juste parmi d’illustres personnalités moyen-orientales, réputé pour sa patience à toute épreuve et imploré dans les moments les plus angoissants : ’ Nous quémandons ta constance, ta persévérance, ô Job’ !
Non israélite, probablement de Hauran, dans le sud syrien- si nous localisons Uç en ces lieux- Job fait figure de proue. Le Seigneur conseille les idolâtres et les juge par la bouche d’Ézéchiel (14,13-14) :
« Fils d’homme, si un pays péchait
Contre moi en m’étant infidèle et
Que j’étende la main contre lui,
Détruisant sa réserve de pain et
Lui envoyant la famine
Pour en retrancher bêtes et gens,
Et qu’il n’y ait dans ce pays ces trois hommes
Noé, Daniel et Job,
Ces hommes sauveraient leur vie
Grâce à leur justice,
Oracle du Seigneur Yahvé. »
Noé ne baptise pas uniquement l’histoire hébraïque, mais toute l’histoire humaine en tant que père de Sam, Ham et Japhet qui offrent leurs présents à l’Enfant-Dieu (Mt.2, 11) :
« Entrant alors dans le logis,
Ils virent l’enfant avec Marie sa mère,
Et, se prosternant,
Ils lui rendirent hommage ;
Puis ouvrants leurs cassettes,
Ils lui offrirent…
De l’or, de l’encens et de la myrrhe. »
‘Daniil’ et non Daniel ou ‘ le jugement de Dieu ‘, héros cananéen signalé dans les textes d’Ougarit ou ‘Ras Chamra’, est l’homme droit qui éloigne son père de la royauté, car n’ épargnant ni l’étranger, ni l’orphelin, ni la veuve. Quant à Job, qui est-il ?
1-La personne « Job »
Nom d’origine hébraïque, signifiant ‘l’indocile, le révolté’, Job refuse de se soumettre à Satan sans le connaître, déclinant le blasphème divin malgré les ardues circonstances endurées et les malheurs supportés. Qu’en dit la Bible ? (Jb.1, 3) :
« Il possédait…sept mille brebis,
Trois mille chameaux,
Cinq cents paires de bœufs et
Cinq cents ânesses,
Avec de trop nombreux serviteurs.
Cet homme était le plus fortuné
De tous les fils de l’Orient. »
La Bible signale son immense fortune immense pour mesurer plus tard sa complète démunition, traversée dramatique d’une situation à l’autre. Père d’une grande famille (Jb.1, 2) :
«Sept fils et trois filles lui étaient nés. »
Qu’il perd d’un coup (Jb.1, 18-19) :
«… tes fils et tes filles étaient entrain de
Manger et de boire du vin dans la
Maison de leur frère aîné.
Et voilà qu’un vent violent
A soufflé du désert.
Il a heurté les quatre coins de la maison
Et elle est tombée sur les jeunes gens,
Qui ont péri. Moi seul, j’en ai réchappé
Et suis venu te l’annoncer»
Est-ce ainsi que sont récompensés les hommes justes et les mécréants apaisés ? (Ps.73, 12) :
« Voyez-le : Ce sont des impies,
Et tranquilles toujours, Ils entassent. »
Considérant à l’époque que la richesse et les enfants sont une bénédiction divine (Pr. 3,13-19) :
«Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse…
Dans sa droite : longueur des jours !
Dans sa gauche : richesse et honneur !
Ses chemins sont chemins de délices,
Tous ses sentiers, de bonheur. »
Et dit-on, la fortune sauvegarde la vie, les amis et la dignité humaine (Pr.13, 8 ; 19,4 et 22,4) :
«Rançon d’une vie d’homme : sa richesse. »
« La richesse multiplie les amis,
Mais de son ami, le pauvre est privé. »
«Le fruit de l’humilité,
C’est la crainte de Yahvé,
La richesse, l’honneur et la vie. »
Humble, jamais révolté ou irrespectueux envers Yahvé, Job appréhende ses limites et sa fragilité devant le Tout-Puissant, le craignant et le vénérant (Jb.1, 1) :
« Il y avait jadis, au pays de Uç,
Un homme appelé Job :
Un homme intègre et droit
Qui craignait Dieu et
Se détournait du mal. »
Yahvé en dit beaucoup de bien (Jb.1, 8) :
«…Il n’a point son pareil sur la terre... »
Honnête et vertueux, comme l’indique son nom, (homme intègre et entier), s’éloignant du mal, Job honore les commandements divins, méritant de vivre selon les dires l’évangéliste (Mt.19, 17) :
«… Qu’as-tu à m’interroger sur
Ce qui est bon ?
Un seul est le Bon
Que si tu veux entrer dans la vie,
Observe les commandements. »
Aimé de Jésus, que Lui offrir en retour ? (Mc.10, 21) :
« Alors Jésus fixa sur lui son regard
Et l’aima. Et il lui dit :
‘Une seule chose te manque :
Va, ce que tu as, vends-le et
Donne-le au pauvre, et
Tu auras un trésor dans le ciel ;
Puis viens, suis-moi’. »
Vivre les commandements divins assure à l’être humain une nombreuse famille et un héritage béni (Ps.128, 1-6 et 127, 3-4) :
« Heureux tous ceux qui craignent Yahvé
Et marchent dans ses voies !
Du labeur de tes mains tu te nourriras,
Heur et bonheur pour toi !
Ton épouse : une vigne fructueuse
Au cœur de ta maison.
Tes fils, des plants d’olivier
A l’entour de la table
Voilà de quels biens sera béni
L’homme qui craint Yahvé.
Que Yahvé te bénisse de Sion !
Puisses-tu voir Jérusalem dans le bonheur
Tous les jours de ta vie,
Et voir les fils de tes fils !... »
«L’abandon à la Providence.
C’est l’héritage de Yahvé que des fils,
Récompense que le fruit des entrailles ;
Comme flèches en la main du héros,
Ainsi les fils de la jeunesse. »
Job le Juste perd tout, l’argent et le bétail. Bien plus, il perd tous ses enfants, sans changer de conduite : il accepte toute dépossession avec gratitude, vaincu par sa fragilité physique, atteint d’un mal incurable et écarté de tous (Jb.19, 1-20) :
«Plaintes et Apologie de Job.
Les jours d’antan…
Mes relations s’appliquent à m’éviter.
Mes proches et mes familles ont disparu...
Je suis un étranger à leurs yeux.
Mon haleine répugne à ma femme,…
Même les gamins me témoignent du mépris…
Tous mes intimes m’ont en horreur,…
Mes os sont collés à ma peau…
Pitié, pitié pour moi... »
Malgré et contre tout, démuni, dénué et dépouillé, souffrant et gisant plutôt que vivant, Job supporte, maintient et entretient sa foi (Jb.2, 7-8) :
«…Il(Satan) frappa Job d’un ulcère malin,
Depuis la plante des pieds jusqu’
Au sommet de la tête.
Job prit un tesson pour se gratter et
Il s’installa parmi les cendres. »
Et pourquoi donc est-il si malheureux? Qui en est l’instigateur ?
2-Satan, le tentateur.
Pourquoi la maladie atteint-elle l’homme ? Pourquoi un jeune homme meurt-il en ce monde ? Lisons ce qu’Anne, mère de Samuel chante dans son Cantique (1S.2, 6-7) :
«C’est Yahvé qui fait mourir et vivre,
Qui fait descendre au schéol et en remonter.
C’est Yahvé qui appauvrit et qui enrichit,
Qui abaisse et aussi qui élève. »
Dieu Tout-Puissant attribue la santé et la maladie, la réussite et l’échec. Il procure la royauté de Saül à David, lui disant par la voix de Natân (2S.12, 7-8) :
« …Cet homme, c’est toi !
Ainsi parle Yahvé, Dieu d’Israël :
Je t’ai oint comme roi d’Israël,
Je t’ai délivré de la main de Saül,
Je t’ai donné la maison de ton maître,
…je t’ai donné la maison
D’Israël et de Juda… »
Consultons le Deutéronome (Dt.32, 33) et les Psaumes (Ps.30, 2-3) :
«Cantique de Moïse.
…Voyez maintenant que moi,
Moi, je Le suis et que nul autre avec moi
N’est Dieu !
C’est moi qui fais mourir et Qui fais vivre ;
Quand j’ai frappé, c’est moi qui guéris
Et personne ne délivre de ma main. »
« Je t’exalte. Yahvé, qui m’as relevé,
Tu n’as pas fait rire de moi mes ennemis,
Yahvé mon Dieu, vers toi j’ai crié,
Tu m’as guéri.»
Les Livres Anciens comme celui de Job rédigé après retour d’exil, ne disent point que Dieu expédie les malheurs ; ce sont plutôt œuvre démoniaque, fait précisé quand nous comparons les versets de la fin du Second Livre de Samuel et du Premier Livre des Chroniques (2S.24, 1-15) :
«La colère de Yahvé s’enflamma
Encore contre les Israélites et
Il excita David contre eux :
‘Va, dit-il fais le dénombrement
D’Israël et de Juda’…
Yahvé envoya la peste en Israël
Depuis le matin jusqu’au temps fixé,
Et soixante-dix hommes du peuple
Moururent depuis Dan jusqu'à Bersabée. »
Yahvé incite-t-il David pour le frapper ? Fait injuste (1Ch.21, 1) :
« Satan se dressa contre Israël et
Il incita David à dénombrer les Israélites. »
La mort, c’est Satan, car Dieu n’abandonne point ses bien- aimés. La maladie, c’est Satan. Tout ce qui advient de mauvais au peuple, c’est l’ouvrage de Satan ; ce que nous découvrons dans Les Évangiles : une femme bossue, signe satanique (Lc.13, 11-12) :
« Et voici qu’il y avait là une femme
Ayant depuis dix-huit ans
Un esprit qui la rendait infirme ;
Elle était toute courbée et
Ne pouvait absolument pas se redresser.
Là voyant, Jésus l’interpella et
Lui dit :
‘Femme, te voilà délivrée de ton infirmité’…. »
Où se trouve l’esprit impur ? On n’en parle pas. L’évangéliste aurait pu dire : Il chasse d’elle l’esprit malsain et elle se rétablit ; négligeant l’idée de l’esprit mauvais, il ne s’intéresse qu’à la guérison (Mc.5, 2-20) :
«Le démoniaque gérasénien.
Et aussitôt que Jésus eut débarqué,
Vint à sa rencontre, des tombeaux,
Un homme possédé d’un esprit impur :
Il avait sa demeure dans les tombes et
Personne ne pouvait plus le lier,
Même avec une chaîne, car
Souvent on l’avait lié avec des
Entraves et avec des chaînes…
Personne ne parvenait à le dompter
… poussant des cris et se tailladant
Avec des pierres.
Voyant Jésus de loin, il accourut,
Se prosterna devant lui et cria
D’une voix forte :
‘Que me veux-tu, Jésus
Fils du Dieu Tres-Haut ?
Je t’adjure par Dieu,
Ne me tourmente pas !’
Il lui disait en effet ;
‘Sors de cette homme, esprit impur !’
…l’homme qui avait été possédé
Le priait pour rester en sa compagnie.
...’Va chez toi, auprès des tiens, et
Rapporte-leur tout ce que le Seigneur a fait
Pour toi dans sa miséricorde… »
Dans le Livre de Job, Satan ‘frappe’ : e bétail volé et enfants décédés. Dieu permettant à Satan d’agir, après qu’il ait précisé l’intégrité et la droiture de Job. Satan riposte en disant que le respect de Job envers Yahvé n’est point gratuit vu que ce Juste bénéficie de bienfaits et de richesses terrestres (Jb.1, 9-12) :
« Et le Satan de répliquer :
‘Est-ce pour rien que Job craint Dieu ?
Ne l’as-tu pas entouré d’une haie,
Ainsi que sa maison et son domaine alentour ?
Tu as béni toutes ses entreprises’
Ses troupeaux pullulent dans le pays.
Mais étends la main et touche
À tout ce qu’il possède ;
Je gage qu’il te maudira en face !’
‘Soit ! dit Yahvé au Satan,
Tout ce qu’il possède est en ton pouvoir.
Evite seulement de porter la main sur lui.’… »
Satan tente l’homme mais Dieu lui fixe des bornes : ‘ Évite … de porter la main sur lui.’ La délimitation nous rappelle Saint Paul (1 Cor.10, 12-13) :
«Le point de vue de la prudence et
Les leçons du passé d’Israël.
Ainsi donc, que celui qui se flatte
D’être debout prenne garde de tomber.
Aucune tentation ne vous est survenue,
Qui passât la mesure humaine.
Dieu est fidele ; il ne permettra pas que
Vous soyez tentés au-delà de vos forces ;
Mais avec la tentation, il vous donnera
Le moyen d’en sortir et
La force de la supporter. »
Remarquons qu’aucune tentation ténébreuse ne dépasse la potentialité de l’homme et notre croix est adéquate à nos possibilités et capacités. Et quand il y a une séduction démoniaque, Dieu nous confère la force de nous en débarrasser. N’est-ce le sens de l’âpre expérience de Job ? Le livre sapiential ne parle pas de l’assistance divine mais du calvaire de Job, lequel, en fidèle croyant, s’abandonne à la main de Dieu (Jb.1, 20-22) :
« Satan met Job à l’épreuve.
Alors Job se leva, déchira son vêtement
Et se rasa la tête.
Puis, tombant sur le sol, il se prosterna et dit ;
‘Nu, je suis sorti du sein maternel,
Nu, j’y retournerai.
Yahvé avait donné,
Yahvé a repris ;
Que le nom de Yahvé soit béni !’
En tout cela, Job ne pécha point et
Il n’imputa rien d’indigne à Dieu.»
Objet d’enjeu entre Dieu et Satan, Job signe la victoire du Très-Haut. En seconde tentative, Satan ‘défie’ Yahvé (Jb.2, 4-6) :
« Et Satan de répliquer :
‘Peau après peau.
Tout ce que l’homme possède,
Il le donne pour sa vie !
Mais étends la main,
Touche à ses os et à sa chair et
Je gage qu’il te maudira en face !’
-‘Soit ! dit Yahvé au Satan,
Il est en ton pouvoir mais
Respecte pourtant sa vie’. »
En première épreuve, Job perd ses biens et ses enfants ; de suite, il perd la santé, touché d’un mal qui le transfère au seuil du tombeau. N’a-t-il pu avouer : quel profit tires-Tu de mon trépas ? Te loue-t-on au pays des morts ?
Expérimenté en seconde épreuve et plus résolu que jamais à suivre Dieu jusqu’au bout du tunnel, Job en sort victorieux, sa croix le couronnant (Jb. 2,10) :
« …’si nous accueillons le bonheur
Comme un don de Dieu,
Comment ne pas donc accepter
De même le malheur ! ‘
En tout cela, Job ne pécha point en paroles. »
3-Job et sa femme
Nous avons une opinion négative de sa femme : anonyme, méconnaissant ses sentiments vis-à-vis de son mari et de ses enfants, comme si absente dans les dires poétiques de Job et retirée à cause de sa puanteur. Au cours de ses dures expériences, ne le soutenant pas, mais l’incitant au désespoir (Jb.2, 9) :
«Alors sa femme lui dit :
‘Pourquoi persévérer dans ton intégrité ?
Maudis donc Dieu et meurs !’ »
Elle s’étonne combien son mari est constant dans sa foi, considérant que Dieu se comporte mal à son égard, ignorant comme Job que tout mal provient de Satan, et croyant que Dieu agit. Voire les amis de Job pensent qu’il est châtié pour des péchés commis.
Elle pense lui dire : ‘À quoi bon mener une existence semblable ! Abhorre Dieu, on t’abomine, tu trépasses et te reposes.’
Et la réponse de Job fuse comme une lame (Jb.2, 10) :
«…’tu parles comme une folle’. »
Certes que les propos de cette femme sont insensés, indiquant une vision étroite et émotive de la condition humaine, point profondeur comme relevé en les vers psalmiques (Ps.14, 1-2) :
«L’homme sans Dieu.
L’insensé a dit en son cœur : ‘Non, plus de Dieu !’
Corrompues, abominables leurs actions ;
Personne n’agit bien. Des cieux, Yahvé se penche
Vers les fils d’Adam
Pour voir s’il en est un de sensé,
Un qui cherche Dieu. »
N’existant pas pour les ignorants, Dieu est absent, éloigné, aveugle et sourd comme l’idole des croyances païennes.
Dans La Genèse, la femme naît du ‘cœur’ de l’homme pour l’assister, sensible et délicate, ‘étant os de ses os, chair de sa chair ‘ (Gn.2, 20-23) :
« L’homme donna des noms à tous
Les bestiaux, aux oiseaux du ciel et
À toutes les bêtes sauvages, mais,
Pour un homme, il ne trouve pas
L’aide qui lui fût assortie.
Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur
Sur l’homme, qui s’endormit.
Il prit une de ses côtes et
Referma la chair à sa place.
Puis, de la côte qu’il avait tirée de
L’homme, Yahvé Dieu façonna une femme
Et l’amena à l’homme.
Alors celui-ci s’écria :
‘Pour le coup, c’est l’os de mes os
Et la chair de ma chair !
Celle-ci sera appelée ‘femme’..»
Dans les Anciens Livres Saints, la femme, compagne de l’homme, partage ses joies et ses souffrances tout en symbolisant l’entrée du péché dans le monde. La tradition judaïque rétablit cette relation : quand Job est délaissé de ses amis, sa femme le côtoyant, donne son avis sur ce qui se passe avec son mari, attaché à sa droiture et a son abandon à Dieu, dépassement de toute faiblesse humaine.
Durement atteint, sa femme le soutenant à l’exemple de Sara à l’ombre d’Abraham.
Déplorable situation que celle de job, sa femme se lamentant avec lui et méritant tous deux des éloges divins (Jb.42, 7) :
« …Vous n’avez pas parlé de moi
Avec droiture comme l’a fait mon serviteur
Job. »
Job souffre, sa femme aussi, sans toutefois lui donner l’occasion d’exprimer sa peine en prolongement de la sienne.
Revenons au texte grec pour expliciter la souffrance de la femme de Job restée fidèle à Dieu dans une épreuve exceptionnelle. Atteint dans sa chair par une maladie répugnante et douloureuse, ce héros des anciens temps reste soumis et repousse sa femme lui conseillant de maudire Dieu (Jb.2, 9) :
« Jusqu'à quand diras-tu :
‘Je persévère attendant l’espérance de mon salut ?’
Bientôt ton souvenir s’estompe de la terre.
Tes enfants ont trépassé,
Tes fils et tes filles.
Ma souffrance a transpercé mes entrailles,
Minée de vaines douleurs.
Quant à toi,
Assis sur la putréfaction des vers,
Tu passes tes nuits à l’air libre,
Pendant que je vais à la dérive,
Servante d’un lieu à l’autre,
D’une maison a l’autre,
Attendant le coucher solaire
Pour me reposer de mes lassitudes
Et de souffrances lancinantes. »
Datant du premier siècle avant J.C. , le Testament de Job confère un intérêt majeur à sa femme, intervenant en plusieurs circonstances, vivant une dramatique situation, mendiant pour nourrir son mari. Et, crie-t-elle :
« Job, Job,
Jusqu’à quand restes-tu installé
Sur cendre et sur fumier
Hors de la cité ? Et toi répliquant :
‘Dans quelque temps’.
En attente d’espérance de Salut,
Moi, éperdue, Égarée,
Servante salariée, traversant des trajets…
Souffrante et désespérée, Je travaille en journée
Et même en obscurité, rien que pour t’apporter.
Du pain à manger. Qui ne s’est étonné
Disant à tout venant : ‘N’est-ce Sittis, la femme
De Job ? Échangeant maintenant
Sa chevelure contre du pain blanc?’
Job, Job, Après tout ce qui fut dit,
Je t’avoue en réduit :
‘Mes os sont exténués, mon cœur fragilisé.
Lève-toi, Homme de bonne foi ;
Prends ces miettes, des restes
De festivités. Puis adresse-toi
À Yahvé .Et disparais.
Je me protégerai de mes peines,
De mes chagrins causés
Par les douleurs De ton corps décharné. »
Le prénom de Sittis, épouse de Job se réfère à Ausitis, prénom de Job au VIIème, le Livre de Job retournant à la primitivité où la femme est dite ‘tirée de l’homme’ (Gn.2, 23) :
«Alors celui-ci s’écria :
‘Pour le coup, c’est l’os
De mes os et la chair
De ma chair !
Celle-ci sera appelée ‘femme’,
Car elle est tirée de l’homme, celle-ci !’ »
Hommes et femmes sont au devant Dieu dans la joie et le tourment, la santé et la maladie, dans tous les parcours de la vie ; ils forment à deux un seul corps. Espérons que la femme ait la même responsabilité que l’homme, matérialisant sur terre l’image de l’union du Christ avec Sa Sainte Église.