Le livre du bon chemin

 

Le livre du bon chemin

 

De tout ce qu’on dit de l’Ancien Testament, nous posons un thème qui, peut-être, ne plaira pas au lecteur. Ces « livres » nous indiquent-ils le chemin du bien? Cela s’oppose aux points de vue de plusieurs personnes. Le mal est présent dès le début de la création du monde, à tel point qu’on a dit de Dieu qu’il avait regretté d’avoir créé l’homme; pour cela, il lui a rendu la vie plus courte. Mais Dieu aurait-il échoué alors que c’est Lui qui a créé tous les éléments de l’univers et les a trouvés « bons » et s’en est réjoui? Lorsqu’il créa l’homme à son image, il fut ravi parce qu’il a trouvé que ce qu’il avait fait était très « bon ». Non, Dieu n’a pas échoué; mais il a accepté l’homme malgré sa faiblesse, son laisser-aller, son péché, sa révolte contre son créateur, et il a essayé de l’élever, de lui indiquer le droit chemin. Sans doute, Caïn a commis un crime mais Dieu n’était pas d’accord avec son acte, il  l’a même prévenu avant de commettre son fratricide. Lorsqu’il fit son crime, Dieu l’appela au pardon, au repentir et le préserva de la vengeance de peur que la vengeance ne mette fin aux deux tribus adverses. Son jugement était sévère contre Lamek qui n’a pas voulu mettre fin à la vengeance : « J’ai tué un homme pour une blessure, et un enfant pour une meurtrissure. Oui, Caïn sera vengé sept fois mais Lamek soixante-dix-sept fois ». Certes, le livre saint est le livre de la voie du bien. D’abord, Dieu juge les actes des hommes dans le cadre du bien; ensuite, il présente les commandements et les obligations qui nous mettent en garde contre le péché et nous disent : « Soyez saints, (éloignez-vous des impies et de leurs actes) comme je le suis ». Et dans la troisième partie, les prophètes, envoyés spéciaux de Dieu, nous apprennent la manière d’éviter le mal et de faire le bien.

 

La colère du Seigneur

 

Lorsque nous lisons le verbe « s’irriter » et l’appliquons au Seigneur, nous imaginons que le Seigneur se conduit d’une façon humaine. Pourtant, il a dit dans le livre d’Osée : « Je suis un Dieu et non un homme. Je suis le Très-Saint parmi vous et je ne me comporte pas comme les hommes ». La colère de Dieu est une tristesse, une amertume pour ses enfants. Il a rejeté tous leurs actes. N’a-t-il pas été affligé lorsque Caïn tua Abel? N’a-t-il pas été affligé du mal qui régna sur toute la terre? Ce mal parut comme un déluge qui déracine l’humanité tout entière, non une petite région en Mésopotamie noyée par le fleuve Diglat que les Grecs appellent « le Tigre ».

Que dirons-nous d’Abraham qui partit en Égypte avec sa femme Sara? Il s’est débrouillé : « Dis que tu es ma sœur, ainsi, ils te prendront, ils feront de toi ce qu’ils veulent et moi je serai en paix »! La femme est faible et son mari l’a livrée au Pharaon.

Mais le Seigneur prend soin des faibles; il prit soin de Sara d’autant plus qu’elle porte le fruit de l’alliance : Isaac. Le Seigneur dit à Abraham : « Par Isaac, tu auras une descendance ». Mais si Sara devient la femme de Pharaon, quel serait alors le résultat? Le Seigneur préserva Sara, et Abraham fut chassé de l’Égypte. Il retourna en Palestine où sévissait la famine. Mais lui était très riche, et non pauvre, bien qu’il fût déraciné à deux reprises. Or, le livre dit : « Abram (ou Abraham) était très riche en bétail, en or et en argent ». D’où Abraham avait-il tout cet or et tout cet argent? Son commerce était-il si réussi? Ou bien a-t-il acquis toute cette richesse d’une autre source?

Ce que nous avons dit d’Abraham, nous pouvons le dire de Jacob qui trompa son frère lorsqu’il l’obligea à vendre son droit d’aînesse moyennant un plat de lentilles; il dupa son père qui était aveugle. Alors, il se couvrit les mains de peau de chevreau et il mit un obstacle entre lui et son père de façon qu’Isaac ne pût voir celui qu’il bénissait. Il lui dit : « La voix, c’est celle de Jacob, mais les mains sont celles d’Ésaü! » C’est le péché de Jacob et celui de sa mère Rébecca. Quel en était le résultat? Les deux fils se sont éloignés de leur mère : l’un émigra et l’autre rompit avec sa mère. Lorsque Jacob reviendra de chez son oncle après vingt ans de fatigue, avec ses enfants, ses femmes et les biens qu’il avait amassés, sa mère était déjà morte. Mais Jacob fut obligé de se soumettre à son frère et de lui envoyer des présents d’autant plus qu’il avait appris que son frère Ésaü arrivait, accompagné de quatre cents hommes. Que fit-il? « Il se prosterna à terre sept fois jusqu’à ce qu’il fût proche de son frère ».

C’est le livre qui invite l’homme d’une manière indirecte à suivre le chemin du bien, comme cela s’est passé avec Ruth, la Moabite : elle retourna à Bethléem et elle eut une descendance, et quelle descendance! Quant à son beau-père, son époux, et son beau-frère, ils ont disparu comme si la terre les avait engloutis. Et Orpa, la belle-sœur de Ruth, elle s’en est retournée vers son peuple, ses parents et elle ne fit pas partie de la lignée de Jésus-Christ.

Un autre appel se présente d’une façon claire. David a péché; alors Nathan lui rappela les commandements; et suite à ce péché, il perdit l’enfant de Bethsabée, l’enfant de l’adultère et du meurtre. Achab et sa femme ont appelé des faux témoins, ils ont condamné Naboth à mort, par lapidation. Le roi s’en alla pour prendre possession de la terre de Naboth, Elie l’avait devancé. Il lui dit : « Tu as vendu ton âme au mal, au diable ». Le châtiment tombera sur toi et sur ta femme. La menace d’Élie ressemble à un appel au repentir. Le roi se ressaisit : « Quand le roi Achab entendit les paroles d’Élie, il déchira ses vêtements, se mit un sac à même la peau et jeûna; il dormait sur ce sac et marchait la tête baissée ». Ce sont les signes du repentir que Dieu apprécia; il dit alors à Élie : « As-tu vu comment Achab s’est humilié devant moi?! » Et Salomon le Sage, considéré comme le roi le plus puissant de Juda, à qui il fut donné le droit de construire le temple, fut condamné par Ahiyya de Silo (de la ville de Silo). Le Seigneur dit : « Je fais cela parce que Salomon m’a abandonné… parce que Salomon n’a pas marché dans mes chemins, ni gardé mes commandements et mes lois… ».. En fait, le royaume s’est divisé au temps de son fils Roboam. La raison : le roi a rendu le joug sur son peuple encore plus pesant et l’a traité avec les fouets. C’est ainsi que le royaume de Juda devint une petite région de deux tribus, face au royaume d’Israël qui s’étendait sur dix tribus.

 

Sur le Mont de Sinaï

 

Le Seigneur a affranchi les compagnons de Moïse de la servitude d’Égypte. Ils n’étaient pas des gens disciplinés allant dans la campagne l’une derrière l’autre, comme s’ils étaient dans un pèlerinage. Le livre les a appelés à deux reprises : un ramassis de gens, des hors-la-loi, pauvres et sans toit. Ce sont des esclaves qui ont refusé de rester auprès de leurs maîtres, des serviteurs dans les palais de Pharaon et dans ses fermes. A les regarder, nous remarquons que ce sont, apparemment, des roturiers, le bas-peuple. A peine eurent-ils traversé la Mer Rouge qu’ils se mirent à murmurer contre Moïse et à s’insurger ensuite contre Dieu. Ils s’étaient habitués à l’eau du fleuve « le Nil ». Quant à l’eau qu’ils ont bue dans le désert, elle était amère, saumâtre

Et depuis, Moïse les a appelés à suivre le chemin du bien. « Il mit des principes et des décrets », et il leur dit : « Si vous écoutez la voix du Seigneur, votre Dieu, et vous allez droit et correctement devant Lui, si vous écoutez ses commandements et respectez toutes ses lois… ». Décrets, jugements, commandements : tel est l’appel de Dieu au début de cette marche dans le désert. Plus tard, le Seigneur apprendra à ce peuple à se fier à lui sans avoir peur du lendemain, à éviter tout approvisionnement égoïste qui montre la cupidité et la voracité. « La manne » arrive chaque matin, et fond au lever du soleil. Tôt, le peuple sort et chacun prend selon ses besoins; celui qui garde une partie pour le lendemain, elle sera puante et infestée de vers; puis, le jour du Sabbat, ils ne trouveront rien à recueillir et à ramasser. Pourtant, certaines personnes sont parties comme d’habitude; cette mise à l’épreuve est ravissante; elle a appris au peuple qui aurait dû apprendre; mais le peuple refusa de changer d’attitude. « Ils murmurent contre Moïse, contre Dieu, à propos de l’eau et du moindre danger, jusqu’à l’arrivée au Mont de Sinaï ».

Ils se tinrent debout tout autour du Mont comme s’ils étaient autour d’un autel. Ils écoutèrent les dix commandements et toutes les interdictions : Ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas… Ces interdictions font suite à deux commandements : la consécration du jour du Seigneur et le respect des parents.

Ces dix commandements sont suivis de préceptes moraux. Dans le livre saint, ce ne sont pas les gens qui jugent ce qui est mal et ce qui est bien, comme « Adam » a voulu faire au commencement de l’humanité, sinon, ils deviendraient comme Dieu. C’est pourquoi Dieu parla de la façon de traiter les esclaves, ensuite du meurtre et des coups : qui frappe son père ou sa mère, qui enlève quelqu’un pour le vendre, si quelqu’un frappe son serviteur ou sa servante… si un bœuf frappe de la corne… si quelqu’un creuse un puits, si quelqu’un vole un bœuf ou un mouton… si un homme fait pâturer un champ ou une vigne… si un feu se propage et dévore gerbiers, ou champs…

De nombreux détails tirés de la vie quotidienne seront à l’origine des droits et des obligations dans les sociétés; jusqu’à présent, ces droits et ces obligations sont suivis avec une certaine évolution dans la plupart des civilisations. Plus loin que les lois juridiques, ce sont des conseils concernant l’amour, le dépassement : « Si tu trouves le taureau de ton ennemi ou son âne, rends-le lui; si tu vois l’âne de celui qui t’en veut, gisant sous son fardeau, loin de l’abandonner, tu l’aideras à soulever la charge ».

Ensuite, sois juste avec le malheureux, indulgent avec l’étranger « parce que vous étiez des étrangers en Égypte ». Le législateur ne doit pas oublier le jour de repos hebdomadaire de l’esclave et de la servante, même du bœuf et de l’âne; ensuite « Ne maltraite aucune veuve ni aucun orphelin; si tu les maltraites et s’ils crient vers moi, j’entendrai leurs cris ».

 

Les paroles des prophètes

 

Aucun n’a remarqué le mal qui sévit chez le peuple comme les prophètes. Ils ont une relation particulière avec le Seigneur. Ils ont été initiés au mystère de Dieu comme Moïse et Élie; comme Isaïe qui eut une vision de Dieu au temple où il sentit sa sainteté entourer le lieu, comme il pressentit son péché et celui de son peuple. Il dit : « Malheur à moi! Je suis un homme aux lèvres impures… J’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures aussi ». Il faudrait une braise venant de l’autel pour purifier ces gens et les mettre sur le chemin du bien. Le prophète souhaite, également, qu’ils écoutent la voix de Dieu, qu’ils sortent de leurs maladies; alors ils obtiendront alors la guérison.

Le prophète vit la ville pécheresse : « Elle était gouvernée par la justice et le droit. Mais maintenant, elle est habitée par les assassins. Des gouverneurs rebelles et complices des voleurs, tous, ils aiment les présents et recherchent leur profit personnel; ils ne rendent pas justice à l’orphelin et la cause de la veuve n’arrive pas jusqu’à eux ».

Ce sont les mêmes faits que nous avons appris dans la loi; et les prophètes le répètent à tous ceux qui veulent entendre et plus particulièrement aux puissants, à commencer par le roi. Ajoutons à cela l’opulence, la richesse, qu’ont connues Jérusalem et les autres villes citées dans le livre. Une anarchie totale régnait en Samarie, comme si Dieu avait laissé « Jacob » faire selon ses caprices : ils ont conclu des marchés, leur terre s’était remplie d’argent, d’or et de trésors illimités. Leur terre s’était remplie de chevaux et de chars innombrables, et tout cela aux dépens des pauvres. Où est la justice sociale à laquelle Dieu aspire de façon qu’il n’y ait « rien de trop à qui avait plus, et qui avait moins n’avait pas trop peu », comme l’on a dit dans l’épreuve de la manne (ou : les dons de Dieu) dans le désert.

La même anarchie régnait à Jérusalem. Le Seigneur « leur donne pour chefs des gamins, et pour maîtres des libertins (connus pour leurs caprices). Les gens se soulèvent les uns contre les autres, l’un contre l’autre. L’adolescent dédaigne le vieillard et le vil méprise le généreux… Les femmes de la capitale profèrent ces paroles : « Que les filles de Sion sont orgueilleuses (ou Jérusalem, la ville respectée)! Elles vont le cou tendu en lançant des œillades, elles vont à pas menus en faisant sonner les grelots de leurs pieds ».

Les différences sont énormes entre les classes sociales; et lorsque l’occupant arrive, les gens seront tous égaux en pauvreté et en désolation. Les femmes auront « la pourriture au lieu du parfum, une corde au lieu d’une ceinture, la tête rasée au lieu de tresses; le malheur arrive à celui prend la maison de son voisin, ou son champ, après un prêt à usure; malheur à ceux qui, levés de bon matin, courent après les boissons, malheur à ceux qui passent la soirée, s’échauffent avec le vin qui les rend ivres ». Où sont les devoirs des parents? Où est la sagesse des responsables et où sont leurs préoccupations? « Malheur! A leurs propres yeux, ils sont sages! Malheur à eux! Ils justifient le coupable pour un présent et refusent à l’innocent sa justification ».

La voie du Seigneur est la voie de la paix. A quoi sert la guerre? Dorénavant, le Seigneur jouera le rôle d’arbitre entre les nations. Il jugera selon la justice. « Ils feront de leurs épées des couteaux et de leurs arcs des faucilles, aucune nation ne lèvera son épée contre une autre et ils n’apprendront plus à faire la guerre ». C’est ce que dit Isaïe. Il invita les hommes à prendre le chemin de la lumière du Seigneur, ils marcheront tous comme dans un pèlerinage ». « Ils iront au Mont du Seigneur et c’est lui qui nous apprendra à prendre son chemin ».

Une paix entre les individus, une paix entre les nations, c’est cela la voie du Seigneur. Mais qui oserait mettre en garde les peuples? Qui se prépare à leur montrer la bonne conduite? Là, on entend le jugement de Dieu par la bouche du prophète Amos. Ce sont les grands péchés, autrefois comme aujourd’hui : les péchés de Damas? Ils ont haché le peuple de Galaad, avec des herses de fer. Le peuple de Gaza? Il a chassé tout un peuple et l’a vendu. Et Tyr s’est comporté comme Gaza. Le plus fort dévore le plus faible comme dans une jungle. Les habitants d’Édom ont poursuivi leurs voisins avec les épées. Les habitants d’Ammon ont éventré les femmes enceintes. Et le prophète de déclarer : « J’ai porté un jugement catégorique et sans appel contre eux ». Bientôt viendra l’occupant assyrien. Si ces peuples s’étaient entraidés au lieu de se quereller… Mais non! Ils se sont souhaité la destruction mutuelle. Le résultat : la destruction générale.

 

Conclusion

 

Le livre Saint est le livre du bon chemin. Nous ne parlons pas d’un chemin humain mais de celui de Dieu. Il avertit, il prévient, il gronde, il critique dans le but de corriger et ensuite dans le but de construire. Mais, la guerre entre les hommes engendre la haine, puis le meurtre, l’injustice, le vol réciproque. Cette guerre entre les peuples se termine par l’extermination de ce peuple et de cet autre. Quant à la voie que nous lisons dans ce livre, elle est claire : c’est la voie de la paix, du bien, de l’abondance et d’une grande prospérité. Le Seigneur souhaite cette voie, non pour un seul peuple mais pour tous les peuples. Lui, il nous trace le chemin, nous n’avons qu’à le suivre, ensemble, et ainsi nous formerons tous « la famille de Dieu » dans un bonheur éternel et sans fin.

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