L’Eglise arménienne

L’Eglise arménienne

L’Ancien Testament donne à l’Arménie une place de choix. Ses frontières correspondent au jardin d’Eden, et l’arche de Noé s’arrêta sur le mont Ararat. Les prophètes ont parlé des peuples d’Ararat.
l’Arménie n’est pas citée dans le Nouveau Testament: quand, au chapitre 2 des Actes, Luc parle des peuples qui furent en contact avec la chrétienté naissante, il ne cite pas l’Arménie qui ne connut le christianisme qu’au IIe siécle. Cependant nous trouvons en évangile apocryphe, l’évangile arménien de l’enfance dont l’original syriaque perdu n’existe plus que dans cette seule traduction arménienne. On y cite les noms des mages qui ont visité le Christ dans la grotte de Bethléem: Gaspard, Maladoun, Baghdasar. Ces noms étant très utilisés chez les Arméniens.
Le christianisme s’est implanté tôt en Arménie. La tradition ecclésiastique dit que les sisciples Thaddée et Bartholomée ont évangélisé l’Arménie dès le 1er siècle. Les sources historiques affirment qu’il y avait beaucoup de chrétiens en Arménie du Sud, grâce aux prédicateurs syriens venus d’Edesse (Rouha, Yrfa en Turquie actuelle). Mais il faut attendre Grégoire l’Illuminateur pour voir le roi Dartad se convertir avec toute sa cour, en 301. L’Arménie devint alors le premier Etat à adopter le christianisme comme religion officielle. En 2001, les Arméniens vont célébrer les 1700 ans de leur baptême.
Grégoire fut sacré évêque par l’évêque de Cappadoce. Il organisa la catéchèse et la liturgie et bâtit une église à Etchmidzin (descente du Fils Unique). Narsès organisa la vie monastique et les diocèses; Mesrop inventa l’alphabet arménien composé de trente-six lettres. Beaucoup de livres furent alors traduits, depuis la Bible jusqu’aux Pères de l’Eglise. Et nombreuses sont les œuvres (syriaques ou autres) qui n’existent plus qu’en arménien.
L’Eglise arménienne accepta les trois premiers conciles œcuméniques, mais refusa le concile de Chalcédoine (451) car elle n’y avait pas pris part, étant engagée dans une guerre contre les Perses. Par la suite, des malentendus dans l’interprétation de ce concile conduisirent l’Eglise arménienne à se séparer de l’Eglise byzantine et de l’Eglise latine. Elle se retrouva du même côté que les Eglises antéchalcédoniennes: coptes, jacobites et éthiopiens. Elle fut appelée monophysite (qui confesse une seule nature dans le Christ) sans raison, puisqu’elle refusa l’enseignement d’Eutychès et confessa que Jésus Christ est vraiment homme et vraiment Dieu. Par la suite, quelques communautés arméniennes acceptèrent Chalcédoine et se retrouvèrent donc en communion avec l’Eglise de Byzance: c’est le noyau de la future Eglise arménienne catholique.
L’Eglise arméniene chercha à subsister malgré les attaques aabes, à cette époque celles des Seldjoukides, et réussit même à se développer en Cilicie où elle transporta son siège patriarcal. Avec l’arrivée des croisés, elle s’ouvrit à l’Europe et connut un mouvement œcuménique comme l’Eglise syriaque et l’Eglise byzantine. Elle prit part au concile de Florence en 1433 et faillit proclamer sa communion avec l’Eglise de Rome en 1439. Mais ce courant unitaire fut stoppé par le évêques de la Grande Arménie.
Les Seldjoukides, puis les Mongols attaquèrent la Cilicie et l’on chercha à ramener le patriarche de Cilicie à Etchmiadzin. Devant son refus, l’Eglise arménienne se scinda en deux, en 1441. Cette situation perdure encore aujourd’hui: il y a deux Catholicos, l’un en Arménie et l’autre au liban (Antélis) depuis qu’il a quitté la Cilicie. On créa aussi un patriarcat à Jéruslem et un autre à Constantinople.
Au début du XVIIIe siècle, le courant chalcédonien refit surface avec le moine Mekhitaar Sipasdatsi (1676-1746) qui créa les Pères Mekhitaristes, en 1701. Devant l’opposition croissante, ces moines s’enfuirent dans l’île Saint-Lazare, près de Venise en Italie. Cet ordre religieux fut créé: l’ordre antonin. Il suit les règles d’un ordre maronite du même nom. Au début du XXe siècle, cet ordre rejoignit les Mekhitaristes à Bzommar, au Liban.
En 1740, L’évêque d’Alep, Abraham Ardzivian, devint patriarche des Arméniens catholiques; il partit à Rome où il reçut le pallium des mains de Benoît XIV. Ne pouvant revenir à Alep à cause de l’autorité ottomane, qui ne reconnaissait que le patriarche arménien orthodoxe, il fut obligé de s’exiler au Liban et de s’y installer. Il fallut attendre 1830 pour que l’autonomie de l’Eglise arménienne catholique soit reconnue par Istanbul. L’année 1915 fut marquée par le grand massacre des Arméniens quelque soit leur confession religieuse, soit un million et demi de martyrs. A la fin de la Première Guerre mondiale, en 1920, il n’y avait plus d’Arméniens en Turquie, si ce n’est à Istanbul. par la suite, les Arméniens essavèrent de sauver ce qui pouvait l’être. Il existe une Eglise en Arménie avec sa capitale Erevan et une autre dans la diaspora, qui s’étend jusqu’aux Etats-Unis. Mais un nombre important d’Arméniens vit toujours au Moyen-Orient, surtout au Liban et en Syrie. Ils restent fidèles à leur liturgie, à leurs coutumes et à leur langue, mais ils ont su s’acclimater dans les pays d’accueil.
A présent les Arméniens sont quelque 6.000.000, dont 600.000 catholiques, ce qui représente 10% de la population. Un certain nombre d’Arméniens sont passés au protestantisme. La liturgie et la langue utilisée sont les mêmes dans les Eglises orthodoxe et catholique qui se repectent mutuellement, attendant le jour où elles seront réunies comme elles l’étaient dans les premiers siècles de l’Eglise.
(Traduction de l’arabe par Paul Féghaly)

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