Isaac d’Antioche-un hymne sur l’incarnation

Isaac d’Antioche

un hymne sur l’incarnation

Introduction

Dans un article publié dans le dernier volume de Parole de l’Orient(1) nous avons publié dans une traduction française un mimro? «sur l’incarnation du Verbe» tiré de la collection des mimro attribués à Isaac d’Antioche. Nous y avons démontré le caractère nettement dy-physite de la foi de l’auteur selon lequel dans le Christ «il y a deux natures et une seule prosopon» et une distinction nette des propriétés respectives de la nature divine et de la nature humaine(2).

Dans cet article nous vourdions présenter à nos lecteurs un autre mimro? de la même collection(3) mais de tendance nettement monophysite, espérant ainsi contribuer, tant soit peu, à la solution des problèmes multiples que pose cette collection mise sous le nom d’Isaac d’Antioche.

Ce mimro? est dirigé expressément contre Nestorius et Eutychès dont les «erreurs» sont réfutées à partir de la foi de l’Eglise que ces deux «scutateur» ont troublée. C’est sur le banquet eucharistique auquel il est invité que l’auteur contemple dans la joie, la paix et la simplicité la foi véritable. Réconforté par le pain, «corps de Dieu», qu’il a mangé et par le vin, «sang de notre Seigneur», il peut «prêcher la vérité certaine dans le monde» et réfuter les erreurs des «querelleurs» (vers 1-65). Ces erreurs sont énoncées par l’auteur de la manière suivante:

«J’entendais les gens discuter:

Dieu est-il mort ou non?...

L’un dit: il ne fut pas un homme;

l’autre le compte parmi les hommes» (73-78).

Les deux premiers «témoins» qui confondent Nestorius et Eutychès sont Marie et les «élément» de la nature:

«Que les témoins véritables viennent

pour réfuter leurs blasphèmes.

Marie, la Mère de Dieu,

et avec elle tous les éléments:

Qu’ils viennent montrer clairement

la vérité à l’Eglise croyante.

Marie dont il fut incarné

dira malheur à Eutychès!

Et les éléments qui s’ébranlent lors de sa crucifixion

cracheront à la face de Nestorius!» (133-140).

C’est surtout l’argument marial que l’auteur développe. Si le Christ n’était pas véritablement homme (Eutychès), Marie ne serait nullement nécessaire et pourtant ce sont ses entrailles qui l’ont enfanté. S’il n’était pas véritablement Dieu (Nestorius) comment aurait-il pu entrer en Marie par «son oreille» en gardant intacte sa virginité? (144-150):

«Comme Esprit il est entré par l’oreille

et du ventre, il est sorti comme chair» (153-154).

Contre Eutychès qui semble, selon l’auteur attribuer au Christ un corps angélique ou céleste, il affirme le caractère proprement humain du corps du Christ:

«En descendant il ne prit pas un corps aux anges

car ils n’en ont pas.

Ce n’est pas pour eux qu’il s’abaissa

pour qu’ils lui donnent ce dont il a besoin ppour son chemin.

Gabriel n’a pas de corps

que le Christ lui prendrait pour descendre chez nous.

Michel n’a pas de membres

par lesquels le Christ souffrirait sur la croix» (164-177)

«S’il avait apporté un corps avec lui

Quand il vint d’auprès de son Père

Comment aurait-il pu faire entrer

ce corps par l’oreille de la Vierge»? (213-216).

L’argument principal en faveur du véritable varactère humain du Corps du Christ reste, cependant, l’argument sotériologique: le fils de Dieu prit un corps proprement humain en vue de mourir sur la croix pour le péché d’Adam comme le dit clairement le passage que nous venons de citer.

Contre Nestorius, notre auteur fait valoir la foi de l’Eglise «Ville de la lumière» (352) qui «connaît l’Unique du Père et de la Vierge» (54-55). Cette foi de l’Eglise est nettement monophysite:

«Dis qu’il vient de deux seins

et affirme qu’il est un comme il est.

Crois qu’il est de Dieu...

Et confesse-le, sans le diviser,

qu’il est homme, né d’une femme.

Et quand tu l’auras pareillement loué

comme venant du ciel et de la terre

Affirme qu’il est de deux

qu’il est un, mais non pas deux...

Il ne fut pas de deux personnes (Fars%ûfin)

et il ne fut pas de deux parties.

La divinité et l’humanité

L’humanité et la divinité

(constituent) l’unique Fils absolument parfait» (359-395).

L’erreur fondamentale de Nestorius, selon notre auteur, est de diviser ou de séparer l’unique en considérant son corps comme «quelque chose d’ajouté» à Dieu (56-57). Cette division revient en fait à nier la divinité du Christ en le considérant comme simplement un homme. La gravité de cette erreur consiste à nier la mort de Dieu pour notre salut parce que celui qui serait mort sut la croix serait simplement un homme incapable de confondre Satan et de vaincre la mort:

«Que ton esprit ne soit pas en dureté

quand tu entends que Dieu est mort.

Si Dieu n’était pas mort

le monde serait jusqu’à maintenant resté dans la mort...

A lui appartient la naissance du Père

à lui appartient la naissance de Marie.

A lui la mort sur la croix

à lui la résurrection du tombeau.

A lui toutes les paroles accomplies,

il fut Dieu et Fils de Dieu» (343-355).

Devant cette grave erreur, l’auteur anathématise Nestorius et propose la foi monophysite:

«Anathème à qui sépare

la divinité du corps!

Une est la nateur de l’unique,

hypostase (Qnûmô) composée sans transformation».

Qui ne confesse pas ainsi

n’est pas sauvé par le sang divin» (433-438).

TEXTE(4)

L’Eucharistie, lieu de repos pour le croyant

La foi m’invita

à jouir de ses apprêts;

Elle me fit asseoir à sa table(5)

et disposa devant moi les fruits de l’Esprit.

Elle aplsnit la route qui m’introduit chez elle

afin que le marche facilement avec elle.

Elle me tint dans la voie droite

pour que je ne m’égare pas dans l’erreur odieuse.

J’entrai avec elle dans ses demeures

10 et je parvins au lieu du repos.

Je contemplai toutes les bonnes choses amassées

qu’elle avait préparées à ses invités.

Je contemplai sa maison qu’elle avait ornée

de paix, d’amour et de concorde,

Et les paroles des prophètes

étendues comme des tapis.

Je contemplai versée dans sa cruche (la boisson) douce:

elle était pleine de sang au lieu de vin.

Elle avait placé au milieu de sa table,

20 au lieu de pain, un corps immolé.

Je contemplai le sang, je fus terrifié,

le corps immolé, la stupeur me saisit.

Elle me fit signe: mange et sois silencieux

mange, enfant, et ne parle pas.

Elle me plaça à la tête de ses convives

et m’offrit une place élevée.

Et elle me dit: «Pour un bon salaire,

reste à côté de moi et travaille avec moi».

Elle m’offrit sa coupe d’amour

30 et elle rafraîchit ma bouche desséchée.

Je pris, je reçus de ses mains,

au lieu de vin, le sang (très) saint.

Sous ma tête elle plaça ses bras,

elle me soutint comme un (enfant) sevré.

Elle m’offrit le corps et le sang

et me dit: «Prends, réjouis-toi».

A table, elle me chuchota

(des paroles) fines et sublimes.

Elle me chanta des paroles d’amour

40 pour me charmer par ses cantiques.

Comme un enfant, elle m’invita,

comme un petit, elle me flatta.

Elle m’apprit la louang

avec des instruments placés devant moi.

Elle me montra le corps immolé

et en plaça entre mes lèvres.

Elle me dit aimablement:

«contemple ce que tu manges»

Elle me tendit la plume de l’Esprit

50 et m’exhorta à la saisir.

Je la pris, j’écrivis et je confessai:

ceci est le corps de Dieu(6).

Je fis de même avec la coupe:

je pris, je bus à son banquet.

De la coupe s’exhala l’odeur(7)

de ce corp dont j’avais mangé.

Et ce qui fut dit à propos du corps,

qu’il était le corps de Dieu,

Je le dis aussi à propos de la coupe:

60 c’est la sang de notre sauveur.

Tout cela, à son repas,

la foi me le montra.

Elle m’envoya pour aller prêcher

la vérité certaine dans le monde.

Le monde, lieu de trouble pour la foi

Je sortis et je racontai ce que j’avais vu,

(mais) j’entendis une autre parole

Que beaucoup de gens répétaient,

et chacun selon son opinion.

Je vis le monde dans la confusion

70 et dans les discussions effrontées.

En effet, ils abandonnent la parole du salut

et poursuivent les (vérités) secrètes.

J’entendais les gens discuter

Dieu est-il mort ou non?

Sa mort a sauvé le monde,

et ceux-là se demandent s’il est mort.

L’un dit: ik ne fut pas un homme;

l’autre le compte parmi les hommes.

Par les paroles de celui-ci et de celui-là

80 la dispute s’installe.

Les querelleurs ont troublé la terre

par leurs paroles contradictoires.

Ils ont abandonné la louange du sauveur

et ils se sont mis à scruter comment il est mort.

Nestorius et Eutychès

Deux plantes amères(8)

ont germé et poussé pour notre malheur.

Ils ont déchiré le genre humain

et semé la division dans les Eglises.

Nestorius et Eutychès

90 ont troublé nos oreilles.

Du venin du serpent ils ont bu,

et sont revenus abreuver le monde.

Le Mauvais les a attirés à lui,

il les a mis de son côté.

Ils ont commencé à nier la rédemption

que Notre-Seigneur a apportée au monde.

Satan a eu peur en effet

d’entrer tout seul dans la géhenne.

Il a engagé une troupe de paille

100 au combat avec le flamme.

La paille que le vent emporte

se met à scruter la flamme.

Les bourgeons qui avaient germé hier

livrent un combat à la flamme.

Les petits des milans,

encore dans les coquilles

Sélèvent au niveau de l’aigle

qui a volé et dépassé les nuages!

Les chauves-souris, filles des ténèbres,

110 qui se montrent la nuit,

Se mettent effrontément à scruter

la lumière qui aveugle les séraphins.

Les renards puants se glorifient

devant le lion fort et puissant.

Que sa colère monte, qu’il rugisse,

et toutes les créatures trembleront!

Les mottes de terre

s’élèvent en face du torrent!

Les fleurs qui soudain se dessèchent

120 fixent des yeux le soleil!

L’un commence à dire:

Notre-Seigneur fut simplement un homme.

Un autre lui répond:

il n’a pas revêtu le corps de notre humanité.

L’un nie sa divinité,

l’autre nie son incarnation.

L’un dit: il ne s’est pas fait chair,

et l’autre dit: il ne fut que corps.

Témoins contre Nestorius et Eutychès

Maintenant que ma langue pure

130 a été pervertie par leurs langues,

Que les témoins véritables viennent

pour réfuter leurs blasphèmes;

Marie, la Mère de Dieu,

et avec elle tous les éléments.

Qu’ils viennentmontrer clairement

la vérité à l’Eglise croyante.

Marie dont il fut incaené

dira malheur à Eutychès!

Et les éléments qui s’ébranlèrent lors de sa crucifixion

140 cracheront à la face de Nestorius!

S’il n’était pas Dieu,

qui a donc été envoyé par le Père(9)?

Et s’il n’était pas un homme,

pourquoi Marie serait-elle nécessaire?

S’il n’était Dieu,

comment aurait-il pu entrer par l’oreille(10)?

Et s’il n’était pas un homme

comment les entrailles l’auraient-elles enfanté?

S’il n’était pas Dieu,

150 comment aurait-il pu garder intacte la virginité (de

Marie)?

Et s’il n’était pas un homme,

pourquoi n’est-il pas sorti par où il est entré?

Comme esprit, il est entré par l’oreille,

et du ventre, il est sorti comme chair.

Et il est clair et manifeste

que le spirituel est devenu corporel.

Il n’avait pas apporté de corps avec lui,

mais il est venu pour recevoir un corps.

Le spirituel est descendu vers Marie,

160 dans son sein, homme il apparut.

Dieu a envoyé son Fils

dans le monde, et il naquit femme(11).

Il était Dieu;

il fut envoyé, il devint un homme(12).

En descendant, il ne prit pas un corps aux anges,

car ils n’en ont pas;

Et ce n’est pas pour eux qu’il s’est sbaissé

pour qu’ils lui donnent ce dont il a besoin pour son chemin(13).

Mais, à cause de la condamnation d’Adam,

170 il s’abaissa et goûta la mort.

Il prit un corps à Adam

et par son corps, il goûta la mort.

Gabriel n’a pas de corps

que le Christ lui prendrait pour descendre chez nous.

Michel n’a pas de membres

par lesquels le Christ souffrirait sur la croix.

C’est par la parole du Seigneur

que furent formées les puissances célestes,

Et c’est par le souffle de sa bouche

180 que subsistent les armées du ciel;

Toutes les troupes d’en haut

sont d’esprit et de feu(14).

Et le Seigneur n’a pas parlé d’eux.

comme il a parlé d’Adam

Il est dit: le Seigneur prit de la terre(15)

et créa Adam à son image(16).

De celui qu’il a pétri à sa ressemblance,

il prit in corps et vint chez lui.

Ni au ciel, ni sur la terre,

190 ni dans les mers, ni partout (dans le monde),

Rien ne ressemble au corps de Notre-Seigneur,

sinon chez les hommes.

Tout ce que tu comptes cherche

chez les hommes tu peux le trouver.

Et comme il n’y a rien qui ressemble à notre corps

dans toutes les variétés des créatures,

Dieu s’abaissa de différentes manières,

dans de nombreux lieux.

Mais on n’entendit jamais qu’il demeura dans une femme

200 avant qu’il ne décide de s’incarner.

S’il a fait de la femme dans laquelle il demeura,

un chemin transitoire,

Pourquoi fut-il retenu neuf mois

par un canal si étroit?

Si d’elle il n’a pas pris un corps

et si à ce corps il ne s’est pas mêle(17),

Pourquoi, sorti de son sein,

revint-il se nourrir de son lait?

S’il n’avait pas reçu ses mambres

210 il n’aurait pas été nourri de son lait.

S’il n’y avait pas de corps,

il n’y aurait pas peu de croissance.

S’il avait apporté un corps avec lui

quand il vint d’auprès de son Père,

Comment aurait-il pu faire entrer

ce corps par l’oreille de la Vierge?

Si le corps de Notre-Seigneur

n’a pas été réellement pris de nous,

Marie serait astreinte par la force

220 à nourrir un corps qu’elle n’a pas enfanté.

Avertissement aux hérétiques

O effronté, cesse donc

de scruter la voie du Fils.

Connais-toi toi-même, fils de la poussière,

et n’approche pas la flamme.

O scrutateur, les crucifieurs

ne furent pas aussi mauvais que toi,

Et ils n’osèrent pas plus que toi

(scruter) le premier né de la divinité.

L’Apôtre s’exclama en disant;

230 «S’ils l’avaient connu et compris

Ils n’auraient pas crucifié sur le Golgotha

le Seigneur de la gloire»(18).

Ta honte est grande, ô effronté,

ta poussière s’est élevée!

Eux ne savaient pas

et toi sachant tu cherches.

Si les juifs t’avaient appelé

alors qu’ils le crucifiaient au Golgotha,

Tu l’aurais transpercé par une autre lance

240 en cherchant à le scruter.

Les troupes qui resplendissent

sur une mer de flamme

Tremblent à le regarder,

et toi tu te hâtes pour le scruter!

De loin, ils frémissent devant sa sainteté

et ne se permettent pas (de voir) où il est,

Et toi qui lèches la poussière

voici que tu scrutes le Terrible!

Alors que tu cherches à le connaître,

250 le tremblement saisit Gabriel.

Lui qui au dessous de lui, n’ose pas le regarder,

et toi tu oses le scruter.

Si son Père consentit à l’envoyer

et il devint un homme,

Pourquoi scrutes-tu

celui qui s’abaissa pour te sauver?

Il ne murmura pas, mais il accepta

toutes les souffrances à cause de toi.

Et toi, tu n’as pas pitié de toi-même,

260 tu nies ton propre salut.

Confesse qu’il est mort pour toi

et ne cherche pas (à savoir) comment il t’a sauvé.

Glorifie-le avec ceux qui sont sauvés

et associe-toi aux justes.

Ce qu’il a fait pour toi dépend de lui,

si tu le nies, cela dépend de toi.

Il t’a emporté vers les hauteurs de son Père,

ne sois pas séduit par les profondeurs de la terre.

A cause de son amour, il est descendu vers toi

270 pour que tu sois exalté par son abaissement.

Dès le sein, il fut pour toi un frère

ne le fuis pas, mais rejoins-le.

Alors qu’il était Dieu

il fut un homme comme il l’a voulu

Et alors qu’il ressemblait à son Géniteur

il fut selon notre ressemblance.

Fondements Scripturaires de l’Incarnation

S’il n’était pas Dieu,

pourquoi les anges seraient-ils descendus(19)?

Et s’il n’était pas un homme,

280 comment aurait-il été nourri de lait?

S’il n’était pas Dieu

à qui les (mages) ont-ils offert leurs présents(20)?

Et s’il n’était pas un homme,

comment fut-il enveloppé de langes(21)?

S’il n’était pas Dieu,

à qui irait l’imploration du vieux Siméon(22)?

Et s’il n’était pas un homme,

qui aurait-elle porté dans ses bras(23)?

S’il n’était pas Dieu,

290 à qui irait le témoignage du Père(24)?

Et s’il n’était pas un homme,

qui donc a été baptisé dans le fleuve(25)?

S’il n’était pas Dieu,

qui donc a guéri l’hémorroïsse(26)?

Et s’il n’était pas un homme,

le bord du manteau de qui a-t-il été saisi?

S’il n’était pas Dieu,

pour qui le soleil aurait-il été obscurci(27)?

Et s’il n’était pas un homme,

300 qui a donc supporté les coups de fouet(28)?

S’il n’était pas Dieu,

qui a donc fendu roches et pierres(29)?

Et s’il n’était pas un homme,

dans les mains de qui les clous furent-ils donc enfoncés?

Si le soleil n’avait pas su

que celui qui était suspendu à la croix était Dieu,

Il n’aurait pas caché son visage

pour ne pas voir sa nudité.

S’il n’était pas Dieu,

310 qui a donc fendu le rideau (du temple)(30)?

Et s’il n’était pas un homme,

qui a été enveloppé de bandelettes(31)?

S’il n’était pas Dieu,

qui a donc mis en branle les créatures?

S’il n’était pas un homme

d’où ont donc coulé l’eau et le sang(32)?

S’il n’était pas Dieu,

comment a-t-il donc vivifié les morts?

Et s’il n’était pas un homme,

320 comment a-t-il pu entrer au tombeau?

Les signes confondent

celui qui ne reconnaît pas qu’il est Dieu:

Et son abaissement blâme

celui qui nie qu’il fut un homme.

Celui qui dit: il ne fut pas

Dieu de Dieu

Le soleil lui cracherait au visage

lui qui ne devint pas obscue à cause d’un homme.

Et celui qui dit:

330 il ne fut pas crucifié par ses membres au Golgotha,

La lance qui l’a tranpercé le blâmera,

elle qui a passé dans son côté de chair.

Ce ne fut pas un corps sans Dieu

qui fut attaché au bois de la croix.

Ce ne fut pas Dieu sans un corps

qui souffrit au Golgotha.

Dieu supporta dans le corps

souffrances, douleurs et coups.

Témoins pour nous sont l’eau et le sang

340 qui coulèrent de lui à la croix.

S’il n’était pas mort selon notre nature

l’eau ne serait pas venue de lui

Et s’il n’était pas vivant selon son Essence

le sang n’aurait pas coulé de lui.

D’un mort, le sang ne sort pas,

l’eau ne coule pas d’un vivant.

En effet, Notre-Seigneur qui est vivant alors qu’il est mort

de lui ont coulé et le sang et l’esu.

L’eau n’a pas coulé d’un esprit

350 le sang a surgi d’un corps.

Du Dieu incarné

l’eau et le sang ont coulé pareillement.

La foi basée sur le témoignage des Apôtres

La foi de la fille de la lumière(33),

se présente ainsi sans être scruutatrice.

Elle connaît l’unique

du Père et de la Vierge.

Attribue le corps à Dieu

et n’en fais pas quelque chose d’ajouté.

Dis qu’il vient de deux seins,

360 et affirme qu’il est un comme il est.

Crois qu’il est de Dieu,

qu’il est Dieu comme Dieu.

Et confesse-le sans le diviser,

qu’il est homme né d’une femme.

Et quand tu l’auras pareillement loué,

(comme) venant du ciel et de la terre,

Affirme qu’il est de deux,

qu’il est un, mais non pas deux,

Loin de l’Eglise qu’elle dévie

370 et qu’elle erre à la suite des scrutateurs!

Loin d’elle qu’elle nie le salut

qu’a opéré pour elle l’Unique!

Elle s’attache à la confession de Thomas l’élu

et elle chante le gloire du Christ.

Elle ne nie pas sa divinité

elle ne refuse pas de reconnaître son humanité.

Elle a appris la vérité

du disciple de la vérité.

Elle a reçu l’enseignement

380 de celui qui a vu le Fils Unique.

Elle s’exclame comme le disciple:

«Mon Seigneur et mon Dieu»(34).

Qui ajoute ou retranche à cela,

la fille de la lumière le rejettera.

Elle rejette celui qui nie

la divinité de l’Unique.

Elle ne se réjouit pas de celui qui dit:

Il n’a pas revêtu le corps d’Adam.

Tel est son grand titre de gloire:

390 sa divinité et son humanité.

Il ne fut pas de deux personnes

et il ne fut pas de deux parties(35).

(Mais) la divinité et l’humanité,

l’humanité et la divinité,

(Constituent) l’unique Fils absolument parfait,

né aussi bien du Père que de Marie.

Le Père l’engendra comme Dieu

et la Vierge comme un homme.

Du Père et de la Vierge

400 il est simplement l’Unique sans division.

Totalement parfait dans sa divinité,

totalement parfait dans son humanité.

Mais dans les deux cas on croit

qu’il est l’Unique engendré.

Celui qui est né du Père

sans corps et de manière spirituelle

A été engendré par la Vierge, sa mère

admirablement et de manière corporelle.

Si tu nies sa divinité,

410 le Père crie du haut des cieux.

Si tu ne reconnais pas son humanité

la Vierge Marie s’indigne sur la terre.

C’est à lui que le Père a dit au commencement

«Faisons l’homme à notre ressemblance»(36).

Et c’est lui que la bienheureuse a senti(37)

quand elle l’enfanta à Rphrata(38).

Celui qui fut envoyé paar le Père

est celui qui naquit du sein (de la Vierge).

Et celui qui naquit du sein (de la Vierge)

420 fut crucifié au Golgotha(39).

Tel est le titre de gloire de l’Eglise:

Dieu est mort sur la croix,

Non dans sa nature divine

mais dans son corps humain.

En effet, Dieu ne pouvait goûter la mort

dans sa nature (divine).

Et comme il a voulu mourir,

il a pris un corps et a goûté la mort volontairement.

La mort ne pouvait approcher

430 un Dieu qui n’a pas de corps.

Si elle ne l’avait pas vu incarné

elle aurait eu peur de l’approcher.

Anathème à qui sépare

la divinité du corps.

Une est la nature de l’Unique

Hypostase composée sans transformation.

Qui ne le confesse pas ainsi

n’est pas sauvé par le sang divin.

S’il ne s’était pas abaissé

440 s’il n’avait pas revêtu un corps pour nous sauver,

Les créatures ne se seraient pas redu compte,

Satan n’aurait oas été confondu.

Que ton esprit ne soit pas en doute

quand tu entends que Dieu est mort.

Si Dieu n’était pas mort

le monde serait jusqu’à maintenant resté dans la mort.

A lui appartient ce qui est secret,

à lui appartient ce qui est manifeste.

A lui appartient la naissance du Père,

450 à lui appartient la naissance de Marie.

A lui la mort sur la croix,

à lui la mort sur la croix,

A lui toutes les paroles accomplies,

il fut Dieu et Fils de Dieu.

A lui la création et la rédemption,

à lui le jugement des créatures.

Pour nous, il a fait tout cela,

Venez et louons-le.

Pour tout ce qu’il a fait pour nous

460 venez et chantons sa gloire.

Venez, acclamons-le ensemble

à voix forte, en plein accord.

Tu es du Père, tu es de notre (race)

ô Fils Unique non divisé.

Confessons-le devant les hommes,

pour qu’il nous confesse devant son Père.

Ne le renions pas maintenant,

pour qu’il ne nous renie pas quand il viendra(40).

Reconnaissons-le en vérité,

470 comme les morts l’ont reconnu.

Donnons-lui notre foi sans partage,

comme ceux qui sont endormis (dans la mort).

Si les morts n’avaient pas affirmé

qu’il était Dieu et Fils de Dieu,

Ils n’auraient pas ressuscité

quand ils l’ont vu descendre vers eux(41).

Voici que la vérité est manifeste comme le soleil,

courons vers elle, mes amis.

Car elle est meilleure que l’amour des hérétiques

qui ressemble à la souillure des croyants.

Laissons les ténèbres et les fils des ténèbres,

et rejoignons la lumière,

Pour qu’il ne nous renie pas,

quand il viendra, lui le grand pasteur(42).

Attachons-nous à la voie droite

et engageons-nous-y avec une intention sincère;

Elle nous mènera aux demeures (célestes)

à la droite du Fils de Dieu.

Ne soyons pas les compagnons des méchants,

490 (tels que) Eutychès et Nestorius.

N’aimons pas leur enseignement,

car le vénin de la mort est caché dans leurs paroles.

Celui qui aime la vérité,

apprendra de Thomas (l’apôtre) choisi.

Quand il toucha le côté du Fils,

il l’acclama: tu es mon Dieu!

Nous sommes les disciples de la vérité.

n’abandonnons pas sa doctrine.

Nous sommes engagés dans la voie des apôtres,

500 que nos pas marchent à leur suite.

Le Fils ne fut pas moindre qu’il n’était,

malheur à qui l’amoindrit!

Il est exalté dans sa grandeur,

qui le scrute en pâtira.

En le glorifiant, nous ne l’agrandissons pas,

en le scrutant, nous ne le diminuons pas.

(Mais) il reste toujours comme il est,

heureux qui l’aime dans la pureté.

Quand tu viendras de manière manifeste,

510 ô Dieu qui devins un homme,

Eutychès et Nestorius

habiteront la géhenne.

Et là-bas ils se lanceront mutuellemment

malheur dans les ténèbres extérieures.

L’un crachera au visage de l’autre

parce qu’ils ont attaqué ta majesté.

Pris dans les tourments,

Nestorius criera et dira: «Tu es Dieu».

Et dans les supplices,

520 Eutychès confessera que tu es un homme.

Et nous qui avons vu que tu nous ressemblais,

et qui avons cru que tu étais Dieu,

Préserve-nous de cette géhenne

conservée pour tous ceux qui te renient.

Nous t’avons confessé comme tes disciples,

et comme eux nous avons cru en toi,

Que nous soyons protégés sous leurs «ailes»

quand tu viendras au grand jour (du jugement).

Nous avons reçu l’enseignement

530 de Thomas l’apôtre qui a proclamé ta (divinité).

Que sa prière intercède pour nous

quand tu viendras dans la gloire de ton Père.

Nous t’avons confessé tout simplement

sans scruter ta majesté (divine).

Que par ta miséricorde nous soyons dignes de ta clémence

et que nous confessions ta bonté.

Et en ce jour nous chanterons ta gloire

à voix haute.

Nous chanterons également avec toi ton Père

540 et l’Esprit-Saint à tout moment.

 

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