Les Premiers Jours de la création

Les Premiers Jours de la création.
Commentaire de Gn 1, 1-2,4 par Saint Ephrem.

En 1737, Petrus Benedictus publiait l’œuvre exégétique de Saint Ephrem(1). On lit dans le volume I le commentaire du Pentateuque, de josué, des juges, de 1 et 2 Samuel, de 1 et 2 Rois; dans le volume II, on trouve le commentaire des prophètes, de Job et autres textes choisis(2). La question de l’authenticité de l’ensemble de cette œuvre a été à peine effleurée. Si on fait mention du commentaire de la Genèse et de l’Exode, les auteurs se prononcent pour son authenticité(3). Si on examine les extraits du commentaire d’Isaïe, on pencherait pour son authenticité du fait de la présence de parallèles avec les œuvres avec les œuvres authentiques de saint Ephrem(4). Enfin, l’existence des chaines exégétiques dans la version arménienne(5) devrait nous pousser à reconsidérer l’appréciation portée à l’encontre des commentaires attribués au docteur syrien(6). Ceci dit, nous voudrions offrir au lecteur la tradition du commentaire de la Genèse tel qu’il a été édité une première fois en 1737 avec une traduction latine plutôt large(7), et une seconde fois dans une traduction latine littérale en 1955(8). Quelques mots nous aideront à placer ce commentaire dans l’ensemble de l’œuvre ephrémienne et à comparer les points de vue qu’il propose aux opinions courantes à son époque.
Le commentaire de la Genèse, se compose d’un prologue qui résume un peu le livre de la Genèse, puis du commentaire proprement dit qui suit le texte saint et que Tonneau dispose en quarante-quatre sections(9).
Nous présentons dans cet article la traduction du prologue et de la première section. Celle-ci se veut une explication du premier chapitre de la Genèse, mais une explicalion plus longue que d’ordinaire. En effet, si on compare cette section à la section 19, 22 ou 23, on verrait tout de suite qu’Ephrem a prolongé ses réflexions dans cette section comme dans la deuxième et la troisième, laissant de côté la concision à laquelle il nous a habituédans le commentaire de l’Exode, par exemple(10).
Et si l’on cherchait la cause on y verrait d’abord l’intention du saint docteur de répondre aux opinions erronées. En effet, dès les premières lignes de la première section nous lisons que les «natures» créées ne sont pas des «essences» ityê, des êtres existant par eux-mêmes(11); par cette affirmation, Ephrem répond à Bardesane et à ses disciples qui plaçaient à l’origine du monde cinq éléments appelés ityé, «essences» et préexistant au monde(12). Ces éléments sont précisément l’air, l’eau, le feu, la lumière et les ténèbres. Ephrem reproche à Bardesane d’avoir donné à ces éléments un nom qui ne convient qu’à Dieu ityô, l’Etre qui est par lui-même, et donc d’avoir fait de ces éléments des “dieux”(13). C’est là l’erreur fondamentale contre laquelle veut lutter Ephrem. N’est-ce pas que déjà dans le prologue il avait dit que Dieu a inspiré à Moïse d’écrire son livre pour dissiper l’erreur (de Bardesane)? Quelle est donc cette erreur? Beaucoup parmi les fils d’Abraham eux-mêmes, poursuit Ephrem, considérèrent comme «existants», ityê des natures qui furent tirées du néant et ils nommèrent dieux des créatures faites de quelque chose(14).
De plus, dans sa critique des doctrines erronées, Ephrem associe souvent Mani à Bardesane(15), et quand il critique l’un il ne ménage pas l’autre. Ainsi, quand Mani affirme la préexistence de la lumière et des ténèbres qu’il considère comme deux principes incréés(16). Pour Ephrem, le mot b-ros<ît, «au commencement» suffit à lui seul pour proclamer la création ex nihilo. En outre, ces natures ont existé après le ciel et la terre, et le touh w-bouh, c’est-à-dire ce qui est désert et vide est plus ancien que ces natures. Comment donc appeler ces natures des principes incréés?
Tout en répondant à Mani et Badesane, Ephrem présente ses idées sur le divin Créateur qui a amené toute chose à l’existence, au commencement, dans la beauté, la pureté et la bonté(17).
Ce fut une création ex nihilo, car Dieu créa de rien toute chose et sa création fut parfaite(18). Nous lisons en effet dans Hc Haer 28,8: «Dieu montra sa force en créant; car du néant, il créa toute chose. De plus, il montra la richesse de sa sagesse quand il orna, arrangea, embellit et compléta (son œuvre). En outre, il montra sa bonté quand il fit gratuitement des œuvres belles qu’il confia à Adam».
L’action du Fils dans l’œuvre crétrice est moins mise en valeur dans ce commentaire. Mais une mention de l’esprit se lit à propos de l’explication de Gn 1,2 où il est dit: «Le souffle de Dieu planait à la surface des eaux». Cependant Ephrem refuse de parler de l’Esprit-Saint et préfère se cantonner à la notion littérale de souffle et de vent(19).
Mais je m’arrête là et je laisse au lecteur le plaisir de découvrir le texte lui-même(20).
PREFACE

1. Je ne voulais pas faire le commentaire de la Genèse, le premier livre du pentateuque, pour ne pas redire ici ce que nous avons développé dans les sermons et dans les sermons et dans les hymnes. Mais, poussé par l’amout de nos amis, nous allons traiter brièvement ce que nous avons étudié longement dans les sermons et dans les hymnes.
2. En effet, Moïse a écrit pour les raisons que voici: du fait que le Créateur était révélé dans la consience des premières génèrations, et ceci jusqu’aux jours de la Tour de Babel, les créatures elles-mêmes se proclamaient êtres créés; et même depuis la Tour de Babel jusqu’à Moïse, parmi les fils de Sem ils ne manquèrent pas ceux qui les proclamèrent pas ceux qui les proclamèrent telles. Mais, quand en Egypte, même les fils d’Abraham errèrent, ils devinrent semblables au monde entier, et se passèrent de Dieu; ils se mirent à l’écart même des commandements établis et gravés dans notre nature, ils considérèrent comme «existants»(21) des natures qui furent tirées du néant et ils nommèrent dieux des créatures faites de quelque chose(22); alors Dieu voulut, par Moïse, les remettre dans le droit chemin, relativement à ce qui s’était corrompu, de crainte que cet entraînement(23) au mal ne se propageât dans le monde entier.
3. Alors (Dieu) envoya Moïse chez les Egyptiens pour que là où l’erreur avait surgi, elle soit repoussée par les rayons de la vraie science; par son intermédiaire, il fit des miracles et des prodiges pour qu’ils ne doutent pas de la nature de ce au’il devait leur écrire. pour cela, il l’éclaira (...) et(24) de plus, même un rayonnement se repandit afin que le rayonnement de sa face désigne l’Esprit qui s’exprime par sa langue.
4. D’autre part, après avoir opéré des miracles en Egypte(25), sur la mer et dans le désert, il écrivit sur les natures créées du néant, afin qu’on ache qu’elles furent appelées «existants» par mensonge.
Il écrivait aussi sur les créatures faites de quelques chose(26), mais qui étaient adorées comme des dieux par erreur. Il écrivait sur Dieu, celui qui est unique, bien que des milliers et des myriades d’êtres soient placés à côté de lui. Ils écrivit sur les mystères du Fils qui furent représentés alors que les créatures furent créées. Il mit en relief les figures typiques qui avaient été illustrées par les justes qui l’avaient précédé (...), l’allégorie et(27) (...) qui avait été indiqué par les œuvres du bâton de Moïse. il écrivit sur les préceptes véridiques qui furent oubliés, en ajoutant ceux qui seraient utiles à la formation du peuple.
5. Il écrivit donc sur l’établissement des six jours créés par un médiateur qui est de même nature et de même habileté que l’Auteur lui-même. Du fait qu’il a également dit: «Voici le livre de la génération du ciel et de la terre» (Gn 2, 4a), il se reprit pour raconter ce qu’il avait laissé de côté et qu’il n’avait pas écrit dans le premier récit. Il fit mention de la venue du serpent et de sa ruse, de la rébellion (d’Adam et d’Eve mangeant de) l’arbre qui leur avait été défendu et de leur sortie (du paradis) en punition de leur acte.
Il parla de l’offrande que présentèrent la maison de Caïn et la maison d’Abel, du meutre d’Abel, des malédictions proférées contre Caïn, il fit le récit des sept générations et arriva aux paroles de Lamek, fils de Caïn, à ses femmes.
Il parla des dix générations depuis Adam jusqu’à Noé.
Il parla de l’impiété pratiquée par les deux tribus au temps de la maison de Noé.
Il parla de la construction de l’arche et du salut (de Noé) parmi tout ce qui avait été créé.
Après cela, il parla de la sortie de l’arche, de l’offrande de Noé et de l’arc-en-ciel dans les nuées, qui fut donné comme alliance de paix.
Après cela, il parla de la vigne plantée par Noé et dont il s’envira; de ce que, s’étant endormi, il découvrit sa nudité; de la malédiction de Canaan et de la bénédiction de ses frères.
Après cela, il parla des soixante-douze fils qui naquirent aux fils de Noé, de la construction de la Tour de Babel, de la confusion(28) des langues et de la dispersion des hommes sur toutes la terre.
Après cela, il parla des dix générations, de Sem jusqu’à Abraham.
Après cela, il parla de la sortie d’Abraham d’Ur, de son campement à haran, de son séjour sur la terre de Canaan; de Sara qui fut conduite à la maison de Pharaon et qui fut rendue à cause des fléaux qui frappèrent la maison de Pharaon.
Après cela, il parla de la séparation de Lot et d’Abraham, de la captivité de celui-là chez les habitants de Sodome, de sa délivrance par Abraham qui fut béni par Melchisédech quand il lui donna la dîme de tous les biens qu’il avait sauvés.
Après cela il parla de la foi d’Abraham dans sa descendance, de la question qu’il posa pour savoir comment sa descendance hériterait d’une terre populeuse, de son offrande et de l’alliance de paix que Dieu conclut avec lui en ce jour-là.
Après cela, il parla de son obéissance à Sara en s’unissant à Agar qui, après avoir été enceinte, méprisa sa maîtresse, l’outragea et s’enfuit, jusqu’à ce qu’un ange la vit et la fit revenir au service de sa maîtresse.
Après cela il parla de l’alliance de la circoncision qui lui fut donnée, de ls circoncision d’Ismaël et de tous les gens de sa maison.
Après cela, il parla de l’apparition qui fut sur lui quand il était assis à la porte de la tente, de la venue des anges sous la figure d’étrangers et de la promesse d’Isaac à Sara, ce qui la fit rire sous cape.
Après cela, il parla du départ des anges pour Sodome, de l’intercession d’Abraham en faveur (de la ville), de leur entrée chez Lot, du rassemblement des gens de Sodome, de la sortie de Lot et de ses filles et du châtiment qui dut infligé aux gens de Sodome à cause de leur abomination.
Après cela, il parla des filles de Lot qui firent boire du vin à leur père et couchèrent avec lui sans qu’il en fut conscient.
Après cela, il parla d’Abimélek qui épousa Sara, mais qui fut empêché de s’approcher d’elle à cause du Seigneur.
Après cela, il parla de la naissance d’Isaac, de sa circoncision et de son sevrage, du départ de la servante et de son fils qui s’était moqué su fils de la femme libre.
Après cela, il parla de l’alliance qu’Abimélek conclu avec Abraham.
Après cela, il parla de la mise d’Abraham à l’épreuve et de l’offrande d’Isaac en sacrifice, de la délivrance de celui-ci par le ciel et du bélier pris dans un arbre pour être sacrifié à sa place.
Après cela, il parla de la mort de Sara et de sa sépulture dans la double caverne des fils de Hèt.
Après cela, il parla du serment qu’Abraham fit jurer à Eliézer, du départ de celui-ci en Mésopotamie, de la prière du serviteur au puits, de la venue de Rébecca à la maison d’Abraham comme femme d’Isaac.
Après cela, il parla de la stérilité de Rébecca, de ce qu’Isaac pria pour qu’elle devint enceinte et qu’elle questionna le Seigneur qui lui répondit: «Il ya deux nations dans ton sein et l’aîné servira le cadet» (Gn 25,23).
Après cela, il parla d’Esaü qui vendit son droit d’aînesse à Jacob.
Après cela, il parla de l’alliance que conclut le roi des Philistins avec Isaac comme il l’avait fait au temps d’Abraham.
Après cela, il parla de la manière dont Jacob, sur les conseils de sa mère, vola à Esaü les bénédictions (de son père).
Après cela, il parla de la descente de Jacob à la maison de Laban et de la vision de l’échelle qu’il vit en songe.
Après cela, il parla de Jacob qui épousa une femme par sa volonté, mais qui se trouva en avoir pris trois autres contre sa volonté.
Après cela, il parla du retour (de Jacob) à la maison de son père, de la venue de Laban tout en colère, mais qui fut empêché par Dieu de lui faire du mal et de l’alliance de paix entre eux sur le mont de Galaad.
Après cela, il parla de l’armée d’anges qui l’affronta.
Après cela, il parla des messagers de paix qu’il envoya auprès d’Esaü, du présent qu’il envoya au devant d’Esaü, de sa lutte avec l’ange qui lui toucha la cuisse qui se désarticula, de la joie de son frère qui le reçut.
Après cela, il parla de son campement à Sichem, de la violence que subit la sœur de ses fils qui détruisirent toute la ville par la ruse, ce qui contraria profondément leur père.
Après cela, il parla de la mort de Rachel près d’Ephrata, de la venue de Jacob chez son père, de la mort d’Isaac et de sa sépulture.
Après cela, il parla de la descendance d’Esaû et des rois qui régnèrent en Edom avant qu’un roi ne régnât en Israël.
Après cela, il parla des songes de Joseph.
Après cela, il parla du mariage de Tamr, de la mort subite de ses époux, de sa ruse en volant la semence de Juda qui commemça par la juger comme coupable du feu, mais qui finit par revenir de son jugement en la justifiant et l’exaltant, la considèrant meilleure que lui.
Après cela, il parla de l’envoi de Joseph auprès de ses frères qui le jetèrent dans un puits avant de le vendre à des Arabes, de sa descente en Egypte, de sa fuite devant la femme de son maître qui le fit jeter en prison, de l’interprétation des songes aux serviteurs de Pharaon puis, à Pharaon lui-même, de l’élévation dont il bénéficia et du blé qu’il stocka durant les sept années d’abondance et de l’argent abondant qu’il amassa durant les années de famine.
Après cela, il parla de ses frères chez lui, de la manière dont il se dissimula à leurs yeux et les tourmenta avant de se faire reconnaître par eux et les embrasser.
Après cela, il parla du message envoyé au sujet de Joseph à Jacob, des soixante-dix âmes qui descendirent avec lui en Egypte, de la sortie de Joseph à la rencontre de son père qu’il introduisit chez Pharaon, de la bénédiction de Jacob à pharaon qui fit habiter les frères de Josepf dans la meilleure région d’Egypte, de l’achat de toute la terre d’Egypte pour le compte de Pharaon, excepté la terre des prêtres.
Après cela, il parla de la maladie de Jacob qui bénit les fils de Joseph et éleva Ephraïm le cadet au-dessus de son frère aîné, Manassé.
Après cela, il parla des bénédictions données par Jaccob à ses enfants, de ce que ayant achevé de parler il étendit les pieds sur son lit et fut réuni à son peuple; Joseph le fit monter (en Canaan) et l’enterra là où furent enterrés Abraham et Isaac.
Après cela, il parla de la mort de Joseph qui avait adjuré ses frères de faire monter ses ossements avec eux à la terre de leur héritage.
Tout cela, Moïse l’a écrit dans le premier livre de la Genèse et il commença ses paroles ainsi.
SECTION I
1. Au commencement Dieu créa le ciel et la terre (Gn 1, 1), c’est-à-dire la substance même de la terre. Que personne ne pense qu’il y a une interprétation allégorique dans les œuvres des six jours, comme il n’est pas permis de dire qu’elles furent faites en un clin d’œil, elles qui furent créées durant des jours; ni de dire qu’elles ne furent que des noms vides de contenu ou qu’autre chose nous fut signifiée par leurs noms. Mais qu’on sache que, comme le ciel et la terre furent créés au commencement, ils furent réellement ciel et terre, et non quelque chose d’autre qu’on nous désigne sous le vocable de ciel et de terre; ainsi les autres êtres aussi qui ont été faits et établis par la suite ne sont pas des dénominations vides de contenu parce que la substance de leur nature s’attache à la dénomination de leurs noms.
2. Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Alors toutes les œuvres étaient absentes, car avec le ciel et la terre, rien d’autre ne fut créé(29). En effet, les natures elles-mêmes qui furent créées en ce jour, n’étaient pas encore créées. Si, en effet, elles avaient été créées avec eux il l’aurait dit. Mais il ne l’a pas dit pour ne pas déclarer les noms des natures plus anciens que leur susbstance. Il est donc clair que le ciel et la terre furent faits du néant car jusqu’à présent ni l’eau, ni le vent ne furent créés, ni non plus le feu, la lumière ou les ténèbres ne furent formés. En effet, comme ils sont plus jeunes que le ciel et la terre, ils furent créés après eux et ils ne furent pas des «existants», car ils ne furent pas avant eux.
3. Après cela, il parla non du firmament et de ce qui est au-dessus, mais de ce qui est entre le firmament et la terre, dans cette cavité. En effet, cela il l’a écrit à notre intention alors qu’il ne l’a pas fait concernant toutes choses, lui qui n’a pas écrit pour nous quel jour furent créés les êtres spirituels(30).
Il a alors écrit à propos de la terre qui était toh-wa-boh, c’est-à-dire désert et vide, et cela pour mantrer que même ce qui est désert et vide est plus ancien que les natures(31). Je ne dis pas que le chaos et le vide avaient une réalité, mais je veux signifier par cette absence d’être que la terre vint à l’existence seule, sans que rien d’autre n’existât.
4. Après avoir parlé de la création du ciel et de la terre et montré que le désert et le vide, comme le temps lui-même, étaient plus anciens que les natures qui furent créées après le temps, il revint en arrière pour écrire au sujet de ces mêmes natures et il parla ainsi: «Les ténèbres étaient sur la face de l’abîme» (Gn 1,2). Certes, l’abîme des eaux a été créé à cette heure; mais comment fut-il créé le jour où il fut créé? Bien qu’il fût créé en ce jour et à ce moment, il n’en a rien écrit pour nous à cet endroit, ni non plus comment il avait été créé. Pour le moment, recevons le récit de la création de l’abîme comme on nous l’a écrit en attendant que Moïse nous apprenne de lui-même de quelle manière aussi il fut créé.
Quant aux ténèbres qui sont sur la surface de l’abîme, il y en a aui affirment qu’elles sont l’ombre du ciel. Si le firmament était créé le premier jour, leur affirmation serait bonne. Mais si le ciel supérieur ressemblait au firmament, il y aurait alors des ténèbres épaisses entre un ciel et un autre. En effet, la lumière ne fut pas créée et fixée là-haut pour chasser par son éclat les ténèbres qui s’y trouvaient. Certes, s’il y avait un endroit entre un ciel et un autre, il serait lumineux, comme en témoignent Ezéchiel (1,22). Paul (Ac 9,3; 22,6) et Etienne (Ac 7,55). Donc si le ciel avait pourchassé les ténèbres par sa lumière, comment les ténèbres auraient-elles couvert l’abîme?
5. Comme tout ce qui fut créé, qu’on l’ait rapporté ou non dans la Genèse, le fut durant ces six jours, les nuages furent créés eux aussi en ce même premier jour, comme furennt créés le feu en même temps que le vent. Voilà pourquoi il n’a rien écrit pour nous à propos du feu comme il l’a fait à propos du vent. Ainsi furent créés les nuages en même temps que l’abîme; comme il n’a rien écrit à propos des nuages qui furent créés en même temps que l’abîme, ainsi il n’a rien écrit à propos de la création du feu en même temps que du vent, à l’heure où il a écrit pour nous à propos de la création du vent.
Il est nécessaire en effet qu’à tout être soit reconnue une origine durant ces six jours. Si les nuages furent créés avec l’abîme, combien de temps sépare leur naissance de celle de l’abîme? En effet, Elie aussi a vu un nuage s’élever de la mer (1 R 18,44); et Salomon aussi dit encore: «Par sa science, les abîmes sont fendus et les nuages répandent la rosé» (Pr 3,20). Relativement à eux- mêmes seulement, ils n’exigeaient pas qu’ils soient créés à ce moment; mais ausi, parce qu’ils étaient faits pour le service de la première nuit, ils sont été créés la première nuit. En effet, de la même manière qu’Il étendit les nuages sur l’Egypte trois jours et trois nuits (cf Ex 10,21 ss.), ainsi les nuages étaient étendus sur toute la création la première nuit et le premier jour. Car si les nuages avaient été dissipés, nulle lumière n’aurait été nécessaire le premier jour, parce que la lumière naissante du ciel supérieur aurait suffi à remplir l’espace lumineux qui fut créé le premier jour.
6. Une fois achevés la nuit et le jour, le firmament fut créé le second soir; et à partir de ce moment jusqu’au maintenant son ombre est au service des nuits créées par la suite.
Donc, le ciel et la terre furent créés le soir de la première nuit. Puis, avec l’abîme qui avait été créé, les nuages furent créés pour que leur ombre eut servi douze heures, la lumière fut créée au-dessous d’eux et elle chassa leur ombre qui avait été répandue sur les eaux toute la nuit.
7. Après avoir parlé des ténèbres qui étaient répandues sur la surface de l’abîme, il dit encore: «Le souffle de Dieu planait à la surface des eaux» Gn 1,2). Même si Moïse l’appelle souffle(32) de Dieu et qu’il dit au’il planait, certains affirment qu’il s’agit de l’Esprit-Saint et le font participer à l’œuvre de la création à cause de ce qui est écrit en cet endroit; cependant les fidèles ne l’apparentent pas à Dieu à cause des différences qui l’associent à cette nature divine par les choses qui sont dites de manière assurée à son sujet; de même en effet à partir de ces noms, ils ne peuvent l’établir esprit efficient.
En effet, il est dit: «Un esprit de Dieu mauvais tourmentait Saül» (1 S 16, 14); et il est dit qu’il planait. En effet, qui est venu de l’eu au premier jour lorsque l’esprit planait sur les eaux? Si le jour où il fut écrit qu’il planait sur les eaux, rien n’était venu de l’eau, le cinquième jour où l’eau produisit reptiles et oiseaux, il  n’aurait pas été écrit que l’esprit planait sur la surface des eaux; et qui pourrait dire que l’esprit participait à l’action créatrice, lui à propos duquel l’Ecriture disait cependant: Il planait; mais elle ne disait pas que quelque chose était venue de l’eau au jour où il planait. Certes, de même que par l’office des nuages, c’est-à-dire par l’ombre de la première nuit, nous avons perçu la création des nuages, au premier jour, de même c’est par l’office du vent quand il y eut son souffle que Moïse a voulu nous faire savoir qu’il fut créé.
Car de même qu’il n’y a pas de nuages sans ombre, de même il n’y a pas de vent sans souffle. Ainsi, leurs offices nous aident à les reconnaître, et sans cela nous n’aurions pas pu le faire. Donc le rûh$ô devient un souffle parce qu’il est créé pour cela. En effet, après avoir soufflé et montré qu’il était créé pour le service de la première nuit, il redevint calme en ce premier jour, auand les nuages se dispersèrent à nouveau en ce même premier jour.
8. Après avoir parlé du ciel et de la terre, des ténèbres, de l’abîme et du vent, qui furent créés au commencement de la première nuit, il est revenu pour parler à nouveau également du luminaire que fit le Seigneur au mation du premier jour. A la fin donc des douze heures de la nuit, la lumière fut créée entre les nuages et les eaux, et elle chassa l’ombre des nuages qui couvraient l’eau par leur ombre et produisaient l’obscurité. Nisan(33) est en effet le premier mois, celui où la nuit et le jour ont le même nombre d’heures.
La lumière demeura donc douze heures durant, pour que le jour soit aussi en possession de toutes ses heures, comme les ténèbres furent en possession de la mesure et de la durée de leur temps. En effet, bien que la première et les nuages fussent créés en un clin d’œil, le jour et la nuit de la première journée accomplirent chacun leurs douze heures. Or la lumière resemblait à une nuée lumineuse sur la surface de la terre. Qu’elle ait été comme l’aurore, ou comme la colonne qui éclairait le peuple dans le désert (cf Ex 13, 21), il est évident qu’elle n’aurait pas pu chasser les ténèbres qui recouvraient la surface de toute la terre, à moins que par sa substance ou par son rayonnement, la lumière ne fut répandue partout, étant quelque chose de diffus, partout dispersé, fixé nulle part, dispersant les ténèbres qui étaient partout sans se mouvoir. Lors de son départ et lors de sa venue, elle se mouvait pour que son retrait donnât pour à la nuit et qu’à son arrivée un terme soit mis à son pouvoir.
9. Après que l’éclat de la lumière eut servi pendant trois jours afin que ce était comme le néant ne retourne au néant, Dieu renchérit en témoignant à son sujet: « Voici que c’était très bon»; alors que des œuvres (créées) avant la lumière il n’a pas prononcé au’elles étaient bonnes, il l’a dit à leur sujet; en effet, bien qu’au commencement, alors qu’elles avaient été seules tirées du néant, il ne l’a pas dit à leur sujet, cependant après que tout fut tiré d’eles, il le dit à leur sujet, car, tout ce qui fut fait avec tout ce qui avait été créé pendant les six jours, il l’avait rassemblé dans ce qui avait dit au sixième jour: «Dieu vit tout ce qu’il avait fait; voici que c’était très bon» (Gn 1,31).
Créée toute belle, la première lumière servit par son rayonnement les trois jours comme elle favorisa, à ce qu’on dit, la conception et la germination de tout ce que la terre a fait germer le troisième jour, et elle devint soleil dans le fitmament pour porter à maturité ce qui avait germé sous l’influence de la lumière première. En effet, il est dit: à partir de cette lumière diffuse et également du feu qui furent créés le premier jour, furent formés dans le firmament le soleil, la lune et les étoiles qui tirent leur origine de cette lumière primordiale.
Comme le soleil préside au jour en ce sens qu’il éclaire la terre et qu’il porte qussi à maturité les fruits de la terre, la lune de même préside à la nuit en adoucissant la profondeur de la nuit par son rayonnement, mais aussi, dit-on, en faisant germer les fruits et les espèces, selon sa nature première. En effet, Moïse parle dans ses bénédictions du fruit que fait germer la terre (Dt 33,14). la lumière était créée avec les autres êtres pour lesquels elle fut créée; mais aussi on dit qu’elle fut créée ce premier jour en vue de favoriser les germinations. Certes, quand la terre eut produit, dit-on, toute chose en trois jours, alors elle fut; et la lumière à son image fut au quatrième jour, afin que par la lune comme par la lumière, il y ait un commencement de tous les fruits, et que par le soleil il y ait aussi la maturité de toutes les espèces.
10. Par la lumière et les eaux, la terre fit germer toute chose. Bien que Dieu pût se passer de cela pour faire germer toute chose de la terre, telle était, cependant, sa volonté pour montrer que rien de tout ce qui fut créé sur la terre ne le fut, si ce n’est pour l’utilité et le service de l’homme.
L’eau qui arrosa la terre le premier jour n’éait pas salée. Bien qu’elle fût comme un abîme sur la surface de la terre, cependant elle n’était pas encore appelée «mer». En effet, l’eau est salée dans la mer et elle nel l’est pas avant de s’amasser; quand l’eau fut envoyée pour arroser la terre entière, elle était douce; mais quand elle s’amassa le troisième jour pour former la mer, elle devint salée pour ne pas être corrompue par son rassemblement, et pour recevoir les fleuves qui s’y jetteraient sans qu’elle augmente. En effet, la nourriture de la mer est à la mesure de ce que lui apportent les fleuves qui s’y jettent. Ces fleuves s’y jettent pour que la chaleur du soleil ne la mette pas à sec, et la salinité absorbe l’eau pour qu’elle n’augmente pas et ne remonte ercouvrir la terre. En effet, les fleuves reviennent comme au néant par la salinité de la mer qui absorbe les fleuves.
11. Bien au’il advînt que la mer fut créée en même temps que l’eau et au’elle fut couverte par l’eau, et tandis que l’eau de la mer était amère, l’eau supérieure ne l’était pas, comment au déluge y avait-il des mers couvertes d’eau, et comment elles ne purent pas ramener à leur nature amère, comment les oliviers et toutes les plantes pouvaient-ils y être conservés, ou comment la maison de Noé et ceux qui étaient avec lui uraient-ils pu en boire? En effet, bien que Dieu ait ordonné à Noé de faire entrer la nourriture pour lui et pour ceux qui étaient avec lui parce au’il n’y avait nulle part de nourriture - cependant il ne lui demanda pas d’introduire de l’eau, parce qu’une partie de l’eau à l’extérieur entrait dans l’arche et abreuvait ceux qui étaient à l’intérieur. Ainsi, comme les eaux du déluge n’étaient pas salées bien que les mers y fusent contenues, les eaux amassées le troisième jour ne furent pas amères, bien que les mers qui étaient au-dessous d’elles fussent amères.
12. Comme le rassemblement des eaux ne fut pas antérieur à la parole qui dit: «Que les eaux s’amassent et qu’apparaisse la terre sèche» (Gn 1,9), ainsi il n’y avait pas de mer jusqu’au moment où Dieu appela la messe de eaux «mers». Ces eaux furent transformées en même temps que le nom qu’elles reçurent et sur leur lieu même elles devinrent salées alors qu’en dehors de leur lieu elles ne l’étaient pas. Leur lieu aussi devint profond au moment même où Dieu dit: «Que les eaux s’amassent en un seul lieu»; cela signifie soit que le sol de la mer s’affaissa par rapport à celui de la terre pour recevoir en son sein ses propres eaux en même temps que les eaux supérieures de toute la terre, soit que les eaux se résorbèrent pour que la place soit suffisante, soit que le fond de la mer trembla laissant s’ouvrir une grande profondeur pour qu’en un clin d’œil les eaux se précipitent dans la dépression. En effet, bien que la volonté de Dieu les ait amassées, cependant, en créant la terre, ume issue avait été ouverte pour que les eaux s’amassent en un seul lieu; comme on ne trouva pas dans la masse des premières et deuxièmes eaux assez de place par où elles s’écouleraient, alors elles sortirent par les pluies et les inondations, elles se rassemblèrent dans leurs mers par des chemins et des voies qui leurs étaient tracés dès le premier jour.
13. Quant aux eaux supérieures, parce qu’elles avaient été séparées des autres au second jour par le firmament qui se trouvait entre elles, elles étaient douces comme les autres, non pas celles qui furent salées dans les mers, au troisième jour, mais celles dont elles se séparèrent au deuxième jour. Elles ne furent pas salées, mais elles ne furent pas non plus corrompues. En effet, elles furent pas placées sur la terre pour être corrompues; ensuite, il n’y avait pas là l’air qui agit sur elles causant la génération (polluante) et le mouvement; enfin, les fleuves ne s’y jetaient pas pour les corrompre. Comme il n’y avait pas là-bas de soleil pour les chauffer et les corrompre, elles restaient comme une rosée de bénédiction et elles étaient conservées pour se déverser en écluses de colère.
Les eaux supérieures venant du firmament ne se répandaient pas, parce que ce qui est établi ne se répand pas dans ce qui n’est pas établi et l’être ne se meut pas dans le non-être. En effet, une chose créée du néant possède par sa création toute chose, c’est-à-dire elle se déplacera, montera, descendera dans ce qui a été créé en elle. Donc, rien n’était autour des eaux supérieures, et elles ne pouvaient se répandre ni d’écouler parce au’il n’y avait rien où elles pouvaient se répandre et d’écouler.
14. Le ciel et la terre, le feu, le vent et l’eau furent créés à partir du néant selon le témoignage de l’Ecriture. Mais la lumière qui fut faite dès le premier jour et les autres œuvres qui furent faites par la suite le furent à partir de auelaue chose. En effet, tandis que ceux-là(34) furent faits du néant, l’on dit que Dieu créa le ciel et la terre; mais le feu, l’eau et le vent, bien qu’il ne soit pas écrit à leur sujet qu’ils furent créés, cependant il n’est pas dit au’ils furent faits du néant. Ainsi, elles furent faites du néant, comme le ciel et la terre qui furent faits su néant.
15. Après avoir commencé à modeler avec quelque chose, il est écrit: Dieu dit: Que la lumière soit... etc. Et même si on dit que Dieu créa les grands monstres (Gn 1, 21), cependant il avait dit auparavant; «Que les eaux produisent des reptiles» (Gn 1, 20). Elles furent donc au nombre de cinq les créatures qui furent créées du néant, tandis que les autres existèrent à partir de celles qui furent faites du néant.
Le feu fut également créé en ce même premier jour, même s’il n’est pas écrit qu’il fut créé. En effet, comme (le feu) existe dans un autre dont il n’est pas séparé, il est créé en même temps que celui en qui il existe, parce au’il est impossible à celui qui n’a pas de consistance de précéder celui qui est sa raison d’être. En effet, le feu est dans la terre, sa nature d’atteste, mais il ne fut pas créé en même temps que la terre, l’Ecriture le confirme en disant: «Au commencement Dieu créa le ciel et la terre». Le feu manquera donc lui aussi, car il n’a pas existé en même temps que la terre, même si, de plus, en même temps que l’eau, le vent(35) et les nuages, la terre et l’eau reçurent l’ordre de lui donner naissance à tout instant hors de leur sein.
16. Les ténèbres, elles aussi, ne sont ni un «existant», ni une créature, car elles sont une ombre comme le montre l’Ecriture. En effet, elles ne furent pas créées avant le ciel, ni après les nuages, car elles furent engendrées par les nuages en même temps que les nuages. C’est dans un autre en effet, que subsistent celles-là aussi parce qu’elles n’ont pas de substance propre; et quand celui en qui elles subsistent disparaît les ténèbres, elles aussi, disparaissent en même temps que lui et comme lui. Certes, celui qui périt parce que son compagnon disparaît, celui-là est le compagnon de quelque chose qui n’a pas d’existence, puisque c’est autre chose qui fut la raison de sa venue à l’existence.
Les ténèbres vinrent à l’existence à partir des nuages et du firmament, et elles périssent du fait de la première lumière et du soleil; commemt auraient-elles alors une existence propre, elles qu’une chose engendre par son déploiement et qu’une autre chasse par son apparition. Certes, si l’une les crée et les fait venir à l’existence, et l’autre les fait s’en retourner au néant, comment seraient-elles un «existant», elles que les nuages et le firmament, créés au commencement, engendre, et que la lumière, créée le premier jour, fait disparaître, - car c’est bien une créature qui depuis lors et au-delà les a amanées à être visibles précisément à une heure déterminée - et une autre qui au moment où elles retournent au néant les fait retourner au néant, nous devons croire à la nécessité d’une créature qui les fait commencer puis disparaître. Et si des créatures les font exister et disparaître, elles sont créatures de créatures, parce qu’elles sont l’ombre du firmament et doivent disparaître devant une autre créature, parce qu’elles doivent se dissiper devant le soleil. Ainsi les ténèbres sont sans cese soumises aux créatures, les doctrines (erronées) les opposent aux créatures et de ce qui n’a pas de subtance propre elles en font un existant propre(36).
17. Après avoir parlé des œuvres qui furent faites au premier jour, il se mit à décrire les œuvres qui furent faites le second jour. Voilà ce qu’il dit; Et Dieu dit: «Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux et qu’il sépare les eaux qui sont au-dessous du firmament d’avec les eaux qui sont au-dessus du firmament» (Gn 1, 6). Le firmament qui est au milieu des eaux avait été établi au milieu des eaux, en ce que ses dimensions étaient à la mesure des eaux déployées sut la surface de la terre, même si par son existence il était au-dessus de la terre.
En effet, la terre, les eaux et le feu étaient au-dessous de lui, tandis que les eaux, le vent et les ténèbres étaient au-dessus de lui. Il en est de lui comme du foetus emprisonné à l’intérieur du sein: pour celui qui fut créé au centre de tout, ce sont les autres créatures qui lui servent tout à fait de sein.
Cependant, si le firmament fut créé au milieu de tout, la lumière, les ténèbres et le vent qui sont au-dessus du firmament quand il fut créé, furent enfermés au-dessus du firmament. En effet, s’il avait été fait pendant la nuit avec les eaux qui étaient absentes, les ténèbres et le vent eux aussi seraient absents; s’il avait été fait pendant le jour avec les eaux, la lumière aussi et le vent seraient là; et si ces autres natures, qui étaient là, étaient absentes de là, quand donc qurqient-elles été créées? Et si de plus, elles n’avaient pas été absentes comment ces natures auraient-elles été ramenées au-dessous de lui, lorsqu’il fut créé, alors qu’elles étaient au-dessus de lui.
18. Le firmament était créé le soir de la seconde nuit, comme     le ciel qui fut fait le soir de la première nuit. En même temps que le firmament fut fait, il y eut la dispersion des nuages, qui de nuit et de jour, avaient tenu lieu de fimament. Créé entre la lumière et les ténèbres, le firmament ne laissa pas l’obscurité au-dessus de parce que l’ombre des nuages qui disparut en même temps que les nuages, avait été chassée par lui et il ne resta là plus rien de cette lumière qui plongea dans les eaux souterraines, la mesure de ses heures étant terminée.
Le vent, lui non plus, n’était pas resté là, parce qu’il avait disparu de là. En effet, la première nuit, il est dit qu’il planait, mais non la deuxième nuit. Certes, si le firmament avait été créé la première nuit où il soufflait, ce pourrait être un problème. Mais si, lors de la création du firmament il n’est pas écrit qu’il soufflait, qui dira que le vent était là alors que l’Ecriture ne le dit pas?
19. Après que le vent eut plané au premier jour, et eut montré sa fonction en soufflant et en se calmant, c’est alors que le firmament fut fait.
Ainsi, on sait que le vent n’était pas resté en haut et n’était pas descendu plus bas. En effet, comment chercher en un lieu ou en un endroit ce dont la substance propre lui est donnée au moment de son action et qui, cette fonction terminé, cesse de souffler. En effet, au jour de sa création, le vent passa par trois étapes à savoir: il fut créé du néant, il souffla dans quelque chose et à l’intérieur de quelque chose, il revint se cacher dans son immobilité.
20. Après que le vent eut passé par ces trois étapes, le firmament fut alors créé au soir du second jour, et rien ne monta avec lui, car il n’y avait rien au-dessus de lui. En effet, il séparp les eaux d’avec les eaux, parce qu’il en avait reçu l’ordre, et non pas la lumière d’avec le vent et certaines ténèbres, ce dont il n’avait pas reçu l’ordre.
Ainsi, la lumière n’était pas la première nuit, mais la seconde et la troisième nuits; elle était submergée par les eaux qui sont sous le firmament d’où elle émergea, à ce que l’on dit. Et à la quatrième nuit, quand les eaux s’assemblèrent en un seul lieu, la lumière fut formée, dit-on, et elle devint. A partir d’elle et du feu furent faits le soleil, la lune, les étoiles, et des lieux aussi furent impartis à ces luminaires. En effet, la lune se tenait à l’ouest du firmament et le soleil à l’est, tandis que les étoiles à l’instant même étaient dispersées en ordre à travers tout le firmament.
A propos du luminaire qui fut fait le premier jour, Dieu dit qu’il était très bon, cependant, il ne dit pas cela du firmament qu’il fut le second jour. En effet, comme le firmament n’avait pas encore été achevé - car il ne l’avait [as encore affermi et orné - le Créateur patienta jusqu’à ce que les lumières existèrent, pour que quand il serait orné par le soleil, la lune et les étoiles, et que la force des ténèbres soit adoucie par les luminaires qui y brilleraient, il dise à propos de celui-ci comme à propos de ses compagnons: «C’était très bon».
21. Après avoir parlé du firmament qui exista le second jour, il écrivit de nouveau au sujet du rassemblement d’eau, des herbes et des arbres que la terre produisit le troisième jour; voilà ce qu’il dit: «Et Dieu dit: que les eaux qui sont sous le ciel s’amasent en un seul lieu et que la terre sèche apparaisse» (Gn 1, 9). En disant que les eaux s’amassent en un seul lieu, il est clair que c’est la terre qui supporte les mers et que les abîmes ne sont pas sous la terre, placés sur rien qui les soutien. Les eaux furent amassées durant la nuit en même temps que la parole de Dieu était dite, et la face de la terre fut desséchée en un clin d’œil.
22. Après qu’il eut produit ces deux éléments, il ordonna le matin à la terre de produire herbes, gazons de toutes espèces, et pareillement arbres divers portant tous les fruits. Certes, bien que les herbes eussent été créées sur l’heure, à les voir on les aurait cru âgées de plusieurs mois. Pareillement, bien que la germination des arbres datât d’un jour, on les aurait cru âgés de plusieurs années à la vue de leur forme achevée et des fruits qui pendaient à leurs branches. En effet, l’herbe nécessaire à nourrir les animaux était bonne dux jours après sa création, et le froment pour la nourriture de la maison d’Adam était apprêté quatre jours après leur expulsion du paradis.
23. Après avoir parlé de l’amoncellement de eaux et de la germination de la terre, le troisième jour, il écrivit encore à propos des luminaires; voilà ce qu’il dit: «Et Dieu dit: qu’il y ait des luminaires u firmament du cie pour séparer le jour de la nuit» Gn 1, 14, c’est-à-dire pour que l’un d’eux préside au jour et l’autre à la nuit.
Il dit: qu’ils soient pour les signes, c’est-à-dire les saisons, et qu’ils soient pour les époques, c’est-à-dire l’été et l’hiver; qu’ils soient pour les jours, ceux qui ont été déterminés par le lever et le coucher du soleil, et qu’ils soient pour les années, ceux qui se composent de jours solaires et de mois lunaires.
Et il dit: «Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour présider au jour et le petit luminaire pour présider à la nuit» Gn 1, 16), et les étoiles. Certes, bien que les œuvres faites avant le quatrième jour eussent eu leur commencement au soir, cependant la formation des œuvres du quatrième jour eut lieu le matin. En effet, parce que le troisième jour fut achevé par la parole qui dit: il y eut un soir, il y eut un matin: troisième jour (Gn 1, 13), il ne créa pas les deux luminaires au temps du soir de peur que la nuit ne soit changée en jour et que le mation ne devance le soir.
24. Comme les jours, créés dès la première journée, furent créés dans l’ordre, ainsi la quatrième journée eut aussi sa nuit qui devança son matin, c’est que les luminaires ne furent pas créés le soir, mais au moment du matin. En effet, quand on dit que l’un d’eux fut créé le soir et l’autre le matin, on n’abandonne pas la parole qui dit: «qu’il y ait des luminaires», et cette autre «Dieu fit les deux grands luminaires». Si donc ils furent grands quand ils furent grands créés, et qu’ils furent créés le matin, c’est que le soleil se tenait à l’est et la lune à son opposé, à l’ouest. Le soleil était profond et bas, car il fut créé là où il devait se lever sur la terre; la lune était haute parce qu’elle fut créée là où elle se tenait à son quinzième jour. Ainsi, au moment où le soleil apparaissait sur la terre, les luminaires se regardèrent l’un l’autre, puis la lune plongea. Il est donc clair, à voir sa place, sa grandeur et sa luminosité que la lune était âgée de quinze jours quand elle fut créée.
25. Les arbres, les plantes, les animaux et les hommes furent en même temps  âgés et jeunes: âgés, en effet, en voyant leurs membres et leurs tailles; jeunes à cause de l’heure et du moment de leur création. Ainsi, la lune elle aussi, fut âgée et jeune: jeune, car née depuis une heure, et âgée, car c’était la pleine lune comme au quinzième jour.
En effet, si elle avait été créée âgée d’un ou de deux jours, elle n’aurait pas éclairé et n’aurait pas été visible à cause de la proximité du soleil; et si elle avait été créée âgée de quatre jours, bien que visible, elle n’aurait pas éclairé et elle serait mensongère la parole qui dit: «Dieu créa les deux grands luminaires» et cette autre qui dit: «qu’il y ait des luminaires dans les cieux pour éclairer la terre». Ainsi, la lune était âgée de quinze jours et le soleil bien que né depuis un seul jour, était cependant âgé de quatre jours; en effet, c’est à partir du soleil que tous les jours furent et sont comptés.
C’est pourquoi, ces onze jours de différence entre la lune et le soleil qui furent ajoutés à la lune dès la première heure sont ajoutés chaque année pour servir au comput de la lune. De plus, cette année de la maison d’Adam fut une année complète car la création de la lune à ce moment fit rattrapper à la lune ce qui lui manquait. En effet, à partir de cette année et en deçà, la maison d’Adam a appris qu’il fallait ajouter onze jours à chaque année. Ainsi, ce ne sont pas les Chaldéens(37) qui sont ordonné les temps et les années, car ils l’étaient avant Adam lui-même.
26. Après avoir parlé des luminaires qui furent dans le firmament, il écrivit encore à propos des reptiles, des oiseaux et des monstres qui furent créés à partir de l’eau, le cinquième jour; voilà ce qu’il dit: «Et Dieu dit: que les eaux grouillent de reptiles à l’âme vivante, et que des oiseaux volent au-dessus de la terre, Et Dieu créa les grands monstres et toute âme vivante que les eaux ont produites selon leur espèce» (Gn 1,20-21).
Le rassemblement(38) des eaux ayant été effectué le second jour, les fleuves furent créés, les sources, les puits et les étangs apparurent en même temps que la parole de Dieu; les eaux dispersées dans la création(39) engendrèrent dans leur sein les reptiles et les poissons; les grands monstres furent créés au fond des abîmes et les oiseaux rasaient les flots par groupes en volant dans l’air.
Certes, les grands monstres furent créés; et bien que les prophètes fassent habiter Leviathan dans la mer (Is 27, 1), cependant que Job fait séjourner Béhémoth sur la terre ferme (Jb 40, 1), David, lui aussi, parle des bêtes de somme(40) dont le pâturage est sur mille montages et il désigne ainsi le lieu où elles gîtent. Mais peut-être après leur création, une place fut-ele réservée à chacun: Leviathan habitera la mer et Béhémoth la terre ferme.
27. Après avoir parlé de la création des reptiles, des poissons et des monstres qui eut lieu le cinquième jour, il écrivit encore à propos des reptiles, des animeaux et des bêtes de somme qui furent créés le sixième jour et il parla ainsi: «Et Dieu dit; Que la terre produise toute âme vivante, selon son espèce: bêtes de somme, reptiles, animaux. Certes, alors que les reptiles rampaient sur toute la terre, les animaux et les bêtes de somme furent placés auprès du paradis pour demeurer à proximité d’Adam.
Ainsi, toute la terre fourmilla de reptiles ainsi qu’il lui fut ordonné; elle produisit les animaux des champs accompagnés des carnivores comme elle fit sortir les bêtes de somme, si utiles pour le service de celui qui en ce même jour transgressait le commandement de son Seigneur.
28. Après avoir parlé des reptiles, des animaux et des bêtes de somme qui furent créés le sixième jour, il parla encore de la création de l’homme qui fut modelé en ce même sixième jour et il dit ainsi: «Et Dieu dit:» A qui Dieu parlait-il? Ici et partout, lors de la création, il est manifeste qu’il parlait à son Fils(41). L’Evangéliste dit à son sujet: «Tout a été fait par lui, et sans lui rien n’a été fait» (Jn 1, 3); et saint Paul confirme cela en disant: «En lui a été créé ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre, tous les êtres visibles et invisibles» (Col 1,16).
29. Et Dieu dit: «Faisons l’homme à notre image»; cela signifie qu’il domine dans la mesure où il lui plaira de nous obéir. En quoi sommes-nous encore image de Dieu? Moïse explique cela en disant: «Qu’ils soumettent les poissons de la mer, les oiseaux et les bêtes de somme» et la terre entière. Ainsi, c’est par le pouvoir qu’Adam a reçu pour régner sur la terre et tout ce qu’elle contient qu’il est à la ressemblance de Dieu.
Il dit qu’il les créa mâle et femelle pour signifier qu’Eve fut dans Adam, dans la côte qui lui fut arrachée. En effet, bien qu’elle ne fût pas en lui par l’esprit, elle le fut cependant par le corps; et elle ne fut [as seulement avec lui par le corps, mais également par l’âme et le souffle. En effet, Dieu n’ajouta rien à la côte qu’il a prise si ce n’est qu’il la forma et l’orna. Et si à partir de la côte et par elle, Eve, qui en fut tirée, reçut tout ce qui lui était utile, elle est vraie la parole qui dit: mâle et femelle il les créa.
30. Dieu les bénit et leur dit: «Croissez, multipliez-vous, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux et toute bête qui remue sur la terre» (Gn 1,28). Ils furent bénis sur cette terre comme si elle leur était préparée comme lieu d’habitation avant de pécher; en effet, avant qu’ils n’aient péché, Dieu savait qu’ils pécheraient.
Croissez, multipliez-vous et remplissez non le paradis, mais la terre. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux et tous les animaux. Mais comment Adam soumettrait-il les poissons s’il n’était pas dans le voisinage de la mer? Et comment soumettrait-il les oiseaux qui volent partout si ses descendants n’habitent pas toutes les parties du monde? Et comment soumettrait-il tous les animaux de la terre si ses enfants ne remplissent pas toute la terre?
31. Bien que l’homme fût créé et béni pour soumettre la terre et tout ce qui en elle était créé et béni, cependant, Dieu le fit habiter dans le paradis. Par là, il montra sa prescience en le bénissant et il montra sa bonté en le faisant habiter ce lieu. En effet, pour qu’on ne dise pas que le paradis n’avait pas été créé pour lui, il le fit habiter là dans le paradis; et pour qu’on ne dise pas qu’il ne savait pas qu’il pécherait sur cette terre, il le bénit et il bénit toute créature avant la transgression de peur que la transgression de celui qui fut béni ne retienne la bénédiction(42) de celui qui bénit et que le monde ne revienne au néant par la faute de celui pour qui toute chose fut créée.
Ainsi, il ne le bénit pas au paradis, parce que ce lieu et tout ce qu’il contenait étaient bénis. Mais il commença par le bénir sur la terre, pour que la bénédiction qui lui prodiguée d’avance par la bonté divine adoucisse la malédiction de la terre qui allait être maudite par la justice divine. Certes, bien qu’il reçût une promesse de bénédiction qui sera accomplie ensuite après sa sortie du paradis, cependant la bonté divine fut agissante puisque, âgé d’un jour, elle le plaça dans le jardin, le vêtit de gloire et lui donna domination sur tous les arbres du paradis.
32. Après avoir parlé des reptiles, des bêtes de somme, des animaux, des hommes et de la bénédiction du sixième jour, il écrivit encore à propos du repos de Dieu, le septième jour, et il parla ainsi: «Ainsi furent achevés le ciel, la terre et toute leur armée. Dieu se reposa le septième jour de toute l’œuvre qu’il avait faite» (Gn 2, 1). Mais, de quel travail Dieu se reposa-t-il? Pour les créatures du premier jour, elles existèrent par un signe, mis à part la lumière qui fut créée par une parole. Quant aux autres œuvres qui existèrent par la suite, elles existèrent par une parole. De quel travail s’agit-il par rapport ànous? Il dit que proférer une parole par jour, c’est un travail pour Dieu. Mais si Moïse qui fendit la mer par sa parole et son bâton ne se fatigua pas, et si Josué, fils de Nun qui arrêta les luminaires par sa parole ne se fatigua pas, alors de quel travail il s’agit pour Dieu quand il créa par une parole la mer et les luminaires?
33. Ce n’est pas pour s’y reposer que celui ne se fatigue pas bénit ce jour et le sanctifia, ni pour le donner à ce peuple qui n’avait pas compris depuis sa libération de l’esclavage qu’il devait permettre aux esclaves et aux servantes de se reposer. Il leur donna (ce jour) pour les obliger à se reposer. En effet, (le sabbat) leur fut donné pour figurer par le sabbat temporel que (Dieu) donna qu peuple temporel, le type du sabbat véritable qui sera donné qu peuple(43) éternel dans le monde éternel.
De plus, parce que le septénaire était nécessaire, il rendit grand par la parole le jour qui ne fut pas grand par les œuvres pour que, grâce à l’honneur qui lui fut imparti, il soit uni aux autres jours et qu’il complète le comput septennal si nécessaire à la bonne marche du monde.

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