Chapitre 6 :Marie Temple de Dieu

Chapitre 6

Marie Temple de Dieu

Après  avoir  construit  le Temple  de  Dieu   à  Jérusalem,  Salomon  se mit «debout devant toute l’assemblée. Il étendit les mains vers le ciel et dit: Seigneur, Dieu d’Israël, il n’y a pas de Dieu comme toi, ni en haut dans le ciel, ni en bas sur la terre»  (1R 8,22). Dans ces conditions comment peut-on le prier, se mettre en sa présence? Et Salomon de poursuivre: «Est-ce que vraiment Dieu pourrait habiter sur la terre? Les cieux eux-mêmes et les cieux des cieux ne peuvent te contenir! Combien moins cette Maison que j’ai bâtie! (v.27). Le grec ajoute: «Peux-tu habiter avec les hommes?». Avec Marie, cela est possible. Ce Dieu a voulu être avec elle, apprendre sur ses genoux à parler, lire et prier. Cela comme homme. Et comme Dieu, il a voulu naître dans son sein qui est ainsi devenu plus vaste que les cieux(1). Ainsi nous pouvons dire: Marie est le Temple de Dieu. Non seulement signe de la présence de Dieu au milieu des hommes, mais cette présence même comme Emmanuel, Dieu avec nous. Avec Marie comme prémices, Dieu prend plaisir à vivre avec les hommes, comme dit le livre des Proverbes (8, 31).

Notre méditation prend son point de départ dans l’image du Temple comme construction de pierres; elle passera à une autre réalité beaucoup plus profonde: un temple de chair et d’os à la manière de Paul qui a dit aux Corinthiens: «Nous sommes le temple du Dieu vivant» (2Co 6,16). Enfin, nous suivrons les auteurs chrétiens qui diront par exemple: «J’avoue que  la dédicace du temple de Salomon était admirable, car l’ange qui tenait la place de Dieu y descendit en personne dans une nuée à mesure que l’Arche d’alliance était portée au lieu qui lui était préparé. Quant à Salomon, il était ravi, et tout le peuple était saisi d’une sainte frayeur». Mais tout cela laisse Bernardin de Sienne(2) insatisfait. Aussi poursuit-il dans son premier sermon sur la nativité de la Vierge: «Que les autres admirent cette rare faveur tant qu’il leur plaira; pour moi, je cesse de l’admirer quand je jette les yeux sur la dédicace de la Vierge, qui se fit dans la véritable arche d’alliance (Porteuse de la présence de Dieu) y descendit du ciel et qu’elle fut consacrée Mère de Dieu»(3).

1- Un temple en pierres

Quand David entra à la ville des Jébuséens, Jérusalem, il n’avait qu’un désir, celui de construire à Dieu un temple, un sanctuaire où il pourrait «loger». Mais la réponse  de Dieu  était  claire: «Est-ce toi  qui me bâtiras une  Maison pour que je m’y installe» (2S 7,5). Et ce que ne fera pas David parce que ses mains répandirent beaucoup de sang» ( 1Ch 22,8), ou parce qu’il n’avait pas beaucoup de temps du fait des guerres qu’il menait(4), Salomon le fera. Cet homme de paix dit le Seigneur «construira une Maison pour mon nom « ( 1Ch 20,10).

Le premier livre des Rois se plaît à décrire la richesse de cet édifice. D’abord les grand ingénieurs de la Phénicie, les grands constructeurs et même les travailleurs de métaux. Il s’agit d’un Huram ou Hiram, qui « était plein d’habilité, d’intelligence et de savoir-faire pour tout travail en bronze»(5). Et l’auteur de décrire la richesse et l’abondance de ces matériaux: des colonnes, des chérubins ...

Et l’or coule à flots. On peut lire par exemple en 2Ch 3,5-7: «La grande salle, il la recouvrit de bois de cyprès, qu’il recouvrit d’or fin; il revêtit cette salle d’une décoration en pierres précieuses. L’or était de l’or de Parwayim. Il couvrit d’or la salle, les poutres, les seuils, les parois ...».

Ce temple que construisit Salomon vers 960 sur le mont Moriah(6) ou Mont du Temple(7) sera détruit par Natbuchodonosor en 586 av.JC.(8).. C’était une construction magnifique, composée des matériaux les plus fins. Ce bâtiment était situé à l’intérieur d’un complexe royal abritant aussi le palais, une salle du jugement, la salle des Cèdres ..... Le Temple mesurait 60 coudées (27m) de longueur, vingt (9m) de largeur. 30 de hauteur (13,5m)(9).

Si l’on entre à l’intérieur, les murs sont lambrissés de cèdre. Le sol du Saint des Saints était, lui aussi, recouvert de cèdre... Les murs étaient dorés, et décorés de sculptures de coloquintes, de chérubins, de palmiers et de fleurs. Des portes donnaient accès à la salle extérieure et au Saint des Saints. Les murs de ces derniers étaient décorés des deux côtés, et le sol plaqué d’or. L’objet le plus important du Temple était l’Arche... (DEJ, p. 1110).

J’ai tenu à insister sur la richesse de ce lieu saint, pour dire que cette beauté n’est rien en face de la beauté de Marie. En effet, pour montrer la beauté invisible d’une personne ou d’un lieu, on ne peut que recourir aux  pierres précieuses, à l’or, à l’argent; mais ce n’est pas pour s’y arrêter. C’est ainsi que sera décrite la Jérusalem Céleste dans le livre de l’Apocalypse (Ap.21, 9-20).

Ici, nous citons Saint Antonin(10): «On voyait d’un côté la table d’or avec les douze pains de proposition; de l’autre côté était l’autel des parfums. C’est à dire son coeur (le coeur de Marie) sacré qui envoyait sans cesse vers le ciel les actes d’adoration tant intérieure qu’extérieure; le chandelier à sept branches, les sept  dons  du  Saint-Esprit,  et le voile  tissu de quatre diverses couleurs,   qui  marque  les quatre vertus cardinales dont elle (Marie) était ornée en perfection. Le Saint des Saints où il était permis au seul grand-prêtre d’entrer, et une fois seulement l’an, c’est évidemment le chaste sein de la bienheureuse Vierge, où nul n’a jamais eu son entrée, sinon le seul grand prêtre Jésus, lors de son incarnation»(11).

Ainsi, après avoir emmené les différents objets qui sont en rapport avec le temple, et le lien de chacun avec la Vierge, il revient au Temple lui-même pour regarder sa richesse qui dépasse toute richesse. Il est à dire ici, que le texte biblique majore les dons des fidèles(12), et montre la générosité de David avec son  royaume qui n’avait pas la possibilité de tant de richesses.

Saint Antonin parle alors de cette richesse: «Quant à la magnificence du temple figuratif de Salomon, on pourrait en juger par les seuls dons de David, qui offrit cent mille talents d’or et un million de talents d’argent, sans y comprendre ce que le peuple offrit libéralement du bien, qui monta à soixante et onze millions talents d’or, huit-cent quatre-vingt mille écus: somme immense; et cette somme ne devait servir qu’à ce qui devait être travaillé en or et en argent pour l’usage du temple, sans toucher à la construction du temple, ni aux matériaux qui y furent employés, ni aux autres métaux, aux pierreries, aux étoffes de pourpre. Tout le temple, de haut en bas, et même le pavé était couvert de lames d’or où étaient placées une infinité de pierres pécieuses...»(13).

Nous pouvons admirer cet ouvrage qui jamais n’a eu son pareil, comme dit la Bible. C’est alors qu’intervient Bernard de Sienne. Cet ouvrage magnifique est un simple rayon de la Mère de Dieu; oui, toute cette magnificence n’est rien au prix de notre temple mystique, qui est la Vierge Marie.

« Votre magnificence a été élevée au-dessus des cieux ».Bernardin qui part du Ps 8 (Elevata est magnificatio tua super caelos) remarque que «la Vierge Marie doit être nommée singulièrement et par excellence, la magnificence de Dieu, attendu qu’il (Le Seigneur) reçoit plus de gloire de l’exaltation et de l’abaissement de cette souveraine que de tout le reste de ses créatures; et que par-dessus ses actions de grâces, par ses bénédictions et par ses adorations continuelles, elle le glorifie plus que les anges et les hommes ensemble»(14).

2- Vous êtes le temple de Dieu

Telles sont les paroles qu’a adressées Paul aux chrétiens de Corinthe (2Cor 6,16).  Et pourtant, ils sont loin d’être des saints.  D’abord,  ils se  comportent  de manière charnelle, créant des partis à l’intérieur de l’Eglise. Et Paul de leur dire qu’ils vivent encore selon la chair, non selon l’Esprit (1Cor 3,1). Qu’ils n’ont pas dépassé la nature humaine, et qu’ils restent au niveau de l’homme ancien. S’ils sont fiers de voir un homme épouser la femme de son père (1Cor 5,2), ne sont-ils pas encore charnels? Et s’ils vont aux tribunaux pour de petites querelles alors qu’ils  jugeront les anges» (1Cor 6,3), sont-ils déjà spirituels? Sûrement pas.

Et malgré cela, Saint Paul les appelle «temples de Dieu». Et ailleurs «temples de l’Esprit-Saint» (1Cor 6,19). Ou «membres du Christ» (v.15). Si le corps du Christ est le nouveau peuple de Dieu qui sera détruit et relevé en trois jours (Jn 2,20), nous ses membres, nous participons à cette dignité très grande. Et bien plus encore la Vierge Marie.

Et pour nous montrer que nous sommes le temple de Dieu, Paul revient aux textes de l’Ancien Testament dans 2 Co 6,16-18. D’abord Ez 37,27: «Ma demeure sera au milieu d’eux; je serai leur Dieu et eux seront mon peuple». Et Lv 26, 11-12 dit: «Je mettrai ma demeure au milieu de vous. Je marcherai au milieu de vous. Pour vous, je serai Dieu, et pour moi, vous serez le peuple». Alors, il y aura une séparation entre le profane et ce qui est consacré à Dieu. Pour cela, Paul appelle les chrétiens de Rome, pourtant si pécheurs « les bien-aimés de Dieu, les saints par l’appel de Dieu» (Rm 1,7).

Si cela a été dit des premiers chrétiens, combien plus de Marie qui est la toute sainte. Si l’Esprit recrée chacun de nous surtout au baptême, que n’a-t-il pas fait pour Marie. En effet, l’ange lui dira à l’Annonciation: «L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre» (Lc 1,35). C’est une créature nouvelle, plutôt unique. Marie fut une nouvelle personne afin que son sein soit le lieu où habite le Fils. Et il ne s’agit pas seulement d’une habitation corporelle, mais aussi spirituelle. Comme la gloire du Seigneur avait rempli le Temple, lors de sa consécration, à tel point que « les prêtres ne purent entrer dans la Maison du Seigneur « (2 ch 7,1-2), ainsi la gloire du Seigneur couvrit Marie. Et cette présence de Dieu en elle agira de manière miraculeuse, quand elle entrera dans la maison de Zacharie, Elisabeth voit en cette jeune fille « la mère du Seigneur « (Lc 1,43), la « bénie entre toutes les femmes» (v.42). Et elle s’exclame: «Lorsque ta salutation a retenti à mes oreilles, voici que l’enfant a bondi d’allégresse en mon sein» (v.44). Zacharie était allé au Temple. Il en revient muet. Chez Elisabeth, c’est un autre temple dans sa maison. Non le simple symbole de la présence de Dieu au milieu de son peuple, mais cette présence elle-même. Alors Elisabeth parla et Marie chanta son magnificat.

A ce sujet nous citons Saint Augustin dans une homélie sur le Ps 130 avec pour thème: Le temple de pierres vivantes. «Nous t’appartenons, à toi (Jésus), qui nous a rachetés. Tous ceux qui croient ainsi sont comme les pierres vivantes dont le temple de Dieu est bâti, et comme les bois incorruptibles dont était composée cette arche que le déluge n’a pu submerger. Ce temple, c’est-à-dire les hommes eux-mêmes, c’est là qu’on prie Dieu et qu’il exauce.

«Etre exaucé par rapport à la vie éternelle est accordé seulement à celui qui prie dans le temple de Dieu. Or on prie dans le temple de Dieu quand on prie dans la paix de l’Eglise, dans l’unité du Corps du Christ, lequel est constitué de tous ceux qui croient en lui, sur la terre entière; et c’est pourquoi, celui qui prie dans ce temple-là est exaucé. Car il prie en esprit et en vérité; celui qui prie dans la paix de l’Eglise, non dans ce temple qui n’en était que la figure...

« C’est donc la voix de ce temple qui retentit dans le psaume. Dans ce temple, ai-je dit, on implore Dieu, et il exauce en esprit et en vérité, mais non dans le temple matériel. Car il n’y avait là qu’une ombre où était montré le temple de l’avenir. C’est pourquoi que celui-là est maintenant tombé, notre maison de prière serait-elle tombée? Nullement »(15).

Tout cela est dit du temple spirituel, dont Marie reste un sommet parmi les humains. Celle qui fut pleine de grâces, fut toute entière consacrée à Dieu, de sorte que rien de profane ne vint s’implanter dans son coeur.

Dans cette ligne, je cite Denys Bar Salibi (+1171) dans son commentaire de 2Cor 6,16 : «Le temple de Dieu c’est les gens de Corinthe. Et les idoles sont les faux messagers qui les trompaient, comme s’il leur disait: Vous portez en vous Dieu, tandis que les autres n’ont rien à faire avec Dieu, comment irez-vous à eux et vous vous laissez attirer par eux.

« Et il cite Is 52,11 comme témoignage pour éloigner de lui-même toute pensée pénible, et leur montrer que Dieu habite en eux, comme il fait dans un temple. Ainsi Paul est loin de ces hérétiques qui sont de faux messagers.

« Puisque, mes amis, vous avez ces promesse d’être les temples de Dieu, que vous soyez ses fils et ses filles, et qu’il habite en vous, et que vous le preniez comme Père, purifiez-vous du péché de la chair et de l’esprit ...»

3- Marie, le Temple de Dieu

Ce que nous avons dit des chrétiens, nous pourrons le dire de manière sublime de la Vierge Marie. Et avant de mentionner l’un ou l’autre auteur, je me permets de  citer les  différents noms  donnés à  Marie  dans  ce domaine.  Saint Jacques  la nomme dans sa liturgie: «Temple sanctifié». Saint Epiphane, dans son sermon sur la mère de Dieu, la dit: «Temple de la Divinité». Et quand Jean Chrysostome parle de la Bienheureuse Vierge Marie elle est pour lui « Temple vivant et animé de Dieu». Comme nous sommes loin de cette hérésie qui considérait Marie «comme un tuyau», comme un outil utilisé par Dieu, sans qu’il y ait de sa part un acte de liberté. Mais pourquoi ne pas savoir lire le texte évangélique? Le Seigneur propose à Marie si elle veut bien être la Mère du Messie. La réponse est rapide. Puisque la mère du Messie doit être vierge (parthenos en grec), Marie dit: Je ne veux point connaître d’homme. Et puisque fiancée à Joseph et s’attendant à être sa femme, pour jouir de la maternité; et puisque attendant, comme toutes les femmes en Israël, un enfant qui pourrait être le Messie, elle ne sait comment allier à la Virginité  la Maternité qui lui est promise: «Comment cela se fera-t-il ...? Tu me dis: «Tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus» (Lc 1,31). Et la Mère du Messie ne peut connaître un homme. C’est alors que l’Esprit lui est promis: «Il viendra sur toi » (v.35). Alors Marie n’a plus qu’à répondre: «Je suis d’accord. Je suis la servante du Seigneur. Mes yeux regardent la main du Seigneur qui me fait signe. Qu’il me soit fait selon ta parole » (v.38).

C’est dans la liberté que Marie a acquiescé à l’appel du Seigneur. Pour cela, Chrysostome insiste que nous sommes loin d’un temple de pierres mortes. Ce temple qu’est Marie a une âme. C’est une personne humaine, vivante. Quant à Saint Germain, patriarche de Constantinople (715-730), il appelle Marie: «Temple de l’Epoux commun de la Sainte Eglise». Et les noms s’échelonnent: Temple indissoluble(16), Temple Vivant(17), Magnifique Temple de la Gloire de Dieu(18), Grand Temple de la Divine Majesté(19), Temple de la pudeur(20), Temple qui est plus grand que le ciel(21), Temple céleste(22). Et enfin Saint Jean Damascène dans le livre 4 sur la Foi Orthodoxe: «Temple saint, admirable et digne de la grandeur de Dieu»(23).

Puisque nous sommes à Saint Jean Damascène, nous voudrions citer un passage du premier sermon sur la Nativité de la Vierge, à propos du thème du Temple. «Taisez-vous, Salomon, et ne dites plus qu’on ne voit rien de nouveau sur la terre. Voici un ouvrage qui n’a jamais été vu aux siècles passés: C’est une Vierge-Mère qui a reçu la plénitude de la grâce de Dieu; c’est un temple bien plus riche que le vôtre; aussi était-il préparé au vrai Pacifique(24), et à celui qui a été en effet et en vérité, ce que vous n’étiez qu’en figure. Ce temple brille de tous côtés, mais d’un or bien différent du vôtre, c’est-à-dire de tous les dons du Saint-Esprit. Au lieu de vos pierres précieuses, ce temple est enrichi de la perle sans prix(25) qui lui a été envoyée du ciel».

En face de l’Orient avec le Damascène, Saint Bernard de Clairvaux commence un sermon sur la Bienheureuse Vierge avec le mot: Ave. Salut pleine de grâces. Et il laisse couler son lyrisme:

«En la consécration de la Sainte Vierge, comme en celle d’un très magnifique temple, le Père a fourni la clarté, le Fils l’humilité, le Saint-Esprit la charité. Le Père a fourni la lumière de la raison, le Fils la cendre de la soumission, le Saint-Esprit l’huile de la dilection. Le Père a apporté la puissance, le Fils la sagesse, le Saint-Esprit la grâce de toutes les vertus. Le Père lui a donné la force pour résister au péché, le Fils l’humilité pour vaincre le monde, le Saint-Esprit la charité pour aimer Dieu et le prochain.

«Le Fils a mis en elle ( en Marie) la mortification de la chair, le Saint-Esprit la componction, le Père le don de la contemplation. Le Fils l’a instruite à pratiquer les actions célestes, le Saint-Esprit à aimer Dieu et à se rendre agréable à lui, le Père à contempler les choses célestes. Le Fils l’a ensegnée, le Saint-Esprit l’a avancée, le Père l’a perfectionnée. Le Fils lui a conféré la pureté, le Saint-Esprit la paix, le Père la gloire.

« Non que je veuille pour cela  diviser les oeuvres de la Sainte Trinité; mais comme Elle est une en son essence, ainsi l’avoué-je inséparable en ses actions».

Cet aspect trinitaire se lit dans la scène de l’Annonciation. Le Père envoie l’ange Gabriel. Le Fils prend corps dans le sein de Marie; l’Esprit-Saint descend sur elle pour former le corps du Christ. Scène si semblable à celle du baptême où le Père fait entendre sa voix, l’Esprit-Saint apparaît comme une colombe pour rendre l’eau féconde. Et le Fils est humblement dans l’eau, au milieu d’un peuple pénitent. C’est toujours l’humilité du Fils qui est mise en valeur.

Peut-on encore parler de la beauté du Temple de Salomon devant Marie le Temple de Dieu? La liturgie chez nous la dit: La toute belle, et nulle tache en elle. Même la lune est sous ses pieds. Elle est drapée dans le soleil avec douze étoiles autour de sa tête. Qui a construit le Temple de Jérusalem? Un roi qui reste un homme et qui sera même déchu à la fin de sa vie. Et puis ce sont des artisans et des ouvriers. D’ailleurs ce Temple n’est pas indépendant, étant sur une haute montagne, mais il fait partie d’un ensemble. Il est même à l’intérieur du domaine royal.

Mais qui a fait Marie? La Trinité Sainte. Cette femme est unique. On peut l’appeler « ville située sur une hauteur «. Ainsi elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison (Mt 5,15). Pour cela elle reçut comme titre: Temple de la Sainte Eglise. Et aussi elle brille pour ceux qui sont à l’extérieur. Ainsi, ceux qui entrent (Lc 8,6) peuvent la voir.

Ici, nous revenons à Jean Damascène dans som premier sermon sur la Nativité de la Vierge Marie: «O Vierge remplie de la grâce divine, O temple saint de Dieu, que le vrai Salomon, prince de la paix, a spirituellemet construit et qu’il a habité;  temple orné  non  d’or ni de diamants,  mais, à la  place de l’or  brillant, du Saint-Esprit, et à la place des pierres  précieuses, des pierres, ayant le Christ, perle d’un prix infini! ».

Dans la même ligne, Adam Scot(26) prononce une homélie (nº19) sur l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie: Il appelle le peuple à s’associer à lui: «Révérons cet auguste temple, réjouissons-nous, tressaillons d’allégresse et rendons lui gloire; prions dans ce temple sacré et espérons en lui, et pleins de louanges, de supplication et de confiance, ne nous en éloignons jamais. Ce temple est saint, il renferme le Saint des Saints, en qui habite corporellement toute la plénitude de la divinité, dit Saint Paul ( Col 2,9). Il est Saint, ce temple dans lequel Jésus-Christ conçu du Saint-Esprit, demeure neuf mois. O très glorieux et très beau temple du Fils unique de Dieu! Ouvrez-nous la porte de votre miséricorde et de votre clémence, accordez-nous d’entrer en vous, recevez nos prières faites devant vous. Par vous nous crions vers le Seigneur afin que de son saint temple il exauce notre voix, et que nos cris en sa présence aillent jusqu’à ses oreilles».

Et en finale, Adam Scot exhorte le peuple: « Ne vous éloignez jamais de ce temple, qui est Marie; répandez-y votre prière, montrez-y votre tribulation: tout alors sera écouté et exaucé »

Conclusion

Le corps du Christ est le temple de la divinité. Ce corps qui meurt mais ressucite par lui-même. Et Marie portant le Verbe de Dieu dans son sein est à son tour Temple de Dieu, présence de Dieu par celui qu’elle a conçu. Vers ce temple regardent les chrétiens essayant d’être à leur tour, le temple de l’Esprit et les membres du corps du Christ qui est l’Eglise. A ce moment ils comprendront l’importance de leur vie morale. Ils sont la lumière du monde. Que leurs actions brillent aux yeux des hommes, au milieu des ténèbres du monde. Ainsi pourront-ils se dire les enfants d’une Mère qui les a enfantés au pied de la croix.

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