Chapitre 1: Marie et le jardin du paradis

Chapitre 1

Marie et le jardin du paradis

J’ai dit: “J’arroserai le jardin de mes plantes fines, et je rassasierai l’herbe de ma prairie” (Si 24, 31). Ce jardin, c’est Marie; celui qui arrose, c’est Dieu; l’eau dont il se sert, c’est la grâce qui a été répandue en Marie.

Voici un nouveau jardin, un nouveau paradis, de nouvelles plantations faites par  celui qui autrefois a formé le paradis terrestre. L’ancien paradis était terrestre: Marie est un paradis nouveau, un paradis céleste. Le jardinier est le même; c’est Dieu. Dans l’ancien paradis, il plaça l’homme qu’il avait créé; dans le nouveau, il forme l’humanité de celui qui est auprès de lui de toute éternité. Du sol du paradis terrestre, Dieu a fait sortir toute espèce d’arbres beaux à la vue et dont les fruits étaient excellents au goût; il a aussi placé au centre de ce paradis l’arbre de vie; il a béni cette terre et ceux qui l’habitaient.

Marie produit abondamment les fruits délicieux de toutes les vertus; elle est l’arbre de vie; son fruit est Jésus-Christ fait homme, en qui toutes les générations sont bénies. Du paradis terrestre, qui était un séjour enchanteur, jaillissait un fleuve qui se divisait en quatre branches et l’arrosait dans toute son étendue; de Marie, le second paradis, est né le fleuve, le fleuve dont parle le psalmiste quand il dit: “Un fleuve de joie a inondé la cité de Dieu et le sanctuaire où réside le Très-Haut” (Ps 46, 5). Ce fleuve, c’est Jésus-Christ qui inonde de délices Marie, vraie cité de Dieu, vrai sanctuaire du Très-Haut.

Ce fleuve se divise en quatre branches, afin d’arroser, de féconder et de vivifier, par l’entremise de Marie, l’Orient, l’Occident, le Septentrion et le Midi. C’est donc avec raison que la bienheureuse Vierge est appelée par Saint Jérôme, Saint Pierre Damien, par d’autres docteurs et par l’Église elle-même, un paradis de délices, que Dieu a rempli de toutes les richesses de la grâce. Marie est un paradis où Dieu a placé les plus belles fleurs, et les fruits les plus délicieux de toutes les vertus. L’homme a perdu le premier paradis et le ciel; par Marie, le second paradis, l’homme rentre en possession de ce qu’il avait perdu, surtout dans l’éternité(2).

Ce passage signé l’abbé Rupert, nous ouvre sur deux textes d’une importance particulière pour admirer Marie comme jardin planté par Dieu, comme paradis où l’humanité aurait trouvé la vie si elle n’avait pas péché. Le premier se lit dans Gn 2-3: et le second couvre l’ensemble du Cantique des Cantiques.

Le paradis, le paradis perdu

Le mot grec «paradaisos», paradis est un décalque du perse «pards», ce qui a donné en syriaque «fardaisô» et en arabe «fardaws»(3). La Septante emploie ce terme au sens propre. Qohélet dit: «Je me suis fait des jardins et des vergers, et j’y ai planté tous les arbres fruitiers»(4). Le Bien-aimé chante sa Bien-aimée: «Elle est un jardin bien clos… un jardin bien clos»(5). Mais le sens religieux est mieux représenté; surtout dans le Nouveau Testament: «Aujourd’hui, tu seras avec moi au paradis» a dit Jésus au larron (Lc 23, 43).

Dieu planta un jardin

Le paradis est le jardin de Dieu, comme disent les religions du Moyen-Orient; pour ces religions, les dieux vivent avec délices dans des palais entourés de jardins, où coule l’eau de la vie; où pousse parmi d’autres arbres merveilleux «l’arbre de vie» dont le fruit nourrit les immortels. Ici-bas, leurs temples sont entourés de jardins sacrés, imitant ce prototype.

Que lisons-nous dans la Bible? On parle d’un jardin. C’est-à-dire le jardin de délices selon le sens du mot sémitique(6), Dieu plaça l’homme et la femme dans ce jardin. Celui-ci est situé à l’Orient, du côté du lever du soleil, non au nord comme dans les religions cananéennes. Quatre fleuves l’arrosent. Le chiffre quatre symbolise le monde avec ses quatre dimensions. Comme l’idée vient de la Mésopotamie, il est clair qu’on parle du Tigre et de l’Euphrate.

Quant aux deux autres fleuves, on les identifie au Gange ou à l’Indus, puis au Nil. A moins qu’il ne s’agisse des «rousseaux» qui sortent du temple et vont l’un vers l’Orient, vers la Mer Morte qui deviendra vivante avec les poissons. L’autre vers l’occident, vers la Mer Méditerranée qui n’est plus le lieu du mal comme toute surface d’eau. Telle était la pensée d’Ézéchiel.

«Il me ramena à l’entrée du Temple, et voici que de l’eau sortait de dessous le seuil du Temple, vers l’Orient, car le temple était tourné vers l’Orient. L’eau descendait de dessous le côté droit du Temple, au sud de l’autel» (Ez 47, 1). Et le prophète poursuit: «Au bord du torrent, sur chacune de ses rives, croîtront toutes sortes d’arbres fruitiers, dont le feuillage ne se flétrira pas, et dont les fruits ne cesseront pas. Ils produisent chaque mois des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède» (v. 12).

Telle est l’image que nous trouvons dans le livre de la Genèse. «Yahvé Dieu planta un jardin en Éden, à l’Orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé» (Gn 2, 8). Puis il parle de toutes espèces d’arbres. C’est un régal pour les Hébreux qui viennent du désert avant d’arriver en Palestine, surtout aux abords Jourdaim. C’est le plein bonheur pour l’homme: familiarité avec Dieu, surtout à la brise du jour (Gn 3, 8). Libre usage des fruits du jardin. «Tu peux manger de tous les arbres du jardin» (Gn 2, 16). Maîtrise des animaux: ils passent devant l’homme, comme des soldats devant leur chef, et il donne à chacun un nom. Unité dans le couple et harmonie. Innocence qui se laisse rapidement séduire par le serpent. Enfin, ni fatigue, ni souffrance, ni mort, car le péché n’est pas encore entré là où Dieu séjourne avec les humains. Nous comprendrons tout cela lorsque nous le retrouvons après l’avoir perdu. L’Apocalypse dit: «Voici la demeure de Dieu avec les hommes… Il essuiera toute larme de leurs yeux; de mort, il n’y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus» (Ap 21, 3-4).

Là interviennent les maîtres spirituels: «Les saints forment ici-bas un jardin spirituel; mais qu’une seule créature soit un jardin entier, où se trouvent tous les plus excellents fruits; qu’elle soit un paradis terrestre, un paradis de délices, c’est ce qui ne convient qu’à la seule Mère de Dieu». Saint Jacques en sa liturgie, et après lui le bienheureux Proclus, dans le discours qu’il fit au concile d’Éphèse l’ont nommée: un paradis spirituel. Saint Grégoire le Thaumaturge dans le deuxième sermon: un paradis d’incorruptibilité. Hésychius parla de la Sainte Mère de Dieu. Il la nomme: un paradis d’immortalité. Pour Saint Éphrem, Marie est un paradis de délices et de bonheur(7).

Nous citons ici la première hymne d’Éphrem au sujet de la Bienheureuse Vierge Marie dont le refrain est: «Gloire à ta naissance divine et humaine».

1.  La Vierge m’a appelé

pour chanter son histoire

avec admiration

Donne-moi, Fils de Dieu,

de t’admirer.

J’enrichirai ma cithare de ton don

et je dessinerai ta mère,

la figure pleine de beautés.

10.Marie offrit à l’humanité

un fruit doux,

À la place du fruit amer que cueillit Ève de l’arbre.

Par le fruit de Marie toutes les créatures trouvèrent douceur.

11.L’arbre de vie était caché

au paradis;

Il germa en Marie, d’elle il grandit

Et à son ombre

s’assirent les créatures.

Ses fruits se répandirent

sur ceux qui sont loin

et ceux qui sont proches.

12. Marie tissa un habit de gloire;

elle l’offrit à son père,

Qui était nu entre les arbres.

Il le porta,

fut pur et acquit toute beauté.

Sa femme l’a ruiné;

sa fille l’a soutenu

Il s’est levé comme un héros.

13.Ève et le serpent

creusèrent une fosse

Et renversèrent Adam.

Marie prépara avec le roi (son Fils);

Ils arrangèrent (la situation):

Ils le tirent,

ils le montent des profondeurs

par le mystère caché

Qui se manifeste

et donne vie à Adam.

14. La vigne vierge donne une grappe d’un vin doux.

Par lui furent consolés de leurs

afflictions

Ève et Adam qui étaient tristes

Ils goutèrent le remède de vie

et par lui

Furent consolés de leurs afflictions(8).

Place d’Ève. Place de Marie. Tout cela nous mène à parler du «paradis perdu».

Dieu les renvoya du jardin

C’est cela que nous lisons après la belle histoire du jardin. Ève et Adam péchèrent. «Dieu les renvoya du jardin d’Éden» (Gn 3, 23). Et pourquoi? Ils touchèrent à l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Ils se révoltèrent contre le Seigneur et crurent qu’ils avaient la pleine connaissance et surtout la pleine volonté pour tout faire. Ils se prirent pour des dieux et se lièrent à Satan(9).

Le monde ancien parlait de l’arbre de vie. Son fruit donne la vie, et préserve l’homme de la mort. Telle était sa destinée(10). Mais un second arbre(11), propre à la Bible renversa la situation.

Le péché est là. Et en conséquence, la mort. Alors, l’arbre de vie n’est plus à la portée de l’homme pécheur; celui-ci est éloigné du paradis d’Éden dont la porte est gardée par un chérubin avec la flamme du glaive fulgurant (Gn 3, 22-24).

Ici, nous citons encore de Saint Éphrem la troisième hymne sur le Paradis(12).

Mais peut-être l’Arbre béni. L’Arbre de vie.

Est-il, par ses rayons,

soleil du Paradis.

Ses feuilles sont lustrées

et on y voit empreintes

les beautés spirituelles

qui ornent le jardin

sous le souffle des vents,

comme pour adorer,

tous les arbres s’inclinent

devant lui, chef de leur armée,

le souverain des arbres.

Au milieu

il planta l’arbre de la science.

Il y greffa la crainte,

l’en remplit, l’en pétrit.

L’entoura d’épouvante

délimitant du coup

le pourtour intérieur

Leur double défense fut entendue d’Adam en l’unique parole;

“Ils n’en mangeront pas!”

car tandis qu’apeurés

Ils s’éloignent de l’Arbre.

Ils comprirent qu’il était interdit d’entrer à l’intérieur.

Le serpent entra. Il interrogea Ève et apprend le fait du paradis. Nos premiers parents mangent de l’arbre interdit, de l’arbre de la science. Ils se voient nus et ils doivent se cacher. Mais ils ne restent pas nus. Ils vont être revêtus à nouveau. Grâce à Marie et à son Fils, leur humanité nouvelle va commencer. Et le chemin de la vie n’est plus fermé.

Les Séraphins de leurs ailes

Les arbres de leurs branches

Le cachent

pour ne pas regarder leur Seigneur.

Tous durent rougir d’Adam

Qui soudain devint nu(13).

Tel fut le commencement du salut. Le sommet viendra à la plénitude des temps (Ga 4, 4) avec le Fils qui naît d’une femme. Ici nous revenons aux hymnes d’Éphrem sur Marie(14). Il s’agit de l’hymne IV avec pour refrain: A toi la louange, Fils de Dieu.

Dansez, assemblée des vierges

Pour la Vierge pleine d’admiration

Elle se prosterna et enfanta le héros

Qui défit les chaines du rebelle

Pour qu’il ne tente plus les vierges.

Il séduisit par votre mère Ève

Elle mangea le fruit qui tue

Votre sœur Marie a renversé

L’arbre qui donne la mort;

Et elle offrit le fruit qui donne vie à

tous.

Marie, nous l’admirons pleinement

Elle fut sage en son âme

Sainte en son corps.

Dans ses pensées elle fut pure

Et porta la flamme de feu.

2. Le Cantique des Cantiques

a- Paradis ancien, paradis nouveau

«Le paradis dont parle Moïse a été le paradis ancien et le paradis terrestre; mais celui dont je parle est le paradis nouveau, le divin paradis. Le même Maître qui a formé l’un, a aussi tracé et disposé l’autre; mais en l’un, il a mis l’homme qu’il avait formé du limon de la terre; en l’autre, il a placé l’homme qui était au commencement auprès du lui, avec lui, en lui. La terre fut le premier paradis. Marie fut le second paradis. De la terre sort l’arbre de vie. De Marie sort celui qui donne la vie». Job dit de lui-même: «Nu, je suis sorti du sein maternel, nu j’y retournerai» (Jb 1, 21). La terre est assimilée ainsi au sein maternel. Et Marie est cette nouvelle Terre Promise. Elle est située au sommet des montagnes. Et Éphrem dit: «Tous les sommets des monts sont tous moins hauts que lui. La crête du déluge, seule, en toucha les bases» (note 11, p. 96). Et Marie, la comblée de gloire, en sainteté et en perfection, est bénie entre toutes les femmes; elle est au-dessus de tous les saints.

Et avant de lire le Cantique des Cantiques, j’aimerai citer ce texte de Saint Basile sur le paradis, on pourra y voir en filigrane le bonheur de l’épouse. Marie, dans ce verger du Seigneur.

Marie paradis nouveau

«O bienheureux séjour qui ne connaît ni les sombres nuages, ni l’obscurité des brouillards, étant au dessus des tristes ténèbres qui enveloppent le ciel et nous en désolent la vue. Au contraire, il reçoit les premiers rayons du soleil et jouit tout le jour de sa lumière et de ses douces influences. Point de vents, point de tempêtes, point de grêles, point de foudres… Le printemps y vient à son tour mais sans amener aucune série d’humidités et de fraîcheur. L’été lui succède, mais sans ses ardeurs brûlantes. L’automne et l’hiver ont aussi leur temps: le printemps avec ses fleurs, l’été avec ses fruits, l’automne avec sa douceur, l’hiver avec son repos»(15).

Que dit-on de Marie à partir de cette description? «Son âme était un vrai paradis terrestre par la tranquillité continuelle dont elle jouissait. Jamais on ne la vit agitée des vents de l’inquiétude, des orages des passions; jamais obscurcie des nuages de la tristesse. Sans cesse, elle était éclairée des rayons du soleil divin; sans cesse, elle recevait les douces influences des célestes faveurs.

«Le plus riche ornement du paradis était l’arbre de vie… La plus grande gloire de Marie est d’avoir porté Jésus-Christ, qui sera la nourriture éternelle des saints, et qui leur communiquera l’immortalité… Je viens et je m’attache à ce fruit de vie que Marie, notre paradis, a porté plus heureusement, sans comparaison que l’ancien»(16).

A ce sujet dit Richard du Saint Victor(17): «La bienheureuse Vierge est le paradis. D’elle sort le fleuve divin qui se divise en quatre rivières, parce que du corps de Jésus-Christ, qui est sorti d’Elle, a coulé une fontaine de sang, qui ensuite a coulé sacramentellement dans les quatre parties du monde, pour laver les péchés, et pour répandre la grâce dans les cœurs».

Tu es un jardin, ma sœur, ma fiancée

C’est ainsi que le Cantique appelle la fiancée (Ct 4, 12). Elle appartient à son fiancé, à son Dieu. Et elle n’appartient qu’à lui. Chez elle il vient; il réside, car il y a trouvé son plaisir. Si on lit en même temps ce que dit Ézéchiel, nous pouvons comprendre la place de Marie dans le cœur de Dieu. A trois reprises, le prophète parle du jardin de Dieu «entouré de mur en pierres précieuses… fut préparé le jour de la création»(18). Dans un autre texte, Ézéchiel parle des «cèdres du jardin de Dieu» (3, 8). Et dans la même phrase, on parle des «arbres d’Éden» et du «jardin de Dieu» (v. 9).

Le jardin de Dieu s’identifie à la Palestine, à la Terre Sainte. Si elle est entourée, c’est pour être protégée, car elle appartient au Roi. Et l’on parle ensuite «d’une fontaine scellée». Une mystique applique cela à la Vierge Marie; elle dit: «Elle est la fontaine des jardins spirituels, le puits d’eau vive d’où descendent des fleuves du jardin divin. Elle coule de la montagne de Sion vers toutes les nations qui l’entourent ou qui sont loin d’elle. Ce sont des fleuves de paix, des rivières de grâces qui coulent du ciel»(19).

Dans cette même ligne, Saint Bernard commente le Cantique. Il dit: «Par le paradis des délices, j’entends le sein de Marie, dans lequel le Seigneur a accumulé tous les dons de la nature et de la grâce, tout ce qui peut servir le cœur et l’esprit.

«Quelle est, dit le Saint-Esprit dans son cantique d’amour, quelle est celle qui monte du désert, nageant dans les délices?»(20)

«Vous êtes un jardin fermé, ma sœur, disent les cantiques. Vous êtes mon épouse, vous êtes une source scellée, un jardin d’orangers chargés de leurs fruits et mêlés au nard de Chypre et aux fruits des pommiers. Le nard, le safran, le sucre et le cinnamone, et tous les bois du Liban. Et la myrrhe et le santal y répandent leurs plus doux parfums. La fontaine de tes jardins est une source d’eau vive qui se précipite du Liban»(21).

Le premier homme n’a pas su garder ce beau paradis que Dieu a fait au commencement. Ainsi nous fûmes privés de l’arbre de vie et nous étions destinés à la mort. Mais, la Vierge fut un autre paradis que Dieu prépara pour servir de demeure au second Adam à Jésus-Christ. L’époux a demandé de venir. Et voilà la réponse de l’épouse: «Que mon chéri vienne à son jardin et en mange les fruits de choix» (Ct 4, 16). Ne peut-on pas lire ici la réponse de Marie à l’Ange: «Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit faite selon ta parole»(22) (Lc 1, 38).

Dans cette ligne dit Grégoire le Nysse: «C’est une parole osée (que vienne le Bien-aimé!). À qui elle offre ses fruits? À qui elle prépare une nourriture de ses biens? À celui par qui, de qui, en qui, elle reçut tous ces biens. Avant cela, elle se délectait du fruit du pommier et disait: ‘Son fruit est doux dans ma gorge’. Et voilà qu’elle devient à son tour, un fruit nouveau et désirable. Elle s’offre au jardinier pour lui faire plaisir»(23).

Et nous terminons cette fresque par les Hymnes sur la Nativité(24). Dans le second hymne Éphrem présente la succession des âges. Il arrive à Marie qui chante:

8. Plus que tous ceux qu’il a guéris,

il m’a réjouie

Parce que je l’ai conçu;

Plus que tous ceux qu’il a exaltés,

il m’a exaltée

Parce que je l’ai enfanté.

En son paradis de vie

je suis prête à entrer,

Et là où Ève a failli,

je vais le glorifier.

Car il s’est complu en moi

plus qu’en toutes les femmes créées.

Au point que je lui devienne mère,

Parce qu’il l’a voulu.

Et qu’il me devienne un enfant, parce que cela lui a plu.

Conclusion

Si nous pouvons chanter Marie à pleine voix, c’est parce qu’elle est avant tout la Mère de Dieu. Elle fut préparée «avant la fondation du monde» (Ep 1, 4). Si le monde est créé beau, Marie fut avant le monde. Et si le paradis, est le sommet de tout ce que nous pouvons attendre sur la terre et même au-delà, Marie est le paradis du ciel. Si le ciel n’a pu contenir le Fils, Marie a pu le contenir, car elle est plus vaste que le ciel. Et si le paradis, terrestre était le lieu où Dieu conversait avec l’homme. Marie, ce nouveau paradis est le lieu où habita l’Emmanuel. «Dieu avec nous». Tout ce qu’a perdu la terre par Adam, fut retrouvé en Marie, comme dit Saint Éphrem dans les Hymnes sur le Paradis (IV, 5).

Adam nu était beau;

sa femme diligente

peina à lui tisser un habit de

souillures.

Le Jardin le voyant,

et le trouvant hideux,

dehors le repoussa.

Mais pour lui, par Marie,

fut faite une tunique neuve.

Vêtu de cette tunique neuve

et selon la promesse,

le larron resplendit (Lc 23, 43).

Le jardin l’embrassa à la place  d’Adam.

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