LÉA ET RACHEL.

LÉA ET RACHEL.

Léa et Rachel, deux sœurs de caractère distinct vivent dans une même tribu. Léa, l’aînée, dont le prénom signifie ‘la vache sauvage’ et Rachel, dont le prénom signifie ‘la brebis’ ou ‘al rakhla’ dans la langue arabe ancienne. Parlons de leur descendance (Gn.35, 23-26 ; 46,8-27) :

« Les fils de Léa : Le premier-né de Jacob,

Ruben, puis Siméon, Lévi, Juda,

Issachar et Zabulon.

Les fils de Rachel : Joseph et benjamin.

Les fils de Bilha, la servante de Rachel :

Dan et Nephtali. »

«Voici les noms des fils d’Israël

Qui vinrent en Égypte, Jacob et ses fils.

Ruben, l’aîné de Jacob, et les fils de Ruben :

Henok, Pallu, Heçroon, karmi.

Les fils de Siméon: Yemuel, Yamîn,

Ohad, Yakîn, Çohar et Shaûl,

Le fils de la cananéenne…

Total des personnes de la famille de Jacob

Qui vinrent en Égypte : soixante-dix. »

1-Entre la femme ‘aimée’ et la femme ‘haïe’.

Présentant brièvement les tribus hébraïques, précisons que chacune d’entre elles possède un emplacement et une tâche spécifiques : Ruben l’aîné ; Lévi, la tribu sacerdotale ; Juda, grand- père de David, la tribu royale ; Joseph, dévoilé, sauve ses frères de la faim (Gn.45, 4-5) :

« .. Je suis Joseph, votre frère,

Que vous avez vendu en Égypte.

Mais maintenant ne soyez pas  chagrins et

Ne vous fâchez pas de m’avoir vendu ici,

Car c’est pour préserver vos vies que

Dieu m’a envoyé en avant de vous. »

Revenons à Léa et Rachel, femmes du même homme Jacob, fils d’Isaac. Les Patriarches du Livre ne respectant pas les enseignements divins  (Mt.19, 4-5 et Gn.2, 24) :

«Il répondit :

N’avez-vous pas lu que le Créateur,

Dès l’origine,

Les fit homme et femme, et qu’il a dit :

Ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère

Pour s’attacher à sa femme,

Et les deux ne feront qu’une seule chair ? »

«C’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère

Et s’attache à sa femme,

Et ils deviennent une seule chair. »

Fuyant son frère Ésaü, Jacob s’en va chez son oncle Laban, quittant la terre de la Palestine d’aujourd’hui et se dirigeant vers Aram, la vallée nordique de l’Irak, proche de Harran.  Là, il rencontre pour la première fois sa cousine Rachel, bergère abreuvant son troupeau ; il l’aide à relever la pierre de dessus le puits, puis  l’embrasse et pleure. Le reconnaissant, elle accourt prévenir son père qui le reçoit à bras ouverts  pour un mois entier (Gn.29, 9-14) :

« …dès qu’il entendit qu’il s’agissait de

Jacob, le fils de sa sœur,

Laban courut à sa rencontre,

Il le serra dans ses bras,

Le couvrit de baisers et le

Conduisit dans sa maison.

…’oui, tu es de mes os et de ma chair !’

Et Jacob demeura chez lui un mois entier. »

Et l’aventure conjugale commence, Jacob assistant son oncle pour sept années, finit par épouser sa cousine  Rachel (Gn.29, 18-19) :

« …‘je te servirai sept années pour Rachel,

Ta fille cadette.’

Laban dit :

‘Mieux vaut la donner à toi

Qu’à un étranger ; reste chez moi.’ »

L’on dit  que sept années passent rapidement pour un amoureux (Gn.29, 20) :

« Donc Jacob servit pour Rachel,

Pendant sept années qui lui parurent

Comme quelques jours,

Tellement il l’aimait. »

L’histoire de Rachel ressemble à d’autres récits bibliques : Rachel, l’aimée, sa sœur, la refusée ; Sarah, la princesse chez Abram, Agar, la servante étrangère qui n’est pas en droit d’être heureuse si elle attend un enfant, ni de vivre librement. Ainsi, est-elle répudiée la première fois, puis avec son fils (Gn.16, 6 ; 21,14) :

«Abram dit à Saraï :

‘Eh bien, ta servante est entre tes mains,

Fais lui comme il te semblera bon.’

Saraï la maltraita tellement

Que l’autre s’enfuit de devant elle. »

«Abraham se leva tôt,

Il prit du pain et une outre d’eau

Qu’il donna à Agar, et il mit

L’enfant sur son épaule, puis il la renvoya. »

De même pour Anne, femme d’Elqana et mère du prophète Samuel  (1 S.1-8) :

«… avait deux femmes :

L’une s’appelait Anne, l’autre Peninna ;

Mais alors que Peninna avait des enfants,

Anne n’en avait point... »

Rachel, si belle et aimée au détriment de sa sœur, jalouse et si laide (Gn.29, 17) :

«Les yeux de Léa étaient doux,

Mais Rachel avait belle tournure et beau visage. .. »

Si aimée de Jacob, pour son apparence extérieure et non estimée pour sa beauté intérieure comme au dire de Yahvé à l’attention d’un descendant de Saül (1S.16, 7) :

«Mais Yahvé dit à Samuel ;

‘Ne considère pas son apparence

Ni la hauteur de sa taille,

Car je l’ai écarté.

Il ne s’agit pas de ce que voient les hommes,

Car ils ne voient que les yeux,

Mais Yahvé voit le cœur. »

Léa ne séduit Jacob comme Bethsabée séduisant David, qui la préfère à toute femme le  suivant  dans ses déplacements et traversées et rend son fils Soliman héritier du trône. Refusée et haïe de tous, Yahvé  compense Léa, en lui donnant de nombreux enfants, alors que Rachel n’a qu’un enfant unique. A son tour d’éprouver de la jalousie envers sa sœur (Gn.30, 1) :

«Rachel, voyant qu’elle-même

Ne donnait pas d’enfants à Jacob,

Devint jalouse de sa sœur et

Elle dit à Jacob :

‘Fais-moi avoir aussi  des enfants

Ou je meurs !’ »

Souffrant de cette dramatique situation, Dieu la rétribue en fertilité maternelle (Gn.29, 35) :

« Yahvé vit que Léa n’était pas aimée

Et il la rendit féconde,

Tandis que Rachel demeurait stérile.

Léa conçut et elle enfanta un fils

Qu’elle appela Ruben, car, dit-elle,

‘Yahvé a vu ma détresse ;

Maintenant mon mari m’aimera.’

Elle conçut encore et enfanta un fils ;

Elle dit :

‘Yahvé a entendu que je n’étais pas aimée

Et il m’a aussi donné celui-ci’ ;

Et elle l’appela Siméon.

Elle conçut encore et elle enfanta un fils ;

Elle dit :

‘Cette fois, mon mari s’attachera a moi,

Car je lui ai donné trois fils’,

Et elle l’appela Lévi.

Elle conçut encore et elle enfanta un fils ;

Elle dit :

‘Cette fois, je rendrai gloire à Yahvé’ ;

C’est pourquoi elle l’appela Juda.

Puis elle cessa d’avoir des enfants. »

Depuis le début, Jacob préfère Rachel, haïssant davantage Léa quand son oncle Laban le leurre, en lui emmenant Léa au crépuscule (Gn.29, 23-30) :

«Mais voici qu’au soir il prit sa fille

Léa et la conduisit à Jacob ;

Et celui-ci s’unit à elle !

…Pourquoi m’as-tu trompé ?

‘Ce n’est pas l’usage dans notre contrée

De marier la plus jeune avant l’aînée.

…Jacob s’unit aussi à Rachel…»

Que remarque-t-on dans ces récits ? Dieu compense en amour la femme qui en manque : Agar la servante acquiert un enfant et Peninna, la seconde femme d’Elqana, n’ayant pas  d’enfants jusque là, en obtient en grand nombre  et en sacrifices (1S.1, 4) :

« Le jour où Elqana sacrifiait,

Il donnait des parts à sa femme Peninna

Et a tous ses fils et filles,

À Anne il donnait une seule part d’honneur,

Car c’est Anne qu’il aimait… »

L’amour de l’homme pour l’une de ses femmes n’ajoute en rien  au regard de Dieu, d’où les paroles de Jacob (Gn.30, 2 et 14-15):

« Jacob s’emporta contre Rachel et dit :

‘Est-ce que je tiens la place de Dieu,

Qui t’a refusé la maternité’ ? »

Et voilà l’échange entre sœurs, au retour de Ruben de la récolte (Gn.30, 14-20) :

« Étant sorti au temps de la moisson des blés,

Ruben trouva dans les champs des pommes d’amour,

Qu’il apporta à sa mère, Léa.

Rachel dit à Léa :

‘Donne-moi, s’il te plait, des pommes

D’amour de ton fils ‘,

Mais Léa lui répondit :

‘N’est-ce donc pas assez que tu m’aies

Pris mon mari, pour que tu prennes aussi

Les pommes d’amour de mon fils ?’

…Léa dit :

‘Dieu m’a fait un beau présent,

Cette fois mon mari m’honorera,

Car je lui ai donné six fils’ ;… »

La loi intervient au sujet de  la femme ‘aimée ‘et celle ‘haïe’, soit celle qu’Il aime  moins que l‘aimée’ (Lc.14, 26-27) :

«Renoncer à tout ce qu’on a de cher.

Si quelqu’un vient à moi sans haïr

Son père, sa mère, sa femme, ses enfants,

Ses frères, ses sœurs,

Et jusqu'à sa propre vie,

Il ne peut être mon disciple.

Quiconque ne porte pas sa croix et

Ne vient pas derrière moi

Ne peut être mon disciple. »

Ce qui signifie que celui qui ne m’aime pas plus que son père et sa mère, en comparaison à l’expression : Jacob aime Rachel plus que Léa.

Que disent les préceptes (Dt. 21, 15-17) ?

« Si un homme a deux femmes,

L’une qu’il aime et l’autre qu’il n’aime pas,

Et que la femme aimée et l’autre

Lui donnent des fils,

S’il arrive que l’aîné soit de la femme qu’il n’aime pas,

Cet homme ne pourra pas, le jour où il attribuera ses biens à ses fils, traiter en aîné le fils de la femme qu’il aime,

Au détriment du fils de la femme

Qu’il n’aime pas, l’aîné véritable.

Mais il reconnaitra l’aîné dans le fils de celle-ci,

En lui donnant double part

De tout ce qu’il possède :

Car ce fils, prémices de sa vigueur,

Détient le droit d’aînesse. »

Dieu exclut l’injustice sociale : les  maintes tentatives de Léa  échouant, Jacob ne cesse d’aimer Rachel plus que sa sœur.

Nous disons pareil pour Abraham qui chasse son aîné, Ismaël, le père n’ayant pas le droit de préférer une femme à une autre, un fils parmi d’autres ; ce que fait Jacob préférant Joseph à ses frères (Gn.37, 3-8) :

«Israël aimait joseph plus

Que tous ses autres enfants,

Car il était le fils de sa vieillesse,

Et il lui fit faire une tunique ornée.

Ses frères virent que son père

L’aimait plus que tous ses autres fils

Et ils le prirent en haine,

Devenus incapables de lui parler amicalement…

Et ils le haïrent encore plus,

À cause de ses rêves et de ses propos.»

Autant d’intérêt historique, ces faits et récits  nous  éduquent ; n’est-ce la réalité quotidienne retracée alors et aujourd’hui, quand le Seigneur dit des propos vrais. Isaac, figure spécifique, n’a aimé que sa femme Rébecca (Gn.24, 67) :

« … elle devint sa femme et

Il l’aima…»

2-Entre la femme fertile et la  femme stérile.

Dans la genèse, nous prenons connaissance du modèle de l’homme et de la femme en  la personnalité d’‘Adam et d’ Ève’, représentant tout couple au départ de sa vie conjugale. ‘Ayant connu’ sa femme, Ève lui donne un fils, Caïn (Gn.4, 1) :

« L’homme connut Ève, sa femme ;

Elle conçut et enfanta Caïn et ‘elle dit :

‘J’ai acquis un homme de par Yahvé’ »

En effet, l’enfant, don divin, il n’est pas permis de se considérer supérieur à une sœur, si Dieu nous donne beaucoup d’enfants.  Dans le récit de Jacob, le Livre ne dit pas que Léa est orgueilleuse vis-à-vis de sa sœur, du fait qu’elle donne à son mari six garçons et une fille car elle ne se soucie que de plaire à son époux (Gn.30, 21) :

« … et elle mit au monde une fille

Et elle l’appela Dina. »

Dans le récit d’Abraham, Sarah est sous-estimée aux yeux d’Agar quand celle-ci est enceinte (Gn.16, 6) :

« …Saraï la maltraita tellement. »

Elle aurait gagné  à répéter les propos de Léa (Gn.29, 32-35) :

« … Yahvé a vu ma détresse ;

Je rendrai gloire à Yahvé... »

De même pour Peninna, la coépouse d’Anne, maltraitée et humiliée car stérile, mais consolée par  son époux (1S.1, 8) :

«… Anne pourquoi pleures-tu

Et ne manges-tu pas ?

Pourquoi ton cœur est-il si triste ?... »

Jadis abondent les idées erronées, l’homme prouvant sa virilité quand épousant maintes femmes. Consultons l’Ecclésiastique pour rappeler les femmes de Soliman (Si.47, 19-20) :

« Tu as livré tes flancs aux femmes,

Et leur a donné pouvoir sur ton corps.

Tu as fait une tache à ta gloire,

Tu as profané ta race,… »

David, point meilleur que son fils, voulant épouser ‘une princesse’, Mikal fille de Saül, en plus de ses autres femmes, et cette princesse le dénigre, quand il s’humilie devant le Dieu-Tout Puissant (2S.6, 16) :

« Or, comme l’arche de Yahvé entrait

Dans la Cité de David, la fille de Saül,

Mikal regardait par la fenêtre,

Et elle vit le roi David qui sautait

Et tournoyait devant Yahvé, et,

Dans son cœur, elle le méprisa. »

Nous savons combien les enfants de ses femmes se font la guerre pour atteindre le royaume. En ce temps-là toute femme mariée se considère sécurisée, malgré la multiplicité des coépouses. N’ayant pas de nom, elle s’identifie fille de tel, femme de tel ou mère de tel. Sans nom, ni personnalité, la jeune fille épouse celui choisi par son père sans le connaître ou l’aimer, sans droit de refus ou de résistance ; où donc voir l’égalité entre l’homme et la femme ? Rien qu’une craintive soumission et une sujétion non conformes aux Saintes Écritures, la femme  jointe au ‘cœur’ de l’homme, une fois ‘extraite’ de sa poitrine (Gn.2, 21-22) :

« Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur

Sur l’homme, qui s’endormit.

Il prit une de ses côtes et

Referma la chair à sa place.

Puis de la côte qu’il avait tirée de l’homme,

Yahvé Dieu façonna une femme

Et l’amena à l’homme. »

Expression imagée du rapport entre l’homme et la femme unis dans le mariage. ‘Os de ses os, chair de sa chair’, elle n’est donc pas simplement le serviteur de ses enfants et la consentante aux plaisirs charnels, mais une personne  à part entière, comme son époux.

Le tort qu’on lui réserve, est qu’elle doit lui donner beaucoup d’enfants pour qu’il s’attache à elle ; tel l’objectif de Léa et bien des femmes jusqu'à  nos jours. La cause revient au fait qu’un nombre intéressant d’enfants est une bénédiction dans les travaux champêtres, surtout quand la femme devient la ‘propriété’ de son homme et qu’il en fait ce qu’il veut, la vendre, la répudier ou tôt l’engager  dans le travail.

De telles conceptions ne sont pas bibliques, plutôt des vues et des interprétations modifiées (Gn.30, 25) :

«Lorsque Rachel eut enfanté Joseph,... »

Joseph se distingue de ses frères par sa vertu et son obéissance paternelle. Sa clémence dévoile sa proximité et son abandon divins. Tel Samuel, fils d’Anne la femme stérile, si différent des frères de Peninna et dont le nom est oublié  comme n’ayant pas  existé, alors que  Samuel est celui qui, suite à l’appel de Yahvé, entame sa vocation (1S.3, 10) :

«Yahvé vint et se tint présent.

Il appela comme les autres fois ;

‘Samuel, Samuel !’,

Et Samuel répondit :

‘Parle, car ton serviteur écoute.’ »

L’on en dit  (1S.3, 19-21) :

« Samuel grandit.

Yahvé était avec lui et

Il ne laissa tomber à terre

Aucune de ses paroles.

Tout Israël sut,

Depuis Dan jusqu'à Bersabée,

Que Samuel était accrédité

Comme prophète de Yahvé.

Yahvé continua à se manifester à Silo ;

Car Yahvé se révélait à Samuel à Silo,

Par la parole de Yahvé. »

A cet effet, Anne, la maman de Samuel, entonne ce Cantique (1S.2, 1-9):

«Anne pria et dit :

‘Mon cœur exulte en Yahvé,

Ma corne s’élève en Yahvé,

Ma bouche est large ouverte

Comme mes ennemis,

Car je me réjouis en ton secours.

Point de saint comme Yahvé

(Car il n’y a personne excepte toi),

Point de rocher comme notre Dieu.

Ne multipliez pas les paroles hautaines,

Que l’arrogance ne sorte pas de votre bouche,

Car Yahvé est un Dieu plein de savoir

Et par lui les actions sont pesées.

L’arc des puissants est brisé,

Mais les défaillants se ceignent de force.

Les rassasiés s’embauchent pour du pain,

Mais les affamés cessent de travailler.

La femme stérile enfante sept fois,

Mais celle qui a de nombreux fils se flétrit.

C’est Yahvé qui fait mourir et vivre,

Qui fait descendre au schéol et en remonter.

C’est Yahvé qui appauvrit et qui enrichit,

Qui abaisse et aussi qui élève.

Il retire de la poussière le faible,

Du fumier il relève le pauvre,

Pour les faire asseoir avec les nobles

Et leur assigner un siège d’honneur ;

Car à Yahvé sont les piliers de la terre,

Sur eux il a posé le monde.

Il garde les pas de ses fideles,

Mais les méchants disparaissent dans les ténèbres

(Car ce n’est pas par la force que l’homme triomphe).

Yahvé, ses ennemis sont brisés,

Le Très-Haut tonne dans les cieux.

Yahvé juge les confins de la terre,

Il donne la force à son Roi,

Il élève la corne de son oint’. »

Rachel enfante Joseph, l’équivalent de tant d’enfants, le nombre sept indiquant le plein et le parfait et Anne enfante Samuel.

Isaac, fils d’Abraham, est un anneau dans la chaîne du pacte entre Abram et les Patriarches  hébraïques. Jean-Baptiste, longtemps attendu par sa mère, craint d’être traqué par la honte, la stérilité étant tenue pour un déshonneur et un châtiment (Lc.1, 25) :

« ‘Voilà donc, disait-elle (Elizabeth),

Ce qu’a fait pour moi le Seigneur,

Au temps où il lui a plu d’enlever

Mon opprobre parmi les hommes !’. »

Mais personne n’est identique à Jean-Baptiste parmi les engendrés en ce monde (Lc.7, 28) :

« Je vous le dis :

De plus grand que Jean

Parmi les enfants des femmes,

Il n’y en a pas ;

Et cependant le plus petit

Dans le Royaume de Dieu

Est plus grand que lui. »

Estimant que la femme fertile est bénie par Dieu alors que celle stérile est de la lignée des serpents (Jb.15, 34-35) :

« Oui, l’engeance de l’impie est stérile,

Un feu dévore la tente de l’homme vénal.

Qui conçoit la peine engendre le malheur

Et prépare en soi un fruit de déception. »

La femme inféconde, dite ‘pécheresse’, vit dans la peur alors que la Bible la flatte sous le titre ‘Mieux vaut la stérilité qu’une postérité impie’ (Sg.3, 13) :

«Heureuse la femme stérile

Qui est sans tache,

Celle qui n’a pas connu

D’union coupable ;

Car elle aura du fruit

À la visite des âmes. »

Car la piété est plus grande que toute chose, et ce que fait Saraï quand elle offre sa ‘servante’ Agar à son mari, est chrétiennement inconcevable ; n’est-ce un adultère en bonne et due forme ? Et quand Agar accouche, Saraï considère son mari injuste.

Avoir beaucoup  d’enfants est bénéfique quand ils sont hommes de bien, mais combien exécrables quand mauvais. Repensons  aux enfants de Léa quand, voulant se débarrasser de leur frère Joseph, si endurcis de cœur, ils le jettent dans un puits (Gn.37, 23-25) :

« … lorsque Joseph arriva près de ses frères,

Ils le dépouillèrent de sa tunique,

La tunique ornée qu’il portait.

Ils se saisirent de lui et

Le jetèrent dans la citerne ;

C’était une citerne vide

Où il n’y avait pas d’eau.

Puis ils s’assirent pour manger.»

Sans retour de conscience, un frère vendu et une conduite sournoise et mensongère  (Si.16, 1-6) :

«Malédiction des impies.

Ne désire pas une nombreuse descendance de propres à rien

Et ne mets pas ta joie dans des fils impies.

Quel que soit leur nombre, ne te réjouis pas

S’ils ne possèdent pas la crainte de Dieu.

Ne compte pas pour eux sur une longue vie,

Ne t’attends pas à ce qu’ils durent,

Car tu gémiras d’un deuil prématuré,

Soudain tu connaîtras leur fin.

Oui, mieux vaut un seul que mille,

Et mourir sans enfants qu’avoir des fils impies.

Par un seul homme intelligent une ville se peuple,

Mais la race des pervers sera détruite.

J’ai vu de mes yeux beaucoup  de choses semblables,

Et de mes oreilles j’en ai entendu de plus fortes.

Dans l’assemblée des pécheurs s’allume le feu,

Dans la race rebelle s’est enflammée la Colère… »

Comment présenter Samuel, fils d’une femme stérile, en comparaison  aux fils d’Éli le prêtre, (1S.2, 12) :

« Or les fils d’Éli étaient des vauriens ;

Ils ne connaissaient pas Yahvé. »

Ainsi que Joseph face à ses frères détruisant la ville de Sikkim après leur circoncision (Gn.34, 25) :

«Or, le troisième jour, tandis qu’ils étaient souffrants,

Les deux fils de Jacob, Siméon et Lévi,

Les frères de Dina, prirent chacun son épée

Et marchèrent sans opposition contre la ville ;

Ils tuèrent tous les mâles. »

Quant aux bénédictions de Jacob (Gn.49, 3-6) :

« …Écoutez Israël, votre père.

Ruben, tu es mon premier- né,

Ma vigueur, les prémices de ma virilité,

Comble de fierté et comble de force,

Un débordement comme les eaux :

Tu ne seras pas comblé

Car tu es monté sur le lit de ton père,

Alors tu as profané ma couche !

Siméon et Lévi sont frères,

Leurs traités sont des instruments de violence.

Que mon âme n’entre pas en leur conseil,

Que mon cœur ne s’unisse pas à leur groupe,

Car dans leur colère, ils ont tué des hommes,

Dans leurs dérèglements, mutilé des taureaux... »

Avant la naissance d’Ismaël (Gn.16, 11-12) :

« L’ange de Yahvé…dit :

‘Tu es enceinte et tu enfanteras un fils,

Et tu lui donneras le nom d’Ismaël,

Car Yahvé a entendu ta détresse.

Celui-là sera un onagre d’homme,

Sa main contre tous,

La main de tous contre lui,

Il s’établira à la face de tous ses frères’.»

Conclusion

Combien d’enseignements à puiser des figures de Léa et de Rachel– dont le déni de la polygamie (par exemple, comme signalé dans un quotidien, une multiplicité de 86 épouses) et de la jalousie en famille.

Combien malheureuse est toute femme, étrangère  et ignorée parmi tant de coépouses, acceptant de léser sa propre dignité et celle de son mari. Léa, tout comme Rachel, stérile, se faisant suppléer, pour avoir des enfants. Où est le sens sacré de la famille, quand garantir des enfants devient une forme de ‘recette industrielle’ ?

Voire pour le conjoint, cohabitant  injustement avec plusieurs compagnes. Pourquoi ne vit-on pas l’idéal évangélique ? À chaque homme sa conjointe et à chaque femme, son conjoint. La multiplicité de femmes est une affaire ardue et irrespectueuse. Pour la gloire divine, que l’homme prenne en exemple Soliman le sage, sauf en sa polyandrie.

Contestons le comportement hautain et dédaigneux de Laud envers sa sœur stérile : l’enfant est un don de Dieu et toute femme qui en donne accomplit son amour conjugal. Sinon, s’ouvrant aux activités sociales et refusant de s’isoler, elle sublime ses besoins sans se révolter ni souffrir à la vue d’un enfant, épousant la grande famille humaine, dépréciant sa stérilité, car convertie en grâce et dons amplifiés. Telle une consacrée à vocation de choix, n’ayant pas de famille et se sanctifiant corps et âme (1Cor.7, 32-34) :

«Je voudrais vous voir

Exempts de soucis.

L’homme qui n’est pas marié

A souci des affaires du Seigneur,

Des moyens de plaire au Seigneur.

Celui qui s’est marié a souci des affaires du monde,

Des moyens de plaire à sa femme.

De même la femme sans mari,

Comme la jeune fille,

A souci des affaires du Seigneur ;

Elle cherche à être sainte de corps et d’esprit... »

Telles les femmes, tels les hommes, Rachel et Jacob, Saraï et Abraham, Anne et Elqana.

Copyright © 2017 BOULOS FEGHALI. SITE by OSITCOM ltd
Webmaster by P. Michel Rouhana OAM