TOBIE ET SARRA, UNE NOBLE FAMILLE

- TOBIE ET SARRA, UNE NOBLE FAMILLE

Récit de piété fervente écrit vers le second siècle  avant J.C., Le livre de Tobie présente deux familles, celle de Tobie et celle de Sara, qui deviennent parentes de par le mariage de Tobie et de Sara, signe de la première alliance entre Dieu et Adam (Allez, croissez et peuplez la terre) et de la seconde alliance entre Dieu et Abraham (En toi, se béniront toutes les nations de la terre).

A- Deux familles en détresse.

a)- La famille de Tobie est composée de Tobit, le père et d’Anne, la mère.

Tobit, le père a vécu dans le Royaume de Samarie sans qu’il ait jamais adoré le bélier construit par le roi Beecham ; il se dirige vers le temple du Seigneur à Jérusalem où il présente des offrandes en neufs fruits et bétail (Tb.1, 3-6) :

«Moi. Tobit, j’ai marché sur des chemins

De vérité et dans les bonnes œuvres

Tous les jours de ma vie.

J’ai fait beaucoup d’aumônes à mes frères et

Mes compatriotes déportés avec moi à Ninive,

Au pays d’Assyrie…

Bien des fois, j’étais absolument seul

À venir en pèlerinage à Jérusalem,

Pour satisfaire à la loi qui oblige

Tout Israël à perpétuité.

Je courais à Jérusalem, avec les prémices des

Fruits et des animaux, la dîme du bétail,

Et la première tonte des brebis. »

Signe particulier des gens pieux et constants dans la sauvegarde de la loi divine (Tb.1, 8) :

«Je donnais la troisième (année)

Aux orphelins, aux veuves

Et aux étrangers qui vivent avec les Israélites ;

Je la leur apportais en présent tous les ans.

Noua la mangions fideles à la fois

Aux prescriptions de la loi mosaïque et

Aux recommandations de Débora,

Mère d’Ananiel, notre père ;

Parce que mon père était mort

En me laissant orphelin. »

Il y va pour des œuvres de charité comme donner à manger aux affamés, visiter les malades, enterrer les morts.

Tres sage depuis ses vertes années, Tobit n’agit pas comme les ignorants, haïssant la science et refusant reproches et critiques éducatives (Pv.1, 22-23) :

« Recueil des sages.

Ne dépouille pas le faible, car il est faible,

Et n’opprime pas à la porte le pauvre,

Car Yahvé épouse leur querelle

Et ravit à leurs ravisseurs la vie. »

En enfant averti et éclairé, quêtant la sagesse comme trésor inestimable (Pv.2, 1-5) :

«Mon fils, si tu accueilles mes paroles,

Si tu conserves à part toi mes préceptes,

Rendant tes oreilles attentives à la sagesse,

Inclinant ton cœur vers l’intelligence,

Oui si tu fais appel à l’entendement,

Si tu réclames l’intelligence,

Si tu la recherches comme l’argent,

Si tu la creuses comme un chercheur de trésor,

Alors tu comprendras la crainte de Yahvé,

Tu trouveras la connaissance de Dieu. »

Devenu homme, Tobit prend femme, devient père de Tobie qu’il éduque très jeune à la piété et  à s’éloigner de tout écart de foi (Tb.1, 9) :

« À l’âge d’homme, je pris une femme

De notre parenté, qui s’appelait Anna ;

Elle me donna un fils que je nommai Tobie. »

Pratiquant en sa vie les vertus de justice et de charité, malgré son exil, sa pauvreté et son dénuement, Tobit n’a jamais profité pour manger  de l’argent malhonnêtement acquis. N’est-ce pas ce qu’il dit à sa femme, un jour qu’elle rentrait d’ouvrage de tissage avec un chevreau reçu en cadeau (Tb.2, 13-14) :

« En rentrant chez moi,

Le chevreau se mit à bêler,

J’appelai ma femme et lui dis :

‘D’où sort ce cabri ?

Et s’il avait été volé ?

Rends-le donc à ses maitres,

Nous n’avons pas le droit de manger

Le produit d’un vol’… »

Ainsi, il éduque son fils (Tb.4, 14-15) :

«Ne fais pas attendre au lendemain

Le salaire de ceux qui travaillent pour toi,

Mais paie-le tout de suite. »

(Lv.19, 13 et Dt.24, 14-15) :

«Tu n’exploiteras pas ton prochain

Et ne le spolieras pas :

Le salaire de l’ouvrier ne demeurera

Avec toi jusqu’au lendemain matin. »

«Tu n’exploiteras pas le salarié humble et pauvre,

Qu’il soit d’entre tes frères ou  étranger

En résidence chez toi.

Chaque jour, tu lui donneras son salaire,

Sans laisser le soleil se coucher

Sur cette dette ; Car il est pauvre et

Il attend impatiemment ce salaire.

Ainsi n’en appellera-t-il pas

À Yahvé contre toi.

Autrement tu serais en faute. »

b)- L’éducation filiale de  Tobit.

Inculquant à son fils Tobie  la piété divine, Tobit lui donne sept recommandations, dont la première : Honorer ses parents pour prolonger sa vie ici- bas comme  prescrit dans le quatrième commandement  (Ex.20, 12 et Ép.6, 1-3) :

«Honore ton père et ta mère afin

Que se prolongent tes jours sur la terre

Que te donne Yahvé ton Dieu. »

«Enfants, obéissez à vos parents,

Dans le Seigneur : Cela est juste.

Honore ton père et ta mère,

Tel est le premier commandement

Auquel soit attachée une promesse :

Pour que tu t’en trouves bien et

Jouisses d’une longue vie sur terre. »

Tobit fit venir Tobie auprès de lui, et lui dit (Tb.4, 3) :

«…Quand je mourrai,

Fais-moi un enterrement convenable.

Honore ta mère, et

Ne la délaisse en aucun jour de ta vie.

Fais ce qui lui plaît et

Ne lui fournis aucun sujet de tristesse. »

Propos similaires à ce que nous lisons dans l’Ecclésiastique (Si.7, 29-30) :

«Les parents.

De tout ton cœur honore ton père et

N’oublie jamais ce qu’a souffert ta mère.

Souviens-toi qu’ils t’ont donné le jour :

Que leur offriras-tu en échange de

Ce qu’ils ont fait pour toi ? »

Seconde recommandation : De la fidélité   au Seigneur (Tb.4, 5-6) :

«Mon enfant,

Sois tous les jours fidèle au Seigneur.

N’aie pas la volonté de pécher,

Ni de transgresser ses lois.

Fais de bonnes œuvres tous les jours

De ta vie, et ne suis pas les sentiers de l’injustice.

Car, si tu agis dans la vérité,

Tu réussiras dans toutes tes actions,

Comme tous ceux qui pratiquent la justice. »

Tout homme commet des fautes et le juste choit sept fois par jour (Pv.24, 16) :

« Ne t’embusque pas, méchant,

Près de la demeure du juste,

Ne dévaste pas son habitation.

Car le juste tombe sept fois et

Se relève, mais les méchants

Trébuchent dans l’adversité. »

Le croyant doit refuser d’entrer volontairement  dans le péché, s’attachant aux commandements et aux préceptes divins (Ps.19, 8-9) :

«Yahvé, soleil de justice.

La loi de  Yahvé est parfaite,

Réconfort pour l’âme ;

Le témoignage de Yahvé est véridique,

La sagesse du simple.

Les préceptes de Yahvé sont droits,

Joie pour le cœur ;

Le commandement de  Yahvé est limpide,

Lumière des yeux. »

Troisième recommandation : Faire l’aumône au pauvre (Tb.4, 7-12) :

« Prends sur tes biens pour faire l’aumône.

Ne détourne jamais ton visage d’un pauvre,

Et Dieu ne détournera pas le sien de toi.

Mesure ton aumône à ton abondance :

Si tu as beaucoup, donne davantage ;

Si tu as peu, donne moins,

Mais n’hésite pas à faire l’aumône.

C’est te constituer un beau trésor

Pour le jour du besoin.

Car l’aumône délivre de la mort,

Et elle empêche d’aller dans les ténèbres.

L’aumône est une offrande de valeur,

Pour tous ceux qui la font

En présence du Très-Haut... »

Dires repris dans l’Ecclésiastique (Si.4, 1-10) :

« Charité envers les pauvres.

L’eau éteint les flammes,

L’aumône remet les péchés.

Qui répond par des bienfaits prépare l’avenir,

Au jour de sa chute il trouvera un soutien.

Mon fils, ne refuse pas au pauvre sa subsistance

Et ne fais pas languir les yeux du miséreux.

Ne fais pas souffrir celui qui a faim,

N’exaspère pas l’indigent.

Ne t’acharne pas sur un cœur exaspéré,

Ne fais pas languir après ton aumône le nécessiteux.

Ne repousse pas le suppliant durement éprouvé,

Ne détourne pas du pauvre ton regard.

Ne détourne pas tes yeux du nécessiteux,

Ne donne à personne l’occasion de te maudire.

Si quelqu’un te maudit dans sa détresse,

Son créateur exaucera son imprécation.

Fais-toi aimer de la communauté,

Devant un grand, baisse la tête.

Prête l’oreille au pauvre

Et rends-lui son salut avec douceur.

Délivre l’opprimé des mains de l’oppresseur

Et ne sois pas lâche en rendant la justice.

Sois pour les orphelins un père

Et comme un mari pour leur mère.

Et tu seras comme un fils du Très-Haut

Qui t’aimera plus que ne fait ta mère. »

Quatrième recommandation : Ne pas commettre l’adultère, s’éloigner de tout vice et épouser une femme de tes connaissances (Tb.4, 12-13) :

« Garde-toi, mon enfant, de toute inconduite.

Choisis une femme du sang de tes pères.

Ne prends pas une femme étrangère »

A la tribu de ton père…

Toi aussi, mon enfant, préfère tes frères,

N’aie pas le cœur de mépriser…

Parce que l’orgueil entraîne la ruine,

Et beaucoup d’inquiétude ;

L’oisiveté amène la pauvreté et

La pénurie, car la mère de la famine,

C’est l’oisiveté.»

Que ton mariage soit à l’exemple de Noé, d’Abram, d’Isaac et de Jacob, puisque nous sommes les enfants des prophètes et devons témoigner de Dieu en notre vie, dans un monde indigne et sinueux.

Cinquième recommandation : Suivre les commandements de justice et de charité (Tb.4, 15-18) :

« Ne fais à personne ce que tu

N’aimerais pas subir.

Ne bois pas de vin jusqu'à l’ivresse,

Et n’aie pas la débauche pour compagne

De ta route

Donne de ton pain à ceux qui ont faim

Et de tes habits à ceux qui sont nus.

De tout ce que tu as en abondance,

Prends pour faire l’aumône ;

Et quand tu fais l’aumône,

N’aie pas de regrets dans les yeux. »

Car Dieu aime le charitable généreux (Pv.22, 8-9) :

« Qui sème l’injustice récolte le malheur

Et le bâton de sa colère le frappera.

L’homme bienveillant sera béni,

Car il donne de son pain au pauvre. »

Sixième recommandation : Respecter le conseil des sages (Tb.4,18) :

«Prends l’avis de toute personne sage et

Ne méprise pas un conseil profitable. . »

Septième recommandation : Prier Dieu (Tb.4, 19) :

«En toute circonstance,

Bénis le Seigneur Dieu,

Demande-lui de diriger tes voies,

Et de faire aboutir tes sentiers et tes projets.

Car la sagesse n’est pas le propre de toute nation,

C’est le Seigneur qui leur donne

De vouloir le bien. »

c)- Dans les moments de difficultés et d’angoisse.

Fidèle aux actions charitables, Tobit guide  son fils Tobie  dans l’agir selon les commandements de Dieu. Visitant des frères laissés pour compte et prêchant le Salut, il les console et les soutient dans leurs épreuves  (Tb.1, 16-17) :

« Aux jours de Salmanasar, j’avais fait

Souvent l’aumône à mes frères de race,

Je donnais mon pain aux affamés,

Et des habits à ceux qui étaient nus ;

J’enterrais, quand j’en voyais,

Les cadavres de mes compatriotes,

Jetés par-dessus les remparts de Ninive. »

Ses œuvres prêchées et couronnées par l’action (1Jn.3, 18) :

« Petits enfants,

N’aimons ni de mots ni de langue,

Mais en actes et en vérité. »

Tobit  va jusqu'à risquer sa vie en enterrant les morts (Tb.1, 18-21) :

«J’enterrai de même ceux que tua Sennachérib.

… Alors, je dérobais leurs corps pour les ensevelir ;

Sennachérib les cherchais…

Je me vis recherché pour être mis à mort,

…je pris la fuite. Tous mes biens furent saisis ;

Tout fut confisqué pour le trésor ;

Rien ne me resta, que ma femme

Anna et mon fils Tobie. »

Tobit n’a jamais reproché à Dieu le bien effectué, surtout en temps de peines et d’embarras, ayant enduré des rivalités entre les Royautés du Nord et du Sud, ainsi que le polythéisme d’une partie du peuple de Jérusalem (Tb.1, 5-6) :

«Tous mes frères, et la maison de Nephtali,

Eux, sacrifiaient au veau…

Sur tous les monts de Galilée.

Bien des fois, j’étais seul à venir

En pèlerinage à Jérusalem…  »

Il a souffert l’exil quand Salmanasar chasse les Israelites vers Ninive en Iraq (Tb.1, 10-21) :

«Lors de la déportation en Assyrie,

Quand je fus emmené,

Je vins à Ninive.

Tous mes frères, et ceux de ma race,

Mangeaient les mets des païens ;

Pour moi, je me gardai de manger…

Comme j’ai été fidèle à mon Dieu de tout mon cœur,

Le Très-Haut me donna la faveur de Salmanasar,

Dont je devins l’homme d’affaires

… j’avais fait souvent l’aumône à mes frères de race… »

Toutes ces incommodités n’ont pas empêché ni attiédi les bonnes actions de Tobit. N’a-t-il pas un jour, quitté un festin amical, quand mis au courant qu’un cadavre jeté au souk, devait être enterré (Tb.2, 3-6) :

«Tobie sortit donc en quête d’un pauvre

Parmi nos frères, mais il revint et dit :

Père,…il y a quelqu’un de notre peuple

Qui vient d’être assassiné,

Il a été étranglé, puis jeté sur

La place du marché…

Je ne fis qu’un bond…

Je rentrai me laver, et je mangeai

Mon pain dans le chagrin,

Avec le souvenir des paroles

Du prophète Amos :

‘Vos fêtes seront changées en deuil

Et tous vos chants en lamentations’. »

Avec une grande ferveur au cœur, Tobit accepte toutes les tribulations du peuple suivant les paroles  du prophète Amos (Am.8, 9-10) :

« Annonce du châtiment :

Obscurité et deuil.

Il adviendra en ce jour-là – Oracle du

Seigneur Yahvé –

Que je ferai coucher le soleil en plein midi

Et que j’obscurcirai la terre

En un jour de lumière.

Je changerai vos fêtes en deuil

Et tous vos chants en lamentations ;

Je mettrai le sac sur tous les reins

Et la tonsure sur toutes les têtes.

J’en ferai comme un deuil de fils unique,

Sa fin sera comme un jour d’amertume. »

En plus des catastrophes des autres, Tobit affronte des problèmes  personnels, ayant dû vivre loin des siens comme tout exilé, et préférant partager les souffrances du peuple de Dieu au lieu de se combler de biens matériels pétris dans le mal (He.11, 25) :

«La foi persévérante.

…aimant mieux être maltraité

Avec le peuple de Dieu que de

Connaître la jouissance éphémère du péché. »

Ce qui mène le roi à ordonner sa mort et confisquer toutes ses propretés privées.

Devenu encore plus nécessiteux, quand il rend les dettes d’un de ses parents (Gebayël) sans pouvoir le revoir après que le roi eut coupé toutes les routes. Complètement démuni, sa femme est obligée  de travailler comme tisserande (Tb.2, 11) :

« À ce moment-là, ma femme

Anna prit du travail d’ouvrière,

Elle filait de la laine et

Recevait de la toile à tisser… »

Combien misérable quand, en plus de ses chagrins innombrables, il rentre chez lui pour  se reposer et  défie une nouvelle épreuve : étendu le long du mur de la cour, de l’excrément de passereaux lui tombe dans les yeux, il perd la vue (Tb.2, 9-10) :

«Comme il faisait chaud,

J’avais le visage découvert,

Je ne savais pas qu’il y avait,

Au-dessus de moi, des moineaux dans le mur.

De la fiente me tomba dans les yeux,

Toute chaude ; elle provoqua des tâches

Blanches que je dus aller faire soigner

Par les médecins.

Plus ils m’appliquaient d’onguents,

Plus les tâches m’aveuglaient, et

Finalement la cécité fut complète.

Je restai quatre ans privé de la vue… »

Comme job, le Seigneur éprouve la foi de Tobit qui reste constant dans ses longues endurances  malgré les reproches de sa femme. Il y répond avec une Prière de plainte (Tb.2, 14 et 3,1-6) :

«…Où sont donc tes aumônes ?

Où sont donc tes bonnes œuvres ?

Tout le monde sait ce que cela t’a rapporté ! »

« L’âme désolée, je soupirai, je pleurai et

Je commençai cette prière de lamentation :

‘Tu es juste, Seigneur,

Et toutes tes œuvres sont justes.

Toutes tes voies sont grâce et vérité,

Et tu es le Juge du monde.

Et maintenant, toi, Seigneur,

Souviens-toi de moi, regarde-moi,

Ne me punis pas pour mes péchés,

Ni pour mes ignorances,

Ni pour celles de mes pères.

Car nous avons péché devant toi

Et violé tes commandements ;

Et tu nous as livrés au pillage,

A la captivité et à la mort,

A la fable, à la risée et au blâme

De tous les peuples où tu nous a dispersés.

Et maintenant, tous tes décrets sont vrais,

Quand tu me traites selon mes fautes

Et celles de mes pères.

Car nous n’avons pas obéi à tes ordres,

Ni marché en vérité devant toi.

Et maintenant, traite-moi comme il te plaira,

Daigne me retirer la vie :

Je veux être délivré de la terre

Et redevenir terre.

Car la mort vaut mieux pour moi que la vie.

J’ai subi des outrages sans raison,

Et j’ai une immense douleur !

Seigneur, je n’attends que ta décision

Me délivre de cette épreuve.

Laisse-moi partir au séjour éternel,

Ne détourne pas ta face de moi, Seigneur.

Car mieux vaut mourir que passer ma vie

En face d’un mal inexorable,

Et je ne veux plus m’entendre outrager.

d)- Sara,  femme de Tobie.

Le Livre ne parle pas exhaustivement de la famille de Sarra, fille de  Ragouël. Toutefois, il signale sa fatigue affective a la suite de maintes fiançailles ; même sa servante l’en blâme (Tb.3, 8) :

« …Oui, c’est toi qui tue tes maris !

En voilà déjà sept à qui tu as été donnée,

Et tu n’as pas eu de chance

Une seule fois !

Si tes maris sont morts,

Ce n’est pas une raison pour nous châtier !

Va donc les rejoindre,

Qu’on ne voit jamais de toi

Ni garçon ni fille ! »

Et tout comme Tobit, Sarra se refugie dans la prière, tout abandonnée au Seigneur. Montée au grenier, y jeunant trois jours en pleurs et en prières d’implorations (Tb.3, 12-15) :

«Tu es béni, Dieu de miséricorde !

Que ton Nom soit béni dans les siècles,

Et que toutes tes œuvres

Te bénissent dans l’éternité !

Et maintenant, je lève mon visage

Et je tourne les yeux vers toi.

Que ta parole me délivre de la terre,

Je ne veux plus m’entendre outrager !

Tu le sais, toi, Seigneur,

Je suis restée pure,

Aucun homme ne m’a touchée,

Je n’ai pas déshonoré mon nom,

Ni celui de mon père,

Sur ma terre d’exil.

Je suis la fille unique de mon père,

Il n’a pas d’autre enfant pour héritier,

Il n’a pas de frère auprès de lui,

Il ne lui reste aucun parent,

A qui je doive me réserver.

J’ai perdu déjà sept maris,

Pourquoi devrais-je vivre encore ?

S’il te déplaît de me faire mourir,

Regarde-moi avec pitié,

Je ne veux plus m’entendre outrager ! »

Sarra et Tobit ont prié, Dieu y agrégeant et envoyant  son ange Raphaël pour guérit Tobit de sa cécité et délivrer Sarra des manigances de Satan.

B- Mariage de Tobie et Sarra.

a)- Le mariage dans une même tribu.

Discernant au fond du cœur que ses prétendants ne lui conviennent pas, étant parente à Tobie et l’unique enfant de son père ; l’héritage familial ne devant pas sortir de la tribu qui doit protéger son propre héritage (Nb.27, 6-8) :

«L’héritage des filles.

Et Yahvé parla à Moïse :

…’les filles de Çelophehad ont parlé juste.

Tu leur donneras donc un domaine

Qui sera leur héritage au milieu

Des frères de leur père ;

Tu leur transmettras l’héritage de leur père.

Puis tu parleras ainsi aux Israelites ;

Si un homme meurt sans avoir eu de fils,

Vous transmettrez son héritage à sa fille…’ »

L’Ange prépare Tobie au mariage avec Sarra, quand il lui demande de garder le foie du poisson, devenant remède pour chasser les démons (Tb.6, 4-8) :

«… Et l’ange lui dit :

‘Attrape le poisson et ne le lâche pas !’

Le garçon vint à bout du poisson,

Et le tira sur la rive.

L’ange lui dit ;

‘Ouvre-le, enlève le fiel,

Le cœur et le foie ;

Mets-les a part et jette les entrailles,

Parce que le fiel, le cœur et le foie

Font des remèdes utiles’.

Le jeune homme ouvrit le poisson,

… ‘On brule le cœur et le foie…et

Leur fumée s’emploie dans le cas

D’un homme ou d’une femme,

Que tourmente un démon ou un esprit malin ;

Toute espèce de malaise disparaît…»

En route, l’Ange l’informe sur Ragouël, le père de Sarra et lui apprend comment demander sa main auprès de son père, ne pouvant refuser sa demande, vu leur parenté (Tb.6, 11-13) :

«… Frère Tobie…,

Ce soir nous devons loger chez Ragouël,

C’est un parent à toi.

Il a une fille du nom de Sarra,

Mais, à part Sarra, il n’a ni garçon,

Ni fille.

Or c’est toi son plus proche parent,

Elle te revient par priorité, et tu peux

Prétendre à l’héritage de son père.

C’est une enfant sérieuse, courageuse,

Tres gentille et son père l’aime bien.

Tu as le droit de la prendre.

Ecoute-moi, frère, je parlerai de la jeune fille

A son père, dès ce soir, pour

Te la retenir comme fiancée…»

Ainsi l’héritage de Ragouël revient à Tobie et Sarra.

Craignant que son destin rejoigne les anciens fiancés de Sarra, étant enfant unique, Tobie écoute les judicieuses recommandations paternelles, son père lui conseillant de choisir une femme de sa tribu comme l’a fait Isaac épousant Rebecca (Gn.24, 3-4)  et  Jacob épousant Rachel (Gn.28, 1-2):

«Je te fais jurer par Yahvé,

Le Dieu du ciel et de la terre

Que tu ne prendras pas pour mon fils

Une femme parmi les filles des Cananéens

Au milieu desquels j’habite.

Mais tu iras dans mon pays, dans ma parenté,

Et tu choisiras une femme pour mon fils Isaac. »

«Isaac appela Jacob, il le bénit et

Lui fit ce commandement ;

‘Ne prends pas une femme parmi les filles de Canaan.

Lève-toi ! Va en Paddân-Aram chez Bétuel,

Le père de ta mère, et choisis-toi

Une femme de là-bas, parmi les filles

De Laban, le frère de ta mère’. »

De plus, Tobit explique à son fils Tobie l’importance de la prière et du jeûne en  apprêt à la vie conjugale (Tb.6, 18) :

«…au moment  de vous unir,

Levez-vous d’abord tous les deux pour prier.

Demandez au Seigneur du Ciel

De vous accorder sa grâce et sa protection… »

Lui faisant comprendre que Satan vainc les gens mariés qui bannissent Dieu de leurs cœurs en s’adonnant aux plaisirs comme le cheval et le  mulet  (Tb.6, 17-18) :

«…quand tu seras entré dans la chambre,

Prends le foie et le cœur du poisson,

Mets-en un peu sur les braises de l’encens.

L’odeur se répandra, le démon la respirera,

Il s’enfuira… »

Quant aux gens de foi, ils sont enfants des saints, désirant se marier avec la bénédiction d’Abraham, dans la crainte de Dieu, et souhaitant avoir des enfants au-delà de leurs plaisirs charnels (Gn.6, 12) :

« La corruption de l’humanité.

Dieu vit la terre ; elle était pervertie,

Car toute chair avait une conduite perverse

Sur la terre. »

Après que l’Ange de Dieu présente  Sarra en tant que jeune fille sobre, adroite, belle et aimée de tous, Tobie l’aime et s’attache à elle.

b)- Azarias ou la Providence divine.

Dieu assiste le choix de Sarra par Tobie, comme celui de Rébecca par Isaac. Le nom de l’Ange Azarias signifie ‘Dieu soutient’, comme le sens du nom de Lazare, ‘Serviteur d’Abraham’. Dans les deux situations, Dieu est présent en son Messager, l’Ange étant l’Envoyé de Dieu. Encouragé par l’Ange, si réticent au départ, Tobie dit à Ragouël (Tb.7, 11) :

« Je ne veux pas entendre parler de boire et de manger,

Tant que tu n’as pas pris de décision vis-à-vis de moi.

- Soit ! … elle t’est donnée…. »

D’abord hésitant, le père de Sarra est  encouragé par l’Ange divin (Tb.7, 12-17) :

«… Je te la confie, c’est la loi et

La décision écrite

Dans le livre de Moïse qui

Te l’attribuent pour femme.

Prends-la, emmène-la chez ton père,

En bonne conscience.

Que le Dieu du Ciel vous donne

De faire en paix un bon voyage !

…Edna (la maman de Sarra) essuya ses larmes et dit :

‘Aie confiance ma fille ! Que le Seigneur du Ciel

Change ton chagrin en joie !

Aie confiance, ma fille !... »

c)- La nuit de noces.

Arrive la nuit de noces. La mère s’inquiète pour sa fille et son fiancé, le père aménage la tombe, au cas où Tobie a le même destin que les anciens prétendants. La servante monte dans la chambre des nouveaux mariés et les trouve profondément endormis. Le père ordonne la démolition de la tombe et les préparatifs du festin pour deux semaines (Tb.8, 22) :

« Il fit faire par sa femme une fournée de pains,

Il alla au troupeau,

Prit deux bœufs et quatre moutons… »

Pendant ce temps l’Ange Raphaël attache Satan l’empêchant de nuire au couple ; ce que fait Jésus en cours d’existence apostolique (Mt.12, 28-29) :

«Mais si c’est par l’Esprit de Dieu

Que j’expulse les démons,

C’est donc que le Royaume de Dieu

Est arrivé jusqu'à vous.

Ou encore, comment quelqu’un peut-il

Pénétrer dans la maison d’un homme fort

Et s’emparer de ses affaires,

S’il n’a pas d’abord ligoté cet homme fort

Et alors il pillera sa maison. »

C’est une nuit de prières (Tb.8, 8-19) ;

Tobie : « …tu es béni, Dieu de nos pères,

Et ton Nom est béni

Dans tous les siècles des siècles !

Que te bénissent les cieux,

Et toutes les créatures

Dans tous les siècles !

C’est toi qui as créé Adam,

C’est toi qui as créé Ève sa femme,

Pour être son secours et son appui,

Et la race humaine est née de ces deux-là.

C’est toi qui as dit :

‘Il ne faut pas que l’homme reste seul,

Faisons lui une aide semblable a lui’.

Et maintenant, ce n’est pas le plaisir que je cherche en prenant ma sœur,

Mais je le fais d’un cœur sincère.

Daigne avoir pitié d’elle et de moi

Et nous mener ensemble a la vieillesse !

Et ils dirent de concert :

Amen, Amen ! »

Ragouël : « … Tu es béni, mon Dieu,

Par toute bénédiction pure !

Qu’on te bénisse dans tous les siècles !

Tu es béni de m’avoir réjoui,

Ce que je redoutais n’est pas arrivé,

Mais tu nous as traités

Avec ton immense bienveillance,

Tu es béni d’avoir eu pitié

De ce fils unique et de cette fille unique.

Donne-leur, Maître, ta grâce et ta protection,

Fais-les poursuivre leur vie,

Dans la joie et dans la grâce… »

C- Ce grand mystère.

Dans l’épître aux Éphésiens, Saint Paul écrit sur le mariage (Ép.5, 25-32) :

«Maris, aimez vos femmes comme

Le Christ a aimé l’Église :

Il s’est livré pour elle

Afin de la sanctifier en la purifiant

Par le bain d’eau qu’une parole accompagne ;

Car il voulait se la présenter à lui-même,

Toute resplendissante,

Sans tache ni ride ni rien de tel.

Mais sainte et immaculée.

De la même façon les maris doivent

Aimer leurs femmes comme

Leurs propres corps.

Aimer sa femme, c’est s’aimer soi-même.

Car nul n’a jamais haï sa propre chair ;

On la nourrit au contraire et

On en prend bien soin.

C’est justement ce que le Christ

Fait pour l’Église :

Ne sommes-nous pas les membres de son Corps ?

Voici donc que l’homme quittera

Son père et sa mère pour

S’attacher a sa femme, et

Les deux ne feront qu’une seule chair… »

Le Livre raconte les œuvres de Dieu, nous invitant à partager le Cantique de Tobie (Tb.13, 15-16) :

« …Mon âme bénit le Seigneur, le grand Roi,

Parce que Jérusalem sera rebâtie,

Et sa maison pour tous les siècles ! »

Implorant le Salut pour lui et  son peuple, ainsi que Jésus nous demandant d’acheter du ‘Kohl’ pour entourer nos yeux ‘qui verront mieux’ (Ap.3, 18) :

«… Achète… un collyre …

Pour t’en oindre les yeux et

Recouvrer la vue. »

L’illuminateur de nos regards et de nos cœurs, nous apprend la  quête  d’une Espérance, en promesse d’un héritage de trésors (Ep.1, 18-19) :

«Triomphe et suprématie du Christ.

Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur

Pour vous faire voir quelle espérance

Vous ouvre son appel,

Quels trésors de gloire renferment

Son héritage parmi les saints. »

Ce récit dans l’entre-deux des Testaments nous rappelle le Salut des peuples d’Égypte de Babel – libérant l’homme de Satan  et le guidant vers L’Espérance d’Israël.

Voire le Salut de l’humanité entière grâce  au Nouveau Passage, de la mort à la  Résurrection du Christ -les Fêtes Pascales perpétrées avec Jésus sur la Croix.

Dans l’attente de la renaissance du peuple fidèle, s’unissant à l’Église glorieuse parée pour son époux dans la Jérusalem Céleste.

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